Le fantasme partagé des narcissiques
29 sept. 2024
Cet article résume les conférences magistrales du Professeur Sam Vaknin sur le fantasme partagé des narcissiques, enrichi par mes descriptions des réactions des victimes face à ce phénomène hypnotique.
Si votre partenaire intime souffre de narcissisme pathologique, il vous impose son fantasme partagé. Ce fantasme, inconscient et ritualisé, commence par une phase d’idéalisation, suivie d’une phase de dévalorisation et de dénigrement de votre personne, pour finalement se conclure par un rejet cruel. L’objectif inconscient de tout narcissique pathologique est de vous utiliser pour se séparer symboliquement de sa mère. En recréant avec vous son conflit avec elle, il vous transmet son traumatisme et affecte ainsi votre intégrité psychique. La compréhension des sept phases de ce fantasme peut vous aider à anticiper l’évolution de la relation.
Première phase : l’idéalisation mutuelle
Lorsque vous rencontrez un narcissique pathologique pour la première fois, vous faites face à un fin séducteur. S’il s’agit d’un narcissique somatique, il captera votre attention par son style vestimentaire, ses attitudes, sa beauté et ses atouts physiques.
S’il est un narcissique cérébral, il déploiera ses connaissances ou sa prétendue sagesse. S’il est un narcissique caché, il pourra se montrer timide, humble et serviable.
Quelle que soit sa typologie, si vous admirez un narcissique et que vous établissez une relation fusionnelle et symbiotique avec lui, il vous utilisera pour se détacher symboliquement de sa mère.
Vous devenez alors la source de sa provision narcissique, car cette séparation lui permet de se sentir enfin parfait, tout-puissant, unique, spécial et équilibré.
Lisez l’article intitulé La provision narcissique
Sa séduction par le bombardement amoureux
Pour vous séduire, le narcissique utilise le « bombardement amoureux ». Il multiplie les gestes attentionnés et vous regarde comme si vous étiez un dieu ou une déesse. Il vous fascine par sa façon de vous faire sentir à l’aise, aimé(e) et totalement accepté(e). Il écoute vos problèmes et vous tend la main.
C’est peut-être la première fois que vous ressentez un tel degré d’amour et d’acceptation de la part de quelqu’un. En conséquence, vous commencez à l’idéaliser, mais aussi à vous idéaliser, devenant ainsi dépendant(e) de son regard.
Sa stimulation des ondes cérébrales de votre cerveau
Par des incitations verbales, sonores, tactiles, olfactives, ainsi que par ses gestes, ses attitudes et sa manière de vous parler, il induit en vous les mêmes fréquences que les siennes. Sous son pouvoir hypnotique, votre dopamine s’active, et vous devenez épris(e). Ce neurotransmetteur génère des sensations euphorisantes qui vous font voir la vie en couleurs. Vous vous sentez exalté(e) ! Cependant, cette synchronisation entre vos ondes cérébrales et les siennes lui permet de pénétrer votre esprit, de vous transmettre son traumatisme et de faire de vous ce qu’il veut.
Son labyrinthe rempli de miroirs
Le psychisme d’un narcissique est semblable à un labyrinthe rempli de miroirs. Dans la phase d’idéalisation, vous voyez votre meilleure image se refléter dans chaque miroir qu’il vous tend. Il vous dit que vous êtes parfait(e), brillant(e), magnifique, intelligent(e), qu’il n’a jamais vécu une telle expérience avant vous, qu’il vous aime comme il n’a jamais aimé personne. Par ces mots, il vous incite à entamer une relation. Très rapidement, il vous propose de vivre ensemble.
C’est ainsi que vous tombez amoureux(se), non seulement de lui, mais aussi de la personne idéale que vous pensez devenir à ses côtés.
L’impossibilité de sortir de son labyrinthe de miroirs
Vous devenez dépendant(e) de l’idéalisation du narcissique, car, pour la première fois de votre vie, vous vous sentez pleinement accepté(e) ! Il n’impose aucune condition à votre existence. Il vous permet d’ignorer vos défauts, vos manquements, vos faux pas ou vos mauvais choix. Vous pouvez oublier tout cela, car il vous rend admirable, comme un dieu ou une déesse, dépourvu(e) de toute imperfection.
Ainsi, vous pouvez enfin vous aimer et vous accepter en toute sécurité, tel(le) que vous êtes. Désormais, vous et le narcissique formez une entité indivisible à deux têtes, vivant ensemble dans un état paradisiaque de symbiose parfaite.
Votre exaltation vous aveugle
Vous êtes tellement exalté(e) que vous acceptez le narcissique sans réserve, « inconditionnellement », car vous avez besoin de son regard et de sa présence pour continuer à vous aimer de cette façon.
Sans lui, vous vous sentez vide, abandonné(e) et en manque d’amour. Vous ne pouvez pas être heureux(se) sans lui, car c’est lui qui vous permet de vous idéaliser.
En vous regardant dans le miroir de son esprit, vous vous voyez comme une reine ou un roi, incroyable et unique en son genre. C’est l’effet miroir !
Ainsi, vous ne tombez pas amoureux(se) d’un narcissique : vous tombez amoureux(se) de la manière dont il vous fait sentir aimé(e), idéalisé(e) et accepté(e). Vous aimez voir votre propre reflet dans ses yeux. Vous aimez aussi le lien fusionnel que vous formez ensemble, car c’est ce qui vous rassure et vous rend heureux(se).
Une idéalisation à la fois hypnotique et addictive
Son idéalisation de vous est à la fois hypnotique et addictive, car elle vous ramène à l’époque où vous étiez un bébé. Lorsque vous voyez votre image idéale se refléter dans les yeux d’un narcissique, vous vous laissez emporter par une hypnose régressive, ressentie comme un coup de cœur irrésistible, et vous commencez à croire qu’il est votre « âme sœur ». Vous êtes convaincu(e) qu’il peut vous comprendre comme personne d’autre, car vous pensez qu’il a vécu les mêmes traumatismes que vous dans son enfance. Vous placez votre foi en son amour et en ses promesses, rêvant d’une relation fusionnelle qui vous apporterait structure et équilibre dans votre vie. Ainsi, vous ne voyez pas ce qui est en train de se passer.
Vous vous trouvez dans un état régressif
Vous ne voyez que ce que votre état régressif vous laisse percevoir. Vous avez tendance à ne voir que les points communs et les aspects positifs. Vous vous persuadez qu’il est le partenaire idéal, car vous partagez la même vision de la vie : vous aimez voyager ensemble, pratiquer le même sport, écouter la même musique, vivre dans la nature, etc. Mais tout cela reste superficiel ! Vous ne prêtez pas attention à ce qui se passe réellement dans l’esprit de cette personne. Vous ignorez les signes révélateurs de sa psychopathie, car, à vos yeux, il est déjà comme votre « bébé », et vous lui trouvez des excuses. Vous minimisez, par exemple, ses sautes d’humeur imprévisibles, le fait qu’il vous laisse seul(e) en pleine dispute, ou encore sa présence physique sans implication émotionnelle. Vous laissez aussi passer ses remarques acerbes et ses commentaires désagréables. En réalité, son émotivité est négative, ce qui l’amène à vouloir associer votre vivacité à sa morbidité. Il vous fait sentir aimé(e), mais le prix à payer est très élevé : vous devez renoncer à vous-même et à votre propre vie.
Vous devenez son « objet interne » ou avatar
Puisqu’il n’a pas dépassé l’étape infantile de la séparation et de l’individuation, le narcissique confond ses « objets internes », qui sont purement mentaux, avec les « objets externes », c’est-à-dire les personnes réelles de son environnement.
Il capture une image de vous dans son esprit, l’intériorise et en fait un « objet interne ».
Il devient alors le propriétaire de cet objet et fusionne avec lui. Cet avatar, totalement bon et parfait à ses yeux, devient une partie intégrante de lui-même.
Absorbé par son avatar, il ne vous voit pas réellement. Il ne perçoit ni votre existence propre ni votre altérité.
