Les narcissiques classiques

27 sept. 2024

Sam Vaknin

Connaissez-vous les caractéristiques distinctives des personnes souffrant de narcissisme pathologique ? Saviez-vous qu’il existe deux principaux sous-types de narcissiques manifestes ? Comment vous maltraitent-ils ?

Dans cet article, le professeur Sam Vaknin, expert mondialement reconnu dans ce domaine, répond à ces questions et à bien d’autres. Je n’ai fait que des synthèses et révisé les textes pour offrir une meilleure traduction. Au cours des trente dernières années, il a mené des recherches approfondies sur le trouble de la personnalité narcissique, fournissant des descriptions précises et détaillées dans ses nombreux livres, sur YouTube et sur son site web. Cliquez ici : vaknin-talks.com

Il a créé de nombreux concepts et notions qui nous aident aujourd’hui à comprendre le narcissisme pathologique, et a également expliqué les deux principaux sous-types de narcissiques classiques, ainsi que les cycles de comportements qui les caractérisent.

En levant le voile sur le narcissisme pathologique, il a offert au monde les outils de compréhension, tant pour les personnes affectées que pour les narcissiques eux-mêmes. Surtout, il a permis aux victimes des narcissiques, « classiques » ou « cachés », de découvrir la résilience nécessaire pour surmonter les effets traumatiques de l’abus narcissique, raison pour laquelle je lui en suis reconnaissante.
Il est important de noter que la moitié des personnes présentant ce trouble sont des femmes. Toutefois, pour simplifier, j’utiliserai le pronom masculin pour les décrire.

Commençons par découvrir la différence entre le narcissisme sain et le narcissisme pathologique.

Le narcissisme sain et le narcissisme pathologique

À l’image de Narcisse de la mythologie grecque, le narcissisme pathologique se caractérise par l’infatuation de soi devant son reflet, la vanité, l’intérêt personnel excessif, l’indulgence envers soi-même, l’admiration de soi, l’autogratification, l’absorption en soi, l’autojustification de ses droits sur les autres, l’auto-adulation, l’autovictimisation et l’autoduperie.

Cependant, les narcissiques n’aiment que leur image. Leur narcissisme pathologique est une compensation de la haine de soi. Pour cette raison, ils se préoccupent principalement de deux choses :

  1. La gestion de leur image et les apparences : ils ne s’intéressent pas à ce qui est authentique ou substantiel, mais à ce qui semble réel, comme la simulation, l’imitation et la mimique.

  2. Leur approvisionnement narcissique : leur capacité à transformer les autres en sources d’attention, d’adulation et d’admiration et le fait d’avoir des suiveurs.

Cette activité autoréférentielle peut être ouvertement exposée, comme c’est le cas pour les narcissiques dits « classiques », ou bien dissimulée, comme chez les narcissiques dits « cachés ». Pour étudier les comportements de ces derniers cliquez ici : Les narcissiques cachés.

En revanche, le narcissisme sain désigne un processus stable d’équilibre intérieur, en accord avec notre sens de « Je suis », libre de toute définition extérieure.
Cela s’exprime par une structure psycho-émotionnelle intégrant notre nature essentielle, à la fois humaine et animale, qui se traduit par l’estime de soi, le respect de soi et la confiance en soi.
Cette structure est soutenue par notre énergie émotionnelle et libidinale, ce qui nous permet de nous investir en nous-mêmes, ainsi que dans nos relations intimes et sociales avec authenticité et intégrité, pour le plus grand bien de tous.

Le narcissisme primaire comme processus d’individualisation

Le narcissisme apparaît dès la petite enfance, entre 8 mois et 4 ans. À ce stade, l’enfant traverse une étape de narcissisme primaire, essentielle pour la formation de son identité. Cette étape correspond au progrès que l’enfant réalise vers l’acquisition de son individualité unique, en se séparant de sa mère pour devenir un individu autonome, tant sur le plan psychologique qu’émotionnel. Cela lui permettra de développer confiance et estime de soi.

Si l’enfant ne parvient pas à s’individualiser ni à se séparer psychologiquement de sa mère, son narcissisme devient pathologique, il se transforme en narcissisme secondaire.
Cela se manifeste par l’adoption d’un « faux self » ou « faux moi », un masque qui lui permet de se percevoir comme étant unique, spécial et supérieur à tous.

Pervers narcissiques : au-delà des stéréotypes populaires

Dans certains pays francophones, notamment en France, le terme « pervers narcissique » ou PN est fréquemment utilisé de manière agressive, stéréotypée ou confuse.
Souvent, les personnes qualifiées de « pervers narcissiques » présentent simplement un style narcissique ou quelques traits d’égoïsme.
Il est donc important de souligner que toutes les personnes qualifiées de narcissiques ne souffrent pas nécessairement de narcissisme pathologique.
C’est pourquoi j’ai décidé de proposer des articles visant à démystifier le narcissisme, grâce aux enseignements de véritables experts en la matière.

Le narcissisme subclinique

Il existe ce qu’on appelle le narcissisme subclinique, qui se manifeste par des traits de personnalité narcissiques chez des individus parfaitement autonomes et fonctionnels. Ils présentent un « style narcissique » et certains mécanismes narcissiques, mais ils ne présentent pas tous les mécanismes et les caractéristiques d’un narcissisme pathologique.

Les narcissiques pathologiques présentent un syndrome dissociatif et souffrent de trous de mémoire. Leur perception étant altérée, ils sont incapables de discerner la réalité de leurs fantasmes. Ils recherchent l’attention de manière compulsive et coercitive et manquent d’empathie psychoaffective. Se sentant supérieurs, ils ne perçoivent pas que les autres sont des égaux, qui possèdent leur propre altérité et individualité unique. Ils transforment tous les « insignifiants » qui les entourent en leurs « objets internes ». Ils sont donc atteints d’une véritable maladie mentale, qui les empêche de nouer des relations saines.

Les narcissiques sous-cliniques, quant à eux, peuvent se montrer arrogants, odieux, manipulateurs et repoussants. À l’inverse, ils peuvent aussi sembler superficiellement charmants et irrésistiblement attirants. Mais, ils ne sont pas obsédés par l’attention des autres comme le sont les narcissiques pathologiques. Même les manipulateurs appelés « machiavéliques » ne peuvent être diagnostiqués comme étant narcissiques pathologiques.

Le narcissisme subclinique n’entraîne pas des souffrances émotionnelles majeures chez autrui, ni des comportements destructeurs dans l’environnement personnel ou professionnel. Il ne provoque ni détresse significative ni altérations du comportement dans les relations intimes, au point d’affecter de manière irréversible les enfants, par exemple, contrairement à ce qui est observé chez les proches de narcissiques pathologiques.

Si, un individu ne manifeste pas l’ensemble des mécanismes défensifs ni les comportements décrits dans cet article, il ne peut pas être qualifié de « pervers narcissique ».

Sous-estimation de la gravité de l’abus narcissique

À l’inverse, de nombreuses victimes d’abus narcissique ont tendance à minimiser la gravité de leur situation. Cela s’explique en partie par l’emprise psychologique exercée par le narcissique pathologique avec qui elles vivent ou travaillent. Mais cette minimisation est souvent renforcée par une méconnaissance du narcissisme pathologique de la part de leur psychiatre, thérapeute, psychologue ou coach, ainsi que par l’absence d‘outils spécifiques pour les aider à surmonter les traumatismes liés à cet abus.

Le Professeur Sam Vaknin explique : L’abus narcissique se manifeste sous différentes formes de maltraitance : verbale, physique, sexuelle, psychologique, émotionnelle, familiale, domestique, professionnelle, éducative, sociale, juridique et financière. C’est la seule forme d’abus qui englobe tous ces aspects.

Le narcissisme pathologique et les interactions humaines

Les narcissiques pathologiques dissimulent une fragilité émotionnelle insoupçonnée derrière leur charisme et leurs talents souvent remarquables. Ils peuvent impressionner et séduire grâce à leurs dons créatifs, intellectuels ou manuels, qui leur permettent de se rendre indispensables ou de briller dans de nombreux domaines.
Pourtant, leur structure psycho-émotionnelle est profondément instable, et leur ego est dysfonctionnel, voire inexistant. Leur « cathexis », ou énergie libidinale, est automatiquement dirigée vers eux-mêmes, alimentant ainsi un « faux self » – vide par définition –, qui les pousse vers une quête incessante d’attention et de validation. En conséquence, ils sont incapables d’établir des relations affectives réciproques, saines et épanouissantes.

C’est pourquoi il est impossible de décrire le narcissisme pathologique sans évoquer les effets traumatiques qu’il génère sur les personnes qui entourent ceux qui en sont atteints.

Le fantasme partagé des narcissiques pathologiques

Les narcissiques pathologiques transforment les autres en « objets internes » à partir d’une image instantanée qu’ils capturent et introjectent. Ils interagissent ensuite exclusivement avec cet « objet interne », en ignorant la personne réelle qui se trouve face à eux. Cette action inconsciente est hautement agressive, car elle efface de leur conscience l’altérité et l’existence distincte des individus qui les entourent.
Ainsi, ils imposent à leurs partenaires intimes, associés, collaborateurs ou proches un « fantasme partagé » qui suit un schéma implacable : une phase d’idéalisation, suivie d’une phase de dévalorisation, puis d’un rejet cruel.
Au fil de sept phases, décrites par le professeur Sam Vaknin, les narcissiques détruisent l’intégrité psychique de leurs victimes en leur infligeant un abus narcissique, sans éprouver ni remords ni empathie. Vous pouvez explorer ces phases en cliquant ici : Le fantasme partagé des narcissiques.

  • Il est donc essentiel de comprendre que le narcissisme pathologique est un trouble indissociable des relations intimes, et que beaucoup de personnes souffrent des effets traumatiques de l’abus narcissique vécu durant l’enfance ou à l’âge adulte.

Explorons maintenant l’étiopathogénie, c’est-à-dire les origines de ce trouble qui transforme les êtres humains en enfants sans cœur.

Le narcissisme est une perturbation dans la construction du « moi »

Lorsque l’enfant qui deviendra narcissique traverse l’étape de formation de son « moi » afin d’acquérir un noyau identitaire, une perception de lui-même et une conscience de son identité, certains événements traumatiques entravent ce processus et l’empêchent de se structurer. En conséquence, il se retrouve essentiellement vide.

Une « mère morte » : la personne perturbatrice

La notion de « mère morte » a été introduite par le psychanalyste français André Green. Elle désigne une mère qui, en raison de ses propres troubles psychologiques, voire d’une psychopathologie, empêche son enfant de s’individualiser, de se différencier et de se séparer d’elle. Elle entrave le processus de développement de son enfant vers l’autonomie.

Par exemple, une mère narcissique fait de l’un de ses enfants son « objet persécuteur ». Ainsi, cet enfant devient le souffre-douleur sur lequel elle décharge sa rage narcissique, son agressivité passive et sa jalousie destructrice, à travers l’intimidation, le harcèlement, les reproches, la culpabilisation, le blâme, les insultes, les critiques, les jugements acerbes, les contraintes, les humiliations, etc.
En fonction de ses propres besoins psycho-émotionnels, un autre de ses enfants est instrumentalisé, traité comme un enfant roi, un compagnon de substitution ou encore un sauveur. En somme, elle traite ses enfants comme extensions d’elle-même, tout en faisant d’eux les sources de sa provision narcissique.

Confrontés à ces rôles fondés sur une transaction affective qu’ils ne peuvent assumer, les enfants ressentent une profonde anxiété, car leur survie psychologique dépend de cette mère pathologique. En raison de ses comportements, elle suscite chez ses enfants quatre sensations et émotions principales :

  1. La honte toxique : ils se sentent dévalorisés, abandonnés, rejetés, humiliés, trahis ou traités injustement, ce qui alimente une honte profonde et persistante.

  2. Le doute d’être : sous l’influence hypnotique de leur mère, ils souffrent d’une insécurité ontologique profonde (du grec ontos, qui signifie « être »). Cette insécurité provoque une interruption brutale de leur évolution vers l’autonomie.

  3. Un sentiment de vide : selon le psychanalyste Otto Kernberg, ce vide émane du « noyau schizoïde », entraînant un isolement intérieur et une difficulté fondamentale à s’aimer soi-même ou à aimer autrui.

  4. La terreur de manquer d’existence : elle découle du fait que les narcissiques n’ont pas d’accès à la seule réalité qui est notre Véritable Nature indicible.

Les enfants d’une « mère morte » souffriront certainement d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et développeront un narcissisme pathologique. Possédés par l’image maternelle introjectée, incorporée et intériorisée, ils se perçoivent comme seuls, incomplets, incompétents, insignifiants, voire inexistants. Lisez l’article sur ce thème en cliquant ici : Le syndrome de l’otage chez les enfants.

