La paranoïa des narcissiques
15 janv. 2025
Imaginez quelqu’un identifié à son hologramme – une image de son corps et une représentation de son mental – ayant perdu l’accès à son êtreté, son entièreté et sa plénitude.
Un tel individu imiterait les humains sans jamais pouvoir en être un. Et, comme les hologrammes, il dépendrait des autres pour activer le mécanisme de son « apparition » dans l’espace.
Les narcissiques, par exemple, vivent dans la terreur du vide et de leur propre disparition. Ils dépendent des autres pour se percevoir à travers une image identitaire, toujours en quête d’attention et de validation.
Exemple : Un homme entre dans une salle pleine de monde. Il ne remarque pas les visages ni les conversations ; il ne cherche qu’une chose : des regards qui le fixent, leur attention, des applaudissements – des preuves tangibles de son existence. Cet homme est un hologramme vivant : éclatant à l’extérieur, vide à l’intérieur, et sans frontières spatiales.
Cette « existence holographique », entièrement façonnée par le regard des autres, repose sur des mécanismes de défense sophistiqués qui protègent le narcissique de sa plus grande peur : se retrouver face à son propre vide.
Quelle est l’expérience intérieure des narcissiques ?
Après plus de 35 ans d’étude des comportements narcissiques, le professeur de psychologie clinique Sam Vaknin affirme que tous les narcissiques pathologiques sont paranoïaques. Il s’est interrogé : « Quelle est l’expérience intérieure des narcissiques ? » Voici sa réponse :
« L’expérience intérieure d’un narcissique est celle d’un tout petit enfant terrifié, confronté à sa propre disparition à maintes reprises. Être narcissique, c’est vivre une expérience proche de la mort, confronté au vide abyssal qui l’habite. Il n’est qu’une absence, sans accès à sa nature essentielle. Dans ce sens, il est annulé et annihilé de l’intérieur. »
Cet article est ma synthèse des enseignements du professeur Sam Vaknin au sujet de la paranoïa des narcissiques et de tous ceux qui souffrent des troubles de l’identité.
Bien que la moitié des narcissiques soient des femmes, j’emploie le masculin pour des raisons de simplicité linguistique.
Introduction : à quoi renvoie le mot paranoïa ?
Le mot paranoïa provient du grec « pará », qui signifie « à côté de », et du mot « nóos », qui signifie « esprit ». Une personne qui s’identifie à son reflet ou image vit en marge de la force vitale de sa nature essentielle. Ce phénomène hypnotique altère la perception de la personne, la détournant de sa propre réalité vivante.
La paranoïa est un terme employé en psychologie et en psychiatrie pour désigner un état mental marqué par une méfiance excessive envers autrui, pouvant aller jusqu’au délire de persécution. Elle se caractérise par une interprétation erronée des intentions des autres, qui sont perçus comme dangereux, menaçants, hostiles, malveillants ou nuisibles.
Cette focalisation excessive de l’attention sur le danger trouve son origine dans une insécurité ontologique (du grec « ontos », qui signifie « être »).
Il convient de noter que toutes les personnes atteintes de troubles de la personnalité – comme les individus narcissiques, schizoïdes ou les personnalités borderline, qui oscillent entre la névrose et la psychose – souffrent d’une insécurité ontologique et peuvent, par conséquent, développer des tendances paranoïaques.
Ces personnes deviennent souvent très suspicieuses et construisent des idéations paranoïaques. Elles pensent que les autres les critiquent, parlent d’elles ou se moquent d’elles. Ces idéations amènent ces individus à percevoir les autres comme des « objets persécuteurs ».
Sam Vaknin affirme à ce propos : « Je crois que le diagnostic de trouble de la personnalité paranoïaque devrait être aboli, car toutes les personnes atteintes d’un trouble de l’identité deviennent, tôt ou tard, inexorablement paranoïaques à un moment de leur vie. »
La paranoïa des narcissiques
En raison de leur trouble de stress post-traumatique, de leur noyau schizoïde, de leur vide terrifiant et de leur insécurité ontologique – tels qu’expliqués dans mes articles –, leur paranoïa s’accompagne d’une altération de la perception de la réalité, d’un trouble du jugement, ainsi que d’un besoin compulsif d’accuser, de blâmer et de punir les autres.
En proie à leur propre paranoïa, les narcissiques cachés s’éloignent de leurs proches, se replient socialement et adoptent une pseudo-humilité face aux autres, par crainte que leurs insuffisances ne soient exposées. Pour comprendre les raisons de leur comportement, cliquez ici : Les narcissiques cachés.
Les narcissiques classiques développent une hypersensibilité aux critiques et une tendance à interpréter les événements comme ayant une signification personnelle. Ils vivent dans la crainte constante que leurs imperfections ou leurs défauts soient révélés. Pour comprendre les raisons de leur dynamique interne, cliquez ici : Les narcissiques classiques.
Les narcissiques, qu’ils soient classiques ou cachés, entretiennent souvent des pensées obsessionnelles au sujet des intentions cachées de ceux qui les entourent. Lors de leurs crises paranoïaques, ils s’imaginent au centre d’une collusion ou d’un complot, que ce soit de la part de leur partenaire intime ou d’un groupe de personnes, par exemple sur leur lieu de travail ou dans le pub du quartier.
Leur idéation paranoïaque est autoréférentielle
Les narcissiques pathologiques ont tendance à penser que les autres parlent d’eux, se moquent d’eux ou colportent des ragots à leur sujet, ce qui nourrit leur méfiance. Avec le temps, cette méfiance les conduit inexorablement à développer des idées paranoïaques. Nombre d’entre eux en viennent même à présenter un véritable délire de persécution.
Ils pensent, par exemple, qu’on se moque d’eux, qu’on les ridiculise, qu’on les critique dans leur dos, ou qu’un complot à l’échelle nationale se trame contre eux. Ils s’imaginent que leur femme va les trahir, que quelqu’un envisage de les assassiner, que le FBI est à leurs trousses, que la CIA les espionne, ou même que les forces de la nature vont se retourner contre eux, et ainsi de suite.
Qu’il s’agisse d’un complot impliquant un seul individu, un groupe de personnes ou des institutions, les narcissiques pathologiques se placent toujours au centre de leurs idéations paranoïaques complexes. En ce sens, leur paranoïa constitue une autre forme de grandeur.
Les expressions de paranoïa et de méfiance des narcissiques, qu’elles se manifestent dans le couple, la famille ou d’autres relations interpersonnelles, sont loin d’être agréables ou faciles à vivre. Au contraire, quiconque a partagé son quotidien avec un narcissique a dû affronter ses phases de suspicion, de paranoïa, de complots, d’espionnage, de jalousie délirante, d’envie destructrice, et bien d’autres encore. Pour comprendre ces comportements, il est essentiel d’analyser le mécanisme d’identification projective.
L’identification projective : un mécanisme lié à la paranoïa
Pour préserver sa cosmologie égocentrique, le narcissique se voit contraint d’attribuer ses propres motifs et dynamiques psychologiques aux autres. Ces dynamiques, dans la plupart des cas, n’ont que peu de rapport avec la réalité. Elles sont projetées sur autrui pour permettre au narcissique de maintenir son récit personnel et sa paranoïa.
En attribuant ses propres motifs, processus psychologiques et dynamiques internes aux autres, il se protège de l’affrontement direct avec ses conflits intérieurs. Ce mécanisme défensif porte le nom d’identification projective.
Ses interprétations inconscientes
Le narcissique croit souvent, à tort, que les autres parlent de lui, bavardent à son sujet, le détestent, le diffament, se moquent de lui, le calomnient, le réprimandent, le sous-estiment, l’envient, le craignent, ne l’écoutent pas ou ne le comprennent pas, le volent, et ainsi de suite.