Son absence d’autonomie psycho-émotionnelle
Le narcissique n’a pas d’autonomie et ne respecte pas celle des autres. Si sa mère manquait elle-même d’autonomie, elle n’a pas pu encourager celle de son enfant. Ainsi, les fonctions essentielles de l’ego ne se sont pas développées.
Et puisqu’il n’a pas d’ego fonctionnel, il ne perçoit pas que vous êtes une personne à part entière, avec vos propres expériences de vie, besoins fondamentaux, projets, espoirs, aspirations, valeurs et limites psychoaffectives.
Sans prendre en compte votre individualité unique, il vous façonne à sa guise en vous assignant un rôle. Vous devenez alors à la fois l’extension de son identité et la nouvelle « maman » chargée de régler les comptes non résolus avec sa mère d’origine. C’est ainsi que vous devenez le pivot autour duquel il développe son fantasme partagé.
Son objet interne ou avatar n’a rien à voir avec vous
Dans l’esprit du narcissique, la seule chose réelle qui existe est l’avatar qu’il a créé à partir de votre image ou représentation. Vous ne serez jamais à la hauteur de cet avatar, car celui-ci est parfait, brillant et extraordinaire.
En étant le propriétaire de cet avatar, le narcissique se perçoit lui-même comme parfait, brillant et extraordinaire. Dès qu’il crée cet avatar, il ne dialogue plus qu’avec lui dans son esprit. Il interagit de manière fantasmatique avec cet avatar qui vous a remplacé(e).
Il rêve avec lui, se promène avec lui, et vit avec lui — mais pas avec vous. En réalité, vous êtes exclu(e).
Il s’approprie vos qualités en vous digérant
Le narcissique s’approprie vos qualités à travers l’avatar qu’il crée de votre image.
Le Professeur Sam Vaknin explique : « Dans les anciennes sociétés païennes, les prisonniers de guerre étaient mangés, car les guerriers croyaient qu’en les digérant, ils acquerraient leur courage et leurs qualités positives. Le narcissique agit de la même manière avec vous. Il vous massacre et vous dévore, tout en vous attribuant une perfection quasi divine, un éclat au-delà de l’humain, afin de l’acquérir en vous ‘digérant’. Ainsi, il s’idéalise et devient divin. »
Votre conditionnement mental agit contre vous
Le conditionnement de votre enfance joue contre vous-même dans le cadre du fantasme partagé. Par exemple, si l’un de vos parents était narcissique il vous a hypnotisé(e), en vous transformant en une extension de son identité et en dépositaire de sa propre psychopathie. En conséquence, votre sens du « moi » reste attaché à lui.
Vous souffrez donc d’un trouble de stress post-traumatique (TSP), et vous n’avez pas évolué vers l’autonomie. Si vous n’avez pas transcendé la dynamique psychique de votre enfance, vous vivez encore dans un état hypnotique qui vous laisse un sentiment de vide. Vous croyez avoir besoin de quelqu’un pour vous sentir entier(ère). En conséquence, votre ego manque de solidité, vous ne savez pas établir vos limites psychoaffectives, et vous n’écoutez pas vos besoins fondamentaux.
Qu’est-ce que l’ego ?
L’ego est une construction psychique et neuronale qui vous permet de discerner le vrai du faux, d’examiner la réalité et de distinguer ce qui se passe dans votre psychisme. Il vous aide à vérifier si ce que vous vivez avec un narcissique vous convient ou non.
L’ego permet également de réguler vos émotions, de contrôler vos pulsions et d’utiliser votre cognition et votre jugement. Grâce à lui, vous pouvez poser des limites et établir des défenses psycho-émotionnelles saines. Si votre ego est défaillant, vous ne pouvez pas comprendre pleinement ce qui vous arrive.
Lisez l’article intitulé Les fonctions cruciales de l’ego.
Deuxième phase : le maternage mutuel
Dans cette phase, le narcissique fait de vous sa mère nourricière. Étant le pivot autour duquel il construit son fantasme partagé, il vous transforme en cette mère en fusionnant son avatar avec l’image d’une mère nourricière. Cependant, la mère du narcissique n’était pas parfaite. Elle était absente, égoïste, exigeante, étouffante, voire abusive et castratrice. Elle instrumentalisait son enfant, le transformant en parent, en compagnon de substitution, ou en bouc émissaire, etc. Alors, pourquoi le narcissique voudrait-il que vous soyez sa mère ?
Son expérience traumatisante
Son expérience avec sa mère a été odieuse et traumatisante. Pourquoi voudrait-il revivre cela ? demande le Professeur Sam Vaknin.
Voici sa réponse : « L’enfant qui deviendra narcissique n’a jamais pu se séparer de sa mère ni s’individualiser, car celle-ci incarnait ce que le psychanalyste français André Green appelait une mère « morte », au sens psychologique. Ce type de mère considère son enfant comme une partie intégrante d’elle-même. Elle fusionne avec lui, en fait l’extension de son identité. Et puisque l’enfant n’a pas la possibilité d’évoluer vers son autonomie et sa souveraineté, à l’âge adulte, il manque d’un noyau identitaire, d’une structure psycho-émotionnelle solide et des fonctions essentielles de l’ego. Le narcissique reste donc bloqué avec sa mère, essayant désespérément de s’en séparer en utilisant ses partenaires, mais échouant constamment. »
Vous devenez sa « nouvelle mère »
Lorsque vous entrez dans la vie d’un narcissique, vous devenez sa nouvelle mère. Inconsciemment, il croit que grâce à vous, il a enfin une chance de se séparer de la mère qui l’a traumatisé. Il pense que s’il règle ses comptes avec elle en vous utilisant, il pourra achever son processus d’individuation et de séparation. Il s’imagine ainsi pouvoir grandir, réaliser son potentiel, s’épanouir et devenir adulte.
Ces croyances découlent d’une adaptation positive face à l’adversité de son enfance. Bien que dysfonctionnelle, cette adaptation s’avère efficace, car elle lui permet de manipuler pour obtenir les bénéfices qu’il recherche. Pour vous entraîner dans son fantasme partagé, il vous envoie deux messages implicites :
Je ne suis qu’un enfant inoffensif, ne me fais pas de mal !
Je suis sans défense, prends soin de moi, sois ma mère, j’ai besoin de toi, ne m’abandonne pas…
Ces messages touchent votre sensibilité. Si vous êtes empathique, vous prenez soin de ce « bébé » dont vous ressentez la détresse et l’anxiété. Vous le maternez et l’infantilisez, devenant ainsi le/la remplaçant(e) de sa mère d’origine, ce qui l’empêche d’évoluer. En fait, vous lui offrez un amour fusionnel, lui promettant de l’aimer pour toujours.
Cependant, le narcissique déteste cet amour, car il associe amour et abus. C’est pourquoi, par les maltraitances qu’il vous infligera plus tard, il vous poussera à vous défendre et à l’agresser. Ainsi, il trouvera de bonnes raisons de vous rejeter de façon très cruelle. Vous verrez alors qu’il est sadique et dépourvu d’empathie.
Il devient votre mère « inconditionnelle »
Pour l’instant, le narcissique devient votre mère « inconditionnelle » : il vous couvre d’amour, est omniprésent à vos côtés et adapte ses réactions en fonction de vos réponses. Même s’il ne vous voit pas réellement, il reconnaît vos faiblesses grâce à une empathie froide, purement cognitive. Cette situation vous rend très dépendant(e) de lui.
Il est alors très difficile de vous en détacher, car vous régressez en âge et avez l’impression d’avoir enfin une véritable mère nourricière. Vous commencez à vous aimer à travers le regard maternel de ce narcissique. C’est peut-être la première fois de votre vie que vous vous sentez accepté(e). Il vous offre ainsi une seconde chance de vous sentir aimé(e). C’est ainsi que s’établit le maternage mutuel : vous régressez tous deux au stade infantile, celui du narcissisme primaire.
Pourquoi le narcissique devient-il votre mère et non votre père ?
