Les narcissiques cachés
20 sept. 2024
Par Prabhã Calderón
Les narcissiques cachés — aussi appelés « secrets », « occultes », « fragiles », « vulnérables » ou « masqués » — qui sont-ils vraiment, et qui sont-ils vraiment ? Comment agissent-ils, et comment leur abus narcissique, à la fois pernicieux et toxique, conduit-il à la destruction de leurs victimes ? »
Pour comprendre leur fonctionnement — complexe et difficile à discerner — il faut s’appuyer sur une expertise solide. Le professeur Sam Vaknin est considéré comme une référence mondiale en matière de narcissisme pathologique. Depuis plus de trente-cinq ans, il consacre ses recherches au trouble de la personnalité narcissique, ainsi qu’à d’autres troubles de la personnalité. Il est à l’origine de la majorité des concepts qui nous aident aujourd’hui à décrire, à comprendre et à analyser le narcissisme pathologique.
Ce texte est une synthèse personnelle de ses travaux, à laquelle j’ai joint des observations issues de mon expérience. Bien que le narcissisme pathologique touche autant les femmes que les hommes, j’emploie ici le pronom masculin pour faciliter la lecture.
Si la personne avec qui vous vivez ou travaillez ne présente pas l’ensemble des mécanismes défensifs, traits, attitudes et comportements décrits dans cet article, il ne s’agit probablement pas d’un(e) narcissique caché(e). Je vous invite à lire ce texte attentivement, avec recul et objectivité, afin d’observer ce qui se joue dans votre dynamique relationnelle.
Vous pouvez consigner par écrit les comportements de cette personne à votre égard, sans amplifier ni minimiser les faits. Décrivez également vos propres réactions psycho-émotionnelles.
Cet article comporte trois parties — trois aspects du narcissique caché :
Le narcissique caché anxieux — fragile, masqué, dissimulé, fictif.
Le narcissique caché passif-agressif — un « innocent » très violent.
Le narcissique caché qui a sombré dans la psychopathie primaire.
Plongeons maintenant dans l’univers des connaissances du professeur Sam Vaknin.
Introduction : le narcissisme pathologique
Le narcissisme pathologique est un trouble de la personnalité — ou de l’identité — situé à la frontière de la psychose. La psychose se caractérise par une rupture partielle ou totale avec la réalité, entraînant des altérations profondes dans la perception de soi et du monde.
Le célèbre psychanalyste autrichien Otto Kernberg a souligné sa proximité avec le trouble de la personnalité limite (borderline), ainsi qu’avec certains aspects de la schizophrénie.
Ainsi, les narcissiques pathologiques souffrent d’une désorganisation identitaire telle qu’ils peinent à distinguer le réel de l’imaginaire.
Leur monde psychique est largement dominé par des fantasmes, qui occupent jusqu’à 80 % de leur activité mentale.
Comme ils confondent fantasmes et réalité, leur parole n’est pas mensonge mais conviction : ils vivent dans leurs propres récits illusoires.
Ainsi, ils submergent les autres dans le torrent de leurs fantasmes, dès qu’ils les réduisent à des « objets internes » manipulables dans le cadre du fantasme partagé.
Ils entretiennent une perception grandiose de leur importance et de leurs capacités.
Derrière leur façade de perfection divine, de moralité ostentatoire, d’altruisme affiché et de vertu irréprochable, ils adoptent une posture prosociale ou communautaire — sans pour autant éprouver la moindre empathie affective.
Ce tableau émerge d'un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Les recherches montrent que l’enfant qui développera un narcissisme pathologique a vécu des expériences traumatisantes : il a pu être trop choyé, instrumentalisé, contrôlé, dominé, possédé ou maltraité par un parent narcissique, ou par une mère dépendante affective. Les scénarios traumatiques sont multiples. Dans tous les cas, l’enfant a été leur otage psycho-émotionnel. Pour en savoir plus, cliquez ici : Le syndrome de l’otage chez les enfants.
Le développement harmonieux des enfants repose sur la présence de quatre formes essentielles d’empathie : instinctive, émotionnelle, compassionnelle et cognitive. Ils ont besoin d’être vus, compris et accueillis tels qu’ils sont. Lorsque cette empathie fait défaut, leur développement intérieur se fige. Cette interruption dans leur évolution se manifeste, à l’âge adulte, par des troubles de la personnalité et des troubles de l’attachement.
C’est pourquoi les narcissiques — qu’ils soient manifestes ou cachés — restent figés à une étape infantile de leur développement psycho-émotionnel et affectif.
Leur narcissisme, intrinsèquement lié aux relations intimes, les empêche de reconnaître l’altérité de leurs proches et de leur offrir un amour authentique.
Quelle est la différence entre narcissiques manifestes et narcissiques cachés ?
Les recherches menées au cours de la dernière décennie indiquent que les narcissiques pathologiques peuvent présenter une psychodynamique soit manifeste, soit dissimulée, en fonction de contextes, et de leur capacité à soutirer leur provision narcissique, obtenue par l’intermédiaire de sources externes. Il s’agit d’une « nourriture » psycho-émotionnelle, indispensable au maintien de leur équilibre et de leur économie psychique. Vous trouverez un article très complet sur le sujet ici : La provision narcissique.
Ainsi, l’existence psycho‑émotionnelle du narcissique manifeste repose entièrement sur la l’attention, la validation, la reconnaissance, l’admiration et l’adoration d’autrui. Pour cette raison, il développe des stratégies pour obtenir des sources d’approvisionnement narcissique. Pour comprendre comment il procède, lissez cet article : Les narcissiques classiques.
Il exhibe son image grandiose selon l’un des deux sous‑types : cérébral ou somatique.
À l’aide de ce « faux self », il attire sans effort tous ceux qui le narcissisent.
Sa perception, altérée, lui permet de se sentir supérieur, d’exiger sans limites, de s’arroger tous les droits et d’exprimer sa rage narcissique de manière explosive.
Sous des airs de joyeux luron, fougueux et fonceur, il s’élance dans le risque.
Téméraire, exploiteur, parfois traversé par de pulsions psychopathiques ou antisociales, il rejette l’autorité et s’aventure dans des comportements délictueux.
Mais s’il échoue, s’il est critiqué, humilié ou exposé, il peut glisser vers le narcissisme occulte, parfois pour longtemps.
Le narcissique caché, se sentant incapable de soutirer cette provision narcissique — vitale à son fonctionnement et existence — s’enfonce dans un effondrement partiel chronique.
Dans sa variante anxiogène, il apparaît timide et fragile : il s’isole, s’efface et se replie sur lui‑même, s’adonnant à des ruminations sur son amertume, son complexe d’infériorité, sa honte toxique et son auto‑victimisation grandiose.
Dans sa variante passive‑agressive, il érige un univers saturé de négativité, où s’entrelacent paranoïa, agressivité passive et envie corrosive.
Lorsqu’il bascule vers la psychopathie primaire, les relations deviennent pour lui de véritables terrains de prédation.
Le professeur Sam Vaknin a décrit le narcissique caché ainsi :
Le narcissisme pathologique, dans sa variante occulte, se révèle plus pernicieux, vicieux et toxique que dans sa forme manifeste. L’abus narcissique propre à cette variante repose essentiellement sur l’agressivité passive.
Le narcissique caché entrave la communication et se dresse contre les besoins légitimes, les projets, les désirs et les espoirs de ses proches.
Hormis sa contribution aux besoins matériels de sa famille, il refuse toute expression d’affection, de tendresse, d’amour, de regard ou d’attention.
Il dissimule son dysfonctionnement derrière les rôles qu’il est censé jouer dans la famille, au travail ou dans la société, ou derrière une posture de victimisation permanente qui le pousse à s’effacer, à s’isoler et à susciter la pitié.
Il masque son affectivité négative — ses émotions sombres — derrière une façade de pseudo-humilité et de fausse modestie, se rendant utile et offrant des services.
Il dissimule son narcissisme pathologique derrière sa propre désinformation, ses croyances délirantes sur lui-même et ses distorsions cognitives concernant ses capacités.
Il occulte ses véritables intentions derrière des normes sociales, des mœurs culturelles, des théories du complot ou des politiques extrémistes.
Il mime l’empathie, la compassion, l’altruisme et l’attention envers les autres, utilisant même son corps pour feindre des émotions — cette sensibilité qui, si elle était réelle, lui ouvrirait l’accès à l’amour et au respect d’autrui.
Grand manipulateur, il sait imiter les émotions d’autrui pour mieux les contrôler, les instrumentaliser ou les détruire psychiquement.
Il s’attribue les compétences des autres à travers des stratégies hypnotiques, et s’affiche alors comme un savant dans n’importe quel domaine.
Il peut se faire passer pour un chaman, un guérisseur ou un thérapeute, se cachant derrière un masque de serviabilité, de dépendance affective ou de victime charmante.
Il exprime sa rage narcissique et son envie corrosive à travers des comportements passifs-agressifs, le traitement du silence et une forme d’innocence violente.
Ces dissimulations — parmi tant d’autres — le rendent particulièrement dangereux et psychiquement plus destructeur que les narcissiques manifestes. Même ses proches, hypnotisés par ses stratégies de manipulation, s’habituent à son absence de présence psycho-émotionnelle, sans réaliser qu’il s’agit d’une forme d’agression passive très destructrice.
Cette mécanique mentale s’est cristallisée dans son psychisme à la suite de l’interruption brutale de son processus d’individuation et d’autonomie psycho‑émotionnelle. Cette fracture a généré un noyau schizoïde.
Son noyau identitaire schizoïde
En raison du trouble de stress post-traumatique issu de son enfance — plus précisément d’un poids transgénérationnel —, le narcissique pathologique ne possède qu’un noyau schizoïde. Ce noyau se manifeste comme un vide intérieur — un néant, un trou noir : un espace infini et informe, surgissant tel une absence de limite, menaçant la dissolution même de l’être.
Comme le narcissique manifeste, le narcissique caché est dépourvu d’un noyau identitaire solide — indispensable à la formation d’une identité stable, d’un ego fonctionnel, et d’une structure psycho-émotionnelle équilibrée. Son noyau schizoïde est dissocié du reste de sa psyché : celle-ci est fantasmée, mais jamais intégrée à une construction significative de son identité. Puisque ses repères psychoaffectifs et les frontières du « moi » ont volé en éclats — du fait des traumatismes précoces survenus durant l’étape narcissique de son développement, entre 8 mois et 4 ans —, son identité est brisée, diffuse et désamorcée.
Les conséquences sont les suivantes :
Il souffre d’une insécurité ontologique profonde (du grec ontos, « être »).
Il est chroniquement effondré et se sent souvent anéanti ; il demeure donc absent à lui-même comme aux autres.
Il manque de fonctions cruciales de l’ego et d’une structure psychique stable.
Il lui est dès lors impossible de se percevoir comme un individu entier, doté d’une véritable place dans le monde.
Il oublie près de 80 % de son vécu et ne ressent pas la continuité de son être à travers le temps, jour après jour.
Le mot « schizoïde » renvoie à l’idée de scission, de fracture interne — fracture qui pousse le narcissique caché à se replier sur lui-même, à fuir le monde et à s’isoler pour panser ses plaies. Ce repli s’intensifie lorsque l’attention des autres et la provision narcissique lui font défaut, car il est incapable de réguler son équilibre intérieur de manière autonome et durable.
Il finit alors par s’identifier à un « mauvais objet » — c’est-à-dire à une image de lui-même qu’il perçoit comme indigne d’amour, pleine de défauts, incompétente, sans valeur et honteuse. Pour se protéger de ses insuffisances et de ces pensées anxiogènes, il adopte un faux self : une sorte de personnage destiné à masquer ce qu’il ressent réellement.
Ce faux self dépend de l’attention d’autrui pour exister. Pourtant, le narcissique caché n’a pas la capacité de s’entourer de personnes susceptibles de nourrir son narcissisme. Que fait-il ?
S’il est un narcissique anxieux, survivant avec un faux self fragile et effondré, il est contraint d’adopter une attitude de pseudo-humilité, tout en se rendant indispensable, serviable, utile ou généreux — dans l’espoir d’obtenir un minimum de provision narcissique.
S’il est un narcissique passif-agressif, son faux self peut adopter une posture d’autorité, destinée à susciter la crainte autour de lui, notamment au sein de sa famille. Ainsi, en se sentant omniscient et tout-puissant, il en extrait sa provision narcissique.
Comment le narcissique caché a-t-il adopté ce faux self ?
Dès l’enfance, il a renoncé à son véritable « Je suis » — libre de toute définition externe. Confronté à une insécurité terrifiante, il a sacrifié son cœur et son essence, les offrant à une divinité protectrice imaginaire. Celle‑ci devient son faux self : un rempart contre les menaces incarnées par les autres, par la vie, par la réalité meurtrière dans laquelle cet enfant a grandi.
Le faux self du narcissique caché représente l’idéal qu’il aspire à incarner, mais dont il est dépourvu. En s’identifiant à cette construction, il tente de fuir le vide intérieur, la pulsion de mort, l’insécurité ontologique et le complexe d’infériorité qui le hantent.
Ce faux moi ne se réduit pas à un masque : il constitue une organisation psychique, nourrie de fantasmes inconscients, des croyances limitantes, des mécanismes de survie et d’affects négatifs tels que la honte toxique, l’anxiété, la rage et l’envie corrosive.
Sa pulsion de mort
Le noyau schizoïde et l’insécurité ontologique engendrent chez les narcissiques pathologiques une pulsion de mort, qui les pousse à l’auto-annihilation et à l’autovictimisation grandiose.
Le connu psychanalyste Sigmund Freud, a expliqué la pulsion de mort ainsi :
« La pulsion de mort est une force de destruction qui habite l’intérieur d’un individu. L’agressivité exprimée n’en représente qu’une fraction projetée vers l’extérieur. »
C’est le cas du narcissique caché : il abrite une pulsion de mort qui se manifeste par une rage narcissique refoulée. Celle-ci est projetée sur autrui sous forme d’agressions passives, d’oppositions systématiques, de silences prolongés et d’un refus de communication.
Pour compenser cette pulsion de mort, il se réfugie dans l’illusion d’une perfection divine, espérant ainsi échapper à ses pensées dévalorisantes.
C’est pourquoi il peut, par exemple, arborer un masque de pseudo-humilité et adopter le comportement d’une personne irréprochable, bienveillante, voire dévouée. Il peut également s’accrocher à une quête prétendument spirituelle ou religieuse, qui lui sert à dissimuler sa honte toxique.
En réalité, le narcissique caché est dénué d’humanité, d’enthousiasme et de joie de vivre.
Il évoque un androïde programmé : capable d’imiter les émotions positives, mais incapable de les ressentir véritablement. Il confond l’amour avec l’abus — parmi bien d’autres distorsions affectives. Il agit comme un être humain, mais fonctionne tel un robot sans cœur, conçu pour simuler l’humanité.
Autrement dit, il est programmé pour faire de vous un objet de son propre esprit — que vous soyez son enfant, sa partenaire intime ou son associé — sans jamais entrer dans une véritable relation avec vous. Il ne vous offre donc ni amour véritable, ni respect, ni attention, car il demeure étranger aux émotions positives, et son affectivité n’est qu’une chambre obscure où nulle clarté ne se lève.
En raison de sa pulsion de mort, qu’il soit anxieux, passif-agressif ou psychopathe, le narcissique caché présente plutôt une affectivité négative.
Son affectivité négative : une compensation adaptative
En psychologie, l’affectivité négative (AN) désigne la tendance constante à éprouver des émotions négatives, telles que la paranoïa, l’anxiété, la peur, la honte toxique, la rage narcissique et l’envie corrosive.
Si, un narcissique manifeste entre dans un état d’effondrement et échoue continuellement à obtenir sa provision narcissique — parce qu’aucune stratégie ne fonctionne — alors il restera enfermé dans un état permanent de ressentiment, d’amertume, d’envie corrosive, de rage refoulée et de colère déplacée.
Le narcissique caché, bien que fragile, éprouve les mêmes émotions négatives — mais elles s’expriment de façon plus insidieuse, et non moins destructrices. Il reste un prédateur frustré, qui a peut-être échoué à sécuriser une proie. Mais, comme nous l’avons vu, il demeure obstiné et inconsciemment déterminé à se venger en infligeant aux autres son agressivité passive.
Il projette trois émotions négatives sur les autres de manière insidieuse : sa paranoïa, son agressivité passive et son envie corrosive. Paradoxalement, ces émotions l’aident à restaurer son sentiment grandiose d’importance et de contrôle sur les autres.
Sa paranoïa peut le pousser à devenir moins asocial, à imiter l’empathie et la compassion, et à adopter un comportement prosocial et communautaire.
Son agressivité passive peut lui permettre de se sentir tout-puissant.
Son envie corrosive alimente son ambition et peut, paradoxalement, le pousser à concrétiser certains projets.
Il est essentiel de comprendre que le narcissisme pathologique est intrinsèquement lié aux interactions avec autrui. Les schémas de comportement et le discours du narcissique caché sont souvent conçus pour inverser, saper et ruiner les échanges interpersonnels. Son mode relationnel est marqué par une approche nihiliste : il ne cherche ni à comprendre, ni à construire, ni à partager, mais à blesser, à démolir, en rendant la communication impossible.
En apparence, son discours semble inoffensif, bien intentionné, voire amical. Pourtant, en sous-texte, se cachent l’envie, la haine et le ressentiment, ainsi qu’une volonté sournoise de vous blesser, de vous rejeter et de vous nier. Ce décalage entre le texte visible et le texte caché crée en vous un conflit intérieur, nourri en permanence par ses attitudes passives-agressives.
Comment son agressivité passive se manifeste-t-elle ?
Le narcissique anxieux est tout sauf assertif, il n’extériorise jamais sa colère. En raison de son contrôle intérieur, un narcissique caché peut passer des années sans exprimer ouvertement sa rage, celle-ci demeurant entièrement refoulée. Cependant, ses émotions sont sombres, insidieuses et dissimulées : il rumine son insécurité ontologique, son complexe d’infériorité, sa honte et sa frustration chronique. Ainsi, il regarde le monde avec amertume, ressentiment et une envie corrosive. Il canalise sa rage narcissique à travers des attitudes négatives.