Le contrôle imaginaire de l’enfant : un attachement extrême

Identifié à sa mère abusive, qui l’empêche de s’individualiser et d’être lui-même, l’enfant introjecte, incorpore et intériorise non seulement sa représentation, mais aussi les messages toxiques qu’elle lui renvoie, au point de faire d’elle un objet de son propre psychisme.
En faisant d’elle son « objet interne », l’enfant tente inconsciemment de la contrôler en s’attachant à elle de manière totale et absolue.
Ce type d’attachement hypnotique se retourne contre lui, car non seulement son évolution vers l’autonomie est brutalement interrompue, mais en plus, il sacrifie son être authentique pour une mère absente.
Ainsi, le narcissisme secondaire s’installe en lui : son énergie libidinale et psycho-émotionnelle s’investit alors dans la création et le maintien d’un « faux self », car la réalité extérieure est blessante, douloureuse, destructrice, meurtrière et insupportable.

Les messages de la mère morte : des voix intérieures

Les messages implicites et explicites d’une mère morte deviennent des voix intérieures que l’enfant prend pour réelles. Elles lui répètent qu’il est un « mauvais objet », incorrect, incapable, nul, inadéquat, inexistant, incomplet, insuffisant, impuissant, démuni ou indigne d’être aimé. Pour cette raison, il se sent honteux d’être « lui-même ».
L’enfant sombre alors dans une insécurité si profonde qu’il est contraint d’adopter un « faux self » ou « faux moi », qui, tel un dieu, le protège.
À partir du moment où il sacrifie son être authentique, son véritable « Je suis », libre de toute définition extérieure, il ne pourra aimer que ce « faux self ».

Le narcissique pathologique est donc une compensation :

Il s’agit d’une entité clinique résultant d’un trouble de stress post-traumatique (TSP), d’un complexe d’infériorité, d’une honte toxique, d’une fragilité psychique et d’une insécurité ontologique (du grec ontos, signifiant « être »). Il s’agit également d’un ensemble de stratégies dysfonctionnelles d’adaptation à des expériences traumatisantes vécues durant l’enfance.

Leur état régressif : l’hypnose infantile permanente

Devenus adultes, les narcissiques compensent leur état psychique défaillant de différentes manières.

  • Ils vivent dans un état régressif, caractérisé par le maintien de défenses primitives et l’entretien de fantasmes inconscients propres à l’enfance, tout en préservant une perception déformée et grandiose de leur importance et de leur apparente puissance.

  • Inconscients de leur dynamique interne, ils habitent dans un univers infantile alternatif appelé « paracosme ». Il s’agit d’un univers psychique enfantin composé à 80 % de fabulations et à 20 % de réalité.

  • En s’appuyant sur cet univers imaginaire, ils se suridéalisent, se surestiment et s’abandonnent à leurs rêveries grandioses.

Explorons maintenant la dynamique psychologique et les comportements des narcissiques pathologiques.

Leur identité d’absence : un trou noir

Pour toutes les raisons décrites précédemment, les narcissiques n’ont pas de véritable noyau identitaire. Leur noyau identitaire est schizoïde. Leur identité est donc brisée, diffuse et désamorcée, et leur cœur n’est qu’un trou noir. Ils n’ont pas d’accès à cette réalité qui est notre Véritable Nature indicible. Par conséquent, ils n’offrent aux autres que leur absence psycho-émotionnelle, manifestée notamment par une émotivité négative et une indifférence glaciale envers ceux à qui ils font des promesses qu’ils ne tiendront jamais.

En fait, ils croient à la réalité de leurs propres fables, donc ils croient à la réalité de leurs promesses, parce qu’ils manquent d’un sens du « moi » fonctionnel. Ils sont chaotiques, imprévisibles et dépourvus de stabilité : aujourd’hui, ils croient en une chose, et le lendemain en une autre. Un jour, ils défendent certaines valeurs, et le lendemain, ils en adoptent de nouvelles. De même, ils idéalisent une personne avant de la dévaloriser et de la rejeter cruellement.

Leur état de dépersonnalisation et déréalisation

En raison du chaos émotionnel vécu durant l’enfance et de leur noyau identitaire schizoïde, les narcissiques se retrouvent dans un état chronique de dissociation, de déréalisation et dépersonnalisation, de déconnexion vis-à-vis d’eux-mêmes, des autres et de leur propre expérience de vie. Consultez l’article sur le sujet en cliquant ici : La dépersonnalisation et la déréalisation.

Leur perception de la réalité, de soi et du monde est complètement altérée et imprécise. C’est pourquoi ils sont incapables de distinguer leurs fantasmes et rêveries de la réalité, et adhérent fermement à la véracité de leurs propres fabulations, récits et fictions mentales alambiquées. Ainsi, s’ils croient aimer quelqu’un, ils ne mentent pas, mais ils se trompent.

L’absence d’un ego fonctionnel : une structure psychique défaillante

Les gens pensent souvent que les narcissiques ont un ego surdimensionné, qu’ils nourrissent en manipulant les autres et en leur imposant de la souffrance. En réalité, ils n’ont pas d’ego au sens psychanalytique du terme.

L’ego est une structure psychologique et émotionnelle organisée, qui se développe progressivement durant l’enfance et nous guide dans notre évolution vers l’autonomie.
L’ego nous permet de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux, ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas, ce qui relève du devoir de ce qui n’en relève pas, et ce qui nous convient de ce qui ne nous convient pas, tout cela dans le but de favoriser notre bien-être ainsi que celui des autres. Lisez l’article sur le sujet en cliquant ici : Les fonctions cruciales de l’ego.

À l’exception du contrôle des pulsions et des capacités cognitives nécessaires à leur travail et à leur fonctionnement dans la société, toutes les fonctions de l’ego font défaut chez les narcissiques pathologiques.

  • Cela signifie qu’ils manquent de discernement pour distinguer leurs « objets internes » des « objets externes ». C’est-à-dire des personnes présentes dans la réalité externe.

  • Ils sont incapables de réguler leurs émotions ou évaluer et examiner la réalité, en particulier lorsqu’ils consomment de l’alcool.

  • Ils manquent de mécanismes de défense sains, qui leur permettraient d’exercer un jugement approprié et de mener une réflexion synthétique dans leurs relations avec autrui.

  • C’est pourquoi ils ne respectent ni l’altérité ni les limites des autres, en particulier celles de leurs proches. Ils ignorent leurs besoins légitimes, invalident leurs émotions et nient leur existence.

La pulsion de mort : une force destructrice à l’œuvre

Les narcissiques ont leur propre religion. Ayant sacrifié leur être authentique à un « faux self », devenu leur dieu, ils prétendent atteindre la perfection divine en adorant leur propre image. Cependant, cette image ne leur procure ni la joie d’être ni celle d’exister, ce qui alimente en eux une immense colère, car ils dépendent des autres pour se sentir exister. Ils sont donc agressifs, violents et destructeurs.

La raison en est qu’une pulsion de mort s’est développée en eux dès l’enfance. Le connu psychanalyste Sigmund Freud, a expliqué la pulsion de mort ainsi : « La pulsion de mort est une force de destruction qui habite l’intérieur d’un individu. L’agressivité exprimée n’en représente qu’une fraction, qui peut être défléchie vers l’extérieur. »

C’est le cas des narcissiques pathologiques : Ils abritent une pulsion de mort, qui se manifeste par un état paranoïaque et une rage narcissique qu’ils projettent et déversent sur les autres. Ils ont tendance à penser que les autres parlent d’eux, se moquent d’eux ou colportent des ragots à leur sujet, alimentant ainsi leur méfiance.

Avec le temps, cette méfiance les pousse inexorablement à développer des idéations paranoïaques, caractérisées par le sentiment d’être un « mauvais objet », par l’anxiété, le catastrophisme, la suspicion, l’hypervigilance et les fantasmes de grandeur. Nombre d’entre eux finissent par présenter un véritable délire de persécution. Pour mieux comprendre leur paranoïa, cliquez ici : La paranoïa des narcissiques.

L’émotivité négative et l’identification projective

L’incapacité des narcissiques pathologiques à éprouver des émotions positives trouve son origine dans divers facteurs intrapsychiques : un état de stress post-traumatique non résolu, un complexe d’infériorité profondément enraciné, des états dissociatifs, ainsi que la présence d’une pulsion de mort agissante. Ce déséquilibre psychique profond, souvent qualifié d’égodystonique, empêche l’accès à des affects authentiquement positifs tels que l’amour, la joie ou la paix intérieure.

En conséquence, ces individus ressentent, de manière inconsciente, une envie destructrice, une jalousie, une animosité, voire une haine viscérale envers ceux qui manifestent des émotions positives. Submergés par leurs propres affects négatifs, ils ont recours à un mécanisme de défense primitif et infantile : l’identification projective. Ce processus les conduit à projeter sur autrui les aspects d’eux-mêmes qu’ils ne peuvent ni reconnaître ni intégrer psychiquement : croyances limitantes, traits de personnalité négatifs, sentiments de dévalorisation ou peurs profondes, notamment celle de l’échec.

Le narcissique attribue à l’autre ses propres insuffisances, son sentiment d’infériorité, ainsi que les composantes les plus dévalorisantes de sa personnalité. Par exemple, s’il se sent faible, il affirmera que l’autre est faible ; s’il est avare, il imputera cette avarice à son interlocuteur tout en revendiquant sa propre générosité ; s’il doute de ses capacités intellectuelles, il qualifiera l’autre d’incapable ou de stupide. Cela indique qu’inconsciemment, il considère les autres comme supérieurs.

Ce mécanisme s’étend jusqu’à l’attribution à autrui de sa propre pulsion de mort. Le narcissique perd alors tout contrôle, laissant place à une rage narcissique dévastatrice. Lorsqu’il est confronté à une frustration ou à un conflit interne, il externalise cette tension psychique sous la forme d’une agressivité intense et disproportionnée.

Souvent, ce sont les traits de caractère, les comportements, les expressions faciales, les choix de vie ou les relations personnelles d’autrui – qu’il s’agisse d’amis, de membres de la famille ou d’éléments de l’histoire individuelle – qui viennent réveiller chez le narcissique des aspects enfouis, douloureux ou inacceptables de son propre psychisme. C’est précisément dans ces moments que son agressivité devient la plus virulente. On assiste alors à un processus appelé déplacement. Ses contenus intrapsychiques sont déplacés vers une cible extérieure : l’autre.

La rage narcissique n’est pas la même chose que la colère

Voici les caractéristiques distinctives de la rage narcissique :

  • Elle est explosive et abrupte : elle survient sans signes avant-coureurs ni avertissements, comme un volcan en éruption ou une avalanche dévastatrice. Elle est toujours soudaine, furieuse, incontrôlable, imprévisible et effrayante, même en l’absence de toute provocation apparente.

  • Elle est disproportionnée et non discriminatoire : elle s’exprime contre toutes les personnes présentes, et ce qui l’a déclenchée a peu à voir avec la « raison » apparente de sa manifestation.

  • Elle est endogène : elle reflète la dynamique interne du narcissique, son agitation et son chaos, même si elle est provoquée par votre comportement ou par des événements extérieurs qu’il a interprété à sa manière. En réalité, elle est nourrie par sa pulsion de mort et sa paranoïa.

  • Elle peut se manifester de manière passive : c’est le cas de la rage des narcissiques cachés, qui bouillonne dans un chaudron d’envie, de rejet, de ressentiment et de haine.

Cependant, le narcissique classique devient furieux et projette sur vous sa rage narcissique dans les situations suivantes :

1. Vous remettez en question son image grandiose

Il ne supporte pas que son omnipotence, son omniscience, son originalité de génie ou son sentiment d’être unique soient ébranlés. Par exemple, le simple fait que vous soyez vulnérable peut lui rappeler, inconsciemment, sa propre fragilité. Cette prise de conscience le remplit de colère contre lui-même, mais au lieu de l’assumer, il la redirige contre vous.

2. Vous sapez son besoin de valorisation

Le narcissique construit une image idéalisée et délirante de lui-même. Si vous osez fissurer cette illusion, même avec des critiques constructives ou de simples observations, il réagira violemment, incapable de tolérer la moindre remise en cause de sa perception de lui-même.

3. Vous dégonflez ses illusions et ses distorsions cognitives

Il refuse toute critique ou contradiction, car elles menacent son monde intérieur. Il veut entretenir ses fabulations et préserver ses illusions. Mais si vous osez pénétrer son espace psychique – qu’il considère comme sacré – il explosera de rage, voyant cela comme une intrusion insupportable.

