La dépersonnalisation et la déréalisation

6 oct. 24

Cet article contient un exposé du Professeur Sam Vaknin sur la dépersonnalisation et la déréalisation, accompagné de quelques commentaires de ma part.

La dépersonnalisation et la déréalisation sont des perturbations de la perception de soi et du monde, formant un syndrome dissociatif particulièrement fréquent chez les personnes atteintes de trouble de stress post-traumatique.

Les personnes souffrant de ces perturbations de la perception s’identifient à un « faux self » ou « faux moi », une version mentale d’eux-mêmes qu’elles ont inconsciemment adoptée pendant leur enfance, en réaction aux abus psycho-émotionnels prolongés de leurs parents.

Pour se protéger de ces abus qu’elles ont introjectés, incorporés et intériorisés, elles s’éloignent des expressions naturelles de leur être authentique. Par conséquent, elles ne ressentent ni leur énergie vitale, ni leur respiration, ni leurs émotions positives, ni la joie d’être, et leur contact avec le monde extérieur est fortement limité.

En s’identifiant à leur « faux self », ces personnes refoulent la honte toxique qui s’est installée dans leur enfance.

Elles compensent leurs insuffisances en adoptant des comportements dissociatifs comme la rêverie, des comportements compulsifs, les fantasmes inconscients, les croyances erronées et des mécanismes de défense infantiles.

Inévitablement, ces activités mentales entraînent un degré de dissociation, de déréalisation et de dépersonnalisation. Il s’agit de défenses contre une réalité perçue comme insupportable, intolérable et destructrice.

Les traumatismes de l’enfance

Les parents qui causent un syndrome dissociatif chez leurs enfants sont eux-mêmes déconnectés de la réalité. Ils souffrent de déréalisation et de dépersonnalisation.

C’est le cas de parents souffrant de troubles de la personnalité narcissique, de troubles paranoïaques, de troubles de la personnalité limite, d’alexithymie, de dépression, etc.

  • Ces parents ignorent totalement ce que ressentent leurs enfants : leurs émotions, leurs pensées, leurs besoins, leurs limites et leur identité propre.

  • Ils traitent leurs enfants comme des objets internes. Ils les ignorent, les dominent, les contrôlent, les possèdent, les maltraitent, les instrumentalisent et abusent d’eux, sans leur permettre de s’éloigner ni de grandir vers l’autonomie.

  • Ils les réduisent à des objets, en ne leur donnant pas la parole, en ne leur permettant pas d’exprimer leurs observations, leurs expériences, leurs pensées, leurs émotions, leurs sentiments et leurs besoins. Par conséquent, ils les isolent.

  • Sans tenir compte de leur existence, ils utilisent leurs enfants pour apaiser leur propre insécurité, pour réguler leurs émotions et maintenir leur équilibre interne.

  • Ils les effraient jusqu’à les pétrifier de terreur.

  • Ils envahissent l’esprit de leurs enfants en leur imposant des jugements de valeur, critiquent leur vie, leur évolution, leurs choix, etc. Ils les désorientent, créant ainsi des confusions entre ce qui est réel et ce qui est faux.

Voici trois exemples :

  • Une femme souffrant peut-être d’un trouble de la personnalité limite ou de narcissisme caché, qui se croyait médium, a convaincu un groupe de suiveurs que son bébé était Saint Jean-Baptiste et qu’il leur apporterait plus tard toutes les solutions à leurs souffrances, les conduisant au paradis.

  • Un entrepreneur narcissique, qui avait hérité d’une usine de son père, lui-même narcissique, espérait faire de son fils aîné son successeur. Pour cela, il le punissait à coups de martinet pour ses échecs scolaires, le dressant comme un chien battu, afin d’en faire l’extension de son identité, l’héritier de son entreprise et de ses rêves inassouvis.

  • Une mère narcissique a transformé sa fille en objet interne, en extension de son identité et en souffre-douleur, la terrorisant avec des colères imprévisibles et incontrôlables. Cette mère, « morte » en tant que telle, a ainsi empêché sa fille de s’individualiser, de se séparer d’elle et de progresser vers son autonomie psycho-émotionnelle.

    Une fois adulte, cette fille avait une incapacité à entretenir des relations intimes durables, car elle a développé une vertu compulsive, qui n’est en réalité qu’une colère refoulée, masquée par une défense rationnelle.

Ces trois enfants se sont protégés des abus flagrants non seulement en développant un syndrome dissociatif de dépersonnalisation et de déréalisation, mais aussi en développant un trouble de la personnalité, notamment un narcissisme caché.

Lisez mon article sur le sujet : Le syndrome de l’otage chez les enfants

  • Explorons maintenant la conférence du Professeur Sam Vaknin, qui commence par la lecture de certains paragraphes d’un livre publié en 2023, intitulé De la dissociation aux troubles dissociatifs, de Martin J. Dorahy, Steven N Gold et John A. O’Neil. Les auteurs citent un article de Sierra et Berlioz écrit il y a 23 ans.

Ils décrivent la dépersonnalisation de la manière suivante :

« La dépersonnalisation décrit une intégration perturbée des perceptions de soi et du sens de soi, de sorte que les individus qui en souffrent se trouvent dans un état subjectif de sentiment d’éloignement, de détachement ou de déconnexion de leur propre être. »

Ils décrivent aussi les symptômes suivants :

  • Les individus souffrant de dépersonnalisation se sentent étranges, comme s’ils n’étaient pas réels ou comme s’ils étaient coupés du monde.

  • Certains ont l’impression que certaines parties de leur corps ne leur appartiennent pas.

  • D’autres se perçoivent comme des observateurs détachés d’eux-mêmes, ayant l’impression d’être en dehors de leur corps ou de l’observer à distance.

  • Certains ressentent leur corps comme très léger, presque flottant dans l’air, ou perçoivent leur voix comme lointaine et irréelle.

  • D’autres encore peuvent se sentir détachés de leurs souvenirs autobiographiques, comme s’ils n’y avaient pas participé.

  • Certaines personnes ne ressentent aucune affection pour leurs proches et se sentent coupables de ne pas éprouver d’amour pour leurs parents.