Anxieux ou passif-agressif, ses armes de contrôle sont : l’absence de fidélité à ses propres promesses, l’opposition constante, le refus de communication et le traitement du silence envers la personne qu’il souhaite détruire ou considère comme son rival. Il projette sa frustration sur les autres sous forme de rancœur, d’animosité, de mépris prononcé, de jugements, de critiques ou de moqueries acerbes.
Dans la relation, il ne vous offre aucun ARA — Amour, Respect, Attention — car il n’éprouve aucune émotion positive. Cela se traduit par un manque de solidarité humaine, de compassion et d’empathie, mais aussi par le fait que vous ne comptez pas à ses yeux. La relation se joue entre lui et « l’objet interne » qu’il a façonné de vous ; vous en êtes donc exclu(e). Son agressivité passive se manifeste par un silence pesant, une distance affective et une absence de présence psycho-émotionnelle — négligence extrême, dédain et indifférence glaciale. Vous ressentez le déchirement d’en être constamment nié(e).
Son agressivité passive peut aussi se manifester par une indolence accablante : il procrastine, remet tout à plus tard, vous instrumentalise et vous exploite sans scrupule.
Il peut vous faire travailler à sa place, ou saboter vos projets et ambitions avec une indifférence glaciale, tout en vous traitant avec mépris.
Une autre forme d’agressivité passive réside dans son effacement. C’est l’un de ses mécanismes défensifs : il disparaît derrière ses rêves et ses fantasmes, ou s’efface pour reprendre le contrôle d’une situation. C’est ainsi qu’il s’est protégé, enfant, de l’agression parentale. À l’âge adulte, il généralise ce comportement à l’ensemble de ses relations humaines. Il fait l’autruche, se réfugie dans sa pensée magique et semble dire implicitement :
« Tu ne peux pas me faire du mal, car je ne suis pas là. Je disparais de ta vie, ou je m’efface, même si je vis avec toi. »
Le narcissique caché déploie une innocence violente
Le terme innocence violente a été inventé par le psychanalyste américain Christopher Bollas. Dans le cadre du narcissisme pathologique de sous-type occulte, l’innocence violente se manifeste à travers cinq composantes essentielles :
1. Le narcissique caché n’assume aucune responsabilité pour ses comportements nuisibles, même lorsqu’il blesse, brise ou ruine la vie d’autrui par son agressivité passive et son absence de présence psycho-émotionnelle. Il se sent légitime à mépriser, ignorer, négliger, dévaloriser, dénigrer, nier et détruire les autres.
2. Puisque sa perception est altérée, il affiche une moralité ostentatoire, surtout lorsqu’il se présente comme prosocial ou engagé dans la communauté. Il se sent comme l’incarnation même de la perfection. Se sentant irréprochable et infaillible, il écrase les autres sous le poids de sa prétendue supériorité morale, de ses codes de conduite rigides, de ses règles et de ses normes. C’est la compensation de sa honte toxique et de son complexe d’infériorité.
3. Il présente un manque absolu de conscience des effets, des résultats et des conséquences de ses décisions, de ses choix et de ses actions. Son abus narcissique génère des préjudices considérables dans tous les domaines de l’existence de ses victimes, mais il demeure complètement inconscient de tout ce qu’il provoque. Il vit dans le déni de son impuissance, de ses insuffisances, de son complexe d’infériorité et de son agressivité passive.
4. Il refuse toute remise en question. Il refuse obstinément de reconnaître sa propre agressivité passive. Il refuse d’écouter ou de comprendre votre point de vue, ou celui de quiconque. Ce refus s’accompagne d’entêtement, de rigidité et d’une opposition constante. Imbu de lui-même, il méprise et invalide les remarques et les émotions d’autrui, car, de son point de vue, il est une bonne personne.
5. Il est un véritable professionnel du rôle de victime. Il recourt à l’auto-victimisation grandiose dès qu’il est confronté aux conséquences de ses actes ou de son manque d’action. Son narcissisme pathologique est une réponse adaptative à un environnement abusif, reposant sur un sentiment de victimisation érigé en principe organisationnel de son psychisme. Cette posture victimaire lui permet de justifier la projection de son agressivité passive sur autrui et de se sentir innocent — non coupable.
En réunissant ces cinq composantes — manque de responsabilité, absence de conscience, refus de remise en question, déni de ses actes et auto-victimisation — on découvre un être qui vous fait du mal tout en se percevant comme foncièrement bon, noble, tolérant, calme, respectueux, aimant, tendre et doux.
Cependant, en niant les conséquences négatives de sa dynamique intérieure, une dissonance cognitive particulièrement anxiogène émerge :
D’un côté, s’il se perçoit comme l’incarnation de la perfection divine, de la moralité et de l’omniscience. Donc, il devient nécessairement responsable de la souffrance d’autrui, puisqu’il en est la source ultime.
De l’autre, s’il refuse cette responsabilité, il ne peut plus se concevoir comme parfait, ostentatoirement moral ou omniscient.
Ce conflit constitue la dissonance inhérente à l’innocence violente : il n’est ni l’autorité suprême ni une entité divine, et cette reconnaissance demeure intolérable pour le narcissique. Cela engendre beaucoup d’agressivité passive et le recours au traitement du silence.
Le traitement du silence : un comportement fondé sur un affect réduit
Il n’y a rien de plus déchirant que de vivre avec un narcissique caché qui, tel une sculpture de la sagesse ne vous voit pas, ne vous écoute pas et ne communique pas avec vous. Il ne manifeste aucune émotion : on parle alors d’affect réduit. Son attachement est plat, évitant. Son absence de présence est dévastatrice — il semble avoir un trou noir à la place du cœur.
Les comportements liés au traitement du silence présentés ici, ne constituent qu’une partie de ceux décrits par le professeur de psychologie Kipling Williams :
C’est une stratégie — délibérée — de manipulation et de contrôle, qui nie l’existence même de la victime, sans que celle-ci ait nécessairement commis de faute.
À l’image du renforcement intermittent, le traitement du silence oscille entre distance émotionnelle et proximité, consolidant ainsi un lien traumatique.
Il s’agit d’une défense alloplastique, par laquelle l’abuseur attribue à sa victime la responsabilité de son silence ou de sa bouderie, sans jamais fournir d’explication.
C’est un comportement punitif redoutablement efficace, qui mobilise la coercition pour contraindre la victime à s’excuser ou à modifier son comportement.
L’exclusion de la victime par le traitement du silence, constitue une forme de gaslighting, générant un ostracisme psychologique : un véritable bannissement de l’autre.
Examinons à présent le narcissique caché dans sa variante anxieuse.
Le narcissique anxieux et son angoisse viscérale
Enfant blessé dans un corps d’adulte, le narcissique caché fragile souffre d’une anxiété chronique. Il ne se sent pas exister parmi les autres, qu’il ne reconnaît pas comme ses semblables, et redoute de ne pas être accepté. Il est effrayé à l’idée de vivre et d’exister en leur présence. Il choisit alors de s’effacer, de s’éloigner. En évitant ceux qui l’entourent ou en disparaissant de leur vue, il tente de restaurer — temporairement — une illusion de sécurité, masque fragile d’une insécurité abyssale.
Il redoute l’intimité, l’amour et l’empathie. Inconsciemment, il associe ces sentiments à des blessures d’enfance, à des humiliations muettes, à des douleurs anciennes jamais vraiment cicatrisées. Cela le pousse au retrait social et à l’isolement, car il ne dispose pas d’un modèle interne de fonctionnement relationnel. Il ne parvient pas à comprendre la nature des liens d’attachement qu’il pourrait établir avec autrui. Dépourvu de frontières psychoaffectives, il ne sait ni à qui accorder sa confiance, ni auprès de qui formuler ses besoins. C’est pourquoi il préfère se réfugier dans son monde imaginaire — son paracosme — peuplé de fantasmes, d’amis et d’ennemis inventés, plutôt que d’affronter la réalité telle qu’elle est.
En raison de son insécurité ontologique, il ne possède ni confiance en lui, ni estime de soi suffisante pour s’affirmer de manière adulte. Comme un enfant, il redoute l’abandon, le rejet, l’humiliation, la trahison ou l’injustice ou le jugement des autres. Cette peur constante le rend profondément défensif et évitant.
Cependant, s’il est prosocial et communautaire, il devient un activiste prétendant œuvrer pour le bien commun. Il adopte alors une posture de pseudo-humilité, dans l’espoir d’obtenir des autres un sentiment de sécurité et un minimum de provision narcissique.
Dans le cadre du fantasme partagé, il externalise son anxiété et vous contrôle :
Pseudo-hypocondriaque, il semble s’inquiéter pour votre santé.
Il vous abreuve de conseils et de rappels sur ce que vous devez faire ou ne pas faire.
Il se montre excessivement protecteur, s’alarme pour vos finances, et ainsi de suite.
Il perçoit ses comportements comme les preuves de son amour pour vous — c’est le récit qu’il se raconte.
Le vôtre, c’est celui d’un lien où vous vous sentez contrôlé(e) ou privé(e) de votre espace psychique.
Sa sensation d’inexistence et son vide intérieur
En raison de son noyau identitaire schizoïde et de l’absence d’une structure psycho-émotionnelle solide, le narcissique anxieux entretient un doute profond quant à sa propre existence, intimement lié à son insécurité ontologique.
Inconsciemment, il se dit : « Je n’existe pas. »
Cette certitude accablante constitue le socle fragile sur lequel repose sa structure psychique, alimentant en permanence son anxiété ainsi qu’une forme de paranoïa dissimulée.
À cette sensation de non-existence s’ajoutent des croyances profondément dévalorisantes, telles que : « Je suis mauvais », « Je suis nul », « Je suis imparfait », « Je suis incapable », etc. Ces convictions, issues de ses traumatismes, nourrissent en lui un vide intérieur abyssal. Ce vide intérieur, véritablement terrifiant, est la conséquence directe de son trouble de stress post-traumatique (TSPT), de son noyau schizoïde, de son insécurité ontologique et de son doute existentiel. Incapable d’entrer en relation avec authenticité, il se croit contraint d’adopter des apparences et des masques pour espérer être accepté par les autres.
Voici un vers du poème Le Vieux Marin, évoqué par le professeur Sam Vaknin pour décrire le vide intérieur du narcissique caché :
« Il avance solitaire dans la peur et l’effroi, sans jamais tourner la tête, tel quelqu’un qui sait qu’une menace glaciale se referme inexorablement derrière lui. »
Tel un trou noir hurlant dans son propre abîme, il est consumé par son vide intérieur. Incapable d’accéder à son être véritable, il ne peut exister qu’à travers un faux self chroniquement effondré. Ce n’est pas un masque qu’il peut retirer : il est devenu ce faux self.
Comment se manifeste le faux self d’un narcissique caché ?
Dans le cas du narcissique anxieux, il se manifeste par une pseudo-humilité, alors qu’en réalité, il aspire à incarner un narcissisme grandiose. Par conséquent, il oscille en permanence entre deux états psychiques :
Celui où il ne se perçoit que comme un « mauvais objet », ce qui le complexe profondément et le pousse à s’effacer devant les autres ou à adopter une posture de pseudo-humilité.
Celui où son faux self agit comme une compensation de ce « mauvais objet » qu’il croit être, en adoptant une posture d’agressivité passive, jamais frontale.
Puisqu’il n’a pas accès à son véritable « Je suis » — au Soi libre de toute définition ajoutée — il est convaincu d’être ses pensées et ses croyances négatives. Et s’il n’est que ses pensées négatives, alors il lui faut devenir leur contraire : des pensées positives idéalisées. C’est pourquoi son faux self endosse un personnage fictif, construit autour d’une pseudo-humilité, d’une pseudo-impeccabilité, voire d’une perfection pseudo-divine, illusoires.
Cependant, à un niveau inconscient, il demeure convaincu d’être fondamentalement mauvais. Malgré ses efforts pour masquer cette conviction, sa frustration et son amertume finissent par s’exprimer sous la forme d’une agressivité passive, qui se manifeste par le retrait, l’isolement, la distance psycho-émotionnelle, et un traitement silencieux.
Ces comportements — extrêmement blessants pour ses proches — sont ses mécanismes défensifs.
Ses mécanismes défensifs d’isolement et d’identification projective
Comme vous l’avez lu, le narcissique caché compense ses insuffisances par l’isolement. Il s’isole — sinon socialement, du moins psycho-émotionnellement. Mais il présente un autre mécanisme défensif appelé « identification projective ». Les observations du célèbre psychanalyste autrichien Otto Kernberg nous éclairent sur ces deux mécanismes.
L’isolement : ce mécanisme défensif permet au narcissique anxieux de préserver, dans son imaginaire, un sentiment de grandeur. Il méprise ceux qui l’entourent, tout en se considérant comme supérieur, spécial, unique, voire omniscient.
L’identification projective : ce mécanisme défensif implique qu’il projette sur les autres tout ce qu’il ne peut tolérer en lui-même, notamment ses « voix intérieures » qui lui disent qu’il est un « mauvais objet ». Il prête aux autres ses pulsions inacceptables, issues de croyances limitantes, d’émotions négatives ou de traits de personnalité qu’il juge indésirables.
Il projette également sur autrui ses sensations désagréables, comme le stress lié à des responsabilités qu’il refuse d’assumer. Souvent, il projette sur les autres ses propres idéations paranoïdes.
Ce processus permet au narcissique caché — en proie à un conflit interne générateur de colère — de renverser la situation. Plutôt que de reconnaître qu’il ressent de la colère, de l’animosité, voire de la haine, il se persuade : « Ils me blessent. Ils me détestent. »
Ainsi, par ces deux mécanismes — l’effacement et l’identification projective — il évite toute responsabilité, autant pour les souffrances qu’il cause, que pour le déni de sa propre pathologie.
La paranoïa du narcissique caché et sa tendance à l’auto-victimisation
Le narcissique caché anxieux est incapable d’obtenir sa provision narcissique de manière directe, comme le font les narcissiques classiques, car il se perçoit comme un raté, un être ayant échoué, ou encore comme quelqu’un condamné à être jugé, rejeté, expulsé de la société pour des fautes réelles ou imaginaires. Craignant le regard et les réactions d’autrui, il devient profondément autocentré, pseudo-autonome, auto-suffisant et presque invisible.
Il en vient à croire que les autres complotent contre lui. Ce sont là ses idéations paranoïdes, marquées par le sentiment d’être un « mauvais objet », par une anxiété constante teintée de catastrophisme, par la suspicion et une hypervigilance permanente. Terrifié à l’idée d’être observé, il s’imagine sans cesse scruté, jugé, cerné par des regards hostiles, prêts à lui nuire.
Convaincu d’être au centre de toutes ces attentions négatives, il nourrit un sentiment de grandeur qui alimente son narcissisme. En même temps, il s’enferme dans une posture de victime professionnelle.
Par conséquent, le narcissique anxieux se replie sur lui-même et devient émotionnellement absent. Il ne s’engage pas émotionnellement avec les autres, car il est dissocié à la fois de ses propres affects et de la réalité. En érigeant cette barrière émotionnelle pour se protéger, il se coupe également de ses proches — sauf lorsqu’il s’agit de leur rendre service, posture qui lui permet de maintenir une image valorisante de lui-même.
Dans les cas les plus extrêmes, il se dissocie totalement de son environnement, jusqu’à devenir inexpressif, car sa paranoïa vient confirmer son sentiment d’inexistence, d’impuissance et d’insuffisance. Ainsi, confronté à des contextes inconnus ou stressants, il peut être sujet à des accès de panique, à des crises d’angoisse, et sombrer dans le catastrophisme — tout en projetant la faute sur la personne présente à ses côtés. Pour approfondir, consultez l’article : La paranoïa des narcissiques.
Son syndrome dissociatif : dépersonnalisation et déréalisation
Enfermé dans son monde d’amertume, il manque de joie de vivre, de spontanéité et d’authenticité. Dissocié de lui-même, et sans accès à son véritable « Je suis », il se protège du monde extérieur en se réfugiant dans un univers à la fois infantile, et souvent illusoirement spirituel ou religieux. Cet univers imaginaire, appelé « paracosme », le sert à refouler ses émotions et à se dissocier de la réalité. Il souffre donc d’un syndrome dissociatif — un état de dépersonnalisation et de déréalisation.
La dépersonnalisation survient lorsqu’il ne parvient pas à intégrer sa perception de lui-même avec son sentiment d’identité. Autrement dit, il s’observe de l’extérieur, recevant toutes sortes d’informations sur lui-même sans pour autant s’y sentir relié. Pour lui, ces informations ne sont que de simples données, ce qui entraîne un phénomène appelé en psychologie clinique « l’éloignement ».
La déréalisation se manifeste par l’incapacité à intégrer sa perception du monde extérieur à sa propre identité. Il perçoit alors son environnement comme irréel, distant ou artificiel, ce qui accentue son sentiment de vide intérieur et son besoin de contrôle. Pour plus d’information consultez cet article : La dépersonnalisation et la déréalisation.
Sa perception altérée et le manque de fonctions cruciales de l’ego
L’incapacité du narcissique caché à atteindre une autonomie émotionnelle déforme sa perception de lui-même et du monde qui l’entoure. Son noyau identitaire schizoïde et son faux self ont engendré une structure psycho-émotionnelle très fragile et un ego dysfonctionnel.
Cela signifie qu’il est incapable d’examiner correctement la réalité. Il ne parvient pas à distinguer ses « objets internes » mentaux des objets externes, c’est-à-dire les personnes de la réalité extérieure. Il gère mal ses impulsions, souffre d’une dérégulation émotionnelle, et présente une faible capacité cognitive. Il n’a aucune intelligence émotionnelle, car son jugement est souvent altéré, et ses mécanismes de défense sont immatures et infantiles. Lisez l’article intitulé Les fonctions cruciales de l’ego.