Parce que, à ce stade, le père n’est pas pertinent. Son rôle crucial intervient plus tard, dans les processus de socialisation et d’acculturation. Lorsque l’enfant doit apprendre les règles culturelles, les comportements sociaux et les normes éthiques, c’est le père qui prend le relais. Cependant, c’est la mère qui détermine si l’enfant devient un individu autonome ou non.
Souffrez-vous de dépendance affective ?
Si c’est le cas, face à un narcissique, vous régressez en âge, retournant à l’époque où vous étiez instrumentalisé(e) et/ou maltraité(e) par l’un de vos parents ou par les deux.
Vous et le narcissique avez cela en commun : vous venez de la même « planète », celle de la maltraitance parentale durant l’enfance. Vous avez tous deux traversé cette expérience. Comme le narcissisme pathologique, la dépendance affective est une condition post-traumatique qui interrompt brutalement l’évolution de l’enfant vers son autonomie psychoaffective et émotionnelle.
Votre manque d’un ego fonctionnel
Comme les narcissiques, les dépendants affectifs n’ont pas un ego solide. C’est pourquoi ils cherchent à fusionner avec l’autre, à ne former qu’un seul organisme. Ils voient leur partenaire intime comme leur « âme sœur ». Et, comme ils partagent une profonde angoisse d’abandon, ils s’accrochent à leur partenaire. Ils ont besoin d’une relation fusionnelle, où leur régulation émotionnelle et leur équilibre interne sont assurés par l’autre. Dans cet état régressif, ils ressentent le besoin d’avoir une figure maternelle nourricière à leurs côtés.
Les différences entre narcissisme et dépendance affective
Il existe plusieurs différences entre les narcissiques et les dépendants affectifs, même si les deux partagent des mécanismes défensifs infantiles. Voici trois différences principales :
Le dépendant affectif devient hyperempathique, tandis que le narcissique devient hyperégoïste.
Le dépendant affectif cherche à susciter des réponses protectrices et à préserver la relation fusionnelle indéfiniment, tandis que le narcissique, même s’il prétend le contraire, vise à s’en séparer.
Le narcissique possède des défenses adaptatives « alloplastiques », par lesquelles il blâme son/sa partenaire pour tous leurs conflits, tandis que le dépendant affectif utilise des défenses « autoplastiques », qui le font se sentir coupable de tout.
Troisième phase : le rejet et la dévalorisation mentale
La vie avec un narcissique est tout simplement hypnotique. Dès le début, il s’agit d’une tromperie et d’un abus profond. Vous vivez un paradis illusoire durant les deux premières phases de la relation, mais le besoin inconscient du narcissique de se détacher de sa mère persiste. Pour y parvenir, il doit vous rejeter et se débarrasser de vous. À ses yeux, c’est la seule issue possible.
Au départ, il vous rejette d’abord dans son esprit
Si vous remarquez qu’il est absent, c’est parce qu’il rumine déjà l’idée de la séparation. Cependant, cela lui pose un problème. Dès qu’il commence à vous rejeter mentalement, deux effets dévastateurs se produisent dans son psychisme.
Le premier effet dévastateur est sa peur de se séparer de vous, sa « mère ». Il devient très anxieux car, bien qu’il ressente le besoin de se détacher de vous, il est en même temps envahi par l’angoisse de l’abandon et la peur de vous perdre.
Le deuxième effet dévastateur est la réactivation de sa blessure narcissique. Le simple fait de se sentir contraint de se séparer de vous en raison de son conflit intérieur avec sa mère, de devoir vous laisser derrière lui et d’abandonner son fantasme partagé, lui fait croire qu’il a commis une grave erreur de jugement.
Son changement d’opinion
À présent, il change d’avis et se convainc qu’il s’est trompé à votre sujet. Il commence à penser que vous n’étiez pas aussi idéal(e) qu’il le croyait et qu’il vous a surestimé(e). Il en est persuadé, car il accorde une grande foi à tout ce qui se passe dans son esprit.
Puisqu’il croit fermement à ses propres récits, il en vient à réaliser que s’il a commis une telle erreur, cela signifie qu’il n’est pas parfait, qu’il est faillible, qu’il n’est pas omniscient et donc qu’il n’est pas semblable à Dieu.
C’est une blessure narcissique majeure ! Comment peut-il surmonter cela ? Comment vaincre la peur de l’abandon et l’anxiété qui menacent son équilibre précaire ? Pour lui, la seule réponse possible est la dévaluation.
Désormais, le narcissique va vous dévaloriser
Dans un premier temps, il dévalorise l’objet externe dans son esprit. En d’autres termes, il vous dévalorise. C’est à ce moment-là qu’il peut devenir jaloux et violent, projetant sur vous sa peur de l’abandon ainsi que sa propre dévalorisation.
Il justifie cette dévalorisation par les histoires qu’il se raconte. Par exemple, il peut penser : « Je ne me suis pas trompé à son sujet, car je ne me trompe jamais. Mais elle a changé. » Ou encore : « Elle est manipulatrice et malveillante, elle me trompe. Elle ne vaut rien et m’a caché ses véritables intentions. C’est pourquoi je l’ai mal jugée. »
Il peut également se dire : « J’ai évolué, je me suis développé, tandis qu’elle est restée en arrière. »
Cependant, son objet interne — l’image idéalisée qu’il a créée de vous — persiste encore.
Il rétablit son sentiment de grandeur
En se racontant des histoires négatives à votre sujet, sa blessure narcissique s’atténue, ce qui lui permet de se surévaluer à nouveau. Dès que son sentiment d’importance est restauré, il ne ressent plus l’angoisse d’être abandonné. L’anxiété de vous perdre disparaît également, car vous êtes devenu(e) un objet dévalorisé. Le narcissique se sent alors à l’aise avec sa décision et, désormais, il va commencer à vous tester.
Il vous impose ses tests et son premier type d’abus
Toute personne vivant une relation intime est soumise à certains tests de la part de son partenaire. C’est normal, car chacun a son altérité, sa propre structure psychique et ses propres défis dans la vie. Mais les tests du narcissique sont malsains.
Si, dans son enfance, il avait sacrifié son « Je suis » au profit de son « faux self », aujourd’hui, c’est vous qui serez sacrifié(e) à ce « faux self » devenu son Dieu ! Il ne peut pas s’en empêcher.
C’est pourquoi il vous contrôle sans aucune délicatesse, cherchant à établir son pouvoir et sa suprématie. En même temps, il devient l’enfant gâté qui vous teste constamment. Il vous impose des règles intransigeantes et changeantes, tout en s’octroyant le droit d’être sadique, offensant, humiliant, dénigrant ou sans cesse en demande. Il devient ainsi le maître du jeu, car, dès l’enfance, il a décidé d’être l’agresseur plutôt que la victime.
Ses quatre demandes et son dilemme
Le narcissique vous demande quatre choses, qui commencent toutes par la lettre « S » : Soins, Services, Sexe et que vous soyez la Source de sa provision narcissique. Tant que vous lui fournissez deux ou trois de ces éléments, il est relativement satisfait. Il ne sera vraiment content que lorsqu’il vous quittera.
Cependant, une série de conflits se déclenche dans son psychisme. Le fait que vous ne réussissiez pas à passer ses tests est extrêmement décevant pour lui. Un fossé s’ouvre alors dans son esprit entre vous, déjà dévalorisé(e), et l’image idéalisée qu’il avait créée de vous : son précieux avatar.
Cet objet parfait, représentant sa propre perfection divine, reste idéalisé. Il existe donc une divergence entre la dévalorisation qu’il vous impose et l’idéalisation de cet avatar, et il doit résoudre ce dilemme. La seule manière qu’il trouve pour y parvenir est de penser et d’agir comme un enfant de deux ans, qui divise le monde en deux catégories : les bons et les mauvais.
Il utilise alors le mécanisme défensif du « clivage »
La réalité n’est ni entièrement négative ni entièrement positive ; chaque personne présente des aspects positifs et négatifs. Il est donc impossible de catégoriser les gens de manière binaire et de les ranger dans des tiroirs, car ces classifications échouent souvent.