  • D’autres ont l’impression de ne pas être responsables de leurs mouvements, comme si elles se déplaçaient automatiquement, à la manière d’un robot.

  • Certaines trouvent leur propre reflet dans le miroir étrange et irréel, ressentant parfois le besoin de se toucher pour s’assurer que leur corps est bien réel.

  • Enfin, d’autres se sentent déconnectées de leurs propres pensées et, surtout, de leurs émotions.

La dépersonnalisation, selon ces auteurs, s’accompagne souvent de déréalisation, qui se manifeste par un sentiment de manque de familiarité avec la réalité actuelle, d’altération ou de détachement de l’environnement, des autres personnes et même des objets.

Voici leurs descriptions sur la déréalisation :

  • Avoir l’impression que l’environnement est plat ou sans vie, comme si l’on regardait une image grisâtre.

  • Se sentir détaché de l’environnement ou le percevoir comme irréel, comme s’il y avait un voile entre soi et le monde extérieur.

  • Avoir l’impression que les objets semblent plus petits ou plus éloignés.

  • Se sentir désorienté dans des lieux pourtant familiers, comme s’ils n’avaient jamais été vus auparavant.

En général, ces personnes décrivent leurs expériences avec l’expression « comme si… ».
Cela signifie qu’elles sont encore capables de percevoir la réalité, même si c’est de façon imparfaite. C’est un point clé qui permet de distinguer leur dissociation d’une psychose.

Sam Vaknin développe ensuite le sujet et explique :

Les auteurs du livre From Dissociation to Dissociative Disorders: Past, Present and Future parlent d’un « trouble dissociatif », mais de mon point de vue, le terme est mal choisi, car il ne s’agit pas d’un trouble à proprement parler, mais plutôt d’un syndrome, un ensemble de processus cognitifs, émotionnels et comportementaux qui, ensemble, forment un amalgame ou une constellation de symptômes.
Ce syndrome dissociatif inclut certains traits, ainsi que des prédispositions, une réactivité spécifique, etc.

Qu’est-ce que la déréalisation selon le Professeur Vaknin ?

La déréalisation se produit lorsque vous n’arrivez pas à intégrer votre perception du monde extérieur à votre propre identité, alors que l’une des fonctions essentielles de l’ego est d’examiner et vérifier la réalité.

Notre être est expansif. En ce sens, tout petit enfant passe par un état d’hyper-réflexibilité, où il s’étend vers l’extérieur en explorant le monde. Il l’incorpore à travers des représentations, appelées « objets internes ».

Chez toute personne mentalement saine, le monde est intégré dans son sens de soi.
Si vous ne pouvez plus intégrer le monde à votre sens du « moi », cela signifie que vous souffrez de déréalisation, car vous vous sentez détaché(e) du monde.

Ce n’est pas simplement une frontière saine entre vous et le monde. Non, c’est que vous ne franchissez jamais cette limite et ne parvenez pas à intégrer le monde en vous.
Autrement dit, vous n’arrivez pas à intégrer les informations venant du monde extérieur dans vos processus mentaux.

C’est comme si vous étiez catapulté(e) en dehors de la réalité, flottant et dérivant dans l’espace lointain, sans attaches. C’est ça, la déréalisation.

Mon commentaire :
« La déréalisation engendre des incapacités interrelationnelles. Vous imitez l’activité relationnelle, mais vous ne pouvez pas vraiment entrer en relation avec les autres parce que vous n’êtes pas ancré(e) dans votre autonomie.
Cela vous conduit à vous sentir extrêmement seul(e), à vous isoler, à croire que vous n’avez pas de place dans ce monde, et à penser que vous devez paraître parfait(e) pour être accepté(e) par les autres. »

Qu’est-ce que la dépersonnalisation selon Sam Vaknin ?

La dépersonnalisation se produit lorsque vous ne parvenez pas à intégrer votre perception de vous-même avec votre sentiment d’identité.
C’est comme si vous vous observiez de l’extérieur, recevant toutes sortes d’informations sur vous-même, sans pour autant vous sentir relié(e) à celles-ci. Elles ne sont que des données pour vous. C’est ce que l’on appelle en psychologie clinique : l’éloignement.

  • La dépersonnalisation est donc une forme d’éloignement de la réalité, une perturbation de l’intégration des perceptions de soi avec le sentiment d’identité.

  • Les individus souffrant de dépersonnalisation se retrouvent dans un état subjectif de distanciation, de détachement ou de déconnexion par rapport à eux-mêmes et à leur expérience de vie.

Voici mon exemple :
« Un jeune homme, fils d’un père narcissique et d’une mère dépendante affective, est devenu un narcissique caché.
Il a obtenu un emploi dans une banque en mentant sur son expérience et ses compétences.
Une fois installé dans son bureau, il entrait dans un état de dépersonnalisation et de déconnexion vis-à-vis de lui-même et de toute l’équipe. Il se sentait étrange, comme coupé du monde.
Lors d’une séance avec moi et un groupe de Déshypnose Identitaire, il levait constamment les yeux, comme s’il cherchait une lumière dans son « troisième œil », évitant ainsi d’être présent.
En fait, il était devenu un observateur détaché de lui-même, agissant comme s’il était hors de son corps, observant à distance à la fois lui-même et le groupe qui l’entourait. »

Les syndromes dissociatifs chez les narcissiques et les borderline

Le Professeur Sam Vaknin explique les syndromes dissociatifs en comparant leurs manifestations chez les personnes souffrant de trouble de la personnalité narcissique et celles souffrant de trouble de la personnalité limite (borderline).
• Il est important de noter que les deux types de personnes présentent également un trouble de stress post-traumatique.