Identifié à son « noyau schizoïde » et à son « faux self », il vit dans un état hypnotique qui lui fait percevoir le monde comme irréel, distant, falsifié et dénué de vie. Et puisqu’il ne vit que dans son mental, il rumine les messages toxiques provenant de ses « objets internes », c’est-à-dire les parents qu’il porte dans son psychisme. Il lui est donc difficile de s’engager dans la réalité de la vie. Par conséquent, il en vient à ressembler à une sorte d’humanoïde, dépourvu d’émotions positives, et incapable d’établir des relations authentiques avec autrui.
Pourquoi le narcissique anxieux est-il à ce point complexé ?
Pourquoi vit-il dans cet état de morosité, d’anéantissement chronique, de dépression sourde ? Parce qu’il est resté figé dans son passé, prisonnier d’une enfance marquée par des messages destructeurs, qu’il a introjectés de ses parents et pris pour des vérités. Au fond de lui, il est convaincu que ces derniers ne l’ont pas aimé et ne lui ont jamais accordé le droit d’exister pleinement, de s’affirmer, ni même d’exprimer sa joie de vivre.
Comme tous les enfants, le narcissique caché s’est identifié au parent maltraitant, s’y étant attaché au point d’en faire son principal objet interne : un abuseur idéalisé.
Il a introjecté (avalé), incorporé (consommé) et intériorisé (digéré) ce parent maltraitant, jusqu’à adopter ses valeurs, ses traits de caractère, ses comportements et les messages toxiques véhiculés à travers des maltraitances physiques et psycho-émotionnelles. Il a également absorbé sa honte profonde et son anxiété chronique — restant ainsi loyal à lui.
À l’âge adulte, il projette l’image de ce parent abusif sur ses proches, anticipant rejet ou trahison. Cela renforce son incapacité à faire confiance et à établir des relations saines. Rempli de honte toxique, il sabote inconsciemment les liens positifs : soit en se retirant émotionnellement, soit en adoptant des comportements destructeurs. Il recrée ainsi, encore et encore, le cycle du rejet et de l’humiliation.
Il nourrit ainsi une « affectivité négative » — terme employé en psychologie — composée d’émotions qu’il projette de façon insidieuse et passive sur les autres : honte toxique, paranoïa, anxiété croissante, rage narcissique contenue et envie corrosive.
Sa blessure archaïque alimente une rancune tenace, un ressentiment profond qu’il retourne contre lui-même, et contre autrui sous forme d’agressivité passive. C’est pourquoi il porte son complexe d’infériorité, son anxiété et sa paranoïa comme une seconde peau.
À cela s’ajoute une humiliation ancienne, jamais digérée, qui entretient une honte toxique et un apitoiement permanent. La moindre critique, le plus petit jugement, l’échec le plus banal le percute de plein fouet. Il est hypersensible à vif.
Constamment dévalorisé, il redouble d’efforts pour être accepté ou pour réussir enfin dans ses projets. Mais sa structure le sabote. Ses actions manquent d’impact ou de constance, car il méprise les autres ou, plus simplement, ne les voit pas, ou ne s’y intéresse pas vraiment. Ce mépris et ce détachement sont l’expression directe de sa honte toxique et de son impuissance projetée sur autrui. C’est ainsi qu’il restaure illusoirement son sentiment de supériorité.
Pour toutes ces raisons, il se retrouve privé de cette provision narcissique — ce carburant psychique qui, s’il en disposait, lui permettrait enfin de se sentir exister.
Ses voix intérieures : une coalition toxique
Le complexe d’infériorité du narcissique caché est alimenté par une multitude de voix intérieures qui hantent son esprit. Ces voix, forment une coalition toxique qui alimente son insécurité ontologique. Elles répètent inlassablement des messages dévalorisants, anxiogènes, auxquels il s’identifie comme si les figures qui les prononçaient étaient encore réelles et présentes. Ce sont des messages explicites ou implicites provenant de son parent abusif — ou d’autres figures marquantes — qu’il a introjectés et profondément intériorisés durant l’enfance.
Par exemple, un juge intérieur, froid et implacable, lui assène qu’il est un mauvais objet : nul, imparfait, incorrect, inexistant, incompétent, indigne, inadéquat, inutile, inefficace, insignifiant, etc. Il s’identifie non seulement à ce « persécuteur intérieur », mais aussi à l’enfant blessé qui encaisse ces jugements — devenu, lui aussi, un objet interne.
De là émerge un mécanisme de comparaison et de jugement de soi, qui le pousse à une auto-dévalorisation extrême. Mais comment se défend-il de ces voix intérieures qui l’assaillent et le détruisent en silence ? Il les projette à l’extérieur, sur les autres, sous la forme d’une colère passive, subtile et contenue, mais profondément blessante et déchirante.
Le paracosme du narcissique caché : une compensation illusoire
Pour apaiser sa paranoïa, le narcissique caché se réfugie dans le paracosme de sa petite enfance — un univers imaginaire où il se consacre à rêver. Ce monde mental est peuplé de monstres et d’amis imaginaires, régi par une religion fantasmatique destinée à combattre le mal, et structuré autour d’un paradis gouverné par une divinité bienveillante qui veille sur lui.
Au cœur de ce paracosme se trouve une Sainte Famille tout aussi imaginaire : son faux self y incarne le Dieu tout-puissant, sa partenaire intime devient la Mère divine, et lui-même endosse le rôle de l’enfant adoré. Cette construction psychique lui permet de compenser l’image du mauvais objet qu’il croit être et de combler son vide abyssal.
À l’instar des narcissiques classiques, il rêve de reconnaissance, de succès, de pouvoir, d’argent, de célébrité et de notoriété. Mais, en raison de ses insuffisances, ces rêves demeurent inaccessibles. Malgré ses efforts, il est incapable d’en tirer la moindre provision narcissique.
Il génère alors une auto-provision narcissique en s’imaginant, par exemple, des conflits dont il sort toujours victorieux, ou en se rêvant chevalier au service d’une Reine. Il peut aussi se fantasmer parvenu à une perfection divine, à une conscience éclairée, voire à une forme d’omniscience.
C’est là son activité compensatoire :
Plutôt que de remettre en question son sentiment d’anéantissement, son isolement, son auto-effacement, son anxiété, ses angoisses, sa paranoïa, sa déréalisation, sa dépersonnalisation ou ses comportements passifs-agressifs, il préfère s’abandonner à ses fantasmes, ses fabulations, ses récits illusoires et aux rôles fictifs qu’il s’invente.
Sa pensée magique : entre illusion et spiritualité dévoyée
La pensée magique correspond à cette croyance propre à l’enfant, selon laquelle il peut influencer la réalité extérieure par la seule force de ses pensées. Il s’agit d’une forme de pensée illusoire, normale à ce stade égocentrique du développement. Cependant, lorsqu’elle persiste à l’âge adulte, elle témoigne d’un mode de pensée relevant du registre psychotique.
C’est le cas du narcissique caché, qui confond imaginaire et réalité. Il croit que tout ce qu’il imagine est vrai et que sa volonté suffit à modeler le monde extérieur. À l’image d’un enfant avec ses jouets, il transforme les autres en personnages de son esprit, compagnons silencieux de ses jeux intérieurs.
Certains rêvent d’un univers spirituel où le bonheur serait absolu, exempt de toute douleur. Attirés par une spiritualité illusoire ou par une philosophie abstraite, déconnectée du réel et fondée sur des procédés auto-hypnotiques, ils élaborent une religion personnelle ou s’engagent dans une quête spirituelle purement imaginaire.
Sans en avoir conscience, leur faux self devient alors leur divinité. Ainsi, un bon nombre de narcissiques cachés, devenus coachs autoproclamés et se croyant « hors humains », prolifèrent sur Internet. Ils proposent des pratiques hypnotiques censées guider leurs adeptes vers des « sphères cosmiques » — mais en réalité, elles relèvent davantage du domaine du « comique ».
Le contrôle des narcissiques cachés se retourne contre eux
Les narcissiques anxieux ont tendance à s’auto-contrôler par l’effacement. Ils retournement leur colère contre eux-mêmes sous une forme passive. Ce mécanisme les conduit à l’autosabotage : inconsciemment, ils permettent aux autres de les maltraiter, car ils ne posent pas de limites et n’expriment leur colère qu’à travers une agressivité passive, dissimulée derrière un calme apparent et une fausse équanimité.
Par exemple, si la femme d’un narcissique caché le trahit et l’humilie publiquement, il se dit :
« Tu ne me feras rien ressentir, car c’est moi qui t’ai poussée à me trahir. C’est moi qui contrôle tes réactions. De toute façon, quoi que tu fasses, je ne suis pas là, car je m’efface, je suis inaccessible. » Ce type de contrôle illusoire lui permet d’éviter de ressentir sa souffrance.
Un autre exemple de contrôle détourné contre eux-mêmes se manifeste lorsqu’ils perdent leurs possessions au profit des escrocs, faute de se défendre. Ils élaborent alors des justifications illusoires, se persuadant qu’ils conservent le contrôle des situations. Ils s’imaginent abandonner volontairement leurs biens au profit des autres. Ainsi, si l’un d’entre eux perd son argent en réalisant de mauvais investissements, il peut penser :
« C’est moi qui me détruis. Je suis voué à l’échec, cet escroc n’était qu’un outil de mon autodestruction. »
Ou encore : « C’est moi qui ai incité cette personne à abuser de moi. J’ai contrôlé la situation, car même si elle m’a humilié, je me suis effacé, je n’étais pas vraiment là. »
Le narcissique caché recadre ainsi les situations pour échapper à l’humiliation, à la honte et à la mortification. Cependant, son autosabotage le frustre, car non seulement il perd sa dignité, mais il doit aussi restreindre ses dépenses.
Comment fonctionnent-ils dans le monde ?
Pour fonctionner dans le monde, les narcissiques anxieux utilisent un personnage fictif. C’est un personnage d’apparence modeste, aimable, humble et serviable, qui leur permet de se convaincre qu’ils sont des « bons objets » et que les autres les accepteront pour cette raison.
Selon leur structure de caractère et leurs compétences, certains peuvent choisir un métier qui leur permet de vivre en solitaire. D’autres s’engagent dans des activités de service, dans l’espoir d’être acceptés. D’autres encore occupent des postes où ils rêvent constamment de progresser dans l’échelle de leur entreprise, sans jamais atteindre le sommet.
Certains adoptent un chemin religieux ou spirituel pour compenser leur vide intérieur. Par exemple, ils s’isolent dans un ashram pendant plusieurs années, ou deviennent nonnes ou prêtres. Dans ce cas, la divinité imaginaire qu’ils vénèrent n’est rien d’autre que leur propre « faux self », qu’ils appellent « mon être profond » ou « mon Dieu ».
Cependant, du point de vue de leur quête, choisie en réaction à leur insécurité ontologique, un centre de méditation ou un groupe de toxicomanes reviennent au même, car leur cathexis, ou énergie libidinale, est entièrement investie dans leur personnage fictif : leur faux self.
Ses stratégies pour attirer les autres
Le narcissique caché anxieux se rapproche des autres en offrant ses services sous un masque d’amabilité, parfois débordante. Il cherche ainsi à obtenir leur acceptation, leur pitié ou leur compassion. Lorsqu’on lui demande de l’aide, il peut réagir comme pour dire : « Bien sûr, je peux vous aider, mais ne me faites pas de mal, je suis sans défense. » C’est une attitude d’autovictimisation teintée de paranoïa, qui peut susciter de la pitié, mais aussi du dégoût.
Étant donné que sa libido est entièrement centrée en lui-même, lorsqu’il cherche à séduire, il se présente comme un enfant vulnérable, semblant dire implicitement : « Prends soin de moi, je suis sans défense. J’ai besoin de toi. » Il active ainsi l’instinct maternel de la personne qu’il cherche à séduire pour qu’elle prenne soin de lui.
Cependant, il ne peut pas offrir une relation vraiment adulte, fondée sur l’altérité de chacun, sur une communication pleine d’énergie vitale et basée sur l’égalité. Il ne peut pas non plus offrir une sexualité chargée de force érotique, car il est autoérotique.
Comment obtiennent-ils leur provision narcissique ?
En raison de tout ce qui a été décrit précédemment, les narcissiques cachés cherchent une provision narcissique en portant divers masques. Dans le cas des narcissiques anxieux, cette provision est obtenue davantage à travers leurs fantasmes que par des réalisations concrètes, contrairement aux narcissiques classiques.
Comme nous l’avons vu, l’un des fantasmes inconscients du narcissique caché est d’atteindre la perfection. Si, à force d’efforts, il parvient à se forger une bonne réputation, celle-ci restera liée à une situation où il vit par procuration — c’est-à-dire un lieu, une position ou un rôle — d’où il soutire sa provision narcissique. Par exemple, il peut devenir religieux ou spirituel, et même narcissique communautaire.
Le narcissique caché prosocial ou communautaire
La cathexis du narcissique caché — c’est-à-dire son énergie émotionnelle — est entièrement investie en lui-même. C’est pourquoi il évite toute situation comportant un risque de rejet, de critique ou d’humiliation, et développe ce qui s’apparente à un trouble de la personnalité évitante, marqué par une absence psychoaffective et un refus de tout échange qualitatif ou significatif avec autrui.
Cependant, dans certains cas, il peut adopter un comportement prosocial ou communautaire. Nombre de narcissiques cachés ont ainsi tendance à se réfugier dans la spiritualité. Dans ce contexte, ils entretiennent des relations et entraînent les autres vers les « sphères supérieures » de leur propre délire, notamment lorsqu’ils deviennent coachs, gourous, guides ou thérapeutes spirituels. Bien que leur cathexis semble tournée vers autrui, ils ne font en réalité que puiser leur provision narcissique derrière le masque de la spiritualité, de la guidance ou de leur prétendue religiosité.
Lorsqu’une personne affiche sa religiosité de manière ostentatoire, exhibe sa foi de façon démonstrative et cherche à capter l’attention par ce biais, elle manifeste un fonctionnement relevant du narcissisme pathologique. Ce type de personne instrumentalise la religion et la foi des autres en Dieu comme un levier d’attention — sa drogue. Sa communauté, qu’elle soit spirituelle ou religieuse, devient pour elle la source principale de sa provision narcissique.
Le narcissique caché est un imposteur — un faux dévot. Il détourne les croyances religieuses et la ferveur des autres pour s’assurer un flux régulier et prévisible de provision narcissique. Dieu n’est plus qu’un instrument, un outil, un moyen. Le but, c’est lui-même. Engagé au sein d’une église, d’un groupe spirituel ou d’une secte, il s’emploie à exhiber sa proximité avec la vérité divine — se présentant comme un canal pur de cette vérité. Il se positionne en figure supérieure par sa moralité ostentatoire, son éthique ou sa spiritualité, alors qu’il ne cherche qu’une chose : l’attention. Devenu narcissique communautaire, il est entièrement faux.
Le narcissique caché peut devenir alcoolique
L’alcool a sept effets sur lui :
L’alcool réduit, sur le long terme, sa capacité à communiquer avec autrui, mais sur le moment, il le rend plus ouvert à la communication, que ce soit avec des inconnus ou avec ses proches. Il devient temporairement plus sociable.
Sous l’influence de l’alcool, un narcissique caché peut se désinhiber et avoir des relations sexuelles avec son conjoint, alors qu’il est habituellement autoérotique.
L’alcool affecte encore plus sa mémoire, et accentue sa dissociation, lui permettant de se justifier et de dire : « Je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ou de ce que j’ai dit. Ce n’était pas moi, c’était la boisson. »
Il devient dépressif après une désinhibition initiale, donc l’alcool confirme sa dépression et son anéantissement.
L’alcool peut donner un semblant de structure à sa vie chaotique, car il est utilisé comme palliatif pour fuir sa douleur, sa honte, sa colère ou son anxiété.
L’alcool peut tout aussi provoquer une myopie alcoolique, et il peut devenir exagérément grandiloquent — macho, messie, dur à cuire, etc.
Sous les effets de l’alcool il peut devenir une version plus grandiose et parfois antisociale ou psychopathe de lui-même.
Son autoérotisme ou son asexualité
Si votre narcissique caché est alcoolique et vit principalement dans son monde illusoire, comment vous fait-il l’amour ? Puisque son énergie émotionnelle, libidinale et érotique n’est investie qu’en lui-même, il est autoérotique ou asexuel, voire misogyne. Pour cette raison, il peut avoir des comportements compulsifs.
Par exemple, il devient dépendant de la pornographie et peut vous contraindre à accepter des pratiques sadomasochistes. Il projette ses traumatismes sur vous, tout en cherchant à être maltraité. Cependant, il est terrifié à l’idée d’être humilié pour ses préférences sexuelles. Rongé par la honte liée à ses désirs, il se peut qu’il refoule une homosexualité mal acceptée.
Le Professeur Sam Vaknin affirme que certains narcissiques cachés ont tendance à la paraphilie. Il s’agit de l’excitation sexuelle à l’égard des enfants, des cadavres ou des animaux. L’inceste est également un comportement typique des narcissiques cachés.
Lorsqu’ils abusent sexuellement d’un enfant, ils utilisent le décervelage hypnotique connu sous le nom de « gaslighting ».
Ils font cela en se cachant derrière leur personnage fictif. Ainsi, quoi qu’il arrive, c’est à leur personnage que cela arrive, et non à eux.
Les pédophiles qui se consacrent à acheter les services des enfants sur internet pour abuser d’eux, sont souvent des narcissiques cachés.
Différences entre le trouble du spectre autistique et le narcissisme occulte
Il est essentiel de distinguer les comportements des narcissiques cachés de ceux des personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique. Certains symptômes de ces dernières peuvent prêter à confusion :
Déficit de réciprocité psycho-émotionnelle et difficultés de communication verbale ;
Problèmes dans la gestion et la compréhension des relations interpersonnelles ;
Faible intérêt pour les interactions sociales et difficulté à maintenir les liens ;
Tendance à l’isolement, souvent associée à des activités routinières comme l’informatique.