Il interprète fréquemment le comportement des autres comme étant motivé par des sentiments de colère, de peur, de haine ou d’envie dirigés contre lui. Cela s’explique par le fait qu’il se perçoit comme le centre autour duquel gravitent leurs paroles et leurs actions. Par conséquent, lorsqu’il ressent de l’envie, il suppose que les autres sont envieux. Lorsqu’il éprouve de la haine, il en conclut que les autres sont haineux.
Son empathie froide : un éloignement de tout sentiment authentique
Le narcissique est parfois, et à juste titre, convaincu qu’il est pour les autres une source de souffrance, d’humiliation, d’inconvenance ou d’indignation. Cependant, il ne cherche pas à explorer les motivations qui le poussent à agir de la sorte. La plupart du temps, il se perçoit comme une personne puissante, merveilleuse, talentueuse et divertissante. Il ne s’interroge jamais sur son incapacité à cultiver un amour sincère et durable, à inspirer une admiration profonde ou même à conserver l’attention de ses sources d’approvisionnement.
La paranoïa et la pulsion de mort
Le narcissique, assiégé par la pulsion de mort – une force destructrice qui réside en lui –, éprouve principalement de la rage, de la haine, de l’envie corrosive et de la peur. À cela s’ajoute une tendance à projeter ses émotions sur les autres.
Il est incapable de reconnaître que la cause de son mauvais comportement réside dans ses propres abus. En conséquence, les gens finissent par le haïr, le ridiculiser, le décrier, s’éloigner de lui, l’abandonner, le tromper, le trahir ou même le poignarder dans le dos. Bien qu’il le sache au fond de lui, il évite délibérément d’affronter cette vérité.
La justification de ses abus et de sa paranoïa
À long terme, le narcissique comprend qu’il ne peut pas compter sur les autres – ni sur leur amour, ni sur leur engagement, ni sur leur investissement. Cette prise de conscience nourrit sa paranoïa, le poussant à préférer être l’objet de rejet, d’abandon, de mépris ou de haine – souvent imaginaires et toujours auto-infligés – plutôt que d’être ignoré. Il préfère être craint ou détesté plutôt que totalement oublié.
Il se convainc : « Si je ne peux pas être aimé, alors qu’on me haïsse ou qu’on me trahisse. Mieux vaut être haï, trahi ou envié que d’être invisible et traité comme si je n’existais pas. »
Et vous voilà, pris dans ce tourbillon, au bord d’être englouti dans les abîmes les plus sombres de cet homme ou de cette femme que vous pensiez connaître.
Les qualités positives des narcissiques
Malgré leur état d’annihilation intérieure, de nombreux narcissiques possèdent des qualités remarquables. Ils peuvent être beaux, brillants, et dotés de talents multiples – sauf d’un : la capacité de se réjouir intérieurement et d’exploiter pleinement leurs dons.
La célèbre psychologue polonaise Alice Miller l’a souligné : « L’enfant surdoué est une malédiction, pas une bénédiction. »
Dans le même esprit, le célèbre psychanalyste américain Philip M. Bromberg a affirmé : « La vie d’un narcissique est une vie non vécue. » En effet, le narcissique rejette sa propre vie et l’opportunité de l’habiter pleinement, car il n’a pas accès à sa Véritable Nature essentielle. Il ne vit qu’à travers son image, son masque ou sa fausse identité.
Le narcissique : un enfant piégé dans son labyrinthe
Le narcissique pathologique ressemble à un enfant pris au piège dans un labyrinthe, comme dans les classiques des films d’horreur. Il est terrifié, car il ne sait pas comment s’en échapper. Il sait qu’il va mourir. En réalité, il meurt intérieurement, puis il ressuscite. Il revit, seulement pour mourir à nouveau. Cette dynamique trouve un écho dans de nombreuses religions, où l’on rencontre des figures mourant et ressuscitant, comme Jésus-Christ ou Zarathushtra.
Cependant, de nombreux prophètes religieux seraient aujourd’hui diagnostiqués comme souffrant de troubles psychotiques. Pourquoi ? Parce que prétendre connaître la volonté de Dieu, comprendre l’esprit divin ou affirmer ce que Dieu « veut » ou comment il souhaite que les gens se comportent, relève d’un narcissisme grandiose.
Autrement dit, dans notre société, les individus qui « meurent et ressuscitent » psychologiquement incarnent souvent une forme de grandeur exacerbée : ce sont les narcissiques pathologiques. Et, bien sûr, ils présentent des traits psychotiques, c’est-à-dire qu’ils vivent des épisodes où leur perception de la réalité est déformée, ou où ils sont incapables de l’examiner de manière objective. En d’autres termes, leur compréhension du monde repose sur des interprétations erronées.
Le narcissisme, en soi, fonctionne comme une religion, une mythologie dont le narcissique est à la fois la divinité et le fidèle adorateur. Il s’agit d’une secte à une seule personne.
La paranoïa : une forme d’approvisionnement narcissique
Les narcissiques, les psychopathes et les escrocs utilisent leur propre religion pour susciter la crainte dans la société, conquérir, subjuguer, ou encore vous soutirer de l’argent, tout en obtenant leur provision narcissique.
Dans leur vie intime, ils se servent de la religion pour instaurer un culte au sein de leur famille, dominer, se faire craindre et soumettre leurs proches, afin d’en extraire leur provision narcissique. Leur paranoïa, quant à elle, est grandiose : un fantasme élaboré pour réguler leur estime de soi.
Quand la paranoïa éclate-t-elle chez les narcissiques ?
La tendance paranoïaque du narcissique atteint son paroxysme lorsque sa provision narcissique – attention, admiration, validation, ou adulation – vient à manquer. Le vide laissé par l’absence de ces stimuli essentiels le pousse à voir des ennemis partout. Chaque interaction ou situation devient, dans son esprit, une attaque personnelle.
Il est souvent observé que la paranoïa du narcissique lui sert de preuve qu’il est suffisamment important : qu’il est le centre de l’attention, qu’il suscite l’intérêt, et qu’il représente une cible assez menaçante pour justifier des conspirations et des inquiétudes à son sujet. En d’autres termes, il se perçoit comme l’objet d’une attention incessante. Pourtant, ce mode dysfonctionnel d’attraction de la provision narcissique s’épuise rapidement s’il n’est pas constamment alimenté. Cliquez ici pour en savoir plus sur ce sujet : La provision narcissique.
Le narcissisme : une réaction émotionnelle à l’insécurité d’être
Le psychologue américain Théodore Millon affirmait que de nombreux narcissiques sont paranoïaques par nature. En réalité, le narcissisme pathologique est une réaction émotionnelle à l’insécurité d’être – insécurité ontologique – qui altère profondément la perception du monde chez le narcissique. Celui-ci perçoit le monde comme hostile, illusoire, imprévisible et précaire. Dans un tel univers, la tendance à voir des ennemis partout, à se protéger de leurs attaques imaginées et à anticiper le pire devient presque adaptative et fonctionnelle.
Le narcissique se convainc : « Si le monde est mauvais, tu dois être un dur à cuire. Si le monde est hostile, tu dois être doublement hostile et devancer ses attaques. Tu dois frapper en premier : torturer en premier, abandonner ta compagne en premier, blesser en premier. »
Le délire de grandeur des narcissiques
Tout narcissique est prisonnier d’illusions de grandeur. À ses yeux, les hommes aussi importants que lui méritent des ennemis à la hauteur de leur prétendue grandeur. Il s’attribue une influence et un pouvoir bien supérieurs à ceux qu’il détient réellement. Toutefois, ce pouvoir exagéré serait difficile à croire sans une quantité significative d’ennemis et d’opposants.