Pour plus d’informations sur ces troubles, lisez mes articles intitulés : La personne limite (borderline), Les narcissiques classiques et Les narcissiques cachés

La déréalisation : l’incapacité à examiner et vérifier la réalité

Sam Vaknin explique : La première différence majeure entre le trouble de la personnalité limite et le trouble de la personnalité narcissique est que la personne borderline conserve en partie sa capacité à examiner et vérifier la réalité. Même si elle oublie des choses et rêve souvent, elle peut encore faire la distinction entre la fantaisie et la réalité, tandis que les narcissiques ne possèdent pas cette capacité.
Chez ces derniers, l’examen de la réalité est altéré, imprécis et parfois totalement effondré, car ils sont incapables de différencier leurs fantasmes et leurs rêveries de la réalité. Pourquoi ? Parce qu’ils croient à la réalité de leurs propres fabulations, récits, fictions complexes, rêveries et fictions mentales alambiquées.
C’est pourquoi je tends à penser que les narcissiques sont bien plus proches de la psychose que les personnes souffrant de trouble de la personnalité limite.
Contrairement à Otto Kernberg, je pense que le narcissisme est en réalité un trouble de la personnalité bien plus grave que le trouble de la personnalité limite, car les narcissiques ne sont plus parmi nous, ils sont chroniquement déréalisés.

Mon commentaire :
« Mes clients me racontent leurs rêves éveillés. Certains maintiennent un monde virtuel, où il leur est plus facile de créer des amis ou un partenaire intime dans leur « paracosme » ou monde imaginaire infantile, que d’établir des relations authentiques. Cela arrive à certaines personnes souffrant de dépendance affective, et à des narcissiques cachés perfectionnistes. »

Leurs réactions au manque de provision narcissique

Une autre différence majeure est que la déréalisation et la dépersonnalisation dans le trouble de la personnalité limite sont des réactions au stress intense ou à la toxicomanie. Pour cette raison, l’amnésie et la dissociation sont beaucoup plus fréquentes chez les personnes limites que chez les narcissiques.

Chez les narcissiques, la déréalisation et la dépersonnalisation apparaissent en réponse à un manque de provision narcissique, à une blessure narcissique ou, bien sûr, à une mortification narcissique. Autrement dit, ils réagissent à des sentiments profonds d’humiliation et de honte toxique par des symptômes dissociatifs.

L’éloignement situationnel : un déficit d’intégration rélationnel

Dans le trouble de la personnalité limite, les perturbations ou déficits de l’intégration du monde à l’intérieur d’eux-mêmes se manifestent en réaction à certaines situations.
Lorsque la personne limite est menacée d’humiliation, de rejet ou d’abandon, elle a tendance à se dissocier, à se déréaliser et à se dépersonnaliser. Elle peut également développer de l’amnésie. Ces réactions sont déclenchées par la présence de stress ou de traumatisme. À ce moment-là, elle ressent une insécurité ontologique, c’est-à-dire une insécurité liée à son propre être.

Le déficit d’intégration dû à un manque de noyau identitaire

Chez les narcissiques, l’incapacité d’intégrer le monde est constante. Ce n’est pas une réaction à une situation particulière, comme dans le cas de la personne limite, mais un état permanent. Pourquoi ?
Parce que le noyau identitaire du narcissique est, en réalité, une « absence » : il n’a pas de véritable noyau identitaire. Son noyau est schizoïde, ce qui le fait se sentir vide en permanence. C’est pour quoi il est avide d’existence.
Dans le cas de la personne limite, le noyau schizoïde reflète une insécurité ontologique, une incertitude sur ce qu’elle est. En revanche, chez le narcissique, le noyau schizoïde est l’essence même de son identité de ce qu'il est.

Mon commentaire :
« Cela est particulièrement notable chez les narcissiques cachés, qui sont dépourvus d’un véritable noyau identitaire, celui qui aurait dû servir de base à une structure psycho-émotionnelle stable.
En raison de leurs traumatismes, un noyau identitaire schizoïde s’est développé dans leur psychisme durant l’enfance, les faisant se sentir honteux et terrifiés à l’idée d’exister parmi les autres. Cela traduit une insécurité ontologique. Pour cette raison, ils adoptent souvent une attitude évitante, humble et discrète. »

L’observation à distance : une position d’éloignement

La personne limite et le narcissique entrent souvent dans un état où ils s’observent à distance, comme s’ils se trouvaient dans un film ou une production théâtrale. Dans ce scénario mental, ils jouent un personnage qui n’est pas eux, qui ne leur correspond pas et qui ne leur appartient pas.
Ils ont le sentiment de passer à côté de leur vie, comme s’ils étaient en décalage, positionnés derrière une vitre sombre ou un voile qui les empêche de participer pleinement à leur propre existence.

  • S’observer à distance, d’un point d’observation éloigné, est une expérience commune à la fois chez les personnes limites et chez les narcissiques.

Dans le cas de la personne limite, cela peut se manifester par des expériences mystiques ou extracorporelles.

Le narcissique, quant à lui, se perçoit à tort comme étant très rationnel, plus ancré, plus centré et moralement supérieur. Mais ce n’est évidemment pas le cas, car il est en réalité englué et empêtré dans le fantasme de soi qu’il a lui-même créé.
Les narcissiques croient à la réalité de leurs distorsions cognitives, qui alimentent leur délire de grandeur, de perfection divine, de moralité supérieure, d’omniscience, de toute-puissance, etc.

Leurs fantasmes : une différence de perception

La personne limite vit dans un état fantasmatique qui, dans son cas, est souvent sublimé et plus acceptable socialement.
Par exemple, elle pourrait devenir religieuse ou mystique, s’intéresser à la lecture du tarot, à l’astrologie ou à des activités de cet ordre. Elle pourrait faire des voyages astraux hors du corps ou prétendre être médium. Ces pratiques sont socialement tolérées, même si elles restent illusoires.
C’est comme si elle se disait : « Si je dois fantasmer, autant m’appuyer sur la Bible, le Coran, la tradition orientale, ou quelque chose qui me dépasse. »

Le narcissique, en revanche, place son propre délire grandiose au-dessus des illusions de la société. Il fantasme sur sa perfection divine, sa supériorité morale, son omniscience ou sa toute-puissance. C’est comme s’il se disait : « Si je dois fantasmer, je fantasmerai à propos de moi-même. »

Mon commentaire :
« Dans le cas des personnes souffrant de dépendance affective, leurs fantasmes tournent autour de la rencontre de l’amour unique et romantique, de l’âme sœur qui va enfin les rendre heureux. Leurs fantasmes sont donc centrés sur « quelqu’un d’autre ». »

Leur action machinale : un automatisme dissociatif

Une autre différence entre les personnes limites et les narcissiques réside dans le fait qu’ils se sentent parfois détachés de leurs actions et de leur corps. Dans ces cas, ils agissent de manière machinale, comme s’ils étaient en pilotage automatique.