Les comportements des narcissiques cachés, en revanche, relèvent d’une autre logique :
Ils manquent d’empathie affective et ne présentent qu’une empathie froide, purement cognitive ;
Leurs défenses adaptatives sont alloplastiques — le blâme est systématiquement attribué aux autres — ils ne sont jamais responsables de rien ;
Leur absence de présence psycho-émotionnelle procède de leur noyau schizoïde, et leur retrait social découle de leur paranoïa.
Leur contrôle des autres s’exerce par l’agressivité passive.
Vous comprendrez mieux les différences dans la section suivante : Le narcissique caché passif-agressif.
Le moment est arrivé de vous poser une question…
Votre père était-il un narcissique caché anxieux ?
Si l’un de vos parents était un narcissique caché, il ou elle était inévitablement absent(e), malgré sa présence physique. Il faut savoir que le narcissique caché ne s’aime pas, et n’aime personne — même s’il lui arrive parfois d’avoir les larmes aux yeux.
En raison de sa pulsion de mort, il n’a pas accès aux émotions positives. Donc, il ne peut pas aimer ou entretenir des relations authentiques fondées sur le respect des besoins légitimes, de l’altérité et des limites de ses proches — y compris celles de ses enfants. Pourquoi ? Parce que dans son enfance, il a confondu l’amour avec l’abus dont il a été victime. C’est pourquoi, inconsciemment, il demeure un enfant blessé, terrifié par l’intimité, la proximité et l’amour.
Et, en raison de son noyau schizoïde, il ou elle était profondément méfiant(e), parfois jusqu’à la paranoïa. Inconsciemment, il vous évitait, ne communiquait rien, ou ne disait que le strict minimum. Peut-être accordait-il plus d’attention à ses occupations qu’à vous. Il ne vous regardait pas, ne vous offrait ni amour ni attention — et cela vous a brisé le cœur.
S’il était fortement dissocié, non seulement son regard était fuyant, mais il ne communiquait pas avec vous et ne manifestait aucun intérêt pour ce que vous étiez. S’il n’était qu’une sorte de « régisseur » donnant des ordres, en vérité, il était passif-agressif. Dans ce cas, il générait de la crainte et de l’insécurité : vous aviez certainement peur de lui — et vous avez peut-être fait l’expérience de la vallée de l’étrange. Voyons ce que cela signifie.
La vallée de l’étrange
La vallée de l’étrange est un concept développé par le roboticien Masahiro Mori. Il désigne le sentiment d’inconfort et sentiment d’étrangeté que nous éprouvons face à des robots humanoïdes dont l’apparence et les comportements ressemblent trop à ceux des êtres humains. Le narcissique caché produit une sensation similaire.
Si l’un de vos parents était narcissique caché, il a perturbé votre développement psycho-émotionnel : vous viviez dans un état d’insécurité, de confusion extrême, de déstabilisation, de frustration et de peur intense face à cet humanoïde dépourvu de véritable regard, incapable d’une communication authentique avec vous.
Ses messages implicites émanaient tous de sa pulsion de mort :
Auto-victimisation : « Je suis malheureux.se, pourquoi devrais-tu être heureux.se ? »
Dissociation : « Ne t’approche pas de moi. Tu me déranges. Va dans ta chambre. »
Moralité ostentatoire : « Tu dois suivre mes codes de conduite, mes règles rigides. »
Absence : « Je ne te vois pas, alors ne me demande ni amour ni attention. »
Négation de votre existence : « Tu n’es que mon « objet interne » manipulable. »
Invalidation émotionnelle : « Il ne faut pas montrer ses émotions, donc, je te laisse seul(e) avec tes émotions. »
En vous identifiant à ce type de messages, vous régressez psychiquement en âge.
Ce parent a fait éclater vos frontières psycho-affectives :
Il a entravé votre processus d’individuation, vous empêchant de développer une structure psycho-émotionnelle stable, un ego solide et un narcissisme sain.
Vous avez introjecté son identité, son absence de présence psycho-émotionnelle, ainsi que son univers de fantasmes inconscients et sa déconnexion d’avec la réalité.
Vous avez incorporé son agressivité passive et son méprit — ses jugements, ses critiques, et son invalidation de vos émotions.
Vous avez intériorisé son instrumentalisation, le rôle d’extension identitaire qu’il vous a imposé, voire son inceste psychologique.
Hypnotisé(e) par ces introjections — par la voix de ce parent dans votre esprit —, vous êtes resté(e) un enfant attaché à cet objet interne à la fois persécuteur et idéalisé.
Possédé(e) et contrôlé(e) de l’intérieur par ce parent, vous lui avez délégué votre capacité à évaluer, vérifier et examiner la réalité.
Votre perception étant altérée, vous êtes demeuré(e) dans un état de déréalisation et de dépersonnalisation qui vous empêche de discerner le faux du réel.
Vous vous niez — vous invalidez vos émotions, vos besoins légitimes et vos limites — comme ce parent le faisait.
Hypnotisé(e) par le monde psychotique de ce parent, vous le revivez encore et agissez selon ses fantasmes, ses fabulations et ses récits illusoires.
En raison de ce vécu douloureux, il est probable que vous ne pouvez pas ressentir de l’ARA envers vous-même : Amour, Respect et Attention — ce qui entraîne des difficultés relationnelles et d’attachement. Une prise en charge professionnelle s’avère pertinente pour aborder les effets traumatiques de l’abus narcissique, que ce soit dans sa variante anxieuse ou sa variante passive agressive.
Les deux compensations des narcissiques cachés
Comme nous l’avons vu, il existe deux compensations, qui permet aux narcissiques cachés d’occulter leur effondrement partiel chronique.
La première compensation est l’agressivité passive, extrêmement cruelle, par laquelle ils obtiennent un sentiment de toute-puissance et d’omniscience. Cela ne fait qu’aggraver leurs comportements, car ils deviennent encore plus autodestructeurs et destructeurs qu’ils ne le sont déjà.
La deuxième compensation est une psychopathie primaire. Dans ce cas, ils utilisent leur personnage fictif pour entrer dans la vie de quelqu’un afin de lui voler sa vie.
Examinons maintenant les comportements du narcissique caché passif-agressif.
Le narcissique passif-agressif et sa rage silencieuse
Imaginez une prison sans murs, une cage invisible où chaque sourire cache une intention, et où le silence comme l’absence de communication, deviennent des armes de destruction psychique. Vivre avec un narcissique caché, passif-agressif, c’est cela : la relation ne semble pas toxique au premier regard, mais on finit par s’épuiser, et finalement, s’éteindre.
Ce genre de personnage progresse dans l’ombre, drapé d’humilité, de sollicitude, et parfois d’une émotion feinte qui trouble. Mais derrière cette façade, une autre réalité se cache : celle d’un prédateur subtil, qui rabaisse sans hausser le ton, isole sans interdire, et fait passer ses besoins et son contrôle de vous avant votre équilibre. Ses attaques sont rarement frontales : elles sont feutrées, déguisées, presque invisibles. Et pourtant, elles laissent des traces bien réelles — dans le psychisme, dans le cœur, et dans l’énergie vitale de sa victime qui s’épuise lentement.
Lorsque le narcissique caché paraît plus stable, moins anxieux et moins fragile en apparence, il peut très bien se débrouiller dans la vie, voire occuper des postes élevés dans les hiérarchies. Pourtant, il transmet aux autres ses traumatismes et ses blessures d’enfance en projetant sur autrui sa propre rage narcissique — sous une forme passive-agressive, insidieuse et difficile à déceler.
Comment le reconnaître ?
À première vue, le narcissique caché passif-agressif paraît discret, intéressant, cultivé, parfois même admirable. Il affiche une modestie tranquille et une pseudo-humilité, tout en se montrant serviable. Il donne l’image d’une personne distinguée, digne, posée, impeccable, presque rassurante, sur qui l’on croit pouvoir compter. Mais derrière cette façade se dissimule une autre réalité.
Chez lui, la colère ne s’exprime jamais ouvertement : elle est contenue, enfouie. Il refoule ses émotions négatives derrière une perfection quasi divine et une moralité ostentatoire. Mais elles ne disparaissent pas pour autant — la rage, la paranoïa et l’envie corrosive fermentent en lui. Projetées sous la forme d’un silence pesant, d’un mépris voilé ou d’un retrait soudain et glacial, ces émotions se transforment en comportements passifs-agressifs : véritables signaux de son mal-être et de son dysfonctionnement toxique.
Sa tendance à l’isolement : une protection contre sa propre paranoïa
Chez le narcissique caché passif-agressif, l’isolement n’est ni un simple retrait ni un besoin de solitude. C’est une manière détournée de projeter sur autrui ce qu’il ne peut tolérer en lui-même. Ce repli traduit une forme de paranoïa : une méfiance profonde envers le monde, une peur diffuse d’être jugé, trahi, humilié ou démasqué. Soupçons d’intentions cachées, scepticisme, hypervigilance et catastrophisme imprègnent ses idéations.
Cette tendance se manifeste par une mise à distance subtile mais constante. Il s’enferme dans un univers où règnent contradiction et dissonance, où ses proches deviennent des sources inépuisables de déception ou d’une hostilité jamais exprimée directement. Ce retrait s’accompagne souvent de mépris, d’un désintérêt feutré pour les relations humaines et d’un enthousiasme éteint pour tout ce qui touche à la vie commune.
Son locus de grandeur : l’espace où il construit un récit illusoire
Son sentiment de supériorité transparaît dans sa posture, ses silences, ses regards et ses jugements implicites. Il se manifeste à travers l’image socialement acceptable qu’il s’efforce de préserver — une façade de modestie, de pseudo-humilité ou d’intégrité irréprochable. Mais derrière ce masque se dissimulent sa rage narcissique, sa paranoïa et, surtout, son envie corrosive soigneusement occultée.
Puisque le faux self du narcissique caché est vide, son métier, sa profession ou sa carrière — ainsi que les rôles qu’il endosse dans la vie — deviennent son locus de grandeur. C’est l’espace où il construit un récit intérieur grandiose, dans lequel il se vit comme spécial, unique, omniscient, tout-puissant et supérieur.
Vous le reconnaîtrez dans les critiques acerbes qu’il adresse au monde entier : s’il pratique la voile, il se proclame le meilleur et dévalorise tous les autres navigateurs ; s’il a construit son propre bateau, celui-ci devient, selon lui, un prototype exceptionnel. S’il est sculpteur, aucun autre ne saurait, à ses yeux, égaler son talent ni ses créations. Et ainsi de suite…
Cependant, ce sentiment d’être exceptionnel peut aussi naître de ses échecs répétés ou d’une faillite retentissante, qu’il transforme paradoxalement en preuve de sa singularité. Parallèlement, il adopte une posture victimaire. Il se dit incompris, mal aimé, négligé — et cette plainte lui confère, à ses yeux, tous les droits sur ceux qui l’entourent, surtout sur vous, sa (son) partenaire intime, ou son associé ou collègue de travail. C’est une autovictimisation stratégique, qui justifie ses comportements et le rend intouchable.
Son sabotage sur le lieu de travail
Lorsqu’un narcissique caché passif-agressif évolue dans un environnement professionnel — que ce soit comme collègue, partenaire ou associé — son agressivité ne se manifeste pas de manière frontale. Elle s’exprime plutôt à travers des comportements ambigus, difficilement condamnables au début, mais profondément déstabilisants sur la durée.
Il peut feindre l’engagement et montrer une participation de surface, tout en sabotant le bon déroulement des tâches. Il refuse les suggestions, adopte une posture de supériorité teintée d’ironie, oscille entre nonchalance et rigidité, se montre peu motivé, souvent négligent, et laisse traîner les choses sous prétexte de réflexion ou de surcharge. Par son inertie, sa procrastination, son absentéisme et ses promesses rarement tenues, il s’emploie à ralentir le rythme du travail — souvent même le vôtre. Vous le surprendrez distrait, l’esprit ailleurs, l’œil perdu devant un écran, occupé à rêver plus qu’à produire ou à créer.
Ces attitudes ne sont pas anodines. Elles sont le fruit d’un conflit intérieur provenant de son enfance. S’il a grandi sous l’autorité d’un parent dominateur, qui lui a imposé des responsabilités écrasantes, il développera, une fois adulte, une résistance quasi systématique à toute forme d’autorité. Chaque demande, chaque consigne est perçue comme une atteinte à sa liberté, comme une injustice. Il se positionne alors en victime d’un système qu’il juge corrompu, incompétent, oppressant ou compétitif ou de vous, à qui il voit comme l’autorité.
Et puisqu’il se sent lésé, défavorisé et amoindrit dans sa confiance en soi, il se donne le droit de rejeter la faute sur les autres — en particulier ceux qu’il considère comme des figures d’autorité. Lorsqu’il fixe des limites, ce n’est pas pour préserver un cadre sain, mais pour affirmer un pouvoir. Il confond la notion de limites avec celle d’opposition, et utilise cette confusion comme une arme pour éviter la collaboration ou la remise en question.
Sa difficulté à apprendre de nouvelles compétences s’ajoute à la confusion qu’il génère.
Il oublie les détails, survole les sujets ou les projets communs, et se contente d’une compréhension superficielle. Ce manque de profondeur alimente encore son inefficacité.
À long terme, ses comportements créent un climat délétère, où la méfiance, l’usure et la stagnation finissent par miner l’énergie de tout un bureau, un atelier ou un partenariat.
Ainsi, les narcissiques cachés s’éloignent de la réalité en refusant de devenir adultes, adoptant une attitude de non-participation et un sabotage passif-agressif. Ils restent des adolescents en opposition au patron, à l’ancien système et à la société. C’est une forme de résistance civile.
L’inconscience de soi et l’incapacité à se remettre en question
Le narcissique caché est plus ou moins capable de comprendre les comportements des autres, car il possède une « empathie froide », purement cognitive, qui lui permet de les observer pour se rassurer et adopter la stratégie d’approche adéquate.
En revanche, il est totalement incapable de prendre conscience de sa dynamique interne ou de s’intéresser à l’observation de ses propres comportements dans une perspective de remise en question. Pourquoi ? Il est probable que cette incapacité provienne de sa certitude inconsciente de non-existence : son insécurité ontologique et son noyau schizoïde incarnent une menace interne insoutenable — un vide abyssal et une angoisse profondément refoulée.
Il évite systématiquement toute responsabilité pour ses actes en feignant l’ignorance ou en se persuadant d’être aimable, tolérant, patient et doux. En réalité, il vit dans un déni total des motivations qui le poussent à manipuler et à contrôler les autres en niant leur existence.
Les défenses alloplastiques du narcissique caché
Pour se protéger des blessures infligées durant l’enfance, le narcissique caché a développé des défenses adaptatives alloplastiques. Le préfixe « allo- » vient du grec ancien állos, qui signifie « autres », tandis que le préfixe « plastique » provient du grec plastikós, désignant la formation ou la malléabilité. Ainsi, dans un contexte psychopathologique, une défense alloplastique se manifeste par la tentative de modifier l’environnement ou d’altérer la perception d’autrui, dans le but de résoudre un conflit intérieur.
En raison de ces défenses, le narcissique caché rejette systématiquement la responsabilité de son mal-être sur les autres, sur le contexte ou la société. Sa propre souffrance, sa frustration, sa colère ne sont jamais, à ses yeux, le reflet d’un trouble intérieur, mais toujours la conséquence d’un facteur externe.
Incapable de reconnaître la moindre part de responsabilité dans les tensions qu’il provoque, il rejette catégoriquement toute critique, tout en jugeant, lui, les autres. La confrontation lui est insupportable. Il ne s’excuse jamais, même lorsqu’il sait, au fond, qu’il a blessé ou franchi une limite. Reconnaître ses torts — ne serait-ce que cinq pour cent — reviendrait, pour lui, à risquer la perte de contrôle de son image. Alors il blâme de façon détournée. Il retourne les faits, manipule les récits, déplace la faute.
Ce rejet systématique de toute culpabilité est l’un de ses traits les plus marquants. Il lui permet non seulement de se préserver psychologiquement, mais aussi de maintenir sa domination et son contrôle sur les autres, créant ainsi un climat de confusion et de doute.
Et si vous avez le courage de le confronter — si vous mettez des mots sur ce qu’il s’efforce de masquer, vous vous exposez à des représailles. Car derrière cette façade de calme ou d’indifférence se cache une réactivité violente passive, prête à surgir dès que son auto-idéalisation et ses défenses narcissiques sont menacées.
Que se passe-t-il dans sa vie relationnelle ?
La vie relationnelle du narcissique caché passif-agressif est souvent pauvre, fragmentée, ou marquée par des tensions répétées. Il est incapable de construire des liens profonds et authentiques. Il n’a pas d’amis, et son conjoint ou son épouse est complètement frustré(e).
Son besoin compulsif de contrôle, l’empêche de s’engager pleinement. Il ne se relie pas vraiment à l’autre, mais cherche plutôt à maintenir une forme de contrôle sur la relation, en transformant l’autre en un objet interne manipulable, malléable comme une pâte à modeler.
Dans son couple, il rejoue inconsciemment ses blessures d’enfance. Ses traumatismes deviennent des schémas qu’il impose à ses partenaires, reproduisant ainsi des dynamiques de contrôle par le retrait affectif.
Par la manipulation qu’il exerce pour détruire sa victime, il agit de manière non verbale. Le langage corporel fait partie intégrante du machiavélisme du narcissique caché.
Il mobilise son corps lorsqu’il s’agit de manipuler, de contrôler, de conspirer, d’établir une connivence, puis de frapper la cible — à la manière d’un serpent dissimulé dans l’herbe.
Ces relations sont marquées par l’incompréhension, le déséquilibre et, bien souvent, par la rupture. Si vous l’interrogez sur ses relations passées, il évoquera ses ex-compagnes comme des personnes problématiques, instables, toxiques — jamais comme des partenaires avec lesquelles il aurait partagé une responsabilité dans l’échec de la relation. Il se présentera toujours comme la victime : trop généreuse, trop tolérante, mais incomprise et trahie.