Cependant, l’enfant ne perçoit pas ces nuances : il classe les autres, ainsi que lui-même, comme étant soit bons, soit mauvais. Par exemple, si sa mère est aimante et fiable, il se dit : « Si maman va mal, c’est que je suis mauvais ».
Mais à l’âge adulte, le narcissique vous confond avec la mère qui l’a blessé ; il se dit alors : « Je suis entièrement bon. Elle est mauvaise. » C’est sa pensée dichotomique : de son point de vue, une personne est entièrement bonne et l’autre est entièrement mauvaise.
Le clivage est donc l’un des mécanismes de défense primitifs qu’il utilise pour gérer les nuances de la réalité.
Le mécanisme d'identification projective
Un autre mécanisme défensif du narcissique est « l’identification projective ».
Cela signifie que, de la même manière qu’il s’idéalisait lui-même en vous idéalisant durant l’étape d’idéalisation, lorsqu’il vous dévalorise, il se perçoit également comme imparfait et mauvais.
Ce sentiment lui est intolérable, car un narcissique doit toujours se surévaluer ! Il doit trouver un moyen de concilier la dévalorisation de l’objet externe avec celle de l’objet interne, son avatar idéalisé.
Il ressent donc l’urgence de vous rejeter, ainsi que l’avatar qu’il a créé de vous. Il projette sur cet objet interne tout ce qu’il considère comme mauvais et imparfait. En alignant ainsi la dévalorisation de l’objet externe et de l’objet interne, il parvient à se percevoir comme entièrement bon, se voyant comme un objet parfait à ses propres yeux.
C’est là que réside son délire de grandeur : en vous transformant en un objet persécuteur, dévalorisé(e) à la fois à l’extérieur et à l’intérieur, il se prépare à vous rejeter sans aucun remords, car il se considère comme entièrement bon.
Quatrième phase : la projection de sa dévaluation
Dans cette phase, il vous dévalorise complètement et commence à vous rejeter.
S’il est un narcissique cérébral ou caché, il devient passif-agressif.
Il reste apparemment calme et correct, mais utilise l’agression passive, l’absence émotionnelle et la privation affective et sexuelle. Il ne vous regarde pas, ne vous écoute pas, ne communique pas avec vous et vous traite comme si vous n’étiez personne.
Il s’oppose constamment à vous, vous maintenant dans un état de frustration.
Vos efforts et services ne sont pas valorisés. Il ne vous encourage pas à aller de l’avant, ne célèbre pas vos réussites et ne vous accorde aucune attention.
Il refuse de voyager avec vous, ne vous fait pas de cadeaux, ne vous surprend pas et ne fête même pas votre anniversaire.
Les attentions que vous attendez de lui sont, à ses yeux, des banalités sans importance. Il est au-dessus de tout cela !
Il est tellement vide émotionnellement, qu’il ne ressent pas non plus la joie de construire une famille avec vous, il ne trouve aucun plaisir à danser, rire, chanter, jouer ou même à vous faire l’amour, car son émotivité est entièrement négative.
S’il est un narcissique classique, il peut avoir des colères incontrôlables.
Il devient alors un véritable volcan en éruption, vous agressant sans aucune pitié. Il peut crier et utiliser la violence verbale, émotionnelle, affective, physique et même sexuelle, ainsi que l’infidélité. De plus, il vous harcèle. Ce harcèlement, appelé en anglais gaslighting, est un véritable « décervelage hypnotique ». Il vous envoie des messages sournois, répétant des milliers de fois les mêmes mots, phrases, discours et associations d’idées issus de sa réalité déformée. Ainsi, il cherche à vous convaincre d’accepter sa dévalorisation de vous-même. Ce décervelage hypnotique est également utilisé par les narcissiques cachés, mais d’une manière plus dissimulée.
Quelles sont les conséquences pour vous ?
Lorsque vous êtes exposé(e) à la violence verbale d’un narcissique, votre cerveau synchronise ses ondes cérébrales avec les siennes, et ses agressions verbales finissent par résonner comme une musique à vos oreilles.
Vous en faites alors l’introjection : vous incorporez ses messages toxiques et les intériorisez, jusqu’à entrer dans un état de dépersonnalisation et de déréalisation.
La dépersonnalisation signifie que vous devenez un observateur extérieur de votre propre expérience personnelle. La déréalisation, quant à elle, signifie un détachement de votre environnement. Regardez l’article intitulé : La dépersonnalisation et la déréalisation.
Ainsi, vous en venez à accepter tout ce que le narcissique vous a fait croire, car vous vous sentez coupable. Vous finissez par lui dire : « Oui, c’est vrai, je ne suis pas correct(e), je ne suis pas ce que je devrais être, je t’ai provoqué. » Ou encore : « Je fais beaucoup d’erreurs, c’est de ma faute si tu me négliges ou me maltraites, etc. »
Le narcissique est inconsistant
Il a une prédisposition à « l’impermanence de l’objet ». Il est incapable de maintenir un lien affectif stable et fiable, que ce soit avec vous ou avec qui que ce soit d’autre, car il change constamment de point de vue, de sentiments et de comportements.
En vous rejetant définitivement, il se sent vertueux, parfait, omniscient et moralement supérieur. Il redevient un dieu à ses propres yeux, tandis que vous incarnez tout ce qu’il méprise. Cependant, après s’être débarrassé de vous et de l’avatar dévalorisé, il peut encore ressentir le besoin de retrouver un certain équilibre.
C’est alors qu’il peut recourir à ce qu’on appelle en anglais le « hoovering », ou relance narcissique en français. Faites attention : si un narcissique vous propose de reprendre la relation, c’est pour vous réidéaliser temporairement, puis recommencer à vous dévaloriser et à saper votre intégrité psychologique.
Sa mortification et sa honte toxique
S’il ne parvient pas à vous transmettre sa dévalorisation et son traumatisme, il ressent un sentiment d’anéantissement et de mortification. La mortification est un sentiment de honte toxique et d’humiliation, enraciné dans la blessure archaïque qu’il porte depuis l’enfance. Ce sentiment s’exacerbe lorsque son orgueil et son délire de grandeur sont bafoués. Il se sent alors dévasté, effondré et extrêmement mortifié, au point d’envisager le suicide.
Dans ce cas, il trouvera quelqu’un d’autre pour poursuivre sa compulsion de répétition, imposant à cette autre personne son fantasme partagé, et non plus à vous.
Son complexe d’infériorité
Vous devez savoir que le narcissique souffre d’un complexe d’infériorité. Cela s’explique par l’introjection et l’incorporation des messages dévalorisants et dénigrants que ses parents lui ont renvoyés à travers leurs maltraitances et leur instrumentalisation.
Ainsi, une coalition de voix dans son esprit lui envoie des messages dévalorisants et anxiogènes, alimentant son autovictimisation et sa pulsion de mort.
Un juge intérieur sévère lui répète qu’il est un « mauvais objet » : nul, imparfait, incorrect, inexistant, incompétent, indigne, inadéquat, inutile, inefficace, insignifiant, etc.
Ces introjections le maintiennent précisément attaché à sa blessure narcissique et à ses parents de manière fantasmagorique.
Pour retrouver un sentiment grandiose d’importance, il cherche à vous transmettre son traumatisme. Ainsi, si vous acceptez sa relance, vous devrez de nouveau vous soumettre à ses contradictions, car il ne peut se détacher des introjections infantiles qu’il projette constamment sur vous.
L’anxiété constante du narcissique
Que vous restiez dans la relation ou que vous partiez, il continue de ressentir son anxiété et sa blessure narcissique. C’est pour cette raison qu’il ne parvient pas à se séparer complètement de vous, même si cela contredit sa folie des grandeurs et son narcissisme. Cependant, il ne peut pas s’en empêcher.
C’est pourquoi il maintient sa « compulsion de répétition » autour de son fantasme partagé. Pour s’apaiser, il ravive son idéalisation de l’objet interne et de vous, mais finit toujours par vous dévaloriser à nouveau, vous forçant à endosser le rôle d’une personne malveillante, stupide et mentalement malade.
Lisez l’article intitulé La compulsion de répétition des narcissiques.