Les narcissiques rapportent qu’ils se dissocient de leurs actions sous des conditions de stress extrême, de traumatisme, de défi ou lorsqu’ils se sentent traités injustement, mortifiés, publiquement humiliés ou submergés par la honte.
À ce moment-là, ils se désengagent soudainement de leurs actions, agissant en mode automatique, comme s’ils étaient distants de leur propre corps.

  • Lorsqu’un narcissique subit une blessure ou une mortification majeure, ou après une longue période de carence de provision narcissique, il entre dans un état d’automatisation dissociative.

  • Il passe à travers ses actions, se traînant comme un robot mal programmé, jusqu’à s’effondrer dans son lit à la fin de la journée.

En revanche, pour la personne limite, le déclencheur de cet état de désengagement de ses actions est la peur du rejet et de l’abandon.
Dans ces cas, elle entre en pilotage automatique, se disant inconsciemment : « Je ne suis plus dans mon corps. Ce corps peut avoir des relations sexuelles avec des inconnus. Il m’appartient comme un smartphone ou un ordinateur, mais il ne fait pas partie de moi. »

L’automatisation dissociative n’est pas une dépression

Beaucoup de gens, y compris des thérapeutes, confondent l’automatisation dissociative avec la dépression. Mais ce n’est pas de la dépression. C’est une réaction à un traumatisme insupportable, une blessure, une souffrance chronique ou des émotions égo-dystoniques telles que la honte toxique et la culpabilité, souvent liées à un trouble de stress post-traumatique découlant d’une enfance néfaste.

La dissociation : une protection contre la honte toxique

Le narcissique se fragmente, se dissocie de lui-même et des situations qu’il perçoit comme menaçantes ou intolérables. Sa dissociation est une défense contre des sentiments insupportables.
La personne borderline réagit de manière similaire, mais en réponse à un traumatisme. Elle entre en mode pilote automatique lorsqu’elle doit se mettre en scène. C’est une manière de compenser sa culpabilité et la honte qu’elle ressent à cause de ses mauvaises actions. Pour éviter ces émotions insupportables, elle se dissocie.

Comme vous le voyez, les individus narcissiques et les personnes limites partagent la même motivation pour entrer en mode pilote automatique : la honte intolérable d’être qui ils sont et la culpabilité.

  • La personne limite se sent honteuse parce qu’elle se sent rejetée par la société ou par quelqu’un qui peut l’abandonner.


  • Le narcissique se sent honteux parce qu’il est exposé à son humiliation, à sa grandeur bafouée, à son besoin de reconnaissance non satisfait par les autres et au manque d’attention de leur part.Leur vide abyssal : un trou noir qui les consume de l’intérieur

Leur réaction au vide intérieur

La personne limite et le narcissique ressentent tous deux un vide intérieur, explique le Professeur Vaknin. C’est comme un « trou noir » qui se trouve dans leur poitrine ou leur ventre, et qui les consume de l’intérieur, tout en engloutissant également leur environnement, le monde qui les entoure.

Cependant, chez le narcissique, la réaction à ce vide est constante.
Sa dépersonnalisation, sa déréalisation et sa dissociation sont des réponses permanentes à ce « trou noir ».

En revanche, chez la personne limite, ces symptômes dissociatifs se déclenchent en réaction au stress, à la peur de l’abandon et parfois à la toxicomanie. Pour cette raison, la personne limite peut basculer vers une psychopathie secondaire, qui est davantage réactive.

Leur dichotomie: une scission hypnotique

Explorons le mécanisme dissociatif entre l’action et l’observation. Lorsque les personnes narcissiques et limites entrent dans un état dissociatif, elles se dépersonnalisent tout en entrant dans un état de scission, ou de fracturation, qui les divise en deux parties.

  • Soudain, il y a un observateur qui regarde à distance ce que fait l’autre partie.

  • Pendant qu’une partie d’eux agit, une autre partie observe.

  • Ainsi, le narcissique et le borderline deviennent dichotomiques, divisés, et non unitaires.

C’est comme s’ils se fragmentaient sous l’effet du stress, d’un traumatisme, d’un rejet ou d’un abandon (dans le cas du borderline), ou d’une humiliation et d’une honte (dans le cas du narcissique). Ils se fracturent, se brisent en deux.
Cette distinction entre le soi observateur et le soi agissant constitue un indice d’un syndrome dissociatif de l’identité.

La scission de la personne limite

La scission est la manière dont la personne limite gère le sentiment de se percevoir comme « mauvaise », s’identifiant à l’objet « mauvais » qu’elle croit être. Elle prend de la distance avec elle-même, se voyant comme l’observatrice de cet objet « mauvais », dont les actions sont contre-productives, car il agit contre elle, se comporte mal ou s’autodétruit. Cette observation distante de ses propres actions devient un syndrome, voire un trouble, qui finit par jouer contre elle.
Cependant, elle y reste attachée, car en s’éloignant d’elle-même, elle s’éloigne également, de manière imaginaire, de cet objet « mauvais », réduisant ainsi son risque perçu de subir l’abandon et le rejet.

La scission chez la personne narcissique

De la même manière, lorsque le narcissique ne parvient pas à obtenir une provision narcissique fiable, il se fracture en deux. Il s’auto-approvisionne narcissiquement à travers cette scission.
Il crée un gouffre entre l’acteur et l’observateur de lui-même, lui permettant de croire qu’il peut attirer l’attention d’une personne qui, en réalité, ne s’intéresse pas vraiment à lui, ou d’un public imaginaire. Cette audience imaginaire devient sa seule manière de s’auto-approvisionner narcissiquement.
Autrement dit, pour le narcissique, entrer dans ce processus dissociatif, en s’observant à distance, lui permet de s’imaginer admiré ou aimé par un public fictif. Ce public imaginaire lui confirme qu’il est une personne admirable, remplie de qualités.
Ainsi, il crée sa propre provision narcissique à l’intérieur de son esprit et devient également son propre public.