Bien entendu, il passera sous silence son propre rôle : l’agressivité passive et le contrôle par le traitement du silence, l’indifférence glaciale, la négligence extrême, l’opposition constante, la rétention d’affection et l’innocence violente, sont les droits qu’il s’arroge dans la « relation ». En plus, en ne manifestant aucune émotion et en usant de l’évitement punitif et du retrait affectif, le narcissique caché détruit sa victime.
Ce qu’il a fait à d’autres partenaires intimes serait votre destin
Sans connaissance préalable de son dysfonctionnement, il peut être difficile de percevoir certains signes : l’absence d’amis proches, l’isolement justifié par une prétendue autosuffisance, ou encore son regard distant et méprisant sur le monde. Il donne l’impression de ne pas avoir besoin des autres, mais derrière cette façade se cache une forme de paranoïa sociale — une peur déguisée en indifférence, ainsi qu’un besoin profond de fusion infantile.
Observez-le attentivement, car certaines impressions ne trompent pas :
Ressentez-vous une forme de gêne, une sensation d’étrangeté en sa présence difficile à nommer ? Comment se comporte-t-il avec ses enfants ? Est-il capable de véritable tendresse, d’affection et d’attention sincère ? Joue-t-il avec eux ou leur consacre-t-il des moments suffisamment nombreux, basés sur des échanges et une réelle communication ?
Traite-t-il les autres — y compris vous — comme des égaux ? Ou bien, se montre-t-il hautain, arrogant et supérieur ? Et dans les situations ordinaires, comme aller au marché ou rendre visite à des proches, vous sentez-vous pleinement à l’aise à ses côtés ? Ou bien y a-t-il toujours un malaise, une sorte d’étrangeté, une tension qui plane, même dans les gestes du quotidien ?
Ces questions sont essentielles, car chez le narcissique passif-agressif, la colère ne se manifeste pas par des cris ou des éclats, mais par l’évitement affectif. Il exprime son hostilité de manière détournée : par la distance, l’indifférence, le mutisme, l’absence, des remarques cyniques ou méprisantes, un scepticisme froid, une impatience latente. Tout chez lui semble conçu pour tenir l’autre à distance, sans jamais rompre ouvertement le lien.
Ce comportement découle d’un manque d’émotions authentiques. La sensibilité, la compassion, l’empathie — ces qualités qui permettent une véritable communion — sont étouffées chez lui par une affectivité négative qu’il dissimule derrière une façade hautaine. Sa tristesse, sa colère et son ressentiment forment un noyau émotionnel figé, qui empêche toute intimité réelle. Le narcissique caché est un enfant sans cœur. Et puisque sa pathologie se manifeste principalement dans la relation à l’autre, c’est l’intimité qui en souffre le plus.
Ses partenaires, au fil du temps, vivent une érosion silencieuse mais profonde. Leur confiance en eux s’effrite. Leur estime de soi se fragilise. Leur perception de la réalité devient floue, altérée par les doubles messages, les non-dits, et la dissonance émotionnelle qu’il installe autour de lui. C’est un lent processus de démolition psycho-émotionnelle, difficile à détecter au début, mais dont les effets sont durables.
Pour renforcer cette posture, il peut s’accrocher à une idéologie, qu’elle soit politique, religieuse, philosophique ou spirituelle. Il y trouve des arguments pour justifier ses jugements, ses critiques, ses exclusions, et son mépris des autres.
Le sadomasochisme du narcissique caché passif-agressif
Lorsque votre partenaire intime est un narcissique caché passif-agressif, une chose devient vite évidente : il exprime sa colère sans éclats et sans aucune empathie. Son agressivité, en apparence endormie, est en réalité sadique. Et comme chez les narcissiques manifestes, cette colère prend souvent une forme sadomasochiste. Chez lui, l’amour est indissociable de la douleur, de la blessure, de l’humiliation. Il ne sait aimer qu’en reproduisant la maltraitance. Derrière ce comportement se cachent deux croyances profondément enracinées, forgées dans l’enfance :
Si ma mère (ou mon père) m’aime, alors elle me fait souffrir, me maltraite, me rejette, parce que je ne suis pas assez bien. Je suis la cause de son hostilité ou ses punitions.
Je suis un « mauvais objet ». Je mérite donc la douleur, l’humiliation, la trahison.
Dans son récit interne, il n’est pas seulement victime. Il devient aussi un prédateur émotionnel. Il vous fait souffrir, lentement, sadiquement, comme pour maintenir son contrôle et valider ses croyances. Et en infligeant cette douleur, il provoque vos réactions négatives. Il les provoque donc par son sadomasochisme.
C’est alors qu’il se positionne en martyr, incompris, mal-aimé, maltraité par ceux qu’il dît aimer, mais qu’il tente en réalité de contrôler, de dominer. C’est cette confusion — entre amour et maltraitance, entre douleur et attachement — qui fait du lien avec un narcissique passif-agressif une expérience aussi éprouvante que difficile à décrire.
Ces croyances forment la base de son système relationnel. Ainsi, à travers son agressivité passive — silences pesants, distance affective, absence, négligence et dédain — il cherche inconsciemment à recréer cette dynamique. Il vous pousse à bout, jusqu’à ce que vous envisagiez de l’abandonner ou de le trahir, comme un écho de ce qu’il a lui-même vécu. Et lorsqu’il sent ce rejet approcher, il évite de confronter son sentiment profond d’être indigne d’amour, en affichant une posture détachée — digne, tolérante, aimable, satisfaite…
Sa provision narcissique sadique
La provision narcissique, c’est cette nourriture invisible mais essentielle dont le narcissique pathologique dépend pour maintenir un équilibre intérieur et sa sensation d’exister. Incapable de s’autoréguler émotionnellement, il cherche en permanence des sources extérieures pour soutenir son faux self, son image, et alimenter son sentiment d’omniscience, de toute-puissance et de perfection quasi divine.
Le narcissique caché passif-agressif extorque une provision narcissique d’une nature sadique. Ce n’est pas en vous aimant ou en vous admirant qu’il se sent plein — comme il le prétend — mais en vous ignorant, en vous infligeant une indifférence glaciale, en imposant le silence, l’absence émotionnelle, le vide affectif — sans jamais se soucier de ce que vous ressentez.
Voyons comment régule-t-il ses émotions et son équilibre interne :
Il faut savoir qu’il externalise la responsabilité de sa vie : si vous êtes sa mère, il attend de vous que vous réguliez ses émotions et mainteniez son équilibre interne.
En vous faisant souffrir, sans jamais en assumer la responsabilité, il se sent exister.
Lorsque vous pleurez de douleur, il éprouve une euphorie narcissique.
En observant vos failles et vos blessures ou vos efforts pour comprendre ce qui se passe et réparer, il se sent supérieur, tout-puissant et invulnérable.
Il devient le spectateur cynique d’un théâtre qu’il orchestre lui-même.
Ainsi, sans que vous ne vous en rendiez compte, vous devenez la source même de sa provision narcissique sadique. Et plus vous tentez de comprendre son retrait ou d’apaiser la tension, plus il se sent renforcé dans sa position de contrôle et d’arrogance.
Le clivage : la division de l’autre en bon ou mauvais
Au cœur du narcissisme pathologique se trouve un mécanisme central : le clivage.
Comme tous les narcissiques, le narcissique caché a grandi en scindant le monde en deux catégories : le tout bon et le tout mauvais. Et cette division ne concerne pas seulement les autres, mais aussi lui-même.
Dans son monde intérieur, sa mère — figure centrale de son développement — a été perçue sous deux formes opposées : l’une idéale, douce, parfaite ; l’autre terrifiante et maltraitante. Cette figure aurait pu être son père, dépendant du contexte familial.
En tout cas, il n’a pas pu intégrer ces deux aspects en une seule personne complexe, ambivalente. Il les a séparés. Et en même temps qu’il a clivé cette figure parentale, il s’est aussi divisé intérieurement, en arrivant inconsciemment à cette conclusion :
« Si ma mère est mauvaise ou mon père mauvais, alors je peux être bon.
Mais si l’un d’eux me blesse, me châtie et m’humilie tout en se montrant impeccable, voire parfait, c’est forcément moi le problème. »
Ces représentations deviennent ce qu’on appelle des objets internes, des images psychiques qu’il transporte avec lui à l’âge adulte. Et vous, en tant que partenaire, proche ou figure significative, êtes inconsciemment perçu(e) à travers ce prisme.
Son mécanisme de clivage, renforcé par le déni de sa blessure archaïque, et par la projection, alimente son fantasme partagé : un récit inconscient dans lequel — après la phase d’idéalisation et de maternage mutuel — vous êtes entraîné(e) malgré vous, à devenir la mère persécutrice idéalisée qu’il redoute tant, et à payer les comptes non réglés avec elle.
C’est alors qu’il ne vous voit plus comme une personne entière et réelle, mais comme un reflet de son monde psychique. Lorsque vous ne comblez pas ses attentes — même implicites — il projette sur vous l’image du parent qui le rejette, le fait souffrir, l’humilie. Et, sans s’en rendre compte, il vous rabaisse, vous juge, vous dévalorise.
Son fantasme partagé : un attachement évitant
Le fantasme partagé est un scénario inconscient que tous les narcissiques imposent à leurs partenaires intimes, ainsi qu’à tous ceux qui les entourent.
Le narcissique caché, passif-agressif, commence par vous scanner et vous auditionner.
Si vous passez son test, il idéalise l’objet interne qu’il se fait de vous dans son esprit.
Puis, il vous bombarde d’amour, vous faisant croire à ses fabulations.
Ensuite, il vous érige en figure maternelle parfaite, presque salvatrice.
Avec le temps, il dévalorise l’objet interne, l’image idéalisée qu’il s’était fait de vous.
Plus tard, il vous dévalorise complètement, vous dénigre, vous rabaisse, vous méprise…
Jusqu’à ce que l’histoire se termine par un rejet très cruel.
Ce fantasme inconscient n’est pas anodin : il se rejoue sans qu’il en ait conscience. C’est sa tentative de séparation d’avec sa mère. Vous devenez l’instrument de ce processus inachevé. Il vous utilise donc pour revivre les traumatismes de son enfance et tenter de les dépasser — tout en vous enfermant dans un rôle qui n’est pas le vôtre. Pour en savoir plus, cliquez sur ce titre : Le fantasme partagé des narcissiques.
C’est pourquoi il est autant otage de son propre fantasme partagé que vous, sa victime. Vous devenez le pivot de ce fantasme, mais vous êtes exclu(e), tandis qu’il croit en sa propre tromperie. Il prend ses fabulations pour des réalités. Il ne simule pas l’avenir : il est pleinement convaincu de tenir ses promesses. Pour mettre en œuvre ce scénario, il utilise deux stratégies inconscientes destinées à contrôler votre psyché.
1. L’attachement évitant :
Son mode relationnel repose sur un attachement évitant et distant, teinté de dédain. Il se montre impuissant, insaisissable, fluctuant, toujours à la merci de ses propres états d’âme. Il instaure une dynamique de dépendance, tout en refusant de répondre à vos besoins affectifs. Il se dérobe à la communication, s’enferme dans le silence ou l’inaction. Ce refus constant d’engagement est une forme de contrôle, qui réactive votre peur d’abandon. Il ne vous attaque pas frontalement, mais vous use à petit feu, en vous laissant dans l’attente, dans l’incertitude.
2. L’opposition constante :
Cette stratégie consiste à s’opposer systématiquement à vous : à vos demandes, vos désirs, vos élans. Cette opposition passive devient une manière détournée d’exprimer son agressivité. Il vous frustre jusqu’à vous pousser à bout. Il sabote la relation en vous confrontant à un mur de silence, tout en se nourrissant de vos réactions. Car chaque émotion que vous exprimez — colère, tristesse, révolte — lui permet, par un mécanisme de comparaison, de confirmer sa propre perfection morale, presque divine.
À travers le fantasme partagé, l’abus du narcissique caché dissout le Soi de sa victime.
Il peut nourrir contre elle une rancune mortelle, souhaiter constamment sa mort ou la trahir avec plusieurs partenaires. Ce fantasme obsessionnel engendre une compulsion de répétition : l’idéalisation, le bombardement amoureux, le maternage, puis la dévalorisation et le rejet.
Inlassablement, il rejoue ce cycle, tel un mécanisme programmé uniquement pour perpétuer cette dynamique destructrice. Lisez cet article : La compulsion de répétition.
Le Professeur Sam Vaknin a inventé la notion d’abus narcissique en 1995. Voici sa description :
« L’abus narcissique se manifeste sous diverses formes de maltraitance — verbale, physique, sexuelle, psychologique, émotionnelle, familiale, domestique, professionnelle, éducative, sociale, juridique et financière. Il s’agit de la seule forme d’abus qui vise toutes ces dimensions simultanément, touchant toutes les strates de la conscience. »
« Le seul but de l’abus narcissique est d’anéantir psychiquement la victime en tant qu’individu autonome et interdépendant, afin de la recréer comme une extension du narcissique — un objet interne ou une introjection entièrement contrôlable et manipulable. L’élimination de son individualité, de son existence distincte, constitue donc le noyau de l’abus narcissique. Et cela ne se produit dans aucune autre forme d’abus. »
« L’abus narcissique constitue l’une des expériences les plus sombres et destructrices qu’un être humain puisse vivre, car il imprègne toutes les strates de la conscience ».
Sa manipulation machiavélique
Vivre avec un narcissique caché passif-agressif, c’est faire face à une stratégie relationnelle double, à la fois envoûtante et destructrice. D’un côté, il feint la dépendance affective, installe une forme d’attachement basé sur l’impuissance, et vous fait croire qu’il ne peut exister sans vous. Il peut vous dire, implicitement ou ouvertement : « Sans toi, je ne pourrais pas vivre », tout en s’efforçant de vous rendre dépendante de lui, afin de mieux exercer son emprise.
Derrière cette stratégie se dissimule une forme d’extorsion émotionnelle. Plusieurs comportements peuvent révéler cette manipulation déguisée :
Une fausse prétention à l’ignorance : il joue le rôle du naïf, de l’innocent, de celui qui ne sait pas. Il vous pousse à devenir son guide, son soutien, son interprète du monde — ce faisant, vous vous retrouvez à excuser ses erreurs, à porter ses responsabilités.
Des discours de pseudo-humilité : il se rabaisse ostensiblement, évoque ses défauts, exagère ses failles — mais dans le seul but d’obtenir des compliments, de la compassion, et de vous faire jouer, une fois de plus, le rôle du réparateur.
Le sarcasme et la moquerie : ses attaques sont souvent déguisées en plaisanteries. Il vous blesse tout en niant toute intention, laissant entendre que vous êtes trop sensible ou que vous manquez d’humour. Il existe une expression française qui dit : « La moquerie est indigence d’esprit ». Chez le narcissique caché, passif-agressif, elle dénonce une pauvreté intérieure — un manque de réflexion, de subtilité et d’empathie.
La manipulation d’un narcissique manifeste et celle d’un narcissique caché :
Le narcissique manifeste (classique) crée un fantasme partagé, adapté à vous. Il est un provocateur visible. Il utilise un type de langage pour vous dominer, vous intimider ou vous harceler. Il utilise la colère — exprimée ouvertement — pour faire honte, culpabiliser et humilier sa cible, que ce soit son partenaire intime, ses amis, ses collègues ou toute autre personne. Son langage est transparent, vous n’avez pas besoin de le déchiffrer. Son abus narcissique est manifeste, bruyant et violent.
Le narcissique caché, passif-agressif, lui, est furtif, subtil et nuancé. C’est un narcissique effondré, incapable d’obtenir une provision narcissique grâce à des sources externes. Il se présente donc comme une personne modeste, pseudo-humble, charitable et altruiste — mais c’est une illusion. Il dégouline d’amertume, de ressentiment et de mépris.
Ses messages sont idiosyncratiques, chargés de doubles sens. Il crée des expressions sémantiques dans lesquelles certains mots ont des significations cachées. Son langage, à la fois agressif et codé, intime et lourd de sous-entendus, forme un discours obscur qui échappe aux non-initiés. Ce langage agit comme un équivalent fonctionnel du décervelage hypnotique utilisé par les psychopathes — une stratégie de manipulation délibérée et très grave, connue sous le nom de gaslighting. Lisez l’article sur le sujet en cliquant sur le titre : Le gaslighting.
Cependant, le narcissique caché n’a aucune intention préméditée, mais ses comportements produisent les mêmes effets : il dissout sa victime, l’efface et la fait disparaître en la privant de ses repères, de sa mémoire, et de son intériorité. Puis, comme un sculpteur, il fabrique une identité factice et lui déclare : « Voici qui tu es. Tu ne t’étais encore jamais vu(e) tel.le que tu es. Grâce à moi, tu t’es enfin trouvé(e). »
En entraînant sa victime dans son univers mental, il altère sa perception jusqu’à ce qu’elle ne sache plus ce qui est réel, ce qui est exagéré, ni ce qui relève de sa propre volonté. Cette activité hypnotique constitue le but inconscient de son abus narcissique : éliminer sa victime en tant qu’individu autonome et interdépendant, pour la recréer comme une extension de lui-même — un objet interne, une introjection entièrement contrôlable et manipulable. L’anéantissement de son individualité, de son existence propre, forme le cœur de l’abus narcissique.
La victimisation du narcissique caché et votre processus d’aliénation
Le narcissique caché se place sans cesse en position de victime, rejetant la faute sur vous, sur les autres ou sur le monde en général. Il ne prend jamais la responsabilité des effets traumatiques que son fantasme partagé et son abus narcissique provoquent chez vous et chez les autres victimes qu’il a utilisées. En parallèle, il utilise des tactiques beaucoup plus sournoises pour altérer votre perception de la réalité. Il vous fait porter la responsabilité de ses comportements, ainsi que celle de la souffrance qu’il vous inflige. Si vous réagissez, il utilise vos émotions comme preuves contre vous : « Tu vois bien, c’est toi le problème. »
Cette forme de manipulation vous pousse peu à peu à douter de vous-même. Vous vous sentez inférieur(e), fautif(ve), décalé(e). Votre comportement change, vos réactions ne vous ressemblent plus, et vous commencez à vous éloigner de votre essence. Cette sensation profonde, de plus en plus difficile à nommer, porte un nom : l’aliénation — ce sentiment douloureux de ne plus être soi, d’être devenu étranger à sa propre vie, de s’être détaché de son identité ou de sa réalité et d’avoir régressé au stade de nourrisson.