Les victoires que le narcissique remporte sur ces ennemis – pour la plupart imaginaires – servent à conforter son sentiment de centralité et de supériorité. Un environnement hostile, ainsi que les menaces qu’il prétend affronter et surmonter grâce à ses compétences et à ses qualités supérieures, sont des éléments essentiels du mythe personnel qu’il se construit.
La paranoïa : une réaction à une provision narcissique déficiente
Lorsque le narcissique ne peut plus obtenir de sources d’approvisionnement, il se tourne vers l’auto-illusion. Incapable d’ignorer complètement les opinions et messages contradictoires des autres, il les détourne et les recadre à son avantage.
Face à l’échec qu’il représente à ses propres yeux, il se retire partiellement de la réalité. Pour se calmer, il s’administre un mélange de mensonges, de déformations, de demi-vérités et d’interprétations farfelues des événements qui l’entourent. Cela l’amène à adopter deux types de solutions.
1. La solution schizoïde paranoïaque
Lorsqu’il manque de sources d’approvisionnement narcissique, le narcissique développe parfois des délires de persécution. Il perçoit des affronts et des insultes là où il n’y en a pas. Convaincu qu’il est au centre d’attentions malveillantes, il s’imagine que les autres bavardent à son sujet, se moquent de lui, fouinent dans ses affaires, piratent ses e-mails, ou encore l’agressent par des suggestions anodines, comme celle de suivre une thérapie.
Selon lui, les gens conspirent pour l’humilier, le punir, le rétrograder, s’emparer de ses biens, l’appauvrir, le confiner, le censurer, ou encore pour lui imposer des obligations, l’effrayer, le forcer à agir, ou l’empêcher d’agir. Même les actes les plus innocents sont perçus comme des menaces.
Certains narcissiques, notamment les narcissiques cachés, se retirent complètement du monde. Ils évitent toute interaction sociale – rencontres, relations sexuelles, conversations ou correspondances – non pas par timidité ou préférence pour la solitude, comme les schizoïdes classiques, mais pour fuir la menace qu’ils attribuent aux autres.
Leur récit conscient repose sur le mépris : « Le monde ne me mérite pas. Les gens sont insignifiants et ennuyeux. Je ne gaspillerai ni mon temps ni mes ressources dans un tel monde. »
Ainsi se manifeste la solution schizoïde paranoïaque, où l’évitement devient une réponse à un monde perçu comme dangereux et/ou inacceptable.
2. La solution paranoïaque : agressive ou explosive
D’autres narcissiques optent pour une solution plus violente. Lorsque leur provision narcissique fait défaut, ils deviennent verbalement agressifs, psychologiquement offensifs, voire physiquement violents. Ils insultent, rabaissent, humilient et se moquent, particulièrement de leurs proches.
Ces narcissiques explosent dans des accès d’indignation, de condamnation ou de blâme, souvent sans raison apparente. Ils interprètent tout commentaire, même anodin ou innocent, comme une provocation destinée à les humilier.
Leur comportement sème la peur, le dégoût, la haine et l’envie malveillante autour d’eux. À l’image de Don Quichotte luttant contre des moulins à vent, ils se battent contre une réalité intérieure déformée. Cette lutte, bien qu’irrationnelle, engendre des dégâts réels et durables, aussi bien pour eux que pour les autres.
Les réactions du narcissique face à une provision narcissique insuffisante – qu’elles soient schizoïdes ou agressives – créent une réalité illusoire et terrifiante. Ces réactions, bien qu’auto-infligées, provoquent un tourbillon d’émotions et de conflits, rendant leur monde intérieur encore plus chaotique, et générant une anxiété extrême chez ses proches.
Comment un narcissique paranoïaque se comporte-t-il avec ses enfants ?
Tout d’abord, il exerce une autorité extrêmement contrôlante, reposant sur l’ambiguïté, l’imprévisibilité et un climat d’abus ambiant.
Il isole ses enfants, tant physiquement que sur le plan psychologique et émotionnel.
Il décide unilatéralement des droits et obligations de la famille, qu’il modifie à sa guise.
Il établit une sorte de culte familial basé sur sa propre religion.
Cette dynamique lui donne l’illusion de mieux protéger sa famille contre des menaces imminentes ou des intentions hostiles.
Ses caprices, en perpétuel changement, définissent arbitrairement le bien, le mal, le souhaitable et l’indésirable.
Il décide de ce qui doit être poursuivi et de ce qui doit être évité.
Il est agressif, violent, irrespectueux et incapable de ressentir la moindre empathie envers ses enfants, lesquels vivent dans la terreur constante de ses réactions imprévisibles.
Il pratique une forme de manipulation appelée « décervelage hypnotique » ou « gaslighting », qui consiste à répéter de manière incessante des propos insultants et à maltraiter physiquement ses enfants sans éprouver le moindre remords. Pour en savoir plus, cliquez ici : Le gaslighting.
Ce comportement pousse les enfants à se dissocier psychologiquement pour se protéger, ce qui les conduit à un état de dépersonnalisation et de déréalisation.
Il ignore leurs besoins légitimes, ne respecte ni leurs limites ni leur individualité, ce qui nourrit son sentiment de toute-puissance et d’omniscience.
Pourquoi les narcissiques deviennent-ils paranoïaques ?
Traumatisés dès leur enfance, les narcissiques n’ont pas développé un « moi » cohérent. La construction d’une identité fonctionnelle et unitaire a été perturbée par diverses formes d’abus et de traumatismes, laissant leur noyau identitaire dans un état schizoïde, ce qui signifie que son identité est fracturée. Par conséquent, le narcissique possède un « faux moi » fragmenté, qu’il tente désespérément de dissimuler.
Pour masquer cette réalité, il prétend que son « moi » est sain, normatif, unitaire, cohérent et continu. Afin de maintenir cette illusion, il construit une histoire, un récit, une œuvre de fiction, une mythologie ou un scénario digne d’un film. Ce récit est ce que l’on appelle le « faux moi » ou « faux self ».
Parce que ce « faux moi » est un déguisement, une fiction, les narcissiques pathologiques ressentent profondément qu’ils sont des imposteurs ou qu’ils doivent continuellement faire semblant d’aller bien. En réalité, ils ne se sentent pas réels, car ils souffrent de dépersonnalisation et de déréalisation. Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez consulter un article en cliquant ici : La dépersonnalisation et la déréalisation.
Le « faux self » des narcissiques : un imposteur déguisé en Dieu
Le faux self des narcissiques se présente comme une entité omnisciente et divine : tout-puissant, omnipotent, parfait et brillant. Il est partout, omniprésent. En raison de leur vide intérieur et de l’activité incessante de leur faux self, les narcissiques poursuivent une quête insatiable de célébrité, de succès, de notoriété, de prestige et de pouvoir. À leurs propres yeux, cela fait d’eux des « gagnants ». Cependant, cette perception est illusoire.
Les narcissiques ne sont pas réellement des gagnants, car leur existence repose sur une façade. Ils font semblant et, inconsciemment, souffrent du syndrome de l’imposteur. Être un imposteur, pour eux, signifie ressentir une fragilité structurelle profonde, une honte engendrée par le sentiment de ne pas exister réellement.
Ils savent que la façade qu’ils projettent ne reflète pas leur réalité intérieure. Derrière cette façade se cache un sentiment de vide identitaire, une absence d’identité propre. Ce phénomène est ce que l’on appelle une diffusion de l’identité ou un trouble identitaire.