La dissociation comme moyen d’obtenir une provision narcissique

C’est pourquoi les mécanismes dissociatifs de dépersonnalisation et de déréalisation chez les narcissiques sont des parties essentielles de leur auto-approvisionnement narcissique.
Dans le narcissisme pathologique, les troubles dissociatifs sont donc inséparables de la libido qui soutient les défenses narcissiques.

  • Le narcissisme est une dissociation permanente.

  • C’est une altération continue de l’examen de la réalité.

  • Le narcissisme est un fantasme constant où la réalité n’a pas de place.

  • Le narcissique se dissocie, se dépersonnalise et se déréalise uniquement dans le but d’obtenir sa provision narcissique.

  • Sa scission entre le « moi observateur » et le « moi agissant » est un mécanisme défensif contre l’objet « mauvais » ou défaillant qu'il croit être.

Dans le narcissisme, cette division psychologique est en réalité un moyen de générer et d’amplifier la provision narcissique, pour compenser la blessure, guérir la plaie et repousser la mortification, l’humiliation et la honte toxique.
Ainsi, la dissociation dans le narcissisme est une adaptation positive, une stratégie de survie.

Un brouillard mental : réactif chez le borderline et constant chez le narcissique

Dans leur quête dissociative, le narcissique et la personne limite décrivent tous deux un état de rêve, un brouillard mental.

Chez la personne limite, il s’agit d’une réaction au traumatisme. Son esprit devient embrumé, confus. Elle oublie des événements, des souvenirs, et perd sa capacité à voir clairement. Cet état onirique devient cauchemardesque et surréaliste.

Chez le narcissique, en revanche, cet état onirique et embrumé est permanent.

  • Errant dans les brumes de ses défenses fantasmatiques, il ne quitte jamais cet état.

  • Il est piégé dans un monde imaginaire sans retour possible à la réalité.

  • Il est condamné à errer dans ce paysage de rêve jusqu’à la fin de sa vie.

  • L’espace surréaliste, que la personne limite visite occasionnellement, est la demeure permanente du narcissique.

Lorsqu’il vous impose son « fantasme partagé », il vous invite à rejoindre son marécage d’illusions, où vous marchez dans les sables mouvants de son identité d’absence.

La dysmorphie corporelle : une perception déformée du corps

Les personnes limites et narcissiques souffrent toutes deux de dysmorphie corporelle. Elles perçoivent mal leur corps.

Le narcissique somatique se voit à tort comme irrésistible et étonnant, tandis que le narcissique cérébral perçoit son corps comme répugnant ou rejetable.

De son côté, la personne limite se voit généralement comme trop grosse, laide ou inadéquate. Cette dysmorphie corporelle reflète son identification à l’objet « mauvais » qu'elle pense être.

  • Les deux sont incapables de s’identifier pleinement à leur image dans un miroir.

Quand un narcissique se regarde dans le miroir, il a l’impression que ce n’est pas vraiment lui. Il observe l’image avec méfiance, se déplaçant de gauche à droite pour tenter de capturer l’image et prouver que ce n'est pas lui.
Cela témoigne d'un développement psychologique arrêté, extrêmement enfantin.

De la même manière, la personne limite a une relation conflictuelle avec son corps.
Tant les personnes limite que les narcissiques somatiques instrumentalisent leur corps, le voyant comme un outil pour séduire.

En revanche, le narcissique cérébral considère son corps comme un fardeau ou une abomination dont il aimerait se débarrasser. Ces réactions contre son corps sont des symptômes de sa dépersonnalisation.

Le manque de contrôle sur le corps : le langage et la locomotion

Les personnes limite rapportent souvent avoir l’impression de ne plus contrôler leur langage ni leur locomotion. C’est comme si leur corps était habité par une entité étrangère, les faisant se sentir comme des marionnettes ventriloques. Cela représente un vrai problème pour elles, car elles souhaitent reprendre le contrôle total de leur corps.

Chez le narcissique, en revanche, cette déficience est intégrée à son sens de grandeur.
Il pourrait se dire : « Mon discours est inspiré par des puissances supérieures » ou « Mon corps a une sagesse propre ».

Il transforme ce problème en une preuve de sa grandeur. Ainsi, il déforme cognitivement la situation pour justifier son manque de contrôle.

Les pensées répétitives : une intrusion constante

La présence intrusive de pensées étrangères est un symptôme récurrent chez les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité. Ces pensées reviennent sans cesse et ne peuvent être ni contrôlées, ni supprimées, ni réprimées, ni reformulées. Elles envahissent l’esprit de manière persistante.

Les narcissiques et les personnes limites ressentent ces pensées comme étrangères, venant de l’extérieur, d’une source inconnue, impossible à identifier. Cet élément étranger est particulièrement courant chez les personnes limites.

Chez les narcissiques, ces pensées intrusives apparaissent surtout après une mortification. Bien qu’ils soient dans un état constant de fantasme dissociatif, la dépersonnalisation et la déréalisation éclatent de façon volcanique après une blessure ou un événement qui menace leur distorsion cognitive et leur sentiment de grandeur.

Leur mémoire : les récits improuvables des narcissiques

Les narcissiques et les personnes limites ont tous deux des problèmes de mémoire. Ils peinent à récupérer leurs souvenirs, ou ces souvenirs leur semblent étrangers, comme s’ils ne leur appartenaient pas vraiment. Ils peuvent avoir des trous de mémoire et interpréter mal leurs souvenirs.

Les narcissiques ont tendance à confabuler, c’est-à-dire à combler leurs lacunes de mémoire avec des récits plausibles, possibles, mais pas certainement réels. Ils réinterprètent leurs souvenirs et en créent une narration erronée.

La personne borderline, quant à elle, apprend à vivre avec ces problèmes de mémoire, avec ce sentiment constant que ses souvenirs ne sont pas entièrement les siens, ce qui contribue à l’impression de ne pas posséder un noyau identitaire solide – un problème que l’on retrouve également chez les narcissiques.