Dans ce jeu malsain, il renforce sa sensation de toute-puissance. Il se vit comme supérieur, détaché, invulnérable — pendant que vous, peu à peu, vous vous videz de votre énergie vitale.
Son contrôle repose sur l’envie corrosive
Chez le narcissique passif-agressif, l’envie n’est pas une émotion passagère — c’est un carburant, une force souterraine qui irrigue son discours, ses pensées et ses comportements. Elle constitue une émotion centrale, se traduisant par un désir inconscient d’anéantir la personne perçue comme un rival. Ce désir, teinté de persécution, vient confirmer et renforcer à la fois sa structure paranoïaque et son sentiment d’être une victime.
Son envie constante, le rend rancunier, toujours sur la défensive. Il se sent lésé, oublié, méprisé — persuadé que ce qui lui revient de droit a été donné à d’autres. Il se plaint souvent d’avoir été écarté, ignoré, ou injustement traité. Cela peut concerner une opportunité professionnelle, une reconnaissance artistique, ou même une simple attention. Il ne supporte pas que les autres soient admirés ou choisis à sa place.
Pour garder le contrôle, il adopte une posture méprisante — toujours déguisée. Il dénigre subtilement ceux qui réussissent, critique les projets des autres, remet en question leurs mérites. Obsédé par son manque de réputation, il se compare sans cesse, mais dans une logique biaisée : il se persuade que les réussites des autres sont le fruit d’un vol, d’un coup de chance, ou d’une imposture, des contacts sociaux qu’il n’a pas. Ainsi, dans son for intérieur, il peut continuer à croire en sa propre supériorité.
Voyons maintenant le développement des phases de la relation avec un narcissique caché.
Première phase de la relation : il vous auditionne
Premièrement, il vous observe pour déterminer si vous êtes capable d’être idéalisé(e) par lui — grâce à vos centres d’intérêt, à votre type de travail, à vos traits de caractère, à certains atouts ou à une apparence particulière — des éléments auxquels il pourra s’accrocher en les idéalisant.
Deuxièmement, il vous analyse pour vérifier si vous êtes en mesure de lui fournir au moins deux des quatre « services » qu’il recherche, car il fonctionne avec une mentalité d’exploitateur : sécurité, sexe, services pratiques, et que vous soyez la source de sa provision narcissique.
Concernant la sécurité, il se demande :
« A-t-elle une disposition addictive ? Aime-t-elle me rendre des services ? »Concernant la sexualité, il se demande :
« Suis-je à la hauteur de ses attentes ? Puis-je profiter de mon auto-érotisme ? »Concernant les services pratiques, il s’interroge :
« Comment puis-je l’exploiter ? Puis-je la pousser à me soutenir ? Est-elle capable de répondre à mes besoins ? Puis-je lui prendre son argent indéfiniment ? Jusqu’où puis-je aller ? »Concernant sa provision narcissique, il se demande :
« Est-elle capable de m’adorer, de m’admirer, de faire en sorte que je me sente unique et spécial ? »
Troisièmement, il vous observe pour évaluer votre vulnérabilité. Il se pose alors les questions suivantes : « Est-elle abîmée et brisée ? Est-elle une rêveuse ? Abhorre-t-elle la réalité ? »
Si oui, vous adhérez plus facilement à son fantasme partagé. Grâce à cela, il peut obtenir sa provision narcissique sadique, qui consiste à vous infliger de la douleur émotionnelle — se prouvant ainsi à lui-même qu’il est omnipotent, omniscient et divin.
À travers ces tests, son vide se révèle : il n’existe pas sans une proie. Que ce soit par votre attention ou par votre souffrance, il puise en vous la provision narcissique dont il a désespérément besoin pour se sentir exister.
Deuxième phase de la relation : il idéalise l’avatar qu’il fait de votre image
Si vous avez passé ses tests, tout semble intense, fusionnel, presque trop parfait. Mais cette intensité ne naît pas d’un lien véritable : elle s’ancre dans un fantasme puissant — il effectue un transfert de sa mère nourricière sur vous.
Dès les premières interactions, le narcissique caché passif-agressif projette sur vous l’image de cette mère nourricière. Il vous observe, vous « scanne », puis capture une image instantanée de vous — une image figée qu’il introjecte et internalise — afin de façonner un objet interne idéalisé. Vous cessez alors d’exister pour lui en tant qu’individu : vous lui appartenez en tant qu’avatar idéalisé.
Cet objet interne devient la figure psychique à laquelle il s’attache, tout en vous excluant de ce lien. C’est une dynamique difficile à comprendre, mais c’est pourtant la réalité. Le narcissique caché est atteint d’un trouble de la personnalité constitué à 80 % de fantasmes. Vous êtes donc exclu(e) de la relation véritable.
Désormais, il vous traite comme si vous étiez la personne la plus extraordinaire, son propre bébé qu’il materne, car il projette sur vous cet objet interne idéalisé. Si vous prenez son fantasme pour la réalité, une relation à la fois fusionnelle et symbiotique s’installe.
Troisième phase de la relation : il vous bombarde d’amour
Dès lors, il vous bombarde d’amour. Mais ses gestes attentionnés et ses démonstrations d’attachement ne vous sont pas véritablement destinés. Ils s’adressent à son objet interne : l’image idéalisée qu’il a façonnée à partir de la vôtre. Dans cette phase, il vous demande implicitement — sans jamais l’exprimer clairement — de confirmer que vous êtes digne de cette idéalisation. Il évalue vos qualités, les comptabilise et les magnifie même, mais toujours à travers le prisme de son propre fantasme partagé.
Vous n’êtes plus une personne complexe, ambivalente, réelle. Vous devenez un support, une vitrine, un miroir flatteur… S’il vous couvre d’amour, s’il vous materne et vous comble, ce n’est pas vous qu’il chérit. C’est l’objet idéalisé qu’il a construit à partir de vous. Et à travers cet objet, c’est lui-même qu’il idéalise.
Si vous tombez sous son emprise, vous idéalisez ce que vous êtes devenu(e) à ses côtés : à la fois sa mère et son bébé.
Cependant, dans ce scénario, vous n’êtes qu’un pivot, un point d’appui autour duquel tourne son fantasme partagé. Tout semble vous concerner, mais rien ne vous touche véritablement. Pourtant, dès le départ, une autre dynamique s’installe en parallèle : son agressivité passive, bien réelle, bien dirigée, et cette fois bel et bien tournée vers vous.
Voyons maintenant comment elle s’exprime.
Quatrième phase de la relation : vous devenez sa mère
Dans cette phase, ses attitudes basculent progressivement. Il vous compare à l’objet interne idéalisé qu’il s’est construit. Ainsi, implicitement, il vous sollicite sans cesse pour vérifier si vous correspondez à la mère parfaite qu’il attend de vous, à travers les 4 rôles qu’il vous impose :
La mère nourricière : celle qui le protège, le rassure, prend soin de lui sans poser de conditions.
La servante ou l’esclave : toujours disponible, soumise à ses besoins, exploitée sans scrupule.
La poupée sexuelle : un objet de désir façonné selon ses fantasmes, dépourvu de sa propre force érotique et volonté.
La source de sa provision narcissique : à travers vos attentions, vos regards, votre admiration, ou plus souvent encore — votre souffrance.
Il vous charge ainsi de tout ce qu’il n’a pas pu exprimer, de tout ce qu’il n’a jamais digéré dans son enfance, notamment dans sa relation avec ses parents, et plus particulièrement avec sa mère. Alors, il teste vos limites, met en place des jeux de pouvoir et mesure jusqu’où il peut vous pousser avant que vous ne cédiez. Il s’arroge le droit de vous façonner selon ses propres besoins, en usant d’une violence presque invisible, faite de silences prolongés, d’évitements, de dévalorisations feutrées, des remarques ou des attitudes qui vous rabaissent.
Il réagit sans crier, sans vous insulter directement, mais de manière constante, glaciale, sournoise, des gestes qui ne laissent pas de marques — mais qui s’impriment profondément. Il vous met constamment à l’épreuve. Il se montre distant, absent, émotionnellement fermé. Il devient inaccessible, tout en exigeant de vous présence, compréhension et loyauté. Il exprime son agressivité passive en vous refusant l’ARA : Amour, Respect, Attentions.
Même lorsque vous tentez de vous adapter à ses attentes, même si vous répondez avec patience ou compassion, il vous méprise. Votre soumission ne le touche pas, au contraire, elle l’irrite ou l’ennuie. Car au fond, ce qu’il cherche, ce n’est pas l’amour — c’est vous blesser pour obtenir sa provision narcissique sadique.
Cette activité de contrôle est plus insidieuse que celle des narcissiques classiques, car elle se dissimule derrière des airs de discrétion ou d’humilité. Au lieu d’exprimer clairement ce qu’il ressent, il vous punit par le silence. Il laisse vos questions sans réponse, vos besoins en suspens, et vos émotions invalidées. Cette absence de dialogue est forme de contrôle et de domination et de destruction psychique, car vous vous sentez constamment nié(e).
Son contrôle coercitif : une dérive paranoïaque
Parfois, le contrôle exercé par le narcissique caché devient véritablement coercitif. Lorsqu’il sombre dans une paranoïa extrême, il vous terrorise. Il vous surveille en permanence : il veut savoir où vous êtes, avec qui, ce que vous pensez. Il espionne vos messages, vos appels, tout. Il devient punitif.
Il empiète sur votre liberté, vous prive d’espace personnel : il vous empêche de vous habiller comme vous le souhaitez, de sortir, de voir votre famille ou vos amis, de travailler, de vivre… Il sabote tout, sape tout, empêche tout et fait dérailler vos espoirs, vos tâches, vos projets les plus chers. Vous devenez son otage, parce que vous êtes privé(e) de vos besoins légitimes, tandis que lui s’érige en figure sadique et toute-puissante.
Dans ce cas, vous êtes subjugué(e) et conditionné(e). Votre volonté est brisée. Vous obéissez aveuglément, sans aucune remise en question, car vous idéalisez votre narcissique, même s’il est votre geôlier. Vous êtes entièrement contrôlé(e), parfois par un simple regard de désapprobation. Par conséquent, vous ne pouvez envisager aucune alternative. Son contrôle coercitif est criminel, même si son comportement relève de la psychose.
Cinquième phase de la relation : il dévalorise son avatar
En dévalorisant l’objet interne qu’il avait fait à partir de votre image, le rôle initial qu’il vous a imposé s’effondre, cédant la place à un rôle plus sombre : celui de la « mauvaise mère ». À travers ce nouveau prisme, le narcissique caché passif-agressif réactive le conflit ancien, qui demeuré irrésolu, et qu’il entretient avec sa propre figure maternelle. C’est la phase de dévalorisation de l’objet interne qu’il s’était construit.
Dans cette phase, même si vous souffrez de dépendance affective et que votre besoin d’amour vous aveugle, vous commencez à découvrir son véritable visage et ses défaillances : son manque d’amour, d’empathie affective, de solidarité, d’authenticité, d’intégrité, d’honnêteté, de justice et de responsabilité.
Cependant, si vous réagissez en fonction de vos défenses adaptatives autoplastiques, vous ressentez de la culpabilité et trouvez des justifications à ses comportements. Peut-être continuez-vous à entretenir cette relation toxique parce que vous considérez votre religion comme une loi absolue. Ainsi, si, le jour de votre mariage, vous avez juré devant l’autel de vous dévouer à vie à votre conjoint, vous négligez aujourd’hui le fait qu’il souffre d’une altération psychotique et que la seule issue est de le quitter.
Que sont vos défenses adaptatives autoplastiques ?
Ce sont vos propres mécanismes de défense, développés dans l’enfance, qui se réactivent au contact d’un(e) narcissique pathologique. Le préfixe « auto » provient du grec autós, qui signifie « soi-même », tandis que le terme « plastique » vient du grec ancien plastikós, désignant la formation ou la malléabilité.
En raison de ces défenses autoplastiques, vous souffrez d’une altération de la perception de vous-même, ce qui vous conduit à croire que vous êtes responsable et coupable de toute réaction négative de la part de votre abuseur narcissique. Elles vous poussent à chercher en vous-même la cause du malaise et des conflits, même quand celui-ci ne vous appartient pas.
Là où le narcissique, protégé par ses défenses alloplastiques, rejette toujours la faute sur vous, sous l’effet de vos défenses autoplastiques vous absorbez le poids de la responsabilité. Vous vous sentez fautif(ve), insuffisant(e), instable. Vous doutez de vous-même jusqu’à vous effacer.
Le renforcement intermittent : une stratégie confusionnelle
Le narcissique caché passif-agressif s’appuie sur une stratégie redoutablement efficace pour maintenir son emprise : le renforcement intermittent. Inconsciemment, il alterne chaleur et froideur, douceur et distance, attention et indifférence. Ce va-et-vient émotionnel crée un état de confusion affective qui vous lie davantage à lui, tout en affaiblissant votre clarté intérieure.
Il vous idéalise, puis vous dévalorise sans transition.
Il vous comble de gestes tendres, tout en vous négligeant sur des aspects fondamentaux.
Il fusionne avec vous dans une proximité intense, avant de vous rejeter dans un silence glacial.
Il vous flatte, puis glisse une remarque qui mine votre confiance.
Il affirme vous aimer, mais ses actions minent peu à peu votre intégrité psychologique.
Cette alternance crée une sorte de cercle de punition émotionnelle. D’abord vient la tension — souvent sourde, difficile à nommer. Ensuite, son agressivité passive s’installe : mutisme, sarcasmes, retrait affectif. Puis, sans prévenir, un geste d’affection survient : un mot doux, un regard tendre, une main posée au bon moment. Et cela suffit à vous replonger dans l’illusion d’un lien sincère. Le cycle recommence, toujours plus désorientant.
Ce renforcement intermittent n’est pas une simple instabilité émotionnelle : c’est une méthode de conditionnement — toujours inconscient — par laquelle il vous pousse à espérer le retour de la phase « chaleureuse » en acceptant, de plus en plus, la violence silencieuse qui la précède. Et c’est ainsi que votre attachement se renforce, au détriment de vous-même.
Ébranlé(e) par l’alternance entre chaleur et rejet, vous doutez de vos perceptions, de vos réactions, de votre propre valeur. Vous croyez être à l’origine de ses silences, de sa froideur, de ses humeurs toujours changeantes.
Et pourtant, malgré la souffrance, vous gardez l’espoir. Car les bons moments existent — assez pour entretenir l’illusion. Un regard tendre, un mot attentionné, une période de calme suffisent à raviver la croyance qu’il est possible d’aimer et d’être aimé(e) dans cette relation. Mais pendant ce temps-là, vous dépérissez doucement. Car le venin qu’il distille est lent, invisible, et agit à petites doses.
Il s’oppose à vos désirs et à vos besoins
À un moment ou un autre, vous le remarquerez : chaque fois que vous lui demandez quelque chose qui compte vraiment pour vous, c’est précisément cette chose qu’il refusera de vous offrir. Il ne s’agit pas d’un malentendu ou d’un oubli — c’est une dynamique profondément ancrée. Il s’oppose systématiquement à vos objectifs, vos désirs, vos besoins essentiels. C’est un non, sec, sans appel. Ou pire, un silence prolongé, un détournement, une forme d’évitement glacial.
Lorsqu’il vous critique, ce n’est pas pour vous inviter à modifier un comportement : c’est pour vous dépouiller de votre singularité, de votre libre arbitre, de votre identité.
Remarquez qu’il ne vous critique pas, vous — mais « l’objet interne » que vous représentez dans son esprit. Ainsi, vos demandes lui paraissent déraisonnables, excessives, ou trop exigeantes — surtout lorsqu’elles touchent à ce qu’il est incapable de donner : l’amour, le respect, l’attention sincère. Votre demande de tendresse devient, à ses yeux, une intrusion ; et le fait d’exprimer vos désirs, vos besoins ou vos émotions, un affront.
En réalité, ce n’est pas à vous qu’il s’oppose directement. C’est à ce que vous représentez dans son psychisme. Vous êtes devenu(e), malgré vous, une mère de substitution. Et c’est à cette figure blessante de son passé qu’il continue à résister. Ainsi, il rejette vos élans d’amour, votre joie de vivre, votre spontanéité — non pas parce qu’ils sont inacceptables, mais parce qu’ils activent en lui une blessure qu’il n’a jamais reconnue. Ce qu’il rejette, au fond, ce n’est pas ce que vous dites — c’est le fait que vous existiez.
Il s’oppose à vous comme il s’est opposé, enfant, à une mère vécue comme absente, dure, insécurisante et injuste. Et dans cette posture, il devient froid, indifférent, insensible à vos émotions comme à vos besoins. Il ne vous voit plus comme une personne — mais comme une projection de lui-même à neutraliser.
Son invalidation de vos émotions
Comme tous les narcissiques, le narcissique caché passif-agressif invalide systématiquement vos émotions. Ce rejet, constant et insidieux, engendre une douleur sourde mais déchirante. Quoi que vous ressentiez, il refuse d’y accorder la moindre valeur, d’en discuter avec vous — et même d’en reconnaître l’existence.
Si vous vous mettez en colère face à ses comportements blessants, il s’éloigne sans un mot. Il vous ignore, froidement, comme si votre réaction n’existait pas.
Plus vous souffrez, plus il s’oppose à vous. Il résiste à vos protestations, surtout quand vous exprimez clairement votre douleur.
Il invalide aussi vos émotions positives. Il déteste vous voir enthousiaste, vivant(e), lumineux(se). Votre joie le dérange, car elle le confronte à ce qu’il ne peut ni ressentir, ni contrôler.
Quand vous chantez, dansez, riez, il reste distant, fermé, figé dans son monde intérieur ou un mutisme déchirant, car votre vitalité l’agresse.