4. Vous le confrontez et le mettez face à sa propre peur

Lorsqu’il se sent menacé, sa peur se transforme instantanément en agressivité. Si vous avez le pouvoir de le mortifier, en lui faisant honte, en l’humiliant, en le démasquant ou en vous moquant de lui, il réagira par une attaque brutale.

5. Vous frustrez ses désirs et ses attentes

Si vous affirmez votre indépendance, votre autonomie personnelle et votre libre arbitre – en prenant vos propres décisions, en choisissant vos amis, en voyageant seul(e), par exemple – vous lui rappelez qu’il ne peut pas vous manipuler comme un simple objet interne. Incapable de le supporter, il finit par exploser.

6. Vous le comparez défavorablement à d’autres

Si vous lui faites remarquer qu’il est inférieur à quelqu’un – moins beau, moins accompli, moins instruit, ou simplement moins que ce qu’il prétend être – il explosera de rage. Car sa stabilité psychique repose sur l’illusion de sa propre supériorité et de sa suprématie.

7. Vous l’humiliez ou l’exposez en public

Être humilié publiquement est une blessure insupportable pour le narcissique. Cela déclenche en lui une mortification narcissique, entraînant une réaction en chaîne de fureur et de rage qui peut devenir interminable.

8. Vous agissez de manière indépendante ou inattendue

Tout changement imprévu est perçu comme une menace. Par exemple, si un jour vous introduisez un changement soudain dans sa vie et lui prouvez que ses théories sur les autres, son esprit ou ses modèles de fonctionnement sont erronés, cela déclenchera sa rage narcissique. Même une belle surprise peut être vue comme un affront, une insulte, voire un défi, simplement parce qu’elle échappe à son contrôle.

9. Vous réussissez ou accomplissez vos projets

Votre réussite le confronte à son propre sentiment d’infériorité. Il ne la perçoit pas comme une victoire pour vous, mais comme une humiliation pour lui. Il veut vous maintenir dans un état d’échec constant : malade, vulnérable, dépendant(e) et soumis(e), afin d’éviter toute menace à son illusion de supériorité.

10. Vous lui donnez des conseils non sollicités

Lorsqu’il ne demande pas d’aide, toute suggestion est interprétée comme une attaque. Par exemple, si vous lui proposez votre aide, il l’interprète comme si vous lui disiez : « Je peux te donner quelque chose que tu ne possèdes pas. Je suis supérieur(e) à toi. » Cette perception déclenche immédiatement sa rage narcissique. Se croyant omniscient, il estime n’avoir rien à apprendre de vous. Qui êtes-vous pour lui donner des leçons et conseils ?

L’agression grandiose : un moyen de se sentir entiers

Comme nous l’avons vu, le narcissisme pathologique constitue une réaction compensatoire à une perturbation dans le développement d’un « moi » fonctionnel.
Les narcissiques croient que leur « faux self » est opérationnel. Ils ne perçoivent pas qu’il est en réalité fracturé, dysfonctionnel, incohérent, instable et dépourvu de toute cohésion.

Pour cette raison, leur agression prend une dimension grandiose : elle joue un rôle central dans la formation et le maintien de leur « faux self ». Elle agit comme une « colle » leur permettant de tenter de maintenir une apparence de cohésion interne et d’équilibre. Autrement dit, leur « moi fragmenté » cherche à se reconstruire à travers l’agression, qui devient alors un substitut de leur « moi » délabré. Par exemple, l’agression leur permet de construire un récit autour de leur dominance au sein de l'échelle hiérarchique.

  • L’agression confirme l’image grandiose des narcissiques : elle devient un instrument destiné à anéantir les personnes perçues comme des sources de tourment — qu’il soit imaginaire ou réel. Elle constitue également une tentative de réparation, fondée sur un fantasme délirant de surpuissance et d’omniscience.

  • Paradoxalement, l’agression est aussi autodestructrice : elle agit à la fois comme un mécanisme de survie pour se maintenir « entiers » et comme une réaction qui mène à leur propre destruction, notamment à travers celle de leurs proches.

Voyons maintenant d’autres mécanismes défensifs qui les empêchent de reconnaître leur émotivité négative.

Les défenses adaptatives alloplastiques

Pour se protéger de leurs parents abusifs, les narcissiques ont développé des défenses adaptatives appelées « alloplastiques ».
Celles-ci se manifestent par une tendance à rejeter toute responsabilité personnelle, tout en attribuant systématiquement leur émotivité négative à autrui.
Incapables de tolérer la critique ou d’admettre une quelconque vulnérabilité, ils ne se sentent jamais responsables de leurs actes ni coupables de leurs actions envers les autres.
Ils sont incapables de reconnaître ne serait-ce que 1 % de leurs torts et ne s’excusent jamais. Ils blâment les autres et retournent les situations à leur avantage, le rejet de la faute sur autrui constituant l’un de leurs traits les plus marqués.

Le déni : un mécanisme de fuite psycho-émotionnelle

Les narcissiques sont extrêmement inconscients de leurs comportements et de leur narcissisme parce qu’ils vivent dans le déni, qui est un mécanisme de fuite psycho-émotionnelle. Le déni altère leur perception, les empêchant d’examiner leurs comportements. Pour cette raison, les narcissiques ne respectent personne. Les autres ne sont pour eux que des extensions de leur identité ou des pivots autour desquels ils construisent leur « fantasme partagé ».

Inconsciemment, ils détruisent l’intégrité psychique de leurs victimes, en utilisant des puissantes stratégies de manipulation, semblables au « gaslighting ». Il s’agit d’un décervelage hypnotique qui leur permet d’anéantir la volonté personnelle de leurs victimes et d’imposer la leur. Lisez l’article intitulé Le gaslighting.

Le refoulement : expulsion des expériences perturbantes

Chez les narcissiques, un autre mécanisme de défense est le refoulement, par lequel ils bannissent de leur conscience les expériences perturbantes. Dans ce processus, les affects sont déplacés, isolés ou niés, car ils confondent l’amour avec l’abus qu’ils ont subi dans leur enfance. Cependant, ces expériences perturbantes restent figées dans leur subconscient et sont projetées sur les autres. Par conséquent, ils ne supportent pas l’amour des autres ni ne tolèrent leurs émotions ; ainsi, ils les invalident.

La suppression des souvenirs : un acte d’oubli délibéré

Les narcissiques ont une mémoire sélective. Ils ont des trous de mémoire, une discontinuité dans leurs souvenirs. Et c’est parce qu’ils ont ces trous de mémoire qu’ils sont incapables de maintenir une identité de base, un mémoire de la continuité de leur identité. Ils ne peuvent maintenir une narrative cohérente de leur vie.
Ils évitent délibérément de penser à des problèmes, des sentiments ou des expériences douloureuses, et écartent ces éléments perturbants par un acte d’oubli. Cette occultation est donc une réponse aux conflits et au stress.
C’est un effort conscient et volontaire pour mettre de côté ce qui leur cause de la souffrance. En d’autres termes, ils n’ont pas de mémoire pour leurs expériences négatives. Ils les évitent, les effacent de leur esprit ou les occultent consciemment pour échapper à une réalité insupportable. Ainsi, leurs souvenirs ressemblent à un patchwork d’événements et de personnes sans lien apparent les uns avec les autres.

Le clivage : un conflit compensatoire dissonant

Puisque les narcissiques se prennent pour leur mental, ils s’attachent aux concepts binaires. Ils ont un système dissonant et compensatoire : d’un côté, ils se perçoivent comme des « mauvais objets », de l’autre, ils se voient comme des « bons objets ». Souvent, ils se dévalorisent et se sentent inférieurs, mais projettent une image de supériorité, s’idéalisant et se surestimant.
Ils peuvent agir comme s’ils étaient pro-sociaux et communautaires, mais en instrumentalisant les autres, ils manquent de véritable affiliation, de solidarité ou d’intimité. Parfois, ils sont dépressifs et ont des idées suicidaires, puis ils extériorisent leur frustration sous forme d’agression ou d’orgueil. Ils projettent donc leur dichotomie sur les autres : ce sont eux qui sont mauvais, dissonants et incongrus.

  • La conséquence de l’ensemble des mécanismes décrits est que les narcissiques sabotent et détruisent leur travail, leurs projets, leurs réalisations, les interactions sociales, ainsi que leurs relations intimes et leur propre vie.

La mortification narcissique

En raison de ses défenses primitives, confronter un narcissique en exposant ses comportements et défaillances, comme son manque d’amour, de solidarité, d’authenticité, d’intégrité, d’honnêteté, de justice ou de responsabilité, peut avoir de lourdes conséquences.
Il projettera sur vous sa frustration et sa honte toxique sous forme d’une agression virulente, dans le but de se rééquilibrer : il cherchera à vous menacer, à vous dévaloriser et à vous dénigrer.
En revanche, si devant une foule ou sa famille, vous l’exposez de manière totalement inattendue pour ce qu’il est — une fraude, un imposteur, un prétentieux — cela peut provoquer chez lui une véritable « mortification narcissique ».
À ce moment-là, ses mécanismes défensifs se désactivent, et la honte liée à l’humiliation et au dénigrement devient insupportable, car elle contredit les prétentions et l’existence même de son « faux self » grandiose. Cependant, il mettra en place des stratégies subtiles pour se rétablir rapidement. Lisez l’article intitulé La provision narcissique.

Continuons à explorer les traits de caractère des narcissiques, issus de ce rempart de mécanismes défensifs et de leur structure psychologique fragile.

L’empathie froide : comprendre pour mieux manipuler

Leur manque d’empathie psychoaffective est l’une de leurs caractéristiques principales. Ayant perdu leur nature essentielle, le cœur des narcissiques est comme un trou noir. Ainsi, ils sont incapables de ressentir des émotions positives telles que l’amour, la compassion ou l’empathie. Ils manifestent une indifférence glaciale envers les autres, laissant transparaître un détachement total à l’égard de leurs sentiments, émotions et besoins légitimes.
Pour cette raison, dans leurs relations de couple, leur partenaire intime n’est qu’un(e) prestataire de services dont ils se fichent éperdument.

En revanche, ils possèdent une empathie froide, purement cognitive, qui leur permet de scruter les autres, de comprendre leur mode de fonctionnement, de connaître leurs faiblesses ainsi que leurs émotions. Ils ne réagissent donc pas avec le cœur envers autrui, mais exploitent la fragilité de l’autre pour mieux le manipuler et en faire une source de leur provision narcissique sadique.

Les narcissiques ont peur de l’intimité

Pour entretenir des relations intimes, nous devons être capables de vulnérabilité. Cela ne signifie pas que nous soyons fragiles sur le plan psychique, mais plutôt que nous soyons capables de ressentir nos émotions et de montrer nos faiblesses. Ainsi, accorder sa confiance est un élément essentiel dans une relation intime.

Les narcissiques, quant à eux, ne peuvent pas être vulnérables parce qu’ils se perçoivent comme tout-puissants et parfaits, à l’image de dieux. Ils pensent n’avoir besoin de l’aide de personne. De plus, ils n’ont confiance en personne, car ils entretiennent des idées paranoïaques, restent hypervigilants et se méfient constamment des intentions cachées des autres. Pourquoi ? Parce que, comme nous l’avons vu, ils sont en réalité profondément fragiles sur le plan psychologique. Pour ces raisons, ils sont incapables de vivre l’intimité.

Le miroir qui reflète une identité illusoire

L’identité d’absence des narcissiques fonctionne comme un miroir reflétant l’image des autres. Les images projetées par ce grand miroir « deviennent leur identité ». C’est pourquoi les autres sont utilisés comme des sources de leur provision narcissique, et donc de leur équilibre interne.

Lorsque vous donnez au narcissique l’attention qu’il recherche ou le regard qu’il attend, vous devenez la source de sa provision narcissique, car il n’existe qu’à travers vos mots et le reflet de votre regard. Alors, il vous observe en retour, non pas pour vous écouter ou vous accorder de l’attention, mais pour s’assurer que ce que vous exprimez par vos gestes et vos paroles lui est favorable.

Voyons maintenant de quelle manière les narcissiques compensent leur vide intérieur.

Leurs rêves et leurs fantasmes de grandeur

Bien que les narcissiques compensent leur vide intérieur en recherchant constamment des sources extérieures d’attention, d’approbation et de validation, ils le comblent également par leurs rêveries. Ils se perdent dans des fantasmes de succès illimité, de pouvoir, de beauté ou d’amour idéal.

La rêverie à l’âge adulte est en soi une activité saine lorsqu’elle nous aide, par exemple, à développer et planifier un projet ou à anticiper les résultats de nos actions.