Sam Vaknin affirme que la dissociation explique le vide que ressentent à la fois les borderline et les narcissiques. Ce qu’on appelle le noyau schizoïde vide, décrit par Otto Kernberg, illustre cette difficulté.

En effet, il est impossible de former une identité continue et stable sans une mémoire cohérente et fluide.
Si votre mémoire est fragmentée, décousue, pleine de trous, vous perdez le sens de qui vous êtes. Vous n’avez pas d’identité continue, ce qui vous fait ressentir un profond vide, comme si l’absence était la seule manière d’exister.

La diminution affective : émotions engourdies, refoulées et réprimées

Croyez-le ou non, les narcissiques comme les personnes borderline rapportent des émotions engourdies, réprimées ou atténuées, un phénomène connu sous le nom de diminution affective.

Cependant, chez la personne limite, cet engourdissement est intermittent et défensif. La plupart du temps, elle est hyperémotive, ses émotions sont trop fortes, la submergent et la noient. Elle réagit avec une émotivité extrême au moindre stimulus, étant généralement très sensible.
Cet engourdissement émotionnel est donc une réaction à un traumatisme extrême, mais aussi une défense. Il s’agit d’une réponse réactive et défensive à une surcharge émotionnelle.

L’engourdissement émotionnel : l’expression de la dépersonnalisation

Chez le narcissique, l’engourdissement émotionnel est permanent. À cet égard, les narcissiques sont semblables aux psychopathes.

  • Ils n’ont pas accès aux émotions positives.

  • Les seules émotions qu’ils manifestent sont négatives : envie, rage, peur, haine, indifférence glaciale, colère refoulée, agressivité passive et manque d’empathie.

  • L’émotivité négative du narcissique n’est donc pas affectée par l’engourdissement émotionnel, car elle fait partie intégrante de son expérience émotionnelle.

  • Par conséquent, les émotions positives, comme l’amour, sont constamment engourdies, plongées dans un état de catatonie. Elles sont désactivées.

Les narcissiques confondent souvent l’amour avec l’abus, l’obtention de leur provision narcissique positive ou sadique, ou encore la quête de sécurité.

Engourdissement émotionnel versus dépersonnalisation

L’engourdissement émotionnel dans lequel vivent les narcissiques fait partie intégrante de leur dépersonnalisation.

Chez la personne borderline, la dépersonnalisation est différente. Elle a de longues périodes non dissociatives, car sa dissociation est réactive, défensive et intermittente.

En revanche, chez le narcissique, la dépersonnalisation est bien plus profonde et permanente. Elle est indissociable de son narcissisme : la dépersonnalisation et le narcissisme ne font qu’un.

Le détachement de l’environnement : déréalisation et dépersonnalisation

Les personnes borderline et narcissiques ressentent toutes deux un détachement par rapport à leur environnement, aux personnes, aux objets et même au temps. C’est ce qu’on appelle la déréalisation. Cependant, chez le borderline, cela se produit en réponse à un rejet ou un abandon.

  • Chez le narcissique, la déréalisation est constante, particulièrement dans la phase de dévaluation et de rejet du « fantasme partagé ».

  • Lorsqu’il entre dans cette phase, il se déréalise et se dépersonnalise toujours.

  • Ce processus dissociatif lui permet de se séparer de la figure maternelle symbolique qu’il projette sur son/sa partenaire intime.

Si vous êtes son/sa partenaire intime, vous représentez pour lui cette figure maternelle dont il a besoin de se séparer.

C’est comme s’il vous disait : « Je vais t’oublier parce que j’ai besoin de me séparer de toi. Et j’ai besoin de me séparer de toi parce que je te dévalorise au point que tu es devenu(e) mon ennemi(e). Donc, j’ai besoin de te rejeter et de t’oublier.
Si je me dépersonnalise, c’est comme si je n’existais pas, alors il devient normal de te dévaloriser et de te rejeter. Ce n’est pas vraiment moi qui le fais.
Et si je réalise que tout cela n’est pas réel, si tout cela n’est qu’un jeu, une histoire ou un récit, ce n’est pas grave. Je peux le faire. »

C’est sa manière de restaurer son équilibre émotionnel et d’éviter les émotions comme la honte et la culpabilité.

Les émotions et la dépersonnalisation

Les émotions jouent un rôle central dans la dépersonnalisation et la déréalisation.
Le narcissique est hypo-émotif et vit fréquemment des expériences de déréalisation, d’irréalité et de détachement.

La personne borderline, est hyperémotive. Elle vit également des épisodes de déréalisation et de détachement, mais ceux-ci sont réactifs et surviennent en réponse à l’abandon ou au rejet.

Bien, l’exposé de Sam Vaknin se termine ici. Voyons maintenant les symptômes dissociatifs de la dépendance affective.

Souffrez-vous de dépendance affective ?

Si vous souffrez de dépendance affective :

  • Vous éprouvez peut-être un certain degré de déréalisation, car vous n’êtes pas capable de vous aventurer dans le monde avec confiance en vous-même, et de l’intégrer complètement.

  • Vous n’arrivez pas à assimiler la personne aimée telle qu’elle est, car, dans votre quête d’amour, vous la percevez à travers le prisme de votre dépendance affective, et non telle qu’elle est réellement.

  • Vous n’intégrez pas les informations que vous recevez de cette personne dans votre fonctionnement interne, surtout si cette personne est narcissique, car vous vous dévalorisez et doutez de vous-même et de vos perceptions.

  • Lorsque son abus narcissique est en train de vous détruire, vous vous sentez perdu(e), isolé(e), sans place dans ce monde.

  • En réalité, vous êtes dans un état de dépersonnalisation à un certain degré.

  • La dépersonnalisation survient lorsque vous ne parvenez pas à intégrer votre perception de vous-même avec votre sens du « moi ».

  • Vous observez votre corps, vos émotions et vos réactions un peu comme si vous étiez à l’extérieur, sans vous sentir vraiment impliqué(e).