Dans tous les cas, votre monde émotionnel est nié. Qu’il soit douloureux ou lumineux, il est réduit au silence. Et dans ce vide, une vérité s’impose lentement : vous n’avez pas le droit d’exister en tant qu’être sensible. Vous vivez dans le déchirement d’être constamment nié(e).
Son traitement du silence
Le narcissique passif-agressif manie le traitement du silence comme une arme. Ce n’est pas un simple retrait ou une absence de mots — c’est un outil de contrôle, de punition, de pouvoir. Son silence est stratégique, même s’il est inconscient : il l’utilise pour vous manipuler, vous dévaloriser, vous blesser, vous exclure psychiquement, tout en vous faisant porter la faute. Il ne dit rien, mais tout est dit. Et tout vous est adressé.
Son mutisme glacial est l’expression directe de sa pulsion de mort, de sa colère refoulée, de sa frustration, de l’insatisfaction chronique qu’il projette sur vous.
En refusant de parler et de communiquer, il vous signifie, par ce retrait, que vous avez mal pensé, mal réagi, mal dit, mal été. C’est un silence coercitif, donc il vous puni(e). Il vous contraint à deviner ce qu’il ressent, à vous excuser pour une faute que vous ignorez. Et dans cet espace vide de mots, mais saturé de tension, naît une incertitude permanente. Ce flou est délibéré. Il attire votre attention, tout en vous maintenant dans un état de soumission psychologique.
Le traitement du silence est extrêmement douloureux. Il provoque en vous une cascade de sentiments : aliénation, confusion, impuissance, frustration, perte d’estime de soi, sensation d’inadéquation, et ce terrible sentiment d’être un « objet mauvais », indigne d’amour ou d’écoute. Voici quelques exemples concrets de ce silence maltraitant :
Comme les trois singes de la sagesse, il ne vous regarde pas, ne vous écoute pas, ne vous répond pas. Rien. Point final.
Il évite vos questions, agit comme si de rien n’était, refuse d’expliquer ce qui ne va pas ou ce qui vous a blessé.
Votre souffrance l’indiffère. Il garde une posture froide et distante, cruellement méprisant et ironique : « Tes larmes tombent sur moi comme la pluie sur les plumes d’un canard. »
En dehors des échanges liés à la routine, il reste muet, froid et absent.
Il détourne toute tentative de communication en évitant le conflit, mais sans jamais écouter vos émotions ou reconnaître ce qui vous fait mal.
Aucun dialogue réel n’est possible : il vous ignore entièrement.
Il vous prive d’ARA : il ne vous donne ni Amour, ni Respect, ni Attention.
Il vous enferme dans un isolement psychique fait de mépris, d’indifférence et de rejet affectif.
Selon les circonstances de votre vie commune, il vous enferme aussi dans ce lieu qu’on appelle foyer, mais qui n’en est pas un : c’est devenu une prison.
Il se réfugie dans ses distractions : son travail, son ordinateur, ses pensées, son alcoolisme… Vous laissant seul(e), exclu(e) et constamment nié(e).
Même lors d’un moment censé être chaleureux — un repas, une fête, une célébration — il peut se retirer sans dire un mot, vous laissant coupable, sans savoir de quoi.
Il crée des coalitions secrètes contre vous, au sein de sa propre famille et, si possible, aussi de la vôtre. Ce sont de véritables campagnes de diffamation, menées lâchement derrière son masque de victime professionnelle.
Pourtant, son récit intérieur est tout un autre.
Il vous dira : « Je ne suis pas jaloux, je ne suis pas envahissant, je ne t’impose rien. Je te laisse vivre ta vie comme tu l’entends, je ne m’immisce pas dans tes affaires. Tout ce que tu fais me convient. Regarde toute la liberté que je t’accorde. »
Il y a un conflit entre vos récits : cette « liberté », qui frôle l’anarchisme ou le désintérêt total, est perçue par lui comme une preuve d’amour — une forme d’amour qui nie l’altérité, contourne l’engagement, et confond absence avec bienveillance.
Mais vous, vous ressentez l’agonie d’être constamment nié(e). L’intimité et la complicité sont impensables : il ne s’abandonne jamais à vous. Vous êtes là — mais il n’est pas avec vous. Il est contre vous.
En réalité, il reste relié par un fil invisible au fantasme de sa mère. C’est à elle qu’il s’adresse, à elle qu’il oppose ce silence devenu sa méthode de survie et de contrôle. À ce sujet, le film Phantom Thread, réalisé par Paul Thomas Anderson, en offre un portrait subtil et poignant. Daniel Day-Lewis y incarne avec brio cette figure masculine liée à une mère fantôme, où le lien amoureux devient un théâtre de pouvoir et d’aliénation.
Son exploitation financière
Dans une relation avec un narcissique caché passif-agressif, l’argent finit souvent par devenir un terrain de pouvoir. Au bout de quelques mois, les échanges affectifs cèdent la place à des attentes financières de plus en plus implicites… Puis de plus en plus assumées par vous.
S’il traverse des difficultés économiques, vous vous retrouvez à le soutenir. Vous lui prêtez de l’argent, vous assumez les dépenses du quotidien, parfois même les siennes. Mais loin de reconnaître votre générosité, il agit comme si tout cela allait de soi. À ses yeux, c’est un privilège de vivre à ses côtés. Vous ne faites que payer le prix de sa présence, qu’il considère comme une offrande précieuse.
Il s’attend à être servi, aidé, soutenu, sans jamais prendre en compte vos efforts ni votre fatigue.
Il ne vous remercie pas. Il ne vous rend pas la pareille. Et surtout, il ne vous rembourse jamais.
Il s’autorise à vous exploiter, convaincu que son exploitation est juste, voire méritée. Il se voit comme méritocratique : s’il reçoit, c’est qu’il y a droit. Point final.
Et si vous avez grandi avec la croyance — souvent issue de traumatismes anciens — que vous devez mériter l’amour, que vous n’êtes pas « naturellement aimable », il confirmera cette blessure. Par ses comportements froids, hostiles, intéressés, il ancrera l’idée que l’amour doit se payer, au prix fort. Et pendant que vous travaillez dur, que vous donnez tout, il vous renvoie ce message cruel : « Tu es seule, même à mes côtés ». Ou encore, il vous tourne le dos en lançant : « Je te laisse seule. »
Sa cruauté semble ne connaître aucune limite. Pourquoi ? Parce qu’elle puise sa force dans son envie corrosive — l’émotion centrale du narcissique passif‑agressif.
Son envie corrosive : une forme d’auto-provision narcissique
Là où la plupart des êtres puisent leur énergie dans l’amour, la joie ou l’espérance, tandis que le narcissique passif‑agressif s’alimente d’affects négatifs — paranoïa, auto-victimisation, rage et envie corrosive.
Cette dernière est son feu noir : elle attise son ambition, le pousse à vous dénigrer, à vous humilier, à vous réduire en cendres.
Elle recrée l’illusion de sa supériorité, le précipite dans une rivalité sans fin et l’entraîne vers la vengeance et la destruction de votre psychisme.
Elle devient le moteur paradoxal de sa survie, précisément parce qu’il est incapable d’attirer l’attention dont il a besoin pour se sentir exister.
Son autoérotisme ou son asexualité et l’abandon de votre force érotique
Sur le plan sexuel, le narcissique caché passif-agressif reste figé dans une posture infantile. Il ne s’engage pas dans une sexualité partagée, vivante, ouverte à l’autre. Il est autoérotique ou asexué. Il ne vous perçoit pas comme un(e) partenaire de désir, mais comme une figure maternelle. Comment, dès lors, pourrait-il vous faire l’amour ?
Il ne vous trouve ni attirant(e), ni séduisant(e), car il n’est pas tourné vers l’altérité. Il rejette votre désir, et si, parfois, il accepte un rapport sexuel, ce n’est pas par envie ou par lien affectif : c’est uniquement pour éviter que vous ne l’abandonniez. Le sexe devient une transaction de contrôle, une manœuvre pour maintenir votre attachement.
Pendant l’acte, il projette sur vous son propre féminin intérieur, non pour se relier à vous, mais pour s’unir à lui-même à travers vous. Il vous instrumentalise comme un miroir, un support, un contenant — et ce qu’il cherche réellement, c’est à se faire l’amour à lui-même.
Dans certains cas, cette dynamique va jusqu’à l’exclusion complète de l’autre. Il peut se masturber devant vous, sans vous inclure, sans vous regarder, sans même tenir compte de ce que vous ressentez. Pour lui, vous n’êtes pas supposé(e) exister en tant que sujet désirant. Vous ne devez avoir ni volonté, ni besoins, ni élan propre. Votre désir n’est pas reconnu. Il est nié, étouffé, évacué.
Son innocence violente et votre blessure épistémique
Votre narcissique est très habile pour simuler la réalité et imposer ses fantasmes aux autres, les rendant complices et les amenant à se rallier à lui dans la création d’un fantasme partagé. Si vous êtes sa victime et que vous parlez de votre vécu avec lui à d’autres personnes, vous n’êtes pas cru(e).
Cela engendre en vous ce que l’on appelle une blessure épistémique. Celle-ci désigne le tort subi lorsque les autres ne reconnaissent pas votre vérité, ce qui renforce votre isolement et altère votre confiance en votre propre perception du réel.
En réalité, les personnes à qui vous vous confiez ignorent tout de son agressivité passive et de son innocence violente, car le narcissique utilise son pouvoir hypnotique pour leur faire croire qu’il est une personne morale et qu’il est votre victime. C’est pourquoi vous devez choisir avec soin les personnes à qui vous pouvez parler de votre vécu. Si vous vous confiez aux proches du narcissique, il est probable qu’ils deviennent des « singes volants » contre vous.
Chez les narcissiques, cette « innocence violente », accompagnée d’une moralité ostentatoire et d’une pseudo-humilité, nuit non seulement aux victimes, mais aussi à leur entourage. Elle sape les fondements de la morale, éloigne les individus de la réalité et leur impose un fantasme partagé dans un espace psychotique. Elle engendre ainsi une confusion profonde entre ce qui est réel et ce qui est faux.
Sixième phase de la relation : il vous dévalorise
Dans cette phase, quelque chose de plus profond encore se produit : il ne se contente plus de vous dévaloriser en tant que personne extérieure. Il détruit l’objet interne qu’il avait, un temps, idéalisé à travers vous. Et sur ce vide qu’il a lui-même créé, il déverse une rage passive d’une cruauté extrême : mépris, indifférence glaciale, évitement, rejet et distance totale.
À travers son traitement du silence, sa négligence excessive, ses oppositions systématiques, son exploitation psychologique ou matérielle, il vous pousse à bout. Vous finissez par hurler, par craquer, par l’affronter, peut-être même par le trahir. Et c’est là qu’il attendait que vous tombiez : dans cette réaction qu’il provoque, il trouve sa justification.
Dans certains cas, il peut même provoquer inconsciemment une infidélité — ce que l’on appelle une infidélité collusive. Il orchestre votre chute — l’infidélité, la faute — pour asseoir sa supériorité morale et revêtir le costume de la victime professionnelle. Cela lui permet de mépriser, de dominer et de renforcer l’illusion de sa propre supériorité. C’est ainsi qu’il tire, une fois encore, sa provision narcissique sadique.
Il se nourrit de votre douleur, car elle confirme ses fantasmes de toute-puissance, d’omniscience, de grandeur. Il a réussi à détruire ce qu’il avait d’abord idéalisé — et cette destruction, il la vit comme une victoire.
Son déni : la manifestation de son inconscience totale
Le narcissique caché passif-agressif refuse toute remise en question. Son déni est le produit d’un monde psychotique intérieur, socle de son dysfonctionnement. La réalité lui étant insupportable, il se voit contraint de créer des confabulations et des récits illusoires.
Il nie vous utiliser, vous ignorer, vous négliger, vous exploiter ou vous maltraiter.
Il nie vos besoins fondamentaux et invalide vos émotions. Si vous le confrontez ou vous plaignez, il prétend que vous exagérez ou dramatisez.
Il ne reconnaîtra jamais que son agressivité passive et le traitement du silence qu’il vous inflige lui procurent un sentiment de toute-puissance et d’omniscience.
Si vous lui dites qu’il est malade, il réagit avec dédain et se retire sans un mot.
Ou bien, il se sent humilié par cette vérité et retourne votre évaluation contre vous.
Il ne perçoit ni sa cruauté, ni son sadisme, ni son mépris. À l’inverse, il se persuade qu’il est respectueux, aimant, attentionné, compréhensif, tendre, doux.
Cette distorsion de la réalité n’est pas une simple mauvaise foi passagère : c’est sa distorsion cognitive. Un mur fondé sur des défenses alloplastiques.
Le blâme et le déni : son bouclier alloplastique
Pour se protéger de toute souffrance intérieure ou de toute remise en question, il mobilise ses défenses adaptatives alloplastiques. Plutôt que d’assumer ses propres insuffisances et tensions, il les projette sur vous. Ce n’est jamais lui le problème. C’est vous.
S’il est manifestement paranoïaque, il continue à vous soupçonner, à vous harceler et à vous contrôler sans la moindre honte — peut-être depuis le tout début de la relation.
À l’inverse, s’il n’exprime pas ouvertement ses idéations paranoïaques, il vous attribue ses propres émotions, pulsions et conflits internes. Il vous accuse d’être à l’origine des tensions, et vous fait croire que votre souffrance n’a rien à voir avec lui.
Et pour cela, il a un arsenal prêt à l’emploi : « Tu exagères. » « Tu es trop sensible. » « Tu es paranoïaque. » « Tu interprètes tout de travers. » « Tu devrais consulter. » « Ta souffrance, c’est ton problème. Je n’ai rien à voir avec elle. »
Comme vous le constatez, il est totalement inconscient de sa pulsion de mort, de son émotivité négative, de ses jeux de pouvoir, de ses manipulations, de son agressivité passive et du traitement du silence qu’il emploie pour vous contrôler. Son inconscience est absolue. À ses propres yeux, il est innocent : un « bon objet », irréprochable et exemplaire.
Son innocence violente et votre blessure épistémique
À ce stade, vous ressentez peut-être un besoin impératif de parler de votre vécu à d’autres personnes, mais vous n’êtes pas cru(e). Cela engendre en vous une « blessure épistémique » : un tort subi lorsque votre vérité n’est pas reconnue, renforçant ainsi votre isolement et altérant votre confiance en votre propre perception du réel.
Si les personnes à qui vous vous confiez ignorent tout de son agressivité passive et de son innocence violente, et que vous n’avez pas les mots pour expliquer ce que vous vivez, elles risquent d’invalider votre récit. Mais il y a un fait encore plus écrasant…
Chez les narcissiques cachés, l’innocence violente s’accompagne d’une moralité ostentatoire et d’une pseudo-humilité, qui nuisent non seulement aux victimes, mais aussi à leur entourage. Cette « innocence » sape les fondements de la morale, éloigne les individus de la réalité et leur impose un fantasme partagé dans son espace psychotique. Elle engendre une confusion profonde entre ce qui est réel et ce qui est faux.
Votre narcissique utilise ainsi son pouvoir hypnotique pour faire croire aux autres qu’il est une personne aimante et morale. Il est en outre très habile pour simuler la réalité, imposer ses fantasmes et sa posture d’auto-victimisation grandiose, rendant les autres complices et les amenant à adhérer à lui contre vous, dans l’évolution de son fantasme partagé.
Si vous vous confiez à ces personnes, il est fort probable qu’elles deviennent des « singes volants » contre vous. C’est pourquoi vous devez choisir avec soin celles à qui vous pouvez vous confier.
Septième phase de la relation : il vous rejette cruellement
À ce stade, vous ressentez peut-être un besoin impératif de parler de votre vécu à d’autres personnes, mais vous n’êtes pas cru(e). Cela engendre en vous une « blessure épistémique » : un tort subi lorsque votre vérité n’est pas reconnue, renforçant ainsi votre isolement et altérant votre confiance en votre propre perception du réel.
Si les personnes à qui vous vous confiez ignorent tout de son agressivité passive et de son innocence violente, et que vous n’avez pas les mots pour expliquer ce que vous vivez, elles risquent d’invalider votre récit. Mais il y a un fait encore plus écrasant…
Chez les narcissiques cachés, l’innocence violente s’accompagne d’une moralité ostentatoire et d’une pseudo-humilité, qui nuisent non seulement aux victimes, mais aussi à leur entourage. Cette « innocence » sape les fondements de la morale, éloigne les individus de la réalité et leur impose un fantasme partagé dans son espace psychotique. Elle engendre une confusion profonde entre ce qui est réel et ce qui est faux.
Votre narcissique utilise ainsi son pouvoir hypnotique pour faire croire aux autres qu’il est une personne aimante et morale. Il est en outre très habile pour simuler la réalité, imposer ses fantasmes et sa posture d’auto-victimisation, rendant les autres complices et les amenant à adhérer à lui dans le développement de ce fantasme partagé avec vous.
Si vous vous confiez à ces personnes, il est fort probable qu’elles deviennent des « singes volants » contre vous. C’est pourquoi vous devez choisir avec soin celles à qui vous pouvez parler de votre vécu.
Le narcissique caché pratique le gaslighting inconsciemment
Comme nous l’avons vu, dès le début de la relation, le narcissique caché, passif-agressif, pratique le gaslighting — ou décervelage hypnotique. Il s’agit d’une stratégie de manipulation redoutable qui vise à vous faire douter de votre perception de la réalité, de votre mémoire, de votre jugement, ainsi que de votre monde intérieur. Consultez l’article suivant en cliquant sur le titre : Le gaslighting.
Ce décervelage hypnotique s’accentue dans les deux dernières phases de la relation. Il génère en vous l’altération de la perception que vous avez de vous-même, ainsi qu’une dépersonnalisation. Il s’agit d’un sentiment subjectif d’aliénation, d’éloignement, de détachement de soi, ainsi que d’une distance ou d’une déconnexion vis-à-vis de vos émotions et de votre propre vécu. Cet état est induit inconsciemment par le narcissique caché, qui, lui aussi, souffre de dépersonnalisation.