La terreur que les autres découvrent leur mascarade
Pour compenser et dissimuler leur trouble identitaire, les narcissiques développent ce que le psychanalyste Philip Bromberg appelait des « ressources de l’ego ». Ce terme désigne un ensemble de défenses et de distorsions cognitives.
Par exemple, leur délire de grandeur, leur prétendue supériorité et leur besoin d’avoir un ascendant sur les autres sont autant de mécanismes défensifs que de distorsions de la réalité, qui se sont installés dans l’enfance pour préserver leur fausse identité.
Cependant, les narcissiques vivent dans une terreur constante : celle de perdre cette identité fictive. Ils sont profondément conscients de leur mascarade et redoutent de ne pas pouvoir la maintenir.
Leur hypervigilance se manifeste par une observation constante des autres, dans le but de s’assurer qu’ils ne seront pas démasqués. Autrement dit, la peur de voir leur fausse identité exposée les rend obsédés par l'idée que leur tromperie et leur fausseté pourraient être dévoilées. Pour compenser cette angoisse, ils adoptent une attitude grandiloquente et s’accrochent à un récit grandiose, visant à consolider leur masque face au monde.
L’objet persécuteur du narcissique : un fantasme qui agit contre lui
Les narcissiques transforment leur partenaire intime, l’un de leurs enfants, ou toute autre personne proche en un « objet persécuteur ». Cet « objet interne » est une construction mentale représentant une personne perçue comme une menace.
Quiconque rappelle au narcissique qu’il fait semblant, qu’il n’est pas authentique, que tout ce qu’il accomplit n’est qu’une mise en scène ou qu’il est sur le point d’être démasqué devient, à ses yeux, un « objet persécuteur ».
Pour le narcissique, tout le monde devient un ennemi potentiel. À travers son prisme paranoïaque, il perçoit les autres comme des juges permanents ou des menaces prêtes à révéler sa fausseté. Ces individus, qu’ils soient réels ou imaginaires, incarnent un danger constant, susceptible de déclencher sa paranoïa d’une manière ou d’une autre.
Êtes-vous l’objet persécuteur d’un narcissique ?
Lorsque vous devenez l’« objet persécuteur » d’un narcissique, il adopte un comportement agressif, accusateur, belliqueux, et parfois extrêmement violent ou punitif. Vous êtes mis(e) sur la sellette, soumis(e) à un examen rigoureux, à des critiques acerbes ou à des interrogatoires incessants. Ces questions reflètent les interprétations déformées qu’il a de vos gestes, de vos expressions et de vos paroles. À ses yeux, vous êtes une personne jugeante, un ennemi, un « objet persécuteur ».
Être désigné comme tel par un narcissique est une expérience oppressante et douloureuse, même pour lui-même. C’est comme dans Le Procès de Franz Kafka : le narcissique se retrouve face à un tribunal imaginaire où les accusations sont vagues, les raisons de sa culpabilité jamais clairement définies. Pourtant, le procès se poursuit inexorablement, et il sait, au fond de lui, qu’il est déjà coupable et condamné. Le verdict, dans son esprit, est irréfutable.
Son critique intérieur agit comme un bourreau sadique, le condamnant sans relâche à l’échec dans ce tribunal fictif. Il ne comprend pas vraiment pourquoi il se sent coupable, mais il interprète chaque attitude, geste ou parole des autres comme des attaques personnelles. Incapable de gérer cette culpabilité et cette hostilité internes, il les projette sur vous et sur les autres, transformant son propre conflit intérieur en une guerre extérieure.
Votre partenaire intime est-il/elle paranoïaque ?
Que se passe-t-il lorsque votre narcissique devient suspicieux ? Quand il/elle commence à vous espionner, à s’immiscer dans vos affaires, à envahir votre vie privée et à chercher à contrôler chaque aspect de votre existence, tout en vous considérant comme une menace ?
Si votre partenaire intime est narcissique, inévitablement vous devenez son « objet persécuteur » : le dépositaire de ses soupçons, de son émotivité négative, de sa colère, de sa rage, de sa peur d’être exposé, de son envie corrosive et de sa jalousie. Pourquoi ? Parce qu’en tant que partenaire intime, vous détenez des informations privilégiées que les autres n’ont pas. Il/elle craint que ces informations soient utilisées pour révéler sa véritable nature.
Ainsi, plus vous êtes proche d’un(e) narcissique, plus vous risquez de devenir son ennemi. Il/elle pourrait chercher à vous nuire, à vous blesser et même à conspirer contre vous en impliquant d’autres personnes – notamment des membres de sa famille, et parfois même de la vôtre.
Le monde extérieur : la cible des idéations paranoïaques
Que se passe-t-il dans un couple lorsque les idéations paranoïaques du narcissique se tournent vers le monde extérieur ? Dans une telle situation, le/la partenaire intime n’a que deux choix :
Participer au délire paranoïaque
Il/elle peut écouter les récits du narcissique, les valider et se suradapter :« Oui, ils veulent probablement te détruire. »
« Oui, ils t’envient et cherchent à t’humilier. »
« Oui, un tremblement de terre va se produire, nous devons partir d’ici pendant quelques jours. »
S’opposer à ses idéations paranoïaques
Il/elle peut tenter de confronter le narcissique, de remettre en question ses théories conspirationnistes et sa réinterprétation de la réalité. En essayant d’introduire un minimum de rationalité, le/la partenaire intime prend alors le risque de devenir l’objet persécuteur du narcissique.
Dans les deux cas, c’est une situation sans issue. Soit le/la partenaire accepte de s’aligner sur une vision de la réalité illusoire, dictée par le narcissique et de plus en plus paranoïaque, soit il/elle tente de le ramener à la réalité. Mais dans ce dernier scénario, le narcissique perçoit ce comportement comme une attaque. Le/la partenaire devient alors une cible, prise dans la spirale de persécution du narcissique.
Que se passe-t-il si vous êtes la cible de ses idéations paranoïaques ?
Si le/la partenaire intime d’un narcissique devient l’objet persécuteur, c’est-à-dire la cible de sa méfiance, de sa paranoïa, de son hypervigilance, de son inimitié et de son hostilité, deux options s’offrent à lui/elle :
1. Collaborer et se conformer aux attentes du narcissique paranoïaque : La première solution consiste à collaborer, à se montrer complice et à accepter ce rôle, tout en agissant en conséquence. Cela implique de se conformer aux attentes du partenaire paranoïaque et de suivre ses idéations paranoïaques.
Exemple : Si un narcissique, une personne borderline ou un psychopathe nourrit des idées paranoïaques envers son partenaire intime, il/elle peut craindre une trahison. Sa jalousie romantique devient alors si extrême qu’il/elle est convaincu(e) que cette trahison est réelle, et rien ne peut le/la persuader du contraire.
Dans de nombreux cas, des observations montrent que les partenaires intimes finissent par agir d’une manière qui justifie ces soupçons. Après plusieurs mois ou années de suspicion constante, ils/elles finissent par tromper leur partenaire paranoïaque, donnant ainsi un fondement à ses craintes.
Paradoxalement, ce comportement peut avoir une origine tragique : ces partenaires agissent souvent ainsi par amour. Bien qu’ils/elles n’aient initialement aucune intention de tromper leur partenaire – et que cette idée les répugne –, ils/elles cèdent finalement pour maintenir les idéations paranoïaques. Ils/elles savent à quel point ces croyances sont essentielles au fonctionnement et à la survie émotionnelle du narcissique.
Ironiquement, cette trahison, loin d’être un acte de mépris, devient un sacrifice destiné à préserver l’équilibre psychologique du narcissique paranoïaque.