Son renforcement intermittent
Le narcissique utilise un autre mécanisme appelé « renforcement intermittent ». En raison de l’ambivalence qui le pousse autant à vous idéaliser qu'à vous dévaloriser, il souffle le chaud et le froid, instaurant un cycle de punitions où tension et violence alternent avec apaisement et gestes affectueux.
Il fusionne avec vous pour ensuite vous rejeter, vous dévaloriser et vous dénigrer. Il vous couvre d’attentions, puis vous néglige. Il vous complimente, mais sape votre estime personnelle. Il vous offre un foyer, mais reste absent. Il dit vous aimer, mais détruit votre intégrité psychologique.
Vous gardez l’espoir que la relation s’améliore, car il y a suffisamment de bons moments pour que vous continuiez à y croire.
Vous périssez lentement à ses côtés
Lorsqu’il vous idéalise et se montre aimant, charmant, adorable, drôle, intelligent et attentionné, vous continuez à vous attacher à lui, oubliant ce qu’il vous a fait endurer. Déstabilisé(e) par cette intermittence, vous en venez à douter de vous-même, croyant que c’est vous qui déclenchez ses réactions, surtout si vous souffrez de dépendance affective. Dans ce cas, vous vous sentez coupable et responsable de ses maltraitances, car, durant votre enfance, vous avez développé ce que la psychologie appelle des « défenses autoplastiques », qui vous poussent à vous sentir fautif(ve).
En raison de ces défenses, vous vous dites que si vous essayez de faire mieux, son amour et son acceptation reviendront. Vous en venez à penser que la cause de sa dévalorisation réside dans vos propres défaillances. Vous perdez progressivement confiance en vous, convaincu(e) que tout ce que vous faites n’est jamais assez bien.
Pour cesser de vous culpabiliser, vous devez comprendre ceci : le narcissique vous fait sa partenaire uniquement dans le cadre de son fantasme partagé.
Dès le début de la relation, il souhaite que vous incarniez le rôle de sa mère. Il veut que vous l’aimiez de manière totale et inconditionnelle, comme une « bonne mère ».
Il vous contraint donc à endosser cette figure maternelle pour pouvoir symboliquement se séparer de sa propre mère. La seule manière pour lui d’y parvenir est de se détacher de vous, afin de devenir son propre maître, un adulte autonome et épanoui. Pour cela, il doit vous dévaloriser et vous rejeter.
Cependant, il ne deviendra jamais autonome et épanoui s’il continue à se percevoir comme un enfant victime de sa mère et à porter en lui cet « objet interne maman ».
Pourquoi le narcissique est-il figé dans cette dynamique interne ?
Dans la dynamique originelle de son histoire personnelle, le narcissique a été dévalorisé et rejeté par sa propre mère, qui ne faisait qu’établir des transactions avec lui. Au lieu de lui offrir un amour inconditionnel, constant et fiable, elle l’a instrumentalisé, voire maltraité. Maintenant que la matrice de pouvoir a changé et qu’il est devenu la partie forte et puissante, il vous fait subir la même chose, car vous êtes devenu(e) sa mère de substitution. Ainsi, il poursuit sa relation avec sa mère à travers vous.
Il ne vous permet pas de vous séparer de lui, tout comme sa mère ne lui permettait pas de se détacher d’elle. Il vous dévalorise et vous rejette de la même manière qu’elle le faisait lorsqu'il n’était pas à la hauteur ou lorsqu’il tentait de s’en éloigner.
En conséquence, il vous dévalorise et vous rejette pour mieux se séparer de vous, sa « mère ». Cela signifie que vous n’y pouvez rien.
Il est essentiel de le comprendre, affirme le professeur Sam Vaknin : « Ses maltraitances ne sont pas de votre faute. Vous n’avez rien fait de mal. Ses comportements ne vous concernent pas. »
Mais quelle est ma participation à son fantasme partagé ?
Si vous vous posez cette question, sachez qu’étant hypnotisé(e), vous restez inconsciemment figé(e) dans la phase d’idéalisation et de maternage mutuel, en vous sentant complètement accepté(e). Vous vivez dans un état de régression infantile.
Par conséquent, vous ne pouvez pas croire à son changement soudain, insupportable et incompréhensible, surtout si vous souffrez de dépendance affective. Ainsi, vous continuez à rêver…
Vos traumatismes psycho-émotionnels de l’enfance
La dépendance affective et le trouble de stress post-traumatique sont intrinsèquement liés. Comme les narcissiques, vous avez subi des traumatismes émotionnels qui ont pu entraîner une dévalorisation, une faible estime de soi et un manque de confiance.
Pourtant, vous essayez de donner le meilleur de vous-même et de raviver la relation par votre joie de vivre et votre amour.
Cependant, vous êtes incapable de fixer des limites. Vous laissez le narcissique vous contrôler, vous dominer et vous blâmer. Vous vous suradaptez à ses abus par peur de l’abandon et par un besoin de fusion et de structure à ses côtés.
Votre structure psycho-émotionnelle est fragile
Votre équilibre interne et émotionnel dépend donc de votre narcissique. Pour cette raison, vous faites de lui votre gourou, votre maître, voire votre bourreau. Malgré ses comportements, vous lui donnez tout ce qu’il demande, implicitement ou explicitement. Vous devenez sa mère, sa servante, sa poupée sexuelle et la source de sa provision narcissique. Vous travaillez dur pour lui, vous occupez de ses besoins compulsifs ainsi que de ses besoins fondamentaux. Vous vous dévouez entièrement à lui, créant ainsi l’illusion d’une solidarité, d’une complicité ou d'une intimité dans votre couple, alors qu’il agit en sens inverse.
Le narcissique vous exploite
En acceptant tout ce que vous lui offrez, il vous exploite. Par exemple, il peut accepter que vous mettiez votre maison à sa disposition, si vous en possédez une, ou que vous preniez en charge ses dépenses, achetiez ses vêtements, payiez les restaurants et divertissements, et lui offriez des cadeaux coûteux comme les voiles de son bateau. Il peut aussi vous amener à régler ses dettes, en plus de faire les courses, de cuisiner les repas, de nettoyer la maison, etc.
Vous devenez son otage
Non seulement il ne ressent aucune gratitude, mais il fait de vous son otage. Il vous pousse à vous éloigner de votre famille et de vos amis. Il ne vous encourage pas à vous entourer d’un cercle social, car lui-même n’en a pas. Vous vous retrouvez donc isolé(e), car il ne s’intéresse absolument pas à ce que vous ressentez et reste indifférent à ce que vous vivez à ses côtés. À ses yeux, vous n’êtes qu’un déchet ; il ne vous voit tout simplement pas ! C’est ainsi qu’il contrôle la relation et obtient sa provision narcissique. En vous traitant de cette manière, il se sent omniscient, omnipotent et supérieur.
Voici une courte liste de ce qu’il peut vous faire :
Négligence et abus psychologiques : Il vous néglige et utilise le mépris, le harcèlement, les moqueries, la coercition, la violence, l’humiliation et les brimades pour vous détruire.
Justification de ses abus : Il justifie ses comportements répétitifs en se positionnant comme votre victime, se sentant ainsi légitimé à vous maltraiter et à vous ignorer.
Refus de reconnaître ses torts : Il n’accepte pas vos protestations lorsque vous évoquez ses comportements factuels. Il retourne les situations en sa faveur et contre vous.
Invalidation de vos émotions : Il invalide vos émotions, en particulier votre colère légitime, et vous fait douter de vous en minimisant la gravité de ce que vous vivez avec lui.
Utilisation de vos confidences contre vous : Il se sert des confidences que vous lui avez faites pour vous blesser.
Attaques personnelles : Il évoque une maladie mentale pour vous traiter de « folle » (ou de « fou »).
Réponses cruelles à vos émotions : Si vous pleurez à cause d’une phrase blessante, il peut répondre : « Va te faire soigner. Je ne suis pas ton infirmier psychiatrique. » Ou encore : « Tes larmes me tombent dessus comme la pluie sur les plumes d’un canard. »
Contrôle passif-agressif : Le narcissique caché, passif-agressif, vous contrôle par la frustration constante, l’opposition, le désintérêt sexuel, l’indifférence glaciale et le traitement silencieux. Il vous empêche de vous exprimer.