Son gaslighting génère également une déréalisation. Dans ce cas, vous vous détachez de l’environnement que vous percevez comme irréel, comme s’il y avait un voile entre vous et le monde extérieur. Lisez l’article suivant en cliquant sur le titre : La dépersonnalisation et la déréalisation.
Si vous vivez déjà dans un état de déréalisation et de dépersonnalisation — à cause de son décervelage hypnotique — cela vous rend trop soumis(e), incapable de le confronter, de ressentir vos émotions ou vos besoins, et de poser des limites. C’est ainsi qu’il vous maintient à ses côtés.
Dans le film Psychose réalisé par Alfred Hitchcock, un meurtrier tue sa mère et la momifie pour continuer à prendre soin d’elle pour toujours. C’est exactement ce que fait le narcissique. Si vous êtes symboliquement mort(e), si vous êtes comme une momie sans volonté propre ni autonomie, vous n’êtes pas susceptible de vous séparer de lui, de rompre avec lui, de partir, de l’abandonner ou de l’oublier. Vous lui êtes dévoué(e).
Cependant, dans cette septième phase de la relation, même si vous ne le maltraitez pas, même si vous vous suradaptez à ses abus — car vous êtes devenu(e) son zombi docile — il finit par vous détester. Alors, il vous provoque délibérément, dans l’unique but que vous partiez… ou que vous lui demandiez de partir.
Il vous pousse à le maltraiter en intensifiant son abus
Lorsqu’il décide de vous expulser de sa vie, il intensifie ses comportements passifs agressifs. Il devient encore plus sadique, franchissant toutes vos limites dans le but de vous pousser à le maltraiter. Il fait tout pour que vous partiez, tout en s’arrangeant pour rester avec les biens communs : la maison, les meubles, les souvenirs…
Profitant de votre faiblesse et soumission, il ira jusqu’à tenter de garder vos enfants auprès de lui, s’évertuant à les retourner contre vous, subtilement, méthodiquement. Et ne soyez pas surpris(e) s’il retourne le miroir vers vous, en vous qualifiant de narcissique !
En réalité, sa vengeance ne vise que la figure maternelle en vous. C’est à travers vous qu’il règle ses comptes. Mais ce seront vos épaules qui porteront le poids financier de la séparation. Et ce sera encore vous qui souffrirez de l’éloignement de vos enfants, de ce lien fragilisé par sa manipulation machiavélique et son contrôle.
Son objectif : vous rendre folle
C’est à ce moment-là qu’il déclenche en vous des déferlements émotionnels incontrôlables, réveillant des souffrances anciennes, enfouies parfois depuis des décennies. Si vous pleurez abondamment, il intensifie la torture psychologique.
Il utilise votre souffrance pour vous dévaloriser, et vous faire passer pour une personne mentalement instable. Il ne vous touche plus, ne vous prend jamais dans ses bras, ne vous rassure pas. Et si vous osez exprimer votre colère légitime, il peut même aller jusqu’à vous maltraiter physiquement. C’est alors que vous verrez sa rage narcissique dans ses yeux — et cesserez de croire qu’il est simplement distant, froid ou autiste.
Son désir conscient de vengeance
Le désir de vengeance du narcissique, toujours inconscient, devient enfin conscient. Pourtant, sa rage véritable — dirigée contre sa mère d’origine — demeure enfouie dans son inconscient. À ce stade, le fantasme partagé, autrefois central pour lui, s’effondre.
Il ne supporte plus vos émotions, vos protestations chargées de colère, vos pleurs, ni votre manière de le confronter. Tout cela réveille en lui un rejet profond. Il veut vous faire souffrir. Il veut vous rendre fou (folle). Il est prêt à intensifier ses punitions, à orchestrer méthodiquement votre effondrement psychique. Comme le disait déjà Freud, son faux self vous hait. Il vous exècre, car à ses yeux, vous êtes devenu(e) la source même de son déplaisir.
Il tisse des réseaux de manipulation
Dans cette phase, il manipule habilement certains membres de la famille ou d’autres personnes, et créé avec eux une alliance leur faisant croire qu’ils partagent un même ennemi, une même cause ou un même objectif. Ces personnes fonctionnent comme des « singes volants » ou de « bombardiers kamikazes » contre vous, sa victime. Pendant ce temps, il se présente comme une bonne personne et une victime injustement maltraitée.
Il vous attaque ainsi à travers ses intermédiaires, sans remords, sans regret, ni la moindre culpabilité. Il n’hésite pas à sacrifier ses proches, ruiner des vies ou mettre des familles en danger, uniquement pour satisfaire son envie malveillante, sa rivalité narcissique et son besoin de vengeance.
Son rejet cruel et la séparation
Dans cette septième phase de la relation toxique et traumatisante, il se sépare de vous, car vous ne lui servez plus à rien. Si ce n’est pas lui qui quitte votre foyer, il vous pousse à partir du sien — tout en profitant de la situation pour vous blesser davantage, vous traiter de manière indigne, froide et sadique.
Ou bien, si la maison vous appartient à tous les deux, il fait en sorte d’y rester sans se soucier des conditions de vie que vous allez avoir.
En vous voyant dévasté(e), anéanti(e), il renforce son image de perfection divine, de supériorité, d’omniscience et de toute-puissance. Il tire de votre effondrement un sentiment d’équilibre et même d’euphorie narcissique. Vous devenez, une fois de plus, la source de sa provision narcissique sadique.
Il vous oublie aussitôt : vous n’étiez là que pour être utilisé(e), abusé(e), puis jeté(e) — comme une pelle, comme une vieille machine.
Lui et sa victimisation sont indissociables
Comme nous l’avons vu, en activant son mécanisme de projection, le narcissique caché passif-agressif provoque votre colère légitime dans le but de satisfaire son sadomasochisme. Ce procédé lui permet de se positionner en victime.
Sa victimisation se manifeste par une conviction profonde : il se croit autorisé à tout se permettre avec vous. Par exemple, lors de la séparation, il peut convaincre sa famille, la vôtre, ou vos amis, que vous êtes mentalement instable — se faisant ainsi passer pour votre victime. Ces personnes deviennent donc ses « singes volants » contre vous.
S’il vous doit de l’argent, il ne le remboursera jamais. Se considérant comme la victime, il s’estime en droit de vous punir, de vous voler, de se venger. Son statut de victime donne un sens à sa vie. C’est pourquoi il s’octroie tous les droits.
Comme l’affirme Sam Vaknin :
« Son narcissisme et sa victimisation ne font qu’un. »
Vivez-vous sous l’emprise d’un narcissique passif-agressif ?
Si tel est le cas, sachez que sa voix de Thanatos, émanant des profondeurs de sa pulsion de mort, agit tel un poison lent, insidieux, qui vous consume peu à peu.
Tandis que sa voix de Dieu murmure sa suffisance — enivré par votre affaiblissement, il goûte à une forme d’euphorie narcissique.
Et dans vos souffrances, il puise son plaisir le plus sombre : vous êtes devenu(e) la source de sa provision narcissique sadique, et c’est ainsi que sa voix de la vie se ranime.
« Votre souffrance est sa guérison, et votre crucifixion, sa résurrection ».
— Sam Vaknin
Face à une telle spirale, il n’existe qu’une issue : la rupture totale. Il vous faut fuir ce vampire de l’âme, couper tout lien, toute communication. Alors — et seulement alors — commencera votre renaissance. Votre force érotique, votre élan vital, délivrés des chaînes de ce messager funeste, se réveilleront pour embrasser chaque recoin de votre être. Vous connaîtrez une joie, une intensité, un plaisir d’exister que vous pensiez à jamais perdus.
Partez. Osez le pas décisif.
Et si vous cherchez la première sortie de son labyrinthe, cliquez sur le titre de cet article : Quitter un narcissique pathologique.
Explorons maintenant la deuxième forme de compensation du narcissique caché — plus froide, calculée et dangereuse. C’est le moment où il bascule vers la psychopathie primaire.
Le narcissique caché devenu psychopathe
Depuis 1977, le Professeur Sam Vaknin affirme que chaque diagnostic au sein des troubles de la personnalité peut évoluer. Lorsqu’un narcissique caché se sent depuis longtemps trahi, rejeté, humilié, traité injustement et piétiné, il peut abandonner son narcissisme et basculer vers la psychopathie primaire.
Dans ce cas, il se dit : « J’ai été maltraité, agressé et humilié, on m’a escroqué, ça suffit ! Je vais mettre fin à tout cela. Ils vont voir qui je suis ! »
Il se donne alors le droit d’exploiter subrepticement les personnes à qui il rend service, qu’il s’agisse de son partenaire intime ou d’un collègue de travail.
Il devient ainsi un profiteur, un escroc, voire un criminel évasif, rancunier, ruminant, amer et déterminé, qui se présente aux autres avec un masque de politesse, de pseudo-civilité ou de bienveillance ostensible.
Si vous êtes le/la partenaire intime d’un narcissique caché devenu psychopathe, il sera en colère et vous serez la première personne à le savoir, car il cherchera à vous voler votre vie. Certainement, il pratiquera le « gaslighting ». Il s’agit d’une stratégie de manipulation psychologique d’une telle intensité qu’il induira chez vous des états dissociatifs de dépersonnalisation et de déréalisation. Pour plus d’informations, consultez cet article : Le gaslighting.
La psychopathie primaire
La psychopathie primaire peut se manifester aussi bien chez les narcissiques manifestes que chez les narcissiques cachés. Lisez l’article sur les différences entre narcissiques et psychopathes en cliquant sur ce titre : Psychopathes vs narcissiques - leurs différences essentielles.
En 2020, le psychiatre et psychanalyste autrichien Otto Kernberg a décrit les symptômes suivants : une personne atteinte de trouble de la personnalité narcissique, qui devient psychopathe, présente un délire de grandeur et de supériorité, un égocentrisme extrême, une envie corrosive qui le pousse à vouloir détruire les autres, un mépris des autres, un manque d’investissement émotionnel, un vide abyssal, ainsi qu’un besoin compulsif de stimulation externe, comme l’alcool, les drogues, ou des excitations fortes, sexuelles ou autres.
Son manque de valeurs éthiques découle d’une interruption brutale du développement de son individualité et de l’évolution vers son autonomie.
Il projette sa paranoïa sur les autres sous forme d’agressions malveillantes et de comportements perturbateurs, antisociaux et interpersonnels tels que l’exploitation d’autrui et des infractions à la loi sans retenue morale. Ce sont les comportements typiques d’un prédateur impitoyable. Consultez l’article intitulé : La paranoïa des narcissiques.
Le reconnaître à travers ses réactions
Comment reconnaître un psychopathe avant qu’il ne vous détruise ?
Si la personne en qui vous avez confiance ne montre pas d’enthousiasme face à vos réussites, mais semble satisfaite et heureuse lorsque vous travaillez dur, vous sentez déprimé(e) ou échouez, ou qu’elle vous ignore simplement, c’est probablement qu’elle est envieuse.
Si vous croisez un individu envieux, soyez vigilant, avertit Sam Vaknin, car il pourrait s’agir d’un narcissique masqué devenu psychopathe. Si vous réussissez précisément dans le domaine où il se considère comme un génie, sa rivalité et son désir de vous détruire deviennent dévorants, car, en se comparant à vous, il se sent écrasé, vaincu et effondré.
Son envie déchirante envers son rival
L’envie et la convoitise sont les émotions qu’un narcissique caché devenu psychopathe ressent envers la personne qu’il perçoit comme son rival. L’envie est l’émotion la plus négative qui soit. Rien n’est plus envahissant, virulent et toxique que l’envie, affirme Sam Vaknin. Elle est la source de tous les conflits, de tous les crimes et de toutes les activités malveillantes.
Lorsqu’un narcissique caché se compare à l’objet de son envie, il se sent déficient, dévalorisé, humilié et honteux. Sa honte toxique est si intense et anxiogène qu’il peut vouloir se suicider.
Ou bien, il devient un malfaiteur : un criminel évasif, rancunier, ruminant, amer et déterminé, qui se présente aux autres avec un masque de politesse, de pseudo-civilité ou de bienveillance ostensible.
Son envie se traduit alors par une agressivité destructrice envers les autres, qui est aussi autodestructrice, car elle se retourne contre lui-même.
Cela s’explique par le fait que son émotivité est extrêmement négative, car sa cathexis, c’est-à-dire son énergie libidinale et psycho-émotionnelle, est uniquement investie dans son personnage envieux, rempli d’antagonisme et de rivalité.
Son délire grandiose
Le narcissique caché devenu psychopathe rumine un délire grandiose, surréaliste, exigeant, dévorant et agressif, qui correspond à son envie corrosive. Il est frustré et amer, car il pense que l’objet de son envie lui est supérieur. Inconsciemment, il idéalise cette personne et pense qu’il devrait être comme elle.
Son besoin d’équilibre interne le pousse à développer une relation imaginaire avec elle, ce qui génère un dialogue mental obsessionnel.
Cependant, il n’atteint jamais cet équilibre, car les voix persécutrices dans son esprit l’accusent constamment d’être un mauvais objet.
Il s’agit de messages toxiques provenant de ses parents ou d’autres personnes, dont il a fait l’introjection. Il est furieux que le monde ne l’ait pas remarqué, lui, qui se perçoit comme si spécial, unique, supérieur et extraordinaire. Et il ne peut tolérer cette défaite. Il projette donc sa haine amère sur la personne qu’il envie, car elle représente ce qu’il voudrait être mais n’est pas.
Pour cette raison, il développe des comportements compulsifs, cherchant à détruire cette personne. Il ressent le besoin de lui infliger de la souffrance, car il en tire la gratification de son image grandiose et de ses fantasmes d’omniscience et de toute-puissance.
Que fait-il concrètement ?
Lorsqu’un narcissique caché devenu psychopathe éprouve une envie haineuse envers quelqu’un, il cherche à le détruire. Il veut que cet objet de frustration disparaisse de sa vie, car cette personne déclenche en lui des bouffées d’envie qui le rongent. Il ressent continuellement ce déchirement.
Sa rage consiste à annihiler symboliquement l’autre, par le biais de l’envie malveillante et de la rivalité pathologique.
Et le seul moyen qu’il trouve pour le détruire est de lui voler tout ce qu’il possède, devenant ainsi un traître.
L’hypnotiseur psychopathe
Comment ce type de psychopathe parvient-il à attirer les autres à sa merci ?
He bien, il vit dans une sorte de rêve lucide, où il contrôle les images et le déroulement de son propre rêve. Chaque personne qu’il rencontre doit appartenir à ce rêve. Il utilise donc des tactiques hypnotiques pour manipuler à sa guise les personnes qui y apparaissent.
C’est un menteur pathologique, dont le seul but est de voler la vie de l’autre.
Pour accomplir cela, il recourt à des subterfuges et à des stratégies machiavéliques pour nuire à celui qu’il considère comme son rival.
Il s’approche de l’objet de son envie tel un serpent dans l’herbe ou un loup déguisé en mouton, afin de lui voler sa vie.
Si cette personne possède la beauté, le succès, l’intelligence, le savoir, la richesse ou le bonheur qu’il convoite, il cherchera à lui voler son identité et sa vie.
Il peut agir ainsi envers un narcissique accompli qui, grâce à son succès ou à sa bonne fortune, a réussi à obtenir sa provision narcissique.
Il s’approprie le travail et les connaissances des experts, les présentant comme s’il s’agissait de sa propre érudition ou de son propre travail.
C’est un parasite qui vole votre vie, votre identité, votre travail et tout ce qui lui est accessible.
C’est un exploiteur qui ne se sent exister qu’en vous voyant dépérir.
Son mimétisme
Sa dynamique interne est psychotique, car elle inclut le mimétisme. Par ce mécanisme, il suspend son propre psychisme pour devenir vous.
Rongé par une envie corrosive, une rivalité et une ambition dévorante, il se présente comme votre associé, ami, collaborateur ou partenaire.
Ensuite, à travers un mécanisme mimétique ou un jeu de miroirs, il devient vous : il adopte vos comportements, intérêts, attitudes et votre manière de parler.
Il s’empare alors de votre activité, ou fait tout ce qui est en son pouvoir pour vous détruire, ruiner votre carrière et votre réputation, ou même vous envoyer en prison et vous humilier publiquement. Il se montre ainsi extrêmement sadique.
Il agit de manière ouverte, impudente, cynique, indigne, sans aucune honte ni ménagement, totalement inconscient de la malveillance de ses actes. Mais, de son point de vue, il ne fait que fixer ses limites et s’affirmer.
C’est ainsi qu’il obtient sa provision narcissique, car il se sent supérieur, tout-puissant, omniscient et euphorique de sa victoire.
Sa frustration
Le narcissique caché devenu psychopathe sait qu’il n’est pas reconnu pour ce qu’il aurait pu accomplir lui-même, mais pour ce qu’il a prétendu être, juste une copie de quelqu’un d’autre.
S’il a volé vos idées, il est frustré de ne pas être reconnu pour les siennes. Il n’est pas apprécié pour ce qu’il est vraiment, ce qui alimente sa rage. Il continue donc à manipuler et à détruire l’intégrité psychique des autres.
Sa moralité ostentatoire et déviante
Le narcissique caché devenu psychopathe n’a pas de surmoi.
Il est donc irrespectueux de l’autorité et des normes sociales, s’appuyant sur sa propre éthique déviante.
Autrement dit, il dissimule ses actes inadmissibles sous l’apparence d’une moralité ostentatoire.
Dans les cas extrêmes, il agit comme un criminel diabolique ou profondément malveillant.
Le film « Le Talentueux M. Ripley », réalisé en 1999 par Anthony Minghella, avec Matt Damon et Jude Law, illustre bien ce thème.
Il s’agit d’une description à glacer le sang de la guerre à mort entre un narcissique caché, nommé Tom Ripley, qui vit par procuration aux dépens d’un narcissique classique appelé Dickie Greenleaf. Tom Ripley sombre alors dans la psychose primaire.
Le narcissique caché devient psychopathe