Cependant, les narcissiques pathologiques vivent dans un état chronique de régression infantile. C’est pourquoi ils se réfugient dans un « paracosme » qu’ils prennent pour la réalité. Il s’agit d’un monde imaginaire rempli d’objets internes, tels que des amis imaginaires, des démons, des êtres divins, une madone idéale, un dieu, une religion, etc. Ils utilisent donc leurs rêves et fantasmes pour faire face à une réalité extérieure qu’ils perçoivent comme menaçante, terrifiante et destructrice.

Dans leur « paracosme », leur dieu est en réalité leur propre « faux self » ou « faux moi », adopté dans l’enfance au prix de leur être authentique.
Pour cette raison, ils tentent de combler leur vide intérieur par des fantasmes de grandeur, de toute-puissance et d’omniscience, qui relèvent de distorsions cognitives délirantes.
Ce délire se manifeste par une perception déformée et persistante d’eux-mêmes, qui perdure tout au long de leur vie, même lorsqu’elle contredit la réalité ou les faits.

Une autre façon pour eux de combler leur vide intérieur est, bien sûr, de rechercher l’attention des autres. Vous pouvez lire ou étudier les différents types d’attention qu’ils recherchent dans l’article intitulé La provision narcissique. En voici un extrait.

La drogue des narcissiques : l’attention des autres

Tout le monde recherche l’attention, ce qui est naturel, car le regard des autres nous fait sentir que nous existons parmi eux.

  • Cependant, la recherche d’attention devient pathologique lorsqu’elle devient compulsive et agressive.

  • Par exemple, pour certains narcissiques, la provision narcissique à tendance sadique, est obtenue par une infidélité collusive, qui est leur compulsion de répétition. Lisez l’article intitulé : La compulsion de répétition des narcissiques.

Ou bien, ils ont besoin de recevoir une forme d’attention qui renforce leur vision d’eux-mêmes en tant que dieux, ou qui leur permet, de manière illusoire, de se séparer de leur mère.
Si vous donnez à un narcissique une attention qui lui rappelle qu’il n’est pas Dieu, instantanément vous devenez son ennemi, un objet persécuteur et hostile. Ce basculement soudain est l’une des manifestations de son antagonisme.

La quête perpétuelle de l’attention des autres

Les narcissiques recherchent constamment l’attention des autres pour en soutirer leur « provision narcissique », ce qui leur permet d’obtenir une autorégulation interne grâce à des sources externes.
Cette autorégulation, ou « économie interne », est ce qui génère leur équilibre et leur sensation d’exister. La provision narcissique leur permet également de confirmer l’autoévaluation grandiose.

  • Plus ils attirent l’attention positive ou négative d’autrui, plus ils se sentent parfaits, vertueux, omniscientes, spéciaux, uniques, tout-puissants, omnipotents invincibles et équilibrés, comme s’ils étaient des dieux.

  • Ils entretiennent ainsi des distorsions cognitives qui leur donnent le sentiment d’être uniques.

Distorsions cognitives : une vision délirante d’eux-mêmes

Les narcissiques sont délirants. Un délire est une croyance ou une distorsion cognitive à propos de soi, maintenue et soutenue malgré des preuves tangibles de sa fausseté.
La distorsion cognitive des narcissiques se manifeste par des fantasmes grandioses, à travers lesquels ils se dissocient de la douleur générée par leur honte toxique qu’ils refoulent, de leur vide intérieur qu’ils occultent, ainsi que de la réalité extérieure, les autres.

Ils se sentent beaux, uniques et physiquement parfaits, ou intelligents, spéciaux, omniscients, moralement parfaits et surpuissants comme des divinités. L’ensemble des fantasmes grandioses constitue un mécanisme défensif malsain.

En réalité, en se comparant aux autres, ils se sentent inférieurs, car ils souffrent d’un complexe d’infériorité. Cependant, en guise de compensation, ils se surévaluent, car leur perception d’eux-mêmes et du monde est complètement altéré.

Ils se perçoivent comme uniques et spéciaux

Notre nature essentielle nous amène à ressentir que nous faisons UN avec l’ensemble de l’humanité, tout en reconnaissant l’unicité de chaque individu.

Cependant, en ayant renié leur être authentique, les narcissiques rejettent cette unicité.
Ils ressentent un besoin compulsif de se sentir uniques, et la seule façon d’y parvenir est de se différencier des autres. Par conséquent, ils perçoivent autrui comme insignifiant, tandis qu’ils se sentent supérieurs.

Leur « faux self » les pousse à se voir comme uniques, différents, supérieurs et déconnectés du reste de l’humanité. Et en raison de leur besoin compulsif de se sentir uniques, ils pensent ne pouvoir être compris que par des individus qu’ils considèrent comme spéciaux ou de haut statut.

La grandeur personnelle et l’arrogance de ces seigneurs médiévaux

Un autre trait de caractère qui distingue les narcissiques classiques est leur sentiment de grandeur personnelle. Ils affichent un sentiment exagéré de leur importance personnelle, souvent sans accomplissements réels pour le justifier.

Leur grandeur personnelle s’accompagne de l’arrogance et l’autoglorification. En raison de ces trois traits de caractère, ils se comportent comme des individus pompeux, débordant d’arrogance. Ils méprisent les autres et ne traitent personne d’égal à égal. Leur attitude hautaine rappelle celle des seigneurs médiévaux envers leurs serfs : vaniteux, mégalomanes, grandiloquents et hypocrites. Ils adoptent également une attitude condescendante, traitant les autres comme inférieurs.

Convaincus de pouvoir tout accomplir et exceller en tout, certains deviennent inaccessibles à leur entourage, excepté envers ceux qu’ils considèrent comme exceptionnels, car ces derniers leur fournissent une précieuse provision narcissique dynamisante.

Si quelqu’un remet en question leur arrogance, ils se sentent humiliés et cherchent à détruire la personne qui les a offensés. Leur rage ouverte face au désaccord et à l’opposition s’explique non seulement par l’audace de leurs adversaires, qu’ils jugent manifestement inférieurs, mais aussi parce qu’un tel désaccord menace leur vision du monde et leur conviction d’être uniques et spéciaux comme des dieux.

  • Notez cependant que le sentiment de grandeur personnelle est un trait caractéristique des narcissiques, mais qu’il ne définit en aucun cas le narcissisme pathologique en lui-même, comme beaucoup de personnes le pensent.

  • De nombreuses personnes atteintes d’autres psychopathologies présentent également un délire de grandeur.

Cependant, chez les narcissiques, ce trait se traduit par un sentiment d’invulnérabilité, une croyance en leur immunité face aux conséquences de leurs actions, ainsi qu’une impression d’être spéciaux, uniques et sans précédent. C’est une autre manifestation de leur antagonisme. Ils peuvent se sentir exceptionnels même dans l’échec, fiers d’être les plus grands perdants.

Ces dieux dépendent des insignifiants

Un paradoxe surprenant est que les narcissiques cherchent à être admirés, reconnus, idolâtrés ou craints par des personnes qu’ils jugent insignifiantes, alors qu’ils se perçoivent eux-mêmes comme des dieux ou des démons. C’est ainsi qu’ils obtiennent la provision narcissique dont ils ont besoin pour se sentir exister.

  • Pour résoudre le dilemme de devoir dépendre des « insignifiants » pour obtenir leur provision narcissique, ils en idéalisent certains, les transformant en objets internes.

Pendant un certain temps, ils considèrent les personnes choisies comme des objets intéressants, bien que, selon eux, elles ne soient jamais vraiment à leur hauteur. Ainsi, ils en font leurs avatars uniques, à travers lesquels ils s’idéalisent. Plus tard, ces mêmes personnes sont dévalorisées, puis rejetées cruellement. Cette dynamique constitue la base du fantasme partagé, à travers lequel ils croient pouvoir évoluer.

Ils dépendent donc d’une régulation externe pour renforcer leur amour-propre, maintenir leur équilibre intérieur et gérer leurs émotions. Sans cette provision narcissique, ils s’effondrent. Consultez cet article sur le sujet : Le fantasme partagé des narcissiques.

L’effondrement : la désactivation du faux self

  • L’effondrement total correspond à la désactivation de leur faux self.

Lorsque leur faux self se désactive, les narcissiques sont incapables de fonctionner. Ils ne ressentent plus ni amour-propre ni amour pour leur image. Leur capacité à réagir aux stimuli externes se bloque, et ils deviennent indifférents. Ils souffrent alors d’une inhibition de l’action, se sentent anéantis et perdent tout contact avec leurs objectifs.

Ils perdent également leur « cathexis », c’est-à-dire leur capacité à s’investir dans quoi que ce soit, car leur énergie libidinale n’est plus dirigée vers eux-mêmes. Les autres ne signifient donc plus rien pour eux. Lorsqu’ils sont agressés, ils ne se défendent pas et n’imposent aucune limite, sombrant ainsi dans le néant.

S’ils se sentent mortifiés, humiliés et accablés de honte, ils peuvent en venir au suicide, précisément parce qu’ils portent en eux cette pulsion de mort.
Si leur effondrement n’est que partiel, leurs symptômes seront atténués et temporaires.

Les cycles de cathexis : une libido investie en eux-mêmes

La cathexis représente l’énergie libidinale et psycho-émotionnelle que les narcissiques investissent exclusivement en eux-mêmes. C’est pourquoi ils sont autoérotiques : ils privilégient l’autosatisfaction aux relations adultes multidimensionnelles, matures, interactives et empreintes d’émotions.

  • Les narcissiques classiques passent par différents cycles de cathexis : l’hyper-cathexis, l’hypo-cathexis et la décathexis.

L’hyper-cathexis : lorsque leur cathexis est dirigée vers l’obtention de sources de provision narcissique – c’est-à-dire des personnes qui leur accordent de l’attention – ils entrent en phase d’hyper-cathexis. Ils deviennent alors hyperémotifs et intensément investis dans l’« objet interne » ou l’avatar qu’ils créent à partir de la personne qu’ils cherchent à séduire et à idéaliser, afin de se sentir idéalisés eux-mêmes.

L’hypo-cathexis : en phase de dévalorisation, ils présentent une « hypo-cathexis ». Ils deviennent émotionnellement distants, dévalorisent l’« objet interne » ou l’avatar, ainsi que la personne qu’ils avaient initialement idéalisée, et se montrent d’une froideur très cruelle.

La décathexis : lorsqu’ils atteignent le stade de « décathexis », ils ne ressentent plus aucun attachement. Ils deviennent totalement absents et rejettent la personne qu’ils avaient autrefois idéalisée. Ainsi, leurs sources de provision narcissique sont soumises à leurs cycles de cathexis.

Ils ne peuvent pas retarder la gratification

Pour les raisons déjà évoquées, les narcissiques veulent tout posséder et tout expérimenter. Ils ne se contentent que de ce qu’ils perçoivent comme idéal, parfait, beau ou extraordinaire.
Incapables de retarder la gratification, ils se montrent souvent audacieux, aventureux, explorateurs et curieux, persuadés qu’ils peuvent tout accomplir.
Ils sont surpris et dévastés lorsqu’ils échouent, quand l’univers ne se plie pas à leurs fantasmes illimités, ou lorsque le monde et les gens ne se conforment pas à leurs caprices et à leurs désirs.
Par exemple, lorsque quelqu’un que vous venez de rencontrer fait de vous un « objet idéalisé », vous bombarde d’amour et, très vite, vous propose de vous marier et d’avoir des enfants, soyez vigilant(e). S’il s’agit d’un narcissique, il exprime sa vérité dictée par ses fantasmes illimités, et non par une réalité qu’il peut concrétiser. Mieux vaut attendre pour observer ses réactions, car une personne qui avance trop vite est probablement un prédateur psycho-émotionnel.

Les prédateurs psycho-émotionnels

En raison de l’absence d’un ego fonctionnel, les narcissiques classiques ressemblent à des enfants : ils veulent tout, tout de suite, et sont extrêmement réactifs à la présence et aux comportements de chaque source de provision narcissique.
C’est pourquoi, dans le milieu de travail et au sein de leur famille, ils cherchent à contrôler et manipuler les autres afin de les transformer en sources fiables de provision narcissique.

Pour obtenir notoriété et prestige, ils mentent, manipulent, contrôlent, dominent et possèdent ceux qui deviennent leurs sources de provision narcissique. Lorsque les gens ne se conforment pas à leurs attentes, ils réagissent par la colère ou se sentent profondément blessés, voire dévastés.

Leur contrôle coercitif  : une obsession pour la domination

Un autre trait de caractère des narcissiques manifestes est leur obsession de la domination et du contrôle des autres. Les narcissiques contrôlent et dominent les autres pour provoquer des stimuli qu’ils croient capables de déclencher, comme des transformations et des processus évolutifs, tant en eux-mêmes qu’en autrui. Par exemple, ils considèrent que se séparer de certaines personnes est nécessaire pour leur propre évolution. Cette croyance constitue le fondement de leur fantasme partagé.