  • Vous recevez des informations sur vous-même dans le cadre de l’abus narcissique, mais elles ne vous touchent pas réellement.

  • Vous vous éloignez de vos expériences et vous vous perdez dans des rêveries de possibles changements de votre partenaire narcissique.

  • Vous vous sentez abandonné(e), seul(e), et détaché(e) du monde, car vous êtes véritablement isolé(e).

  • Vous agissez en mode « pilotage automatique » pour échapper à la culpabilité et à la honte constantes que vous ressentez à ses côtés.

  • En vous éloignant de vous-même, vous vous dissociez de l’« objet mauvais » que vous croyez être, cet objet qui mérite d’être dévalorisé, rejeté et abandonné.

  • Ce mécanisme dissociatif sépare vos actions dans le monde de votre perception de vous-même.

  • C’est une stratégie de survie, une adaptation positive, bien qu’elle vous maintienne dans un état de rêve, de brouillard mental, qui vous coupe de la réalité que vous vivez.

Votre perception corporelle est altérée

  • Vous êtes détaché(e) de votre respiration et de votre énergie vitale.

  • Vous entretenez une relation conflictuelle avec votre corps : vous le jugez, le rejetez, l’évaluez constamment.

  • Vous vous sentez peut-être détaché(e) de votre image dans le miroir, aliéné(e) de vos organes, de certaines parties de votre corps, voire de votre corps tout entier.

  • Vous rejetez également votre force érotique et votre sexualité.

  • Vous êtes dissocié(e) de votre libido, de votre force érotique, de votre spontanéité et de votre joie de vivre, car votre narcissique vous a transmis sa négativité émotionnelle.

Vous avez des pensées intrusives

Le traumatisme subit génère des pensées étrangères ou intrusives, issues de l’objet interne introjecté, que ce soit votre partenaire narcissique ou un parent persécuteur idéalisé.
Ces pensées intrusives peuvent entraîner des difficultés de mémoire et rendre impossible l’intégration cohérente de vos souvenirs.
Si vos souvenirs sont fragmentés et décousus, vous perdez le sens de qui vous êtes.
Vous n’avez pas d’identité continue, ce qui vous fait vous sentir vide, car vous avez introjecté, incorporé et intériorisé l’identité absente de votre partenaire narcissique ou de votre parent narcissique.

Vos émotions son engourdies

Si vous souffrez d’un syndrome dissociatif, vos émotions sont engourdies, refoulées, réprimées ou atténuées :

  • Vous vivez dans une diminution affective, car la personne narcissique à vos côtés vous empêche de vous exprimer.

  • Vous vous détachez de vos émotions par peur de les exprimer.

  • Cette dissociation entraîne une anxiété chronique, une respiration superficielle et une contraction généralisée dans votre corps.

  • Cet engourdissement émotionnel est une réaction à un traumatisme extrême, élément central de la dépersonnalisation.

  • Vous ne faites pas confiance à vos émotions et n’affirmez pas vos besoins ou vos limites.

  • Vous vous effacez, craignant que vos émotions ne soient trop fortes, semblables à celles de votre parent abusif ou de votre partenaire narcissique.

  • En revanche, si vous souffrez d’une dépendance affective de type borderline, vos émotions vous submergent et vous noient face aux comportements de votre narcissique, car vous craignez qu’il vous quitte.

Votre syndrome dissociatif, face à l'abus narcissique que vous subissez ou avez subi, est un mécanisme défensif et adaptatif qui finit par vous emprisonner dans un sentiment constant de vide et de perte de soi.

Il s’agit d’un état hypnotique identitaire prolongé, vous détachant à la fois de la réalité et de vous-même. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez vous en libérer grâce à un processus efficace de Déshypnose Identitaire.

Impact sur la vie quotidienne

La dépersonnalisation et la déréalisation affectent profondément divers aspects de la vie quotidienne, allant bien au-delà des relations intimes.

  • Sur le plan professionnel, ce syndrome dissociatif peut entraîner une difficulté à se concentrer, à s’investir dans des tâches et à maintenir une motivation constante.

  • Les personnes touchées se sentent souvent détachées de leur travail, agissant en pilotage automatique, ce qui peut nuire à leur productivité et à leur réussite professionnelle.

  • En milieu scolaire, les symptômes dissociatifs peuvent affecter les capacités d’apprentissage, rendant difficile la mémorisation, l’engagement dans les études et la gestion du stress lié aux examens.

  • Les interactions sociales sont également perturbées. Les individus souffrant de dépersonnalisation ou de déréalisation ont du mal à établir des liens authentiques avec les autres, se sentant souvent comme des observateurs de leur propre vie, incapables de s’impliquer émotionnellement.

  • Cela peut conduire à un isolement social, car ils peuvent avoir l'impression de ne pas appartenir à leur environnement ou de ne pas être en phase avec les attentes sociales.

  • Par conséquent, leur perception de soi dans un cadre plus large, que ce soit dans la société ou au sein d’un groupe, est souvent floue et déformée.

  • Ils peuvent se percevoir comme étrangers à eux-mêmes, éprouver des sentiments d’inadéquation, ou avoir l’impression de ne pas avoir de place dans le monde, ce qui impacte leur estime de soi, leur efficacité et leur sentiment de réussite globale.

D’autres auteurs qui parlent du syndrome dissociatif

Otto Kernberg (personnalité narcissique et borderline) :

  • Otto Kernberg, spécialiste des troubles de la personnalité borderline et narcissique, a développé la théorie des « organisations pathologiques » de la personnalité.
    Il explique que les personnes narcissiques présentent une identité diffuse et des défenses primitives, comme le déni et la dissociation, qui les empêchent d’intégrer des perceptions cohérentes de soi et des autres.

  • Selon Kernberg, les personnes souffrant de ces troubles ont un vide identitaire intérieur dû à une incapacité à intégrer des représentations positives et négatives de soi et d’autrui, ce qui favorise les mécanismes dissociatifs.

  • Citation : « Les troubles graves de la personnalité, en particulier le trouble borderline et le narcissisme, sont caractérisés par l’incapacité à intégrer des expériences émotionnelles et relationnelles conflictuelles, conduisant à des états de fragmentation identitaire » (Kernberg, Severe Personality Disorders: Psychotherapeutic Strategies, 1984).