Abus sexuels : Le narcissique somatique vous blesse par la sexualité sadique qu’il vous impose, parmi d’autres comportements cruels.
Ses comportements génèrent en vous une souffrance insupportable
Vous ressentez l’agonie d’être constamment nié(e). Mais en raison de votre fragilité psychologique et de votre peur de l’abandon, vous restez dans cette situation intolérable, qui ne fait que détruire davantage votre intégrité psychique. Identifié(e) à votre « personnage » dépendant, vous continuez à jouer le rôle de mère, de souffre-douleur, de domestique, d’esclave, de victime et d’objet exploitable à volonté. Votre suradaptation à son abus est proportionnelle à votre incapacité à fixer des limites et à répondre à vos besoins fondamentaux d’amour, de respect et d’attention.
Votre trouble de stress post-traumatique (TSP)
Si, enfant, vous avez eu un parent narcissique, vous avez intériorisé sa violence. Vous avez incorporé son absence, ses jugements, ses insultes et ses maltraitances, ainsi que toutes les manipulations de sa psychopathie : contrôle et possession de votre personne. Hypnotisé(e) par ces introjections, vous en venez à vous négliger, à vous ignorer, à vous nier, voire même à vous détruire, car dans votre esprit, vous restez cet enfant toujours attaché à ce parent, cet objet interne persécuteur et idéalisé.
Vous reproduisez le même schéma avec votre narcissique
Actuellement, en état de régression, vous faites l’introjection de son image en tant qu’objet persécuteur idéalisé. Vous ruminez ses messages dénigrants, intégrant ainsi son programme de destruction de votre intégrité psychique.
Vous en venez à douter de vous-même, à vous dire que vous êtes malade mental(e), que vous perdez la tête, que vous n’auriez pas dû exprimer vos émotions, que vous auriez dû vous taire. Vous invalidez vos émotions et pratiquez ainsi un décervelage hypnotique contre vous-même !
Comment fonctionnent vos défenses autoplastiques ?
Ayant développé des défenses « autoplastiques » au sein de votre famille dysfonctionnelle, en particulier si vous avez subi l’emprise d’un parent narcissique, vous vous sentez coupable des traitements que votre narcissique vous inflige. Vous vous sentez responsable de la rage qu’il déverse sur vous, ainsi que de tout ce qui se passe dans vos interactions.
Ne pas reconnaître que cette culpabilité trouve son origine dans votre enfance vous empêche de respecter vos besoins fondamentaux et vos frontières psychoaffectives. Mais même lorsque vous tentez de les respecter, le narcissique ne les accepte pas. La seule solution est donc de le quitter. Sinon, vous devenez une victime consentante de son abus narcissique.
Votre infidélité comme acte symbolique
Que se passe-t-il si vous êtes une dépendante affective plutôt « active » ? Vous décidez de trahir le narcissique.
À ce stade, vous ressentez le besoin de rétablir votre estime de soi et votre équilibre. Vous envisagez de poser un acte de défi et d’indépendance. L’infidélité devient pour vous un acte symbolique, une tentative de restaurer votre dignité, de récupérer votre pouvoir, votre féminité ou votre masculinité. Vous cherchez à racheter l’être humain que vous êtes.
Avoir des rapports sexuels avec quelqu’un d’autre peut sembler être une façon de vous revaloriser, un moyen de vous libérer des miasmes de cette relation toxique. Et même si vous ne passez pas à l’acte, l’idée vous traverse l’esprit.
L’infidélité collusive : une stratégie des narcissiques
Votre narcissique vous pousse à le trahir, car, à ses yeux, vous n'êtes que la mère dont il doit se détacher. Par son absence et ses maltraitances, il vous incite à le quitter : c’est sa compulsion de répétition. Vous tombez ainsi dans le piège de l’infidélité collusive.
Par exemple, le narcissique cérébral vous pousse à bout avec son désintérêt pour les rapports sexuels. Il veut voir jusqu’où il peut aller avant que vous ne craquiez, et vous finissez par le trahir. Cependant, il se sent omniscient, convaincu de contrôler vos actions, et il se perçoit comme moralement supérieur parce qu’il reste « fidèle ».
Lisez l’article intitulé : La compulsion de répétition des narcissiques.
Cinquième phase : négociation et 2e type d’abus
Si les quatre phases précédentes ont duré longtemps, la cinquième phase pourrait être plus courte. À ce stade, vous ressentez le besoin pressant de restaurer l’équilibre entre vous et le narcissique. Vous souhaitez lui faire comprendre que ce que vous vivez à ses côtés est insupportable. Vous proposez des alternatives, tentez de négocier, de communiquer et d’établir un accord avec lui. Vous décidez de poser vos conditions et de lui demander de changer.
Cependant, le narcissique ne peut pas vous écouter, car il vit dans le déni de sa psychopathie. Il déteste vos demandes, et encore plus vos plaintes.
Lorsque vous essayez de négocier, il passe au deuxième type d’abus, marqué par une intensification de son contrôle. Cela se manifeste par son rejet constant. De manière délibérée, il vous abuse sur les plans psychologique, émotionnel, sexuel et financier. Il devient de plus en plus agressif et absent, refuse de communiquer, car il ne vous supporte plus et cherche à vous éliminer de sa vie.
La violence du narcissique classique
Dans cette cinquième phase, la violence du narcissique devient consciente. Cependant, il ignore qu’elle est le reflet de son conflit non résolu avec sa mère.
S’il a un profil antagoniste classique, sa violence verbale et physique s’exacerbe. Ses punitions s’intensifient, et il devient cyniquement agaçant, irritant et très sadique.
Il projette sur vous sa propre stupidité, ses faiblesses, ses peurs et sa dévalorisation à travers sa rage destructrice. Sa sexualité devient sadique, et, de plus, il vous trahit.
Il vous néglige, ne vous accorde aucune attention ni aucun crédit pour votre présence dans sa vie ou pour votre constance dans la relation. Il reste indifférent à votre amour et à votre solidarité et refuse toute tentative de négociation.
Vous devenez encore plus la cible de ses messages blessants, de ses reproches et de ses punitions terribles, qu’elles soient verbales, physiques, sexuelles, psycho-émotionnelles ou financières. Vous vivez ainsi dans l’agonie d’être constamment nié(e).
Lisez l’article intitulé Les narcissiques classiques.
L’agression passive du narcissique caché
Le narcissique caché, passif-agressif, n’est pas moins sadique. D’apparence tranquille, il est extrêmement absent et vous impose sa rage passive.
Il contrôle la relation en vous frustrant constamment par son opposition, sa distance émotionnelle, son mutisme et l’invalidation de vos émotions, de vos désirs et de vos besoins légitimes. Toute communication significative avec lui est évitée.
Il vous rejette sans cesse par le traitement silencieux : il ne vous remarque pas, ne vous regarde pas, ne vous écoute pas et ne communique pas avec vous.
Si vous le soutenez économiquement, il ne reconnaît ni vos efforts ni vos attentions, et il ne perçoit pas non plus votre fatigue, car il est dépourvu d’empathie.
Il vous punit par une indifférence glaciale, des attitudes méprisantes et un refus de communication, vous plongeant ainsi dans un isolement total.
Sans aucune pitié, il vous tourne le dos et se retire dans ses activités, son travail ou devant l’écran de son ordinateur pour s’amuser et rêver.
Il vous laisse seule à la maison, vous ignorant complètement, pendant que vous travaillez et vous occupez des enfants, si vous en avez.
Vous ressentez clairement qu’il n’y a aucune intimité ni complicité possible, car il refuse tout abandon à vous. En réalité, il reste attaché par un fil invisible au fantasme de sa mère. À ce sujet, je vous recommande de visionner le film The Phantom Thread, réalisé par Paul Thomas Anderson, avec Daniel Day-Lewis et Vicky Krieps. C’est poignant.