En raison de leur « fantasme partagé », ils transforment leur partenaire intime en la mauvaise mère dont ils doivent se séparer pour atteindre leur autonomie et leur souveraineté. Ils croient que cette séparation les fait progresser, car elle leur procure un sentiment d’équilibre et une euphorie narcissique. Lisez l’article intitulé : Le fantasme partagé des narcissiques.

Si vous êtes la partenaire intime d’un narcissique, il cherchera à vous rabaisser, à vous dépouiller de toute indépendance et autonomie, à vous vider de votre vitalité, à vous couper des autres, à vous isoler et à s’approprier le contrôle de vos ressources. Si vous ne succombez pas et ne vous soumettez pas immédiatement, il vous menacera de vous anéantir et de vous pulvériser. Et si vous doutez de sa capacité à le faire, il se transformera en un monstre déchaîné, libéré de toute contrainte morale ou sociale.

Omniscience illusoire et sagesse imaginaire

Les narcissiques se croient omniscients, ce qui renforce leur perception déformée de la réalité. Dans le domaine de la connaissance, ils se montrent fallacieux et défensifs. Lorsqu’ils manquent de connaissances, ils citent des sources inexistantes ou énoncent des affirmations incertaines qu’ils intègrent dans un vaste réseau de mensonges.

Incapables de soumettre leurs déductions ou idées à un examen critique approfondi, ils craignent la critique et l’humiliation. Lorsqu’un narcissique est invité à une réunion, il peut se comporter comme un éducateur, un sage ou un gourou, dont les paroles se veulent de portée cosmique, mais qui, en réalité, frôlent souvent le comique.

Ils sont le centre de l’univers

Comme des enfants, ils croient que tout, – les choses, les événements et les personnes – tourne autour d’eux, et qu’une désintégration cosmique s’ensuivrait s’ils venaient à disparaître de la planète.
Leurs créations, qu’il s’agisse de livres, d’articles ou d’œuvres d’art, sont perçues comme des extensions de leur présence divine. Ainsi, dans ce sens limité, ils pensent exister partout.
Ils sont convaincus qu’en leur absence, ils resteraient le principal sujet de discussion. Ils sont donc surpris et vexés d’apprendre qu’ils n’ont même pas été mentionnés.

Méritocratie fictive : surestimer ses accomplissements réels

Une autre caractéristique des narcissiques classiques est leur sentiment de mériter un traitement spécial et des privilèges uniques. Ils surestiment leurs propres mérites, ce qui les rend méritocratiques dans leur vision du monde. Cela signifie que, même en l’absence de compétences réelles, ils ont une perception exagérée de leurs accomplissements.

  • En raison de leur perception altérée d’eux-mêmes et du monde, il existe un décalage important entre leur autoévaluation grandiose et leurs réalisations concrètes.

  • Cette dissonance, ou décalage, génère une anxiété intense qu’ils refoulent en se construisant des récits fictifs, où ils se dépeignent comme des victimes d’un public incapable de reconnaître leurs mérites.

En fait, ils n’aiment pas travailler, faire des efforts ou s’investir dans leurs projets, alors ils exigent des autres de travailler pour eux et, lorsque leurs demandes ne sont pas satisfaites, ils les menacent ou les intimident parce qu’ils estiment qu’ils ont le droit d’être servis.

La victimisation pour justifier l’injustifiable

Leur statut de victime leur permet de se sentir spéciaux et de croire que leur histoire est unique. Pour cette raison, ils s’octroient tous les droits sur les autres.

Par exemple, ils estiment mériter le meilleur médecin dès qu’ils le demandent, et les autres devront attendre leur tour après eux.
La même chose se produit lorsqu’ils entrent dans un restaurant de luxe. Ils ne tolèrent aucun délai dans la satisfaction de leurs désirs et deviennent agressifs s’ils ne sont pas servis immédiatement. Leur frustration se transforme immédiatement en agression.

  • Ils s’octroient le droit d’imposer leurs propres règles arbitraires et de contrôler la vie de leur famille, de leur partenaire, de leurs employés ou de leurs collègues, sans remords ni respect pour les besoins légitimes ou les limites de ces derniers.

  • Ils détruisent l’intégrité psychologique de ceux qui les entourent, et même de la planète. Remplis de honte toxique, ils utilisent autrui comme exutoire de leur rage narcissique.

Le sentiment de grandeur des narcissiques accomplis

Les narcissiques accomplis, les ultra-riches et extrêmement puissants s’arrogent le droit d’être grandioses et de maltraiter les autres. Ils se perçoivent comme exceptionnels : ils croient que l’image exagérée qu’ils ont d’eux-mêmes est réelle et que leur faux self ne l’est pas.

Il s’agit d’une grave distorsion cognitive qui les empêche d’examiner et de tester la réalité, tout en minant leur auto-efficacité. Pour cette raison, ils sont incapables de raisonner émotionnellement avec les autres, ce qui les rend stupides dans tous les domaines. Cela réduit leur capacité à atteindre des objectifs bénéfiques pour le bien commun.

De plus, ils s’attribuent un droit « sacrificiel », persuadés de mériter la reconnaissance et la gratitude des autres, car ils s’imaginent se sacrifier pour eux en descendant de leur « monde divin » vers le monde terrestre.

Cependant, ils sont pardonnés en raison de leurs contributions présumées ou réelles à la société. Leur sentiment de grandeur n’est pas perçu comme délirante, car il repose sur des réalisations concrètes, dont les supposés bénéfices ne sont pas examinés. Ainsi, ils sont considérés même comme bienveillants et protecteurs, alors qu’ils produisent de graves préjudices à l’humanité. Lisez l’article intitulé : L’ère du narcissisme : une société dystopique.

Comportements compulsifs et impulsifs

Les narcissiques présentent souvent des traits obsessionnels compulsifs.
Un comportement compulsif est une action répétée de manière incontrôlable, souvent en réponse à une obsession ou à une anxiété intense. Les personnes qui adoptent des comportements compulsifs ressentent un besoin irrésistible de réaliser certaines actions pour apaiser leur malaise, même si elles en reconnaissent l’irrationalité de leurs rituels répétitifs. Lisez l’article intitulé : La compulsion de répétition des narcissiques.

La paranoïa des narcissiques classiques, qu’elle soit occulte ou exprimée ouvertement, les pousse à adopter des rituels obsessionnels pour contrer des pensées catastrophiques. Blessés depuis l’enfance et souffrant du trouble de stress post-traumatique (TSP), ils s’attendent constamment au pire des scénarios et mettent en place des rituels pour éviter que ce pire ne se réalise.

Ils pensent fréquemment à l’abandon, au rejet, à l’humiliation, à la trahison ou à l’injustice qu’ils pourraient subir. Une peur bleue les hante face à tout ce qui pourrait raviver leur insécurité ontologique terrifiante et les mener à la mortification ou à l’effondrement.
Pour cette raison, ils peuvent également manifester des comportements impulsifs, notamment lors de crises d’angoisse ou de jalousie.

L’exploitation d’autrui : une tentative de combler l’envie dévorante

Un autre trait de caractère des narcissiques classiques est l’exploitation des autres, qui découle de leur envie corrosive et de leur jalousie extrême.
Ils manipulent ou exploitent les gens à volonté pour atteindre leurs propres objectifs, en négligeant les besoins d’autrui, leur altérité et leurs limites.
Rongés par une envie corrosive, la jalousie, l’ambition et la rivalité, ils exploitent les autres non seulement financièrement, mais aussi psychologiquement et physiquement.

  • Ils ne supportent pas qu’un autre ressente la joie de vivre ou ait une création, un emploi, un partenaire, une meilleure création, un meilleur emploi, un meilleur partenaire, un meilleur enfant, une meilleure voiture, une meilleure maison, une meilleure position sociale, plus de connaissances, etc.

Pour se rassurer, ils se racontent des histoires, se convainquant que ces « insignifiants » ne reconnaissent pas la valeur de leurs propres réalisations.
Certains, sombrant dans la psychopathie, n’hésitent pas à s’immiscer dans la vie d’une personne proche pour s’emparer de son activité, de ses connaissances, de ses idées, de ses réalisations ou de son argent.

Briseur de rêves : anéantir l’espoir des autres pour se sentir puissant

Les narcissiques sont des briseurs de rêves. Lorsqu’ils sombrent dans la psychopathie, ils frustrent les gens de manière agressive et méprisante, provoquant des bouleversements individuels et sociaux. Ils sèment le chaos.
Dans ce cas, leur cruauté est intentionnelle, ciblée et impitoyable, bien que les véritables raisons de leurs actions destructrices demeurent inconscientes.
Ils détruisent les espoirs les plus chers des autres, s’attaquent à leurs croyances profondes et sapent leurs valeurs les plus enracinées.
Pour ceux qui tombent sous leur emprise, le résultat inévitable est l’angoisse, la dévastation, la confusion, la désorientation, ainsi que la souffrance d’être constamment niés.

Leurs actions destructrices induisent un décervelage hypnotique chez leurs victimes, un phénomène connu sous le nom de « gaslighting ». Pour explorer ce sujet cliquez ici : Le gaslighting.

Professions envahies par des narcissiques classiques

Selon les études scientifiques de Brunnell (2008), Jonason (2009), Spurk et Hirschi (2018), Charpentier et Labreuche (2020), Paulhus et Williams (2002), entre autres, les narcissiques classiques envahissent les postes de direction et de management, les domaines artistiques et médiatiques, la politique, les domaines du droit et de la finance, l’entrepreneuriat et aussi les spécialités médicales.

Pourquoi les narcissiques pathologiques choisissent-ils ces professions ?
La réponse réside dans leur quête insatiable de provision narcissique. Les narcissiques recherchent constamment l’attention, l’adulation, la reconnaissance et l’obéissance des autres, et même la notoriété par la crainte qu’ils suscitent. Ces interactions leur permettent de réguler leur estime de soi, de reconstruire leur confiance et de restaurer leur image souvent fragmentée. Lisez l’article intitulé La provision narcissique.

Pour eux, interagir avec les autres à partir d’une position de supériorité est essentiel. Les interactions d’égal à égal ne les intéressent pas. Ils ont des distorsions cognitives à leur égard, parce que leur perception de soi et du monde est altérée. Ils se considèrent supérieurs en intelligence, en sagesse, en pouvoir, etc.

Travaillez-vous avec un narcissique classique ?

Les narcissiques classiques créent des espaces pathologiques où ils règnent en figures quasi-divines. Cet environnement leur permet de maintenir une emprise sur leurs admirateurs, suiveurs ou subordonnés.
Si vous travaillez avec un(e) narcissique pathologique, il est essentiel de prêter attention à ses comportements et de faire preuve de prudence, car une confrontation directe pourrait rendre votre quotidien professionnel insoutenable. Souvenez-vous que cette personne a des défenses « alloplastiques ».

Voici quelques stratégies pour gérer cette situation :

  1. Gardez vos distances : Limitez vos interactions autant que possible pour minimiser les conflits.

  2. Évitez les confrontations directes : Plutôt que de critiquer ou de contester directement, trouvez des moyens plus subtils de faire passer vos messages, de préférence par écrit.

  3. Documentez vos échanges : Conservez une trace écrite de vos communications pour éviter toute manipulation ou distorsion des faits.

  4. Cherchez du soutien : Parlez à des collègues de confiance ou à un mentor pour obtenir des conseils et du soutien.

  5. Établissez des limites claires : Pour protéger votre bien-être et éviter de tomber dans une relation de soumission, définissez les limites de votre travail.

Votre partenaire intime est narcissique classique ?

Si vous êtes en couple avec un(e) narcissique classique, sachez qu’il/elle fait de vous un « objet interne », et entre en « relation » avec cet objet mental et non avec vous. Le/la partenaire intime d’un narcissique doit prendre soin de lui, être la servante ou l’esclave qu’il néglige, être son objet de masturbation et, surtout, être la source de sa provision narcissique sadique, à travers l’abus qu’il lui inflige.

Le professeur Sam Vaknin déclare : N’oubliez jamais que le narcissique n’est qu’un enfant qui veut trouver une mère. Il doit avoir une mère à qui il pourra se confronter, une mère qu’il va soumettre à l’épreuve, une mère dont il va se séparer pour évoluer vers sa souveraineté. Vous devenez alors le pivot autour duquel il construit son « fantasme partagé ». Ainsi, il reproduit avec vous le conflit qu’il a vécu avec sa mère, tout en vous transmettant son traumatisme à travers son agression sadique.