Ainsi, si vous avez trompé un(e) partenaire paranoïaque, il est possible que vous l’ayez fait par amour ou dans un effort désespéré pour répondre à ses attentes. Ce paradoxe souligne la dynamique toxique et destructrice qui émerge lorsque les idéations paranoïaques deviennent un mécanisme central dans une relation.
2. Rediriger les soupçons vers d’autres cibles : La deuxième option consiste à détourner les soupçons et l’énergie négative du paranoïaque vers d’autres personnes, y compris des membres de sa famille.
Exemple : Si vous êtes submergé(e) par les soupçons de votre partenaire paranoïaque – ciblé(e) par son irritation, son hostilité, sa jalousie, son contrôle constant et sa tendance à réinterpréter vos paroles ou actions comme des conspirations –, vous pourriez chercher à diriger son attention vers une autre cible. Par exemple, vous pourriez insinuer que sa sœur, son frère ou même une entité extérieure comme le gouvernement est responsable de ses problèmes.
Ce détournement de l’énergie paranoïaque peut offrir un répit temporaire, mais il ne résout pas la paranoïa elle-même. En réalité, cette stratégie alimente la dynamique paranoïaque en la redirigeant plutôt qu’en l’apaisant.
Combien de temps durent les crises de paranoïa ?
Les narcissiques s’identifient profondément à tout ce qui traverse leur esprit. Par conséquent, ils ont tendance à réagir avec paranoïa dès qu’ils se sentent menacés, ce qui est fréquent. Bien que certaines réactions paranoïaques spécifiques puissent s’atténuer avec le temps, le narcissique finit toujours par diriger ses soupçons vers de nouveaux « agents » de persécution, de nouveaux envieux ou de nouveaux ennemis.
Ce cycle perpétuel peut rendre une relation avec un narcissique particulièrement douloureuse. L’un des aspects les plus blessants est sa propension à remplacer les gens dans sa vie. Constamment en quête de nouvelles sources de provision narcissique, il remplace votre amitié par celle de quelqu’un d’autre ou votre intimité par une nouvelle relation.
Cependant, ces nouvelles personnes ne sont pas épargnées : tôt ou tard, elles deviennent à leur tour les objets persécuteurs du narcissique, prises dans le même cycle de suspicion et de paranoïa.
La paranoïa dans d’autres troubles de la personnalité
D’autres troubles de la personnalité, comme le trouble de la personnalité limite (borderline), obsessionnelle-compulsive ou schizotypique, entraînent également la création d’un « objet persécuteur », à l’instar des narcissiques.
Dans ces cas, il s’agit d’un processus d’introjection : une voix intérieure tourmentante, dévalorisante et sadique, qui répète inlassablement des jugements autoritaires tels que : « Tu es mauvais(e), sans valeur, faible, immoral(e), nul(le) ou décevant(e). »
Cette voix intérieure résulte d’une tentative ratée d’intériorisation d’un objet externe, souvent une figure ayant suscité un fort investissement émotionnel, comme un parent ou un partenaire intime.
Ce critique intérieur – véritable procureur et juge implacables – devient rapidement intolérable. Pour tenter de s’en libérer, la personne projette cette voix intérieure sur autrui, généralement sur son partenaire intime. Celui-ci devient alors l’incarnation extérieure de cette construction mentale angoissante, une réification de leur critique intérieure.
L’objet persécuteur comme principe organisateur et explicatif
Les personnes souffrant de troubles de la personnalité attribuent leurs processus internes anxiogènes et les événements désagréables de leur vie aux intentions et actions qu’elles jugent malveillantes de la part de leur partenaire intime.
Même leur attachement à leur conjoint est interprété comme le résultat d’un lavage de cerveau ou d’une manipulation. Aux yeux de ces personnes, tout ce qui ne va pas dans leur existence torturée est imputé à leur partenaire, perçu comme une émanation surnaturelle de malveillance, d’indifférence ou de rejet.
Pour renforcer cette vision, elles cherchent à contraindre leur partenaire à adopter un comportement qui confirme son rôle d’ennemi menaçant. Ce mécanisme de défense est connu sous le nom d’identification projective.
En revanche, si le partenaire intime a lui-même des vulnérabilités psychologiques, il peut progressivement se conformer à cette vision et se transformer en agresseur ou abuseur. Ce processus est désigné sous le terme d’identification introjective.
Quand l’objet persécuteur devient une cible à punir
Une fois que le/la partenaire intime adopte un comportement abusif – consciemment ou inconsciemment –, la personne paranoïaque se rebelle contre cet « objet persécuteur » externalisé. Elle commence alors à défier son partenaire tout en manifestant un comportement inconstant.
Exemples de comportements inconstants :
Tromper son/sa partenaire.
Adopter un comportement débridé, notamment dans le cas des femmes.
Saboter la carrière de son/sa partenaire.
Déployer des tactiques passives-agressives motivées par l’envie.
Provoquer, humilier, rejeter ou miner le bien-être de son/sa partenaire.
Compromettre l’estime de soi, l’image publique ou la position sociale de son/sa partenaire.
Ces comportements ont pour but de punir le/la partenaire de multiples façons, alimentant ainsi la dynamique destructrice de la relation et renforçant la spirale de souffrance mutuelle.
La réaction du/de la partenaire intime
Après avoir été maltraité(e), harcelé(e) et agressé(e), le/la partenaire intime d’un narcissique peut finir par adopter, à son tour, des comportements agressifs. Ce processus, souvent tragique, reflète l’impact destructeur de la dynamique narcissique. Voici le témoignage déchirant d’une femme qui s’est retrouvée à agresser son partenaire narcissique :
**« J’ai fait passer mon conjoint pour un monstre, et à bien des égards, il l’est vraiment. En même temps, j’ai toujours perçu chez lui une certaine vulnérabilité. J’ai essayé de toutes mes forces, par tous les moyens possibles, de nourrir la vraie personne en lui, cet enfant innocent. D’une certaine manière, je pense que la violence de ses réactions, vers la fin, était due au fait que j’étais si près d’éveiller ces sentiments profonds. Quand il s’est rendu compte qu’il était devenu dépendant de moi, il n’a pas pu le supporter. Il n’a pas pu prendre le risque de me faire confiance. La fin de notre relation n’était donc qu’une orgie de destruction mutuelle. »**
La punition intérieure qui confirme la paranoïa
Le narcissique, ou toute personne souffrant d’un autre trouble de la personnalité, s’attend naturellement à être sanctionné. Il est conscient de sa mauvaise conduite, des actes qu’il sait inappropriés, et anticipe une punition qu’il perçoit comme proportionnelle à la gravité de ses actions.
Cette anticipation constante renforce sa paranoïa : il voit la sanction comme imminente, inévitable, toujours prête à s’abattre. Cette perception l’entraîne dans un état d’anxiété extrême, où il vit dans l’attente oppressante de cette punition.
Ces émotions contradictoires exacerbent encore sa vision du partenaire intime, qu’il perçoit comme une source de contrôle, de jugement sadique et de menace permanente. Cette perception déforme la relation, qui devient une dynamique ambivalente d’amour et de haine. Le narcissique oscille ainsi entre une dépendance émotionnelle intense envers son/sa conjoint(e) et un ressentiment paranoïaque croissant, alimenté par cette tension constante.
La partenaire borderline du narcissique
Un partenaire intime souffrant du trouble de la personnalité limite (borderline) peut intensifier la paranoïa du narcissique. Ce type de partenaire est marqué par une dysrégulation émotionnelle extrême et une incapacité à contrôler ses impulsions. Ses réactions sont souvent excessives, sans limites claires, ni prise en compte de ses propres besoins fondamentaux ou de ceux des autres.