Lisez l’article intitulé Les narcissiques cachés.
Ce que vous ressentez et vos symptômes
Des décennies de souffrance remontent à la surface de votre conscience. Parce que vous aimez le narcissique et vous sentez très attaché(e) à lui, ses comportements déclenchent en vous des déferlements émotionnels intenses. Mais lui, sans cœur et dépourvu d’empathie, ne vous embrasse pas et ne vous console pas.
Si votre dépendance affective est profonde et que vous dépendez financièrement de votre agresseur, vous continuez à vous suradapter. Puisqu’il ne répond pas à vos tentatives de négociation, vous devenez très émotif(ve).
Cependant, vos explosions émotionnelles ou vos protestations légitimes ne font que lui prouver que vous n’êtes pas la personne qui lui convient. En conséquence, les violences qu’il utilise pour vous écarter de sa vie se manifestent de manière de plus en plus ouverte, réactivant vos blessures du passé et intensifiant votre souffrance.
Vos signes de détresse dans cette phase peuvent être les suivants :
Vous doutez de vous-même et avez perdu toute confiance en vous.
Vous êtes incapable d’exprimer vos besoins légitimes et de vous affirmer.
Vous vous éloignez de votre environnement, de votre famille et de vos amis, car vous avez honte et préférez vous cacher.
Vous êtes donc isolé(e), sinon extérieurement, du moins intérieurement, car rempli(e) de honte, vous n’osez pas vraiment parler de ce qui se passe dans votre couple.
Vous renforcez la croyance qui gouverne votre vie depuis l’enfance, vous convainquant que vous êtes incorrect(e), insuffisant(e), nul(le) ou indigne d’être aimé(e).
Vous sabotez votre activité, votre carrière ou votre vie professionnelle.
Vous mettez votre vie de côté pour plaire à votre narcissique et répondre à son programme de destruction, car vous êtes hypnotisé(e) par lui.
Vous avez peur de lui et marchez sur des œufs par crainte de ses réactions.
Vous vivez dans le déni de ce qui se passe, espérant qu’un jour il changera ou acceptera de faire une thérapie.
Vous commencez à développer des symptômes psychosomatiques.
Vous sombrez dans la dépression ou vous vous anesthésiez avec des pilules, devenant comme un zombie.
Vous vous ignorez plus que jamais et vous vous négligez.
Finalement, vous vous réveillez du cauchemar !
Vous prenez conscience de l’enfer dans lequel vous vous trouvez.
Vous remarquez l’instrumentalisation du narcissique, le rôle que vous avez joué à ses côtés et peut-être même celui que vous avez joué auprès de vos parents.
Vous comprenez que les comportements de votre narcissique sont extrêmement toxiques et que vous ne pouvez plus continuer à subir son abus.
Vous voyez clairement que cette relation ne repose sur aucune réciprocité et ne génère aucun sentiment d’amour, de complicité ou de bien-être.
Votre bonne volonté se fragilise et vous admettez qu’en réalité, cette interaction a été sordide depuis le début, une source croissante de peur et de souffrance.
Sixième phase : la destruction du fantasme partagé
Cette phase peut progresser très rapidement. Elle se caractérise par l’émergence d'un désir de vengeance de votre part, un désir de mortifier le narcissique.
Vous ressentez une colère légitime. Frustré(e) et poussé(e) par cette colère, vous défiez son arrogance et souhaitez lui faire du mal. Vous éprouvez le désir de le blesser, de l’humilier, de lui faire comprendre qu’il ne compte plus pour vous.
C’est peut-être la première fois que vous ressentez une colère aussi dévorante et un tel désir de vengeance. Vous vivez la contagion de son émotivité négative, car vous avez perdu votre joie de vivre.
Vous confrontez le narcissique
Vous lui dites avec hargne qu’il est malade, fou, sadique, qu’il est un pervers narcissique, et que vous ne pouvez plus tolérer ses comportements ni sa rage narcissique. Mais cela ne l’atteint pas, car c’est précisément ce qu’il recherche.
Puisqu’il est sadomasochiste, il vous pousse à l’agresser pour mieux justifier son rejet. En l’agressant, vous lui offrez l’occasion de se poser en victime. Donc, vous lui envoyez des messages dénarcissisants.
Son sentiment d’humiliation
L’humiliation est insupportable pour le narcissique, surtout lorsqu’il vous dévalorise. C’est la punition la plus terrible que vous puissiez lui infliger, car il souffre d’un complexe d’infériorité. Lorsque vous mettez en lumière ses insuffisances et sa psychopathie avec des messages dénarcissisants, il se sent terriblement dénigré.
Attention ! Vous pouvez fragiliser ses défenses bien plus que vous ne l’imaginez.
Bien qu’il puisse être déstabilisé momentanément, il réagira ensuite par une attaque très violente. Cette fois, il pourrait même passer à l’acte physiquement.
Son désir de vengeance devient conscient
Le fantasme partagé du narcissique, autrefois si important pour lui, touche à sa fin. Il ne peut plus supporter vos émotions, vos protestations chargées de colère, vos pleurs ni votre manière de le confronter. Son désir de vengeance devient alors pleinement conscient.
Cependant, sa rage contre sa mère d’origine reste enfouie dans son inconscient. Ainsi, il veut vous faire souffrir ; il veut vous rendre fou (folle).
Il est déterminé à intensifier ses punitions et à orchestrer votre destruction. Il souhaite votre mort ! Son « faux self » vous hait, vous déteste et vous exècre, car vous êtes devenu(e) la source de son déplaisir.
Votre masochisme et votre empathie exagérée
Êtes-vous une personne masochiste ou un(e) saint(e) hyperempathique ? Si c’est le cas, il est crucial de comprendre votre dynamique interne.
Si, malgré l’abus narcissique que vous subissez, vous ne quittez pas votre narcissique, ne le trahissez pas, ni ne l’agressez, et qu’au contraire, vous continuez à l’aimer ou à prendre soin de lui, cela peut indiquer un certain masochisme.
Il se peut aussi que vous n'ayez pas les ressources nécessaires pour partir, que vous ayez peur de vivre de manière autonome ou encore que vous soyez un(e) saint(e) hyperempathique. Dans ce dernier cas, vous entretenez un délire de grandeur.
Cependant le narcissique vous déteste dans chacun de ces cas, car vous l’empêchez de se séparer de vous. Il redouble donc de violence. En conséquence, vous risquez de sombrer dans une dépression très grave, surtout si vous êtes isolé(e), ce qui est souvent le cas des victimes de narcissiques.
Vos signes de détresse dans la 6e phase peuvent être les suivants :
Vous entrez dans un état de dépression profonde.
Vous faites l’introjection de son absence psychoaffective, ce qui vous déchire.
Vous pensez souvent à le quitter, mais au lieu de passer à l’acte, vous pleurez ou résistez.
Vous vous enfermez dans une bulle et commencez peut-être à penser souvent à la mort, voire au suicide.
En dépression, vous ruminez les souvenirs de ce « bébé » qui vous aimait, vous idéalisait et vous maternait, alors qu’il est devenu un véritable vampire.
Vos sentiments de honte et la peur de parler aux autres de ce qui se passe réellement dans votre couple persistent, vous poussant à vous isoler davantage.
En état de choc, vous ne parvenez pas à envisager vos ressources ou d’autres solutions, car vous vous sentez déchiré(e) et anéanti(e).
Votre dépression
À moins de théâtraliser votre souffrance, vous sombrez dans la dépression. En entrant dans le cimetière du fantasme partagé avec un narcissique, vous avez renoncé à vous-même et à votre propre vie. Vous lui avez offert votre autonomie et votre pouvoir personnel. Dès l’instant où vous avez embrassé son délire de grandeur, il a assassiné votre joie de vivre et l’amour que vous ressentiez dans votre cœur. Il a écrasé votre enthousiasme.
Votre « moi souffrant » languit d’amour, et votre mémoire rejoue sans cesse le scénario où votre narcissique semblait vous aimer. Votre blessure d’amour est désormais une déchirure à vif, confirmant votre personnage émotionnellement dépendant.