John Bowlby (attachement et trauma) :

  • John Bowlby, théoricien de l’attachement, a montré que des expériences précoces d'attachement insécurisé, en particulier l'attachement désorganisé, pouvaient entraîner des mécanismes de dissociation à l'âge adulte, particulièrement chez les personnes ayant subi des traumatismes émotionnels durant l’enfance.

  • Les troubles dissociatifs, comme la dépersonnalisation et la déréalisation, peuvent être compris comme des réponses à des ruptures graves dans les relations d'attachement avec les figures parentales.

  • Citation : « Les troubles dissociatifs sont souvent enracinés dans des modèles d'attachement insécurisés précoces, qui génèrent des perceptions conflictuelles de soi et des autres, exacerbées par des relations parentales dysfonctionnelles » (Bowlby, Attachment and Loss, 1969).

Elizabeth Howell (trauma et dissociation) :

  • Elizabeth Howell, chercheuse spécialisée dans les syndromes dissociatifs, propose que la dissociation est un mécanisme de défense adaptatif qui émerge en réponse à des traumatismes graves, notamment dans l’enfance.

  • La dissociation permet à tort de se protéger psychologiquement des émotions et des expériences insupportables.

  • Citation : « La dissociation est une tentative adaptative de l’esprit de gérer des expériences de vie intolérables en créant des clivages dans la conscience et dans le sens de soi » (Howell, The Dissociative Mind, 2005).

Frank W. Putnam (psychotrauma et dissociation) :

  • Frank W. Putnam, pionnier dans l’étude des troubles dissociatifs, a montré que la dissociation est une réaction au stress extrême et aux traumatismes répétitifs. Selon lui, la dissociation permet de découper l’expérience traumatique en fragments non intégrés dans la conscience.

  • Citation : « Les états dissociatifs sont des réponses neurobiologiques et psychologiques aux traumas. Ils créent une barrière protectrice, mais au prix d’une déconnexion profonde avec le soi et le monde extérieur » (Putnam, The Way We Are: How States of Mind Influence Our Identities, Personality, and Potential for Change, 2016).

Richard Kluft (troubles dissociatifs) :

  • Richard Kluft, spécialiste des troubles dissociatifs, insiste sur l’idée que les personnalités fragmentées, liées à la dissociation, se développent chez les individus ayant été victimes de maltraitances prolongées durant l’enfance.

  • Il met en évidence la création de personnalités alternatives comme une forme de dépersonnalisation extrême, un mécanisme d’évitement des souvenirs traumatiques.

  • Citation : « La dissociation est la manière dont un esprit, confronté à des abus inéluctables, préserve une partie de son intégrité en cloisonnant des aspects inassimilables de son vécu » (Kluft, Treating the Dissociative Identity Disorder Patient, 1993).

Conclusion
La dépersonnalisation et la déréalisation sont des manifestations dissociatives profondes, souvent associées à des traumatismes psycho-émotionnels vécus durant l’enfance.
Ces perturbations de la perception de soi et du monde, bien que courantes chez les personnes atteintes de trouble de stress post-traumatique, se retrouvent également dans les troubles de la personnalité narcissique et borderline.
Les individus affectés s’identifient à un « faux self », les coupant de leur être authentique et les poussant à vivre dans un état d’éloignement émotionnel et relationnel.
Chez les personnes limites, la dissociation est réactive, en réponse au stress et à la peur du rejet.
En revanche, chez les narcissiques, la dépersonnalisation et la déréalisation sont des états permanents, nourrissant un vide identitaire constant et un besoin incessant d’obtenir une provision narcissique.
Pour ces personnes, la dissociation devient un mécanisme de survie, les enfermant dans un état onirique, loin de la réalité et de leur propre identité.
Les conséquences sont désastreuses, car elles sont incapables d’entretenir des relations intimes ancrées dans la réalité.
Ces syndromes dissociatifs entraînent non seulement une altération de la mémoire et de l’émotivité, mais aussi une rupture avec le monde et le corps, exacerbée par des pensées intrusives.
Comprendre ces dynamiques permet de mieux appréhender les enjeux psychologiques liés à la dissociation et ouvre la voie vers une réintégration émotionnelle et identitaire, cruciale pour leur guérison et leur autonomie.
Prendre en charge votre syndrome dissociatif est essentiel pour vous reconnecter à vos émotions, à votre corps et à votre énergie vitale. Cette reconnexion vous permettra de retrouver un sens d’identité cohérent, de réintégrer la réalité et de vivre en accord avec votre être authentique.

Le processus de la Déshypnose Identitaire

  • Les syndromes dissociatifs sont hautement hypnotiques.

  • C’est pourquoi un véritable processus de Déshypnose Identitaire peut vous aider à vous en libérer.

Pour commencer, vous devez vous engager envers vous-même. Voici les sept étapes à suivre :

  1. Reconnaître que vous souffrez d’un syndrome dissociatif dont les principaux symptômes sont la mise à distance de vos émotions et l’éloignement de votre ressenti profond.

  2. Reconnaître que vous souffrez d’un trouble de stress post-traumatique et possiblement d’un trouble de la personnalité.

  3. Oser entrer en contact avec votre douleur et exprimer vos émotions à partir d’une méthode efficace qui vous permettra de vous libérer de vos traumatismes.

  4. Explorer en profondeur votre récit de vie et les souvenirs liés à votre stress post-traumatique.

  5. Reconnaître que vos « objets internes », vos croyances anxiogènes, vos systèmes défensifs infantiles et vos fantasmes inconscients ne sont pas QUI vous êtes.

  6. Apprendre les outils de la Déshypnose Identitaire pour déconstruire tout ce que vous avez construit en opposition à la vie et à l’expression de votre être authentique.

  7. Vous intéresser à votre énergie vitale, en élargissant votre respiration par des méthodes douces comme le Jin Shin Jyutsu, le yoga, la méthode de Moshe Feldenkrais et la méditation.

Je vous invite à prendre contact,

Prabhã Calderón