Exemples de comportements impulsifs fréquemment observés :
Consommation excessive de substances, comme l’alcool ou les drogues, utilisée pour fuir un stress accablant ou apaiser des émotions intenses.
Comportements sexuels à risque, souvent motivés par un besoin pressant de validation ou des états de détresse émotionnelle.
Automutilation ou tentatives de suicide, révélateurs d’un profond mal-être et d’une difficulté à gérer ses émotions.
Dissociation émotionnelle et comportementale, où elle oublie ou nie ses propres réactions après des épisodes intenses.
Accès de colère imprévisibles, déclenchés par un sentiment constant de blessure, rendant ses sautes d’humeur à la fois imprévisibles et potentiellement dangereuses.
En réalité, cette personne est dépendante de l’adrénaline. Elle recherche un « jeu à deux » permanent, fait d’une alternance entre surprises, menaces et aventures palpitantes. Cette quête incessante d’intensité émotionnelle lui confère l’image d’une « reine du drame », mais la laisse souvent vide et désœuvrée une fois ces jeux terminés, comme après une rupture ou un divorce.
La dynamique intérieure du narcissique
Dans cette relation, le narcissique n’est pas un paranoïaque à part entière, car il conserve une certaine capacité d’examen de la réalité. Cependant, ses réactions paranoïaques sont déclenchées par des événements réels, puis amplifiées par sa partenaire borderline. Il vit dans la peur des tribulations constantes, un état qui lui permet de se positionner en figure de supériorité morale et de santé mentale relative. Grâce à cette posture, il peut adopter des rôles valorisants, tels que celui de sauveur, de psychologue ou d’éducateur pour sa compagne borderline, tout en se sentant moralement supérieur.
Pour maintenir son propre bien-être, sa partenaire borderline le perçoit souvent comme un bébé nécessitant des soins, tandis qu’il joue simultanément le rôle de moralisateur, une figure de perfection divine qu’il utilise pour préserver son propre équilibre psychologique.
Ces jeux de rôle défensifs fonctionnent comme des mécanismes analgésiques : ils apaisent temporairement la douleur issue de leurs traumatismes d’enfance respectifs, tout en atténuant les conflits constants qui jalonnent leur relation.
Le phénomène du miroir narcissique
Quel que soit le type de partenaire intime d’un narcissique, celle-ci est constamment prise dans une lutte pour surmonter les épreuves imposées par son compagnon, critique et humiliant envers elle. Pour tenter de restaurer son sentiment brisé de sécurité, d’affirmation de soi, d’estime de soi et de valeur personnelle, elle cherche à se prouver – et à prouver à son narcissique – qu’elle mérite d’être reconnue.
Pour ce faire, elle peut, par exemple, adopter une attitude empathique et jouer le rôle de psychologue. Dans ce processus, elle est souvent amenée à utiliser des mécanismes défensifs narcissiques, établissant une forme de supériorité et revendiquant une autorité sur lui. Peu à peu, elle devient une narcissique situationnelle, un phénomène que l’on appelle le « miroir narcissique ».
Ce processus se produit parce que le narcissique parvient à devenir le cadre de référence dominant, voire exclusif, pour sa partenaire. Il devient l’axe central de ses jugements, la source de son bon sens, la logique dominante et l’autorité suprême sur tout ce qui a de l’importance dans sa vie.
L’impact du miroir narcissique
Parfois, sous l’effet du miroir narcissique, la partenaire intime, après une longue période de privation émotionnelle et de stress, finit par imiter le narcissique lui-même. Dans ces cas, le narcissique peut lui reprocher : « Tu es devenu moi, et je suis devenu toi. Tu as tellement changé que je ne te reconnais plus. »
La partenaire ne parvient pas à échapper à l’influence du narcissique, car il est devenu une part intégrante de sa vie. Elle se transforme en une extension de lui-même : son identité et sa personnalité s’entrelacent et s’intègrent à celles du narcissique, presque comme si elle était un enfant s’identifiant à un parent. Cette régression psychologique offre au narcissique un pouvoir démesuré pour la déstabiliser et la détruire mentalement.
Au-delà des relations intimes : illusions paranoïaques et fanatisme
Les illusions paranoïaques du narcissique ne se limitent pas à ses relations intimes. Elles imprègnent tous les aspects de sa vie. Explorons à présent l’une de ces illusions : le fanatisme. Avez-vous déjà côtoyé un fanatique ?
Les fanatiques élaborent des plans ambitieux visant à délivrer le monde du péché, instaurer la paix mondiale, résoudre des problèmes scientifiques complexes ou bâtir des sociétés utopiques. Ces plans, souvent minutieusement détaillés, parviennent parfois à susciter un intérêt temporaire.
Les paranoïaques fanatiques et les narcissiques partagent plusieurs traits communs, tels que l’arrogance, la prétention et une indifférence marquée pour les opinions des autres. Tous deux construisent une image de soi idéale, une façade de perfection, qui finit inévitablement par se fissurer lorsqu’ils se heurtent à la réalité. Pour les paranoïaques fanatiques, cet effondrement de l’estime de soi les pousse à compenser leur fierté perdue à travers des revendications extravagantes et des fantasmes complexes, faisant des illusions de grandeur leur principal mécanisme d’adaptation.
Théodore Millon sur les narcissiques effondrés et les paranoïaques fanatiques
Le psychologue américain Théodore Millon, spécialiste des troubles de la personnalité, a décrit ces similitudes entre les narcissiques pathologiques et les paranoïaques fanatiques :
« En tombant en disgrâce, l’image de perfection qu’ont les paranoïaques fanatiques d’eux-mêmes est brisée. Ils cherchent à rétablir leur fierté perdue à travers des affirmations extravagantes et des fantasmes complexes. En s’attribuant des pouvoirs illusoires, ils se transforment en superhéros ou en demi-dieux prêts à triompher d’un univers maléfique. Finalement, ces illusions de grandeur deviennent leur principal mécanisme d’adaptation. »
« Ils peuvent se présenter comme des saints sacrés, des leaders inspirés ou des génies talentueux. Des plans élaborés peuvent être conçus pour sauver le monde du péché, instaurer la paix, résoudre des problèmes scientifiques de longue date ou créer des sociétés utopiques. Cette grandiosité et cette paranoïa deviennent alors nécessaires pour soutenir leur vision. »
« Souvent, leurs plans sont suffisamment détaillés pour susciter, au minimum, un certain intérêt passionné. Lorsque leurs idées sont rejetées, ils attribuent ces échecs à des forces intangibles, comme des agences gouvernementales secrètes conspirant pour maintenir le statu quo. La projection, l’indignation vertueuse et un sentiment d’omnipotence forment alors une véritable armure défensive. »
« Les illusions de grandeur et la paranoïa permettent aux fanatiques et aux narcissiques de protéger leur estime de soi face à un monde qu’ils perçoivent comme hostile ou indifférent. Qu’il s’agisse de se voir comme des superhéros, des visionnaires ou des martyrs, ces identités grandioses leur offrent un refuge psychologique face à l’effondrement de leur réalité intérieure. »
Le développement du paranoïaque fanatique
Poursuivons avec les réflexions de Théodore Millon :
« Du point de vue du développement, le paranoïaque fanatique est semblable au narcissique compensateur. Gâtés et débridés par leurs parents, leur imagination sur ce qu’ils pourraient devenir dans la vie était laissée libre cours et encouragée par leurs tuteurs, peut-être comme un moyen de compenser leur statut familial médiocre. »
Cependant, Millon souligne que cette image idéalisée, construite dans l’enfance, est rapidement brisée lorsqu’ils quittent le cadre protecteur de leur foyer :
« Une fois sortis des limites protectrices du foyer, leur image de supériorité fut cependant rapidement et impitoyablement détruite par le monde extérieur. Ainsi, complètement vaincus, accablés d’un sentiment d’estime de soi écrasé et peu disposés à faire face à la réalité, les paranoïaques fanatiques se retirent plus profondément dans leur monde privé de fantaisie, créant un univers compensatoire dans lequel ils peuvent assumer leur ancienne position, réaliser leurs ambitions antérieures et sauver leur existence. »
Les similitudes frappantes entre paranoïaques fanatiques et narcissiques
Les réflexions de Théodore Millon, rédigées il y a plus de deux décennies, mettent en évidence les similitudes remarquables entre la paranoïa extrême des fanatiques et celle des narcissiques pathologiques. Tous deux construisent un univers compensatoire alimenté par des fantasmes de grandeur, qui leur sert de défense face à un monde perçu comme hostile et destructeur.