Une relation asymétrique

Un narcissique, qu’il soit homme ou femme, est une personne épuisante. Votre narcissique vous use, vous fatigue, vous vide de votre énergie. Vous devez constamment répondre à ses besoins et être la source de sa provision narcissique. Vous devez supporter ses humeurs et rester sur le qui-vive, car il est souvent conflictuel et en quête de confrontation. Cette relation est toujours déséquilibrée et, si vous ne partez pas, tôt ou tard, il finira par vous repousser et vous rejeter. À la fin, vous constatez que vous avez donné sans cesse et qu’en retour, vous n’avez rien reçu.

Il détruit votre intégrité psychique

Le narcissique ressent un plaisir sadique à détruire votre intégrité psychique. Ses comportements produisent, de manière inconsciente, un décervelage hypnotique appelé « gaslighting ». Il peut exercer un contrôle psychologique d’une telle intensité qu’il induira chez vous des états dissociatifs de dépersonnalisation et de déréalisation. Pour plus d’informations, consultez cet article : Le gaslighting.

  • Il vous engloutit, vous consomme, vous digère et vous assimile.

  • Ce qui correspond aux mécanismes connus en psychologie sous les termes d’introjection (engloutir), d’incorporation (consommer), d’internalisation (digérer) et d’identification (assimiler).

Vous êtes donc la source de sa provision narcissique à tendance sadique. C’est ainsi qu’il se sent tout-puissant, omniscient, complet, heureux, épanoui et équilibré.

Les effets traumatiques de l’abus narcissique

À la fin, vous vous retrouvez dévasté(e), ruminant les introjections, incorporations et intériorisation de ses abus et de son image. Vous commencez alors à vous détruire vous-même.

  • Il est impératif de vous libérer de ces introjections et de reconnaître votre participation inconsciente à son fantasme partagé.

  • Sinon, vous continuerez à souffrir des effets traumatiques de son abus.

Le mieux est de consulter un professionnel qui connaît l’abus narcissique et ses effets traumatiques, car face à vos ruminations douloureuses, un psychologue non averti risque de prendre le parti du narcissique. Je vous invite à suivre mon cours, qui vous sera d’une grande aide.

Les deux sous-types des narcissiques classiques

En 1995, le professeur Sam Vaknin a introduit les notions de « narcissique cérébral » et de « narcissique somatique ».
Pour comprendre leur dynamique psychique il explique : Il serait erroné de penser qu’il existe une constance dans les deux sous-types. Lorsqu’ils subissent un effondrement partiel, les narcissiques cérébraux sortent pour chercher un(e) partenaire intime et se transforment alors en narcissiques somatiques, utilisant leurs atouts de séduction. Souvent, les narcissiques somatiques deviennent des narcissiques cachés durant cette période d’effondrement ou bien tentent de se comporter comme des narcissiques cérébraux.

Regardons brièvement les comportements de chaque sous-type.

LE NARCISSIQUE CÉRÉBRAL

Dès sa petite enfance, le narcissique cérébral découvre qu’il attire l’attention et l’admiration des adultes grâce à ses capacités intellectuelles. Il comprend également que son intelligence lui confère un pouvoir sur autrui et lui vaut du respect. Cette découverte, à la fois passionnante et gratifiante, devient irrésistible pour lui. Il en conclut : « Si je suis intelligent, j’obtiens l’attention et l’obéissance des autres. »

Aucune autre dimension de sa personnalité ne parvient à égaler le niveau de son intelligence. Par conséquent, il recherche l’excellence et refuse tout compromis en dehors de la perfection intellectuelle, négligeant ainsi tout le reste, y compris le sexe et la famille.

Pour compenser cette carence, il développe une forme de « dissonance cognitive » : il utilise son intellect pour créer une « philosophie asexuelle. » Restant enfermé dans cette narration, il développe progressivement une fierté pour son asexualité, allant jusqu’à rejeter les propositions qu’il reçoit. Il éprouve alors une satisfaction à surmonter chaque épreuve, renforçant ainsi son identité intellectuelle et asexuelle, affirme Sam Vaknin.

Sa perception est assujettie à l’activité intellectuelle

Les narcissiques cérébraux se perçoivent comme omniscients, spéciaux et uniques, parce que tout le monde admire leurs capacités intellectuelles. Ils accumulent des connaissances variées qu’ils utilisent pour nourrir des rêves de perfection divine, d’invincibilité et de toute-puissance. Ils ne supportent pas la critique et recourent à des mécanismes de défense tels que la rationalisation, l’intellectualisation et la distanciation. Exigeants envers eux-mêmes et les autres, ils se valorisent à travers leurs succès professionnels, leurs diplômes et leur travail acharné.
Ils ressentent une angoisse existentielle lorsqu’ils sont confrontés à des situations qui ébranlent leur image d’omniscience aux yeux des autres. Explorons ces comportements plus en détail.

Le narcissique cérébral : un savant isolé

Il se conduit comme un adolescent, plutôt schizoïde, qui n’a besoin de personne. Donc il devient asocial et passivement agressif. C’est ainsi qu’il punit ses parents.

Il se dit : « Ils ne m’apprécient pas, ni ne me comprennent. Je vais leur prouver que je suis spécial. Je vais leur montrer ma valeur par l’ampleur de ma contribution. »
Cela représente, de son point de vue, une forme de générosité. Mais ce n’est en réalité qu’une suridéalisation de lui-même.
Il se satisfait d’activités solitaires ou d’une profession au travers de laquelle il se voit placé au-dessus de la stupidité humaine.

Son noyau schizoïde : la base de son dysfonctionnement

Son isolement dans un monde bien à lui est le résultat de pensées paranoïdes développées à l’adolescence, qui l’amènent à éviter les interactions humaines.
Il rejette le contact avec les autres, qu’il perçoit comme moralement ou intellectuellement inférieurs.
Il considère les autres comme indolents, répétitifs ou ennuyeux. Donc, il les méprise au point de les déshumaniser.

  • Son noyau schizoïde est la base de son dysfonctionnement psychoaffectif et le fondement de son mode de fonctionnement dans le monde.

La provision narcissique : une dépendance existentielle

Comme tous les narcissiques classiques, le narcissique cérébral a besoin de l’attention des autres pour obtenir sa provision narcissique, qui alimente sa surévaluation et son auto-idéalisation.
Sa vie prend tout son sens dans sa conviction d’être supérieur, omniscient, moralement parfait, spécial et différent des autres.
Il utilise donc son intelligence et ses connaissances, réelles ou prétendues, pour attirer l’attention et se faire admirer.
Cependant, il n’interagit qu’avec ceux dont il a besoin. Connu pour ses talents d’orateur, sa capacité d’apprentissage, sa mémoire, sa rapidité de traitement de l’information et son aptitude à concevoir des projets lucratifs, il privilégie les relations avec les personnes qui l’aident à atteindre ces objectifs. Il communique principalement avec elles pour gagner de l’argent ou acquérir de la notoriété. Autrement, il préfère s’isoler.

Sa vision du corps : une dissociation corporelle

Étant cérébral, il se dissocie de sa corporalité et néglige grandement son corps.
Il est repoussé par les fluides corporels et les organes et profondément dégoûté par tout cela.
Tout ce qui le définit en tant que narcissique cérébral est marqué par ce rejet corporel.
Pour lui, son corps n’est qu’un fardeau qu’il doit entretenir, une distraction qui l’éloigne de sa quête de connaissances. Il ne tire donc aucun plaisir de l’activité physique, y compris de l’activité sexuelle.

L’effondrement : une transformation vers le narcissisme somatique

Lorsque le narcissique cérébral traverse une période d’effondrement, par exemple à la suite d’une rupture, il cherche à obtenir un(e) autre partenaire.
Pour y parvenir, il dissimule son effondrement en adoptant le comportement d’un narcissique somatique, devenant temporairement sexuellement actif jusqu’à ce qu’il trouve ce nouveau partenaire.
Cependant, s’il n’en trouve pas, il n’en souffre pas, car il apprécie sa solitude et n’est pas réellement intéressé par le sexe.

Son insuffisance sexuelle : une libido infantile

Le narcissique cérébral est conscient que sa libido est infantile, qu’il est homosexuel refoulé, autoérotique ou asexuel, et qu’il ne pourra jamais satisfaire les besoins sexuels de sa partenaire.
Il sait également que la sexualité est pour lui une sorte d’obligation, une corvée entreprise à contrecœur uniquement pour préserver sa source de provision narcissique.
À ses yeux, le sexe est réservé à ceux qui ne peuvent pas aspirer à mieux, ce qui le conduit à ne pas apprécier sa partenaire en tant que femme désirante. Il est misogyne et la perçoit plutôt comme une figure maternelle qui prend soin de lui.
Après la phase de séduction, il devient asexué, ce qui révèle son sadisme psychologique.

L’auto-idéalisation : une déformation cognitive

Le narcissique cérébral considère que sa compagnie est un grand privilège, car il se voit comme un savant, un professeur, un coach, un guide ou un gourou omniscient.
Le simple fait qu’une femme le considère comme capable de lui apporter du soutien est, pour lui, une victoire.
Cependant, le décalage entre sa libido, entièrement investie en lui-même, et celle d’une femme émotionnellement équilibrée, risque de se traduire par de la douleur, de la tromperie et une catastrophe relationnelle.
Inconsciemment, c’est l’issue qu’il recherche, car il pense évoluer en se séparant d’une femme sur laquelle il projette l’image de la « mauvaise mère » qui l’a blessé.

L’anxiété et la peur de l’intimité

Une fois qu’il vit avec cette femme, il ressent de l’anxiété lorsqu’elle lui donne son affection, car l’amour qu’il a reçu de ses parents s’accompagnait également de manipulation, d’instrumentalisation, d’utilisation, de maltraitances et de brimades. Il en vient donc à confondre amour et abus.
Puisqu’il a fait l’incorporation de cette dichotomie, il croit que s’il aime quelqu’un, cette personne lui fera du mal. Pour cette raison, au début de la relation il fait de sa partenaire une Madone inaccessible qui représente le symbole virginal qu’il met sur un piédestal. Donc, si elle lui exprime son désir sexuel, il rejette sa demande.
C’est ainsi qu’il consolide son image de grandeur, d’omniscience morale, de perfection divine et de toute-puissance.

Les fantasmes sexuels : un autoérotisme inconscient

Du point de vue du narcissique cérébral, sa partenaire doit être judicieuse et accepter sa façon de lui faire l’amour. Inconsciemment, il projette sa propre partie féminine sur elle, pour ensuite l’intérioriser durant les rapports sexuels.
Autrement dit, dans ses fantasmes, il entretient en fait des relations sexuelles avec une projection de son propre aspect féminin, et non avec elle.
Cependant, une hostilité se développe en lui, car il finit inévitablement par transférer sur elle l’image de la mauvaise mère. À ses yeux, elle devient alors l’incarnation de sa méchanceté.
Étant donné qu’il clive sa mère en figure « sainte » et « mauvaise », il refuse que sa provision narcissique s’opère avec sa partenaire sur le plan sexuel.

Le sadisme psychologique : une arme de pouvoir

Comme vous le voyez, l’asexualité est une arme de guerre et de pouvoir pour le narcissique cérébral. C’est l’instrument qui lui permet de réguler son sentiment de supériorité morale. Étant donné que sa partenaire a besoin d’amour, d’intimité, de complicité et de relations sexuelles, il lui refuse tout cela, car il souhaite qu’elle le trompe. Cette stratégie de manipulation, qui consiste à pousser un(e) partenaire intime vers l’infidélité, s’appelle l’infidélité collusive.
Sa provision narcissique à tendance sadique, obtenue par une infidélité collusive, constitue une compulsion de répétition. Lisez l’article intitulé : La compulsion de répétition des narcissiques.
Il torture psychologiquement son/sa partenaire intime à travers six stratégies perverses, à savoir :

Première stratégie : le fantasme partagé

Il impose à sa partenaire intime son « fantasme partagé ». En faisant le transfert de l’image de la mauvaise mère sur elle, il lui refuse tout contact sexuel.
Parmi les tactiques qu’il utilise pour la tester, on trouve le mécanisme de renforcement intermittent, qui consiste à alterner entre chaud et froid, proximité et évitement.

  • Il observe si sa compagne peut jouer le rôle de mère rassurante, prête à se soumettre à son contrôle, à ses manipulations, à sa domination et à l’emprise qu’il exerce sur elle.

  • Il pousse son dévouement à l’extrême, la confrontant à des situations limites pour tester son courage et son engagement envers lui.

  • Il veut savoir jusqu’où il peut aller avant qu’elle ne craque et le trompe.

  • Inévitablement, sa partenaire échoue au test, craque et finit par le trahir. Il se sent alors omniscient et tout-puissant, persuadé de contrôler totalement sa partenaire et de pouvoir la manipuler à sa guise, ce qui, selon lui, prouve qu’il est un génie exceptionnel.