Vous ressassez l’abandon, la solitude, la trahison, l’humiliation, l’injustice et le manque d’amour que vous avez vécus avec lui, tout en ruminant également le scénario traumatique de votre enfance.
Lisez l’article intitulé : Le syndrome de l’otage chez les enfants.
Où votre attention se focalise-t-elle ?
Lorsque vous vous auto-hypnotisez en évoquant ces images et que vous vous identifiez à l’observateur qui les contemple, vous vivez dans le passé, non dans le présent. Vous ne savez pas vraiment qui vous êtes.
Votre attention se focalise sur un « moi souffrant » et sur son enfer, composé de doutes, de manque d’amour, de vide intérieur et de perte. Lorsque cet enfer devient votre seule réalité, vous pourriez envisager le suicide.
Il est donc essentiel de comprendre que vous avez été victimisé(e) non seulement par un pervers narcissique, mais aussi par votre propre « moi souffrant », qui peut être aussi impitoyable que lui.
Il est fondamental d’apprendre à utiliser les outils de la Déshypnose Identitaire pour écouter la voix de votre être authentique, et non celle de votre narcissique ou de vos parents, qui sont devenus vos « objets internes ». C’est le seul moyen de sortir définitivement du rôle de victime.
Lisez l’article intitulé La déshypnose des objets internes.
Le narcissique dramatise sa rage
De son côté, le narcissique dramatise sa rage. En cherchant à obtenir un triomphe symbolique sur la mère que vous représentez pour lui, il peut devenir extrêmement violent, éprouvant une sorte d’extase en vous voyant souffrir, même s’il est conscient de votre dépression. Il fait tout pour vous rendre fou (folle) et vous pousser à l’autodestruction.
C’est ainsi qu’il s’accroche à son sentiment d’importance. Il se sent supérieur et se persuade d’avoir une excellente santé mentale en comparaison avec la vôtre. Il vous condamne et vous élimine de son cercle familial et social, sans aucun remords. Pendant que vous dépérissez, il se sent euphorique, radieux et plein d’énergie !
Vous êtes devenue la source de sa provision narcissique sadique. C’est pourquoi le Professeur Sam Vaknin déclare : « Votre souffrance est sa guérison, et votre crucifixion, sa résurrection. » Lisez l’article intitulé La provision narcissique.
Septième phase : le rejet final
Cette relation toxique se termine lorsque le narcissique vous expulse de sa vie parce que vous ne le satisfaites plus, n’étant plus la source de sa provision narcissique.
Il fait preuve d’un sadisme extrême, se percevant comme votre victime. Il vous traite alors avec une cruauté inhumaine, et vous vous retrouvez confronté(e) à un mur de déni, d’insensibilité et d’arrogance.
Lors de la séparation, il vous élimine de sa vie et vous efface comme on supprime un document d’un clic sur un ordinateur, car il ne ressent aucun amour.
Si c’est vous qui partez, il se montre indifférent à votre situation financière, sociale ou professionnelle, même si vous avez des enfants ensemble ou que vous l’aviez soutenu économiquement pendant des années. Il vous accuse, implicitement ou ouvertement, de l’avoir quitté(e), alors que c’est lui qui vous y a poussé(e).
Il ne fait le deuil de personne
Il vous a déjà oublié(e) pendant que vous faites votre propre deuil. Vous êtes interchangeable, et il trouvera rapidement une nouvelle personne idéale pour continuer sa compulsion de répétition et son fantasme partagé. Lisez l’article intitulé La compulsion de répétition des narcissiques.
Contrairement à vos défenses « autoplastiques », qui vous font vous sentir coupable si vous êtes dépendant(e) affectif(ve), le narcissique a développé ces défenses « alloplastiques » durant son enfance pour s’adapter aux souffrances vécues dans une famille dysfonctionnelle. En raison de ces défenses, il ne se sent jamais responsable ou coupable de quoi que ce soit. Au contraire, il détourne les événements à son avantage et rejette sur vous le blâme.
Il se sent votre victime
Lorsqu’un narcissique se croit votre victime, il s’arroge tous les droits sur vous !
La psychologue belge Véronique Timmermans déclare : « Notre société produit des narcissiques à qui l’on apprend que le statut de victime confère du pouvoir. »
Par conséquent, lors de la séparation, le vôtre n’hésite pas à vous dénigrer dans votre cercle familial et social. Il convainc sa famille, la vôtre et vos amis, si vous en avez, que vous êtes un(e) malade mental(e). Il oublie vos sacrifices, tout ce que vous lui avez donné, et toutes les bonnes choses que vous avez partagées ensemble.
De cette façon, il se persuade qu’il ne vous doit rien et s’octroie tous les droits sur vous !
Par exemple, s’il vous doit de l’argent, il vous fait signer un document affirmant qu’il ne vous doit rien. Si vous signez, c’est parce que vous avez peur de lui.
Ainsi, il ne vous remboursera jamais, car, se croyant victime, il s’autorise à vous voler.
Son statut de victime donne un sens à sa vie. Son narcissisme et sa victimisation ne font qu’UN.
Votre état de choc et votre traumatisme
À ce moment, il est essentiel de ne pas minimiser votre état de choc : il est réel, il est organique. Vous pouvez ressentir votre corps comme s’il était en contact avec un câble électrique, ou bien vous pouvez être incapable de dormir. Vous souffrez peut-être de stress post-traumatique, de dépression, et êtes envahi(e) par une colère croissante, une honte toxique insupportable, ou une immense culpabilité.
Pensez à vos ressources !
Cherchez de l’aide, parlez avec vos amis, votre famille et consultez un médecin. Avec bienveillance, confrontez la douleur d’avoir été instrumentalisé(e), dévalorisé(e), rejeté(e), utilisé(e), abandonné(e), trompé(e), trahi(e), maltraité(e), humilié(e), dominé(e), contrôlé(e) et traité(e) injustement. Envisagez de commencer une thérapie avec un professionnel. Surtout, explorez la Déshypnose Identitaire que je propose dans mon cours.
Parlez avec un bon avocat
De la même manière qu’il existe toujours un antidote à un poison, il existe toujours un remède à une situation empoisonnante. Le divorce est souvent considéré comme l’un des événements les plus traumatisants pour les enfants, mais divorcer d’un narcissique est peut être très salutaire pour eux.
Cherchez de l’aide et parlez avec un avocat qui puisse vous guider vers une procédure adaptée à votre situation particulière. Prenez le temps nécessaire pour préparer le divorce ou la séparation, mais ne restez pas figé(e) dans une zone de confort qui ne fait qu’ajouter à votre souffrance.
Utilisez la dérision !
Voici une petite blague de Sam Vaknin : « La princesse qui embrasse un crapaud le transforme en prince. La femme qui embrasse un prince ostentatoire découvre avec horreur qu’il n’est même pas un crapaud ! »
Un effondrement salutaire
Ce que vous vivez est un effondrement réellement salutaire. C’est l’opportunité que vous offre la vie pour vous réveiller définitivement de votre hypnose identitaire ou de votre dépendance affective. L’éveil implique d’évoluer vers votre autonomie d’adulte et d’apprendre à écouter la voix de votre être authentique.
Le professeur Sam Vaknin déclare : « L’amour exige le respect de sa propre altérité, ainsi que de celle de l’autre. C’est une séparation féconde et non une fusion stérile fondée sur la dépendance ou sur la régulation émotionnelle et l’équilibre personnel à travers l’utilisation de l’autre. L’amour est synonyme de croissance personnelle et de maturité, et non d’infantilisation au stade du bébé. La personne qui vit en état régressif entretient des fantasmes destructifs, comme le fantasme partagé. L’amour est également le triomphe du discernement et de la sagesse sur les fantasmes infantiles et les fausses croyances de soi. »
Alors, consacrez votre précieuse vie à évoluer…
Le grand poète Rūmī disait :
« Votre tâche n’est pas de chercher l’amour, mais de découvrir et de démanteler toutes les barrières que vous avez érigées contre l’amour. »