Cette dynamique révèle leur incapacité à gérer les défis imposés par la réalité. Plutôt que de confronter les limites et les exigences du monde extérieur, ils se replient dans une construction intérieure illusoire où ils règnent en maîtres absolus.
La paranoïa qui renforce la grandiosité du narcissique
La paranoïa remplit deux fonctions essentielles pour le narcissique : renforcer sa grandiosité et se défendre contre l’intimité.
Les délires paranoïaques du narcissique sont toujours marqués par une dimension grandiose et une portée quasi cosmique. Il se perçoit comme une victime de forces puissantes, qu’il oppose parfois à des bureaucrates médiocres ou insignifiants. Cette vision alimente son sentiment d’importance et justifie son isolement, qui devient une défense contre la vulnérabilité émotionnelle.
Paranoïa et manque de ressources narcissiques
Lorsque le narcissique manque de ressources narcissiques – c’est-à-dire de validation extérieure ou d’admiration – sa paranoïa s’intensifie. Face à cette situation, il peut réagir de deux manières principales :
Se retirer complètement du monde
Le narcissique choisit de fuir les interactions sociales pour protéger son image interne. En évitant les confrontations, il préserve son illusion de supériorité et son sentiment de contrôle.Devenir violent verbalement et psychologiquement
Dans d’autres cas, le narcissique projette sa colère et sa frustration sur les autres. Ces attaques, souvent verbales ou psychologiques, lui permettent de maintenir l’illusion d’un contrôle absolu et d’une supériorité sur son environnement.
Un équilibre fragile entre paranoïa et grandiosité
Ainsi, la paranoïa du narcissique ne se limite pas à une simple réaction défensive. Elle nourrit sa vision grandiose de lui-même et devient une stratégie pour échapper à l’intimité émotionnelle et aux défis imposés par la réalité. Mais cette dynamique est profondément dysfonctionnelle, entraînant un cycle perpétuel d’isolement, de conflits et de souffrance intérieure.
L’attribution défensive : un mécanisme protecteur
Le narcissique projette ses propres motivations et processus psychologiques sur les autres, interprétant souvent leurs comportements comme motivés par la colère, la peur, la haine ou l’envie à son égard. Il est profondément convaincu qu’il est la cible de persécutions menées par ses détracteurs, des figures puissantes ou des critiques.
Pour le narcissique paranoïaque, cette perception d’être persécuté prouve son importance. Être l’objet d’une attention négative, omniprésente et injuste lui permet de se percevoir comme le centre du monde. Aux yeux du narcissique, seules les personnes véritablement exceptionnelles subissent de telles persécutions : être traqué, suivi ou harcelé par des figures puissantes valide, selon lui, son rôle central dans le grand schéma des choses.
Son dialogue intérieur inconscient pourrait se résumer ainsi : « Si je suis l’objet de complots et de conspirations, c’est que je suis très important. Je dois être suffisamment exceptionnel pour attirer ce type d’attention. »
Le besoin de validation par la punition
Pour nourrir cette illusion, le narcissique cherche inconsciemment à provoquer des figures d’autorité afin d’obtenir une punition. Cette punition, loin de le déstabiliser, renforce ses discours délirants : elle lui donne l’impression d’être digne d’attention, même si celle-ci est négative. Ce comportement provocateur et autodestructeur renforce l’identification projective.
Les délires paranoïaques des narcissiques
Les délires paranoïaques du narcissique sont toujours grandioses, empreints d’une portée cosmique et historique. Ses détracteurs et persécuteurs imaginaires sont toujours influents et redoutables. Ils ne sont jamais perçus comme inférieurs à lui, mais plutôt comme ses égaux ou ses supérieurs, cherchant à exploiter ses traits exceptionnels ou son expertise – s’il en possède une expertise. Selon lui, ces figures cherchent à :
Empêcher ses actions ou limiter son influence.
Le manipuler pour obtenir un avantage.
Voler ses idées, les plagier ou conspirer contre lui.
En se voyant comme le centre d’intrigues d’une ampleur colossale, le narcissique nourrit sa vision grandiose de lui-même. Ces illusions ne sont pas seulement des défenses, mais aussi des constructions identitaires qui soutiennent son estime de soi face à une réalité qu’il perçoit comme hostile.
Le narcissique et son statut de victime
Le narcissique se perçoit comme une victime des bureaucrates médiocres et des nains intellectuels qui, selon lui, échouent à reconnaître ses talents, ses compétences et ses réalisations extraordinaires, uniques et révolutionnaires. Être ignoré ou persécuté par des individus qu’il considère comme inférieurs devient, à ses yeux, une justification de sa supériorité comparative.
Dans son esprit méprisant, ces « Pygmées » on « nains », animés par une envie pathologique, conspirent pour le frauder, le harceler, l’envier, le dénigrer ou l’isoler injustement. Le narcissique projette alors ses propres émotions négatives sur cette catégorie de « persécuteurs mineurs » : sa propre agressivité, sa rage et sa jalousie deviennent, selon lui, les traits caractéristiques de ces supposés conspirateurs.
Un équilibre psycho-émotionnel extériorisé
Comme vous l’avez vu, l’estime de soi du narcissique est entièrement dépendante de stimuli extérieurs. Pour se sentir vivant et exister à ses propres yeux, il a besoin d’attention, d’adoration, d’applaudissements, de notoriété ou même d’infamie. Toute forme d’attention, positive ou négative, lui est indispensable pour maintenir une illusion de contrôle.
Lorsque cette provision narcissique lui fait défaut, le narcissique compense en s’inventant des récits fictifs. Ces récits, pour lui, ne sont pas des simulations conscientes : ils deviennent sa réalité. Il se place toujours au centre de ces histoires, en tant que protagoniste héroïque ou persécuté, et utilise ces narrations pour manipuler son entourage.
Comportement provocateur pour attirer l’attention
Pour forcer les autres à entrer dans son univers fictif, le narcissique adopte un comportement inapproprié, provocateur ou étrange. Ces actions, bien que déroutantes, servent un objectif précis : obtenir l’attention indispensable à son équilibre psychologique, même si elle est négative.
Mais la paranoïa a une double fonction : non seulement elle alimente l’illusion de grandeur du narcissique, mais elle joue aussi un rôle central dans sa fuite de l’intimité. Sam Vaknin nous éclaire sur cet aspect trompeur et crucial
La paranoïa comme défense contre l’intimité
La paranoïa joue un rôle clé dans les mécanismes de défense du narcissique face à l’intimité. Il perçoit l’intimité comme une menace, car elle expose ses faiblesses, ses défauts et ses vulnérabilités. Être intime le confronte à une réalité qu’il redoute : celle d’être ordinaire, commun, et réduit à une médiocrité qu’il ne peut accepter.