Sa mortification : une honte toxique extrême

Paradoxalement, voir sa partenaire intime échouer à son test est dévastateur pour lui, car cela le plonge dans un état de mortification narcissique. Il ressent une honte profonde et extrême, non pas en raison du mal qu’il a infligé par ses maltraitances, mais parce qu’il se retrouve dans un chaos psychique où il se sent anéanti et dévasté. Il est honteux d’avoir investi son énergie en elle, lui donnant ainsi le pouvoir de le mortifier.

Deuxième stratégie : il se croit sa victime

Bien qu’il se sente triomphant, voire euphorique d’avoir poussé sa partenaire à compromettre ses valeurs, son estime de soi et sa dignité, il se considère comme une victime et éprouve une mortification narcissique.

  • Pour cette raison, il instaure un jeu de pouvoir totalement infantile : il transforme sa partenaire en « méchante », tandis qu’il devient tout « bon ». Ce clivage confirme sa paranoïa, donc il fait de sa partenaire intime son « objet persécuteur ».

  • En rejetant sur elle le blâme et en l’accusant de sa souffrance, il rétablit son égosyntonie. C’est-à-dire son équilibre égocentrique ; il se sent moralement supérieur, et sa grandeur est restaurée.

L’état régressif : une incapacité d’accepter les émotions

Si sa compagne lui exprime ses émotions, le scénario de maltraitance de son enfance se réactive, réveillant sa blessure archaïque. Il se sent agressé, car, psychologiquement, il reste un enfant en quête de protection maternelle.
Se sentant moralement supérieur, il minimise les maltraitances qu’il inflige à sa partenaire, pensant qu’elles ne sont pas graves, qu’il n’est pas sérieux et qu’il n’a aucune intention de la blesser !
En revanche, les réactions et la colère de sa partenaire lui semblent bien plus significatives et blessantes, car elles brisent le contrat implicite qu’il croyait avoir avec elle.
Cela confirme pour lui qu’elle incarne la « mauvaise mère » qui l’a blessé autrefois.

Troisième stratégie : la négligence et le contrôle

L’infidélité de sa partenaire rend légitime, à ses yeux, son mépris outrageant, son agressivité, son gaslighting et sa dévalorisation à son égard.
Il invalide alors ses émotions et la laisse seule en permanence. Il se dissocie encore davantage d’elle, la méprise, la néglige, l’ignore et évite même de la regarder.
Il adopte un comportement passif-agressif, sans ressentir ni remords ni empathie.
Puisque sa partenaire s’est comportée exactement comme il le souhaitait, il se sent gratifié par le contrôle qu’il exerce sur elle. Il reste ainsi le maître du jeu de pouvoir entre eux.
Il se sent en contrôle lorsqu’il la pousse à se sentir dévalorisée, coupable et honteuse de sa trahison, tout en se percevant comme moralement supérieur.

Sa dépendance : une contradiction interne

Son dilemme : Le problème est qu’il dépend d’elle pour une multitude de services, ainsi que pour l’attention et l’admiration nécessaires à sa provision narcissique.
Cependant, il n’apprécie pas cette dépendance, car elle le fait se sentir piégé, comme un enfant.
De plus, les protestations de sa femme lui rappellent ses insuffisances et le font régresser à l’époque où il craignait terriblement d’être abandonné par ses parents.
Ses multiples ruptures lui prouvent, selon lui, qu’à cause de sa façon d’être, personne ne veut de lui ni ne le comprend. Il recadre ses conflits de couple dans cette perspective infantile, entretenant ainsi sa mortification et son délire paranoïaque.

Quatrième stratégie : il se sent moralement supérieur

À ce stade, le narcissique cérébral se sent victorieux et observe avec satisfaction le chagrin d’amour pitoyable de sa compagne, se réjouissant de sa souffrance, surtout parce qu’elle se sent coupable et honteuse au point de ne plus pouvoir se regarder dans un miroir.
C’est alors qu’il se montre soudainement bienveillant, altruiste, charitable et magnanime. Il lui pardonne ce qu’elle lui a fait, se percevant ainsi comme un être moralement supérieur. En lui pardonnant, il restaure son sentiment de supériorité morale et son équilibre intérieur, se percevant comme un dieu magnanime qui accorde son pardon.

Cinquième stratégie : il regagne sa liberté

Il parle à sa partenaire et lui dit : « Écoute, je sais que tu as une libido, mais moi, je n’en ai pas. Tu veux faire l’amour, mais je ne souhaite pas avoir de relations sexuelles. Alors, vas-y, trouve quelqu’un avec qui tu pourras faire l’amour. »

À ce moment-là, il semble se désintéresser de sa liberté sexuelle, mais ce n’est qu’une façade, car au plus profond de lui, il bouillonne de rage et de désir de vengeance.
Il se sent offensé, défié, humilié et honteux. En d’autres termes, il est mortifié.

Pourtant, il ne pose jamais de questions et la liberté de sa partenaire ne semble pas le déranger, car en lui offrant cette liberté, il espère obtenir la réciprocité.
En la repoussant et en lui permettant de faire ce qu’elle veut, aussi longtemps qu’elle le souhaite, il garantit sa propre liberté.
Elle devra rester en dehors de ses affaires, ne pas le déranger et le laisser vaquer à ses occupations dans son monde solipsiste.
Ainsi, sa magnanimité n’est qu’un moyen de servir ses propres intérêts, et non d’assurer le bien-être de sa partenaire.
Elle lui servira également de bouclier contre la proximité d’autres femmes, car il tient à préserver sa solitude. Il lui sera donc fidèle, mais uniquement par nécessité.

Sixième stratégie : il détourne les faits

Lorsque sa femme exprime son besoin de le quitter, il rejette la faute sur elle. En utilisant le mécanisme de recadrage, il déforme les faits à son avantage par un discours manipulateur, afin de continuer à se venger d’elle.
Il pense alors : « Je t’ai accordé le privilège de vivre avec moi et tu me quittes. C’est impardonnable ! Tu n’es qu’une femme stupide qui n’a pas su apprécier le trésor que j’étais dans ta vie. Tu vas le regretter. »

Explorons maintenant le narcissique somatique.

LE NARCISSIQUE SOMATIQUE

Contrairement aux narcissiques cérébraux, les narcissiques somatiques s’attachent à leur corps comme unique moyen d’attirer l’attention. Ils se préoccupent donc de manière excessive de leur apparence physique, de leur forme corporelle et de leurs comportements sexuels.
Ils se sentent supérieurs en beauté, spéciaux et uniques, ils déploient bien leurs atouts de séduction.
Ils cherchent la perfection physique et utilisent leur apparence pour séduire et obtenir la provision narcissique. Ils considèrent leur partenaire comme un objet sexuel et, dans le pire des cas, manifestent un sadisme extrême dans leurs relations intimes.
Leur grand besoin de séduire et de plaire est une tentative de combler leur vide intérieur et leur besoin d’affection.
Ils doivent continuellement accumuler de nouvelles conquêtes pour ne pas se retrouver dans le néant.

La compensation de leur dévaluation intérieure

Au contraire des narcissiques cérébraux, les narcissiques somatiques se surestiment et se survalorisent par le biais de leur apparence physique.
Ils croient que leur corps est irrésistible, qu’ils dégagent une puissance érotique extraordinaire, qu’ils sont magnifiques et époustouflants.
Mais cette image ostentatoire reflète rarement la réalité et dissimule surtout leur dévalorisation intérieure et leur complexe d’infériorité.
Conscients de ce décalage, ils se donnent beaucoup de mal pour sculpter leur corps.

  • Ils prennent un soin exagéré de leur poids, de leur silhouette, mais aussi de leur peau, de leurs dents, de leurs ongles et de leurs cheveux.

  • Ils pratiquent le bodybuilding, le fitness ou l’haltérophilie et divers autres sports.

  • Certains sont hypocondriaques et maniaques de la santé.

  • Ils s’inquiètent du moindre défaut et de la détérioration de leur corps. Ils se consacrent à l’amaigrissement par des régimes extrêmes ou à l’embellissement de leur corps par de multiples opérations de chirurgie esthétique.

  • D’autres encore sont des consommateurs compulsifs de compléments alimentaires ou d’extensions corporelles qui, selon eux, augmentent leur irrésistibilité.

L’adoption d’un faux self : l’oubli de soi

En raison des traumatismes de leur enfance, les narcissiques somatiques renient leur être authentique en adoptant un faux self, vide par définition. Leur faux self n’est rien d’autre que l’image de leur corps.
Figés dans un psychisme infantile et marqués par une profonde insécurité ontologique, les narcissiques somatiques s’identifient aux voix mentales comme si celles-ci étaient réelles. Mais ce ne sont que les introjections des messages parentaux. Ils se sentent insuffisants, car ils s’identifient au « moi jugeant » et au « moi jugé » de leur mental.

Le moi jugeant dit : « Tu es nul, imparfait, insignifiant, inférieur, incomplet, inutile, incapable, etc. Tu n’es pas capable de te faire remarquer, tu n’es pas à la hauteur, tu ne vaux rien. »

Pour compenser l’anxiété générée par ces voix intérieures qu’ils prennent pour réelles, ils se convainquent qu’ils sont leur corps, car ils ont remarqué, dès l’adolescence, qu’ils pouvaient attirer l’attention et l’admiration des autres grâce à leur physique et à leur apparence.
Leur corps leur sert donc à réguler leur estime de soi et à leur fournir la provision narcissique dont ils ont besoin pour se sentir exister et renforcer leur égosyntonie.

  • En psychologie l’égosyntonie est une expérience où tous les aspects psychiques d’un individu sont perçus comme cohérents et en accord avec soi-même.

  • Tandis que l’egodystonie se réfère à une expérience subjective où les pensées, les sentiments ou les comportements de cette personne sont perçus comme indésirables ou en conflit avec elle-même.

Leur surévaluation : une confusion ontologique

Puisqu’ils sont dépourvus d’intériorité essentielle, les narcissiques somatiques confondent l’être et le paraître. Ils se surestiment uniquement par leur apparence.
Ils deviennent des beaux gosses athlétiques ou des belles filles qui séduisent et instrumentalisent les autres par leurs charmes.

Les femmes narcissiques somatiques se comportent comme des adolescentes, cherchant à être constamment admirées pour leur apparence.
Elles essaient d’être aussi attirantes, sexy, irrésistibles et parfaites que possible, afin d’être vues, admirées, flattées et reconnues par leur corps, ainsi que par leurs vêtements, qui sont coûteux, extravagants ou symboliques.

Ces comportements sont les mêmes chez les hommes. Par exemple, pour impressionner, certains racontent leurs méthodes de chasse, leurs prouesses sexuelles et le nombre de conquêtes. D’autres utilisent leurs tatouages ou leurs baskets comme symboles de toute-puissance. Certains apprécient la domination sexuelle : ils soumettent leurs cibles et les rejettent lorsqu’ils s’en lassent.

Leur provision narcissique : un puits sans fond

En utilisant leurs atouts physiques et leurs jeux de séduction, les narcissiques somatiques reçoivent de l’attention, de l’admiration et des messages flatteurs de la part de personnes qui deviennent leurs sources d’approvisionnement narcissique. Ces personnes agissent comme des régulateurs externes de leur estime de soi, car en les admirant, le narcissique somatique se croit unique, surpuissant et omnipotent.

Vieillesse et déclin : quand l’apparence ne suffit plus

Sam Vaknin signale que, 300 ans avant que le terme « narcissisme » ne soit inventé par Sigmund Freud, un autre grand esprit, William Shakespeare, a décrit dans son sonnet numéro 62 le narcissique somatique de manière parfaite. Voici ce sonnet :

Le péché d’amour-propre possède tous mes yeux,
Et toute mon âme et toutes mes parties.
Il n’y a pas de remède à ce péché.
Il est si profondément ancré dans mon cœur.
Il me semble qu’il n’y a pas de visage aussi gracieux que le mien.
Aucune forme n’est aussi vraie, aucune vérité n’est aussi importante,
Et pour moi, je définis ma propre valeur.
En surpassant tous les autres dans leurs valeurs.
Mais lorsque mon miroir me montre comment je suis en réalité,
Battu par le temps et ridé par l’âge,
Je lis à rebours tout mon amour-propre,
Tant il serait injuste d’avoir de l’amour-propre avec pareil visage.
L’amour-propre est une iniquité.
C’est toi, toi-même, que je loue pour moi-même,
Peignant mon âge avec la beauté de tes jours.