L’intimité l’oblige également à rencontrer ses émotions profondes – souffrance, envie, colère, agressivité – qu’il préfère éviter. Plutôt que de reconnaître ces sentiments comme les siens, il les attribue à son partenaire intime, qu’il accuse implicitement de les provoquer ou de les lui imposer. En rejetant l’intimité, le narcissique renforce une dynamique autoréférentielle où tout semble tourner autour de lui, justifiant ainsi ses illusions paranoïaques.
Le récit paranoïaque comme justification
Le narcissique utilise son récit paranoïaque pour légitimer des comportements qui repoussent ou détruisent l’intimité. Ces comportements incluent :
Garder ses distances ou préserver des secrets.
S’isoler ou devenir émotionnellement absent.
Mentir, espionner, ou adopter un comportement imprévisible ou excentrique.
Se retirer sexuellement ou éviter les échanges affectifs sincères.
Montrer de l’agressivité pour tenir les autres à distance.
Ces stratégies, motivées par sa paranoïa, lui permettent de maintenir une distance émotionnelle sécurisante, tout en rejetant sur autrui la responsabilité de l’érosion des relations.
Un cercle vicieux d’aliénation
Avec le temps, ce schéma de comportement finit par aliéner son partenaire intime. Les amis, collègues, sympathisants, et même les proches du narcissique se retrouvent émotionnellement épuisés. Peu à peu, sa famille elle-même en vient à ressentir un détachement émotionnel, incapable de briser le mur qu’il érige autour de lui pour se protéger de l’intimité.
Un cycle de destruction personnelle
En raison de sa paranoïa, le narcissique finit souvent par vivre en reclus excentrique, devenu schizoïde, raillé, décrié, craint et haï. Sa paranoïa, exacerbée par les rejets répétés, les blessures narcissiques, le vieillissement et les aléas de la vie, s’empare progressivement de tout son univers.
Cette paranoïa envahissante restreint son adaptabilité, diminue sa créativité et affaiblit son fonctionnement global. Sous son effet, sa personnalité devient de plus en plus rigide, se fissurant peu à peu jusqu’à s’effondrer entièrement. Lors de cet effondrement, même la paranoïa finit par disparaître, ne laissant derrière elle qu’un vide abyssal.
Ainsi, le narcissique est progressivement consumé par sa propre existence, jusqu’à devenir un néant, non pas au sens métaphysique du terme, mais comme une entité autodestructrice, semblable à un trou noir s’engloutissant lui-même.
La transparence : un outil pour apaiser les paranoïaques
Malgré les risques que cela comporte, il est toujours préférable d’être totalement honnête avec un partenaire intime paranoïaque. La transparence totale, bien qu’elle puisse être douloureuse, est moins menaçante que les fantasmes et soupçons qui envahissent son esprit.
Prenons un exemple : imaginez que vous discutiez avec un collègue sans en informer votre partenaire paranoïaque. Lorsqu’il l’apprend, son dialogue intérieur pourrait être : « Elle doit être attirée par cet homme. Elle me cache des choses, elle est malhonnête. Et si elle me cachait bien plus encore ? Elle couche probablement avec lui et avec d’autres hommes. Je me sens menacé. Je me sens trompé. Je me sens trahi. Je dois mettre fin à cette relation. »
Pour un(e) paranoïaque, l’absence d’information est perçue comme une menace directe. Dans ces moments, l’imagination paranoïaque s’emballe, et les scénarios imaginés deviennent bien plus destructeurs que la réalité.
Pourquoi la transparence est essentielle
Si vous souhaitez maintenir une relation avec un(e) paranoïaque, partagez tout : vos actions, vos pensées et vos interactions. Même une réalité difficile ou blessante sera toujours moins toxique que les catastrophes imaginées par un esprit hypervigilant.
La transparence agit comme une ancre pour le paranoïaque, apaisant son esprit agité et créant un espace où la vérité, aussi douloureuse soit-elle, peut être acceptée. Elle permet également d’éviter les dynamiques destructrices où les soupçons incontrôlés finissent par éroder une interaction déjà fragilisée par sa pathologie.
Conclusion : Le narcissique est le centre du monde
Le narcissique ne se voit pas seulement comme le centre de son monde, mais comme le centre du monde entier. Cette distorsion cognitive, l’une des plus envahissantes chez lui, repose sur l’illusion qu’il est le premier moteur, la source et l’agitateur principal de tout ce qui l’entoure. Nous parlons d’un Dieu !
L’illusion d’omnipotence et d’omniscience
Le narcissique est convaincu que :
Les humeurs des autres dépendent directement de lui.
Il est la source de toute connaissance, la cause première et finale.
Il est l’Alpha et l’Omega, une figure quasi divine.
Cette perception découle du fait que son estime de soi et son sentiment d’existence reposent entièrement sur des stimuli extérieurs, et non sur une source intérieure.
L’exploitation des autres pour survivre
Pour exister, le narcissique exploite les autres comme des ressources afin de maintenir sa provision narcissique. Il recherche constamment :
Attention,
Adulation,
Admiration,
Crainte.
Sans ces réactions extérieures, le narcissique se désintègre. Il se sent invisible, vide et sans valeur. Passer inaperçu équivaut pour lui à une annihilation intérieure, une forme de mort psychologique. Pour éviter ce vide, il se convainc qu’il est le centre des attentions, des intentions et des sentiments d’autrui. Cette obsession alimente ses idées de référence, qui l’incitent à croire que :
Les discussions des autres tournent toujours autour de lui.
Un sourire est une moquerie dirigée contre lui.
Le bonheur des autres est une forme d’égoïsme, car il néglige son rôle supposément « essentiel » dans leur vie.
Mais ces idées de référence, issues d’un besoin désespéré d’attention, finissent par enfermer le narcissique dans un cercle vicieux qui le conduit à une paranoïa destructrice.
Le glissement vers la paranoïa
Ces idées de référence, issues de mécanismes de défense primitifs, renforcent son sentiment d’omnipotence, d’omniscience et d’omniprésence. Cependant, elles finissent par générer un glissement progressif vers la paranoïa.
Le narcissique vit dans un état constant d’hypervigilance et d’auto-surveillance. Il croit que les autres parlent de lui, le surveillent ou complotent contre lui. Avec le temps, cette vigilance épuisante devient un cercle vicieux : ses illusions d’importance exacerbent sa paranoïa, qui le pousse à s’isoler et à s’effondrer psychologiquement.
Lorsque la paranoïa devient insoutenable, elle finit par consommer l’identité fragile du narcissique, laissant un vide abyssal à la place de son hologramme illusoire.
Un cercle vicieux d’autodestruction
En résumé, le narcissique est consumé par ses propres illusions. Son besoin obsessionnel d’être le centre de tout le conduit à s’épuiser dans une spirale autodestructrice, marquée par :
La recherche constante de validation extérieure.
L’effondrement face à l’absence d’attention.
Une paranoïa croissante qui finit par le plonger dans l’isolement et l’effondrement total.
En fin de compte, le narcissique pathologique, enfermé dans ses illusions de grandeur et sa paranoïa, finit par devenir prisonnier de son propre vide. Il est à la fois le créateur et la victime de son univers clos.
Imaginez ceci : Si vous étiez persuadé(e) en permanence que les gens parlent de vous, s’intéressent à vous, vous surveillent ou vous jugent, et si vous viviez dans un état constant d’hypervigilance, ne finiriez-vous pas par sombrer dans la paranoïa ?
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Prabhã Calderón