L’effondrement : l’incapacité d’obtenir la provision narcissique

Les narcissiques somatiques s’effondrent lorsque leur corps vieillit, lorsqu’ils sont malades ou victimes d’un accident et qu’ils ne parviennent plus à obtenir les partenaires désirés, ni leur provision narcissique.
Tout signe de vieillissement dans leur corps menace la survie de l’image idéale qu’ils se sont construite d’eux-mêmes.
Pendant la période d’effondrement, ils essayent de devenir des narcissiques cérébraux. Mais comme ils ne sont pas brillants intellectuellement, même s’ils se prennent pour des génies exceptionnels, ils reviennent vite à leur sous-type somatique.
D’autres deviennent des narcissiques cachés qui vivent par procuration et/ou aux dépens des autres. Nous reviendrons sur ce sujet plus tard.

Leur cathexis : l’énergie libidinale au service des apparences

Leur cathexis étant exclusivement investie en eux-mêmes et dans l’image de leur corps, les narcissiques somatiques sont autoérotiques.
Leur corps est l’objet libidinal qu’ils adorent. Ils sont incapables de maintenir des relations sexuelles adultes, multidimensionnelles, interactives et chargées d’émotions.
Pour eux, l’amour est synonyme de plaisir personnel. Ils l’utilisent pour affirmer leur attractivité, leur irrésistibilité et leur jeunesse.

Leur sexualité : une expérience aliénante

Les narcissiques somatiques sont souvent qualifiés d’accros au sexe lorsqu’ils sont des hommes, et d’histrioniques lorsqu’il s’agit de femmes. Mais les relations sexuelles avec eux sont en quelque sorte une expérience impersonnelle, émotionnellement aliénante et épuisante.
Ils accèdent au corps des autres pour se masturber, ainsi que pour montrer leur esthétique physique et leurs exploits sexuels.
Leur activité de séduction devient addictive, car elle leur permet d’exhiber leur image, comme le paon mâle exhibe sa traîne lors de ses parades. Cela les conduit à la conquête rapide de personnes qui, à leurs yeux, sont insignifiantes.
S’ils ont un partenaire, ils s’ennuient une fois que les choses deviennent routinières. La routine est par définition contre-narcissique, car celle-ci menace leur surévaluation.

Leur cruauté : un rejet indigne et abject

Les narcissiques somatiques sont dédaigneux et cruels. Lorsqu’ils mettent fin à une relation, ils n’hésitent pas à déformer la vérité au sujet de la personne qu’ils quittent.
Ils inventent des mensonges à son sujet, la blâment et la rejettent comme s’il s’agissait d’un objet.
Ils le font avec une grande joie, ayant déjà un(e) autre partenaire en vue, comme si leur ex-partenaire n’avait jamais existé.

Leur absence : une fixation sur le vide

Le narcissique somatique est émotionnellement absent. Il n’est qu’une identité de vide, un abîme sans fond. Il éprouve donc un besoin compulsif de se remplir de distractions superficielles. Il est très doué en acrobaties sociales, mais il n’est pas vraiment présent.
C’est une personne frivole qui a besoin de s’amuser.
C’est pourquoi il préfère les conquêtes multiples pour avoir des rapports sexuels amusants, débridés et mécaniques.
Doté d’une certaine légèreté d’esprit, il peut être amusant et sympathique. Il ne manque pas d’astuces pour séduire afin de continuer à aimer sa propre image.
Il peut donner des massages, offrir un bon repas et se servir de son corps pour attirer l’attention des autres dans n’importe quelle situation.

Leur partenaire : un amusement sexuel

Si vous êtes en relation avec un narcissique somatique, sachez qu’il n’éprouve d’amour pour personne, car il n’aime que sa propre image. Vous ne serez pour lui qu’un amusement, une sorte de poupée sexy et chaude ou un(e) partenaire de jeux sexuels, qui doit adorer ses exploits orgasmiques qu’il aime compter.
Ce qu’il veut, c’est que vous acceptiez l’excitation que lui procurent ses fantasmes, en particulier ses fantasmes incestueux.
Il communique ouvertement son désir d’être un bébé et vous demande de jouer le rôle de maman. Il/elle peut se sentir très excité(e) par le sexe oral.
Pour le satisfaire, vous devez vous soumettre à ses préférences sexuelles, et vous devez faire preuve d’endurance et de persévérance.

Leur test délirant : la sexualité que vous devez accepter

Il attend également que vous passiez son test d’infidélité. Votre réaction va l’exciter énormément parce qu’il cherche en vous le parent constant et fiable qui l’aime inconditionnellement.
Mais une fois qu’il vous aura trouvé(e) ennuyeux(euse), il vous jettera comme un jouet usagé.

Leur perversité : un dénigrement sadique

Si vous rencontrez un narcissique somatique sadique, explique Sam Vaknin, il vous demandera de vous soumettre à sa perversité. Le sexe est son moyen de vous utiliser, vous humilier et vous dénigrer. Le narcissique somatique n’a besoin de l’autre que pour se masturber ou pour pratiquer son sadisme. Son plus grand plaisir consiste à utiliser le corps de l’autre comme un jouet, afin de le casser et le jeter contre le mur. Il peut vous proposer des relations à plusieurs, ou vous dénigrer en faisant de vous sa salope ou une dépravée. Soyez prudent, car les fantasmes sadiques des narcissiques sadiques sont très virulents et pernicieux, voire démoniaques.

Les coachs sportifs : les grands opportunistes

Les narcissiques somatiques exercent souvent des activités professionnelles ou des métiers adaptés à leurs capacités, comme celui de coach sportif.
Bien qu’ils aident les autres à améliorer leur forme physique, leur constitution et leur santé, certains utilisent leur position pour attirer des partenaires riches.
Ils adorent les voitures de luxe, les vêtements flashy, les résidences somptueuses, les vols en première classe, les hôtels de luxe, les cartes de crédit, les soirées élégantes, les gadgets high-tech, et les contacts avec des personnalités célèbres que leurs partenaires leur permettent d’acquérir.
Tout cela renforce leur image et alimente leurs fantasmes de grandeur.

La psychopathe narcissique : il devient dangereux

Lorsqu’un narcissique somatique adopte les traits distinctifs d’un psychopathe, il s’approprie le corps des autres et le traite comme un jouet à casser ou à abuser de diverses manières.
Le sadomasochisme devient une caractéristique principale de ce type de comportement.
Ces individus se livrent à des actes agressifs et à une sexualité nauséabonde.
Ils sont effrayants jusqu’au bout et représentent un grave danger pour la société ainsi que pour tous ceux qui croisent leur chemin.
Certains sniffent de la cocaïne et se comportent comme des proxénètes. Ils incarnent une caricature grotesque de la masculinité, arborant des muscles difformes, des veines apparentes, et une allure de « paquets de viande » bien tassés.
Avec leurs cheveux gominés, leurs tatouages ostentatoires et leurs pantalons trop serrés mettant en valeur l’entrejambe, ils offrent une image typique de ce type de narcissique.

Ils se déguisent en guides : les exploiteurs

Le professeur Sam Vaknin explique que l’internet a donné naissance à une nouvelle génération de gourous, de coachs, de conseillers en développement personnel et d’experts autoproclamés, qui sont en réalité de grands manipulateurs.
Ils veulent tout : un corps parfait, des conquêtes sexuelles, et le statut d’intellectuels reconnus.
Les conquêtes sexuelles ne suffisent pas à ces mégalomanes délirants et vaniteux.
Vous les voyez sur YouTube, exhibant fièrement leur poitrine gonflée, tout en lavant le cerveau de personnes crédules et naïves, formant ainsi des cultes autour d’eux.
Ce sont des beaux parleurs ou des charlatans qui masquent leur ignorance derrière un flot ininterrompu d’absurdités pour composer des discours séduisants aux oreilles du profane.

Ils se déguisent en savants : les charlatans

D’autres narcissiques somatiques aspirent à devenir des savants comme les narcissiques cérébraux. Dans ce cas, ils pontifient sur des théories bancales, à moitié cuites ou mal informées. Ils émettent des opinions et des analyses dans des domaines aussi divers que la philosophie et la science, sans aucune qualification réelle.
En fait, ils diffusent des informations erronées, car ils n’ont pas les connaissances nécessaires pour expliquer les choses correctement. Ces personnes passent plus de temps dans leurs masturbations mentales, dans les salles de sport ou dans les boîtes de nuit, qu’à étudier sérieusement.

Ils se déguisent en maîtres spirituels : les hypnotiseurs

Certains narcissiques somatiques, lorsqu’ils traversent un état d’effondrement, adoptent un narcissisme caché. Ils se présentent alors comme des sages visionnaires ou des maîtres spirituels, attirant des adeptes souvent en quête de solutions rapides à leurs problèmes.
Ces narcissiques manipulent particulièrement les femmes, les incitant à avoir des relations sexuelles avant de les rejeter avec une grande cruauté, parfois même en présence de leur mari ou partenaire intime, qui reste totalement sous leur emprise.
Note : Un T-shirt pourrait pourtant avertir leur entourage avec un message du type : « Adore-moi, sers-moi, paye-moi, et j’abuserai de toi volontiers. » Mais bien sûr, ils ne l’affichent jamais si ouvertement !

Ils se déguisent en guérisseurs chamans

D’autres narcissiques somatiques, devenus narcissiques cachés de sous-type communautaire, se font passer pour des guérisseurs ou des sauveurs.
Ils sont extrêmement dangereux. Ils utilisent des substances psychoactives pour induire des états de conscience altérés, censés guérir leurs clients.

  • Les faux thérapeutes, se faisant passer pour des sauveurs altruistes et prétendant incarner la spiritualité et la bienfaisance, aggravent leur manipulation par l’usage de substances psychoactives.

  • Véritables prédateurs, ils exploitent leurs adeptes et les ré-traumatisent. Lisez les articles intitulés : La provision narcissique et Le gaslighting.

Ils se déguisent en intellectuels : les escrocs envieux

En s’associant à des narcissiques cérébraux, certains narcissiques somatiques deviennent des escrocs envieux qui s’approprient, plagient ou volent le travail de ces intellectuels et, en se prélassant dans la gloire volée, s’attribuent leur travail.
Pour montrer leur prétendu savoir extraordinaire, ils imitent ou répètent comme des perroquets ce que disent les vrais intellectuels.
S’ils manquent d’informations, ils les inventent au fur et à mesure. Mais à moins de se duper eux-mêmes, ils savent bien qu’ils trompent les gens.

Leur narcissisme caché : manipulation sous couvert d’expertise

Le narcissique somatique se faisant passer pour un coach, un savant, un gourou ou un intellectuel est cliniquement un narcissique caché.
Il dissimule ses véritables intentions. C’est l’un des types de narcissiques les plus dangereux à rencontrer.
Sous des apparences séduisantes et bienveillantes, il manipule et trompe son entourage, jouant sur les failles des autres pour mieux les exploiter.

Conclusion : comprendre pour mieux se protéger

Il est essentiel de comprendre les narcissiques classiques pour se protéger de leur emprise. Face à eux, la connaissance est une arme puissante. Elle permet de reconnaître les signes avant-coureurs, d’éviter les pièges de la manipulation et de se libérer d’une relation empreinte de souffrance et de confusion.
S’informer sur le narcissisme pathologique, c’est aussi se donner les moyens de reconstruire son estime de soi et de rétablir des limites saines dans ses relations.
Il est crucial de ne pas minimiser l’impact de ces personnalités sur notre bien-être mental et émotionnel.
En développant une compréhension profonde de leurs comportements et de leurs motivations, nous pouvons non seulement nous protéger, mais aussi soutenir ceux qui sont pris dans cette toile complexe.
Se protéger du narcissisme pathologique, c’est se réapproprier sa vie, retrouver son autonomie et rétablir un environnement sain, loin de l’influence toxique de ces personnes traumatisées.

La Déshypnose Identitaire : une introspection approfondie

Si vous souffrez des effets traumatiques de l’abus narcissique, je vous invite à entamer un voyage intérieur pour vous libérer des chaînes invisibles du passé.

  • Pour commencer, il est crucial d’adopter le zéro contact avec l’ex-partenaire narcissique autant que possible.

  • L’étape suivante consiste à faire taire sa voix hostile et critique dans votre esprit, celle que vous avez introjectée, incorporée et intériorisée.

  • Ensuite, récupérez votre accès à la réalité et engagez un travail d’introspection pour consolider une identité mature et autonome. Consultez l’article explicatif ici : L’introspection.

Grâce à mes outils, vous pourrez déconstruire les schémas toxiques qui vous entravent, afin de renaître pleinement à vous-même et de cultiver une vie équilibrée. Cette aventure exceptionnelle vous amènera à vous éveiller, à écouter la voix de votre être authentique et à vivre dans la sérénité, l’amour inconditionnel – sans objet – et la joie d’être.

Prabhã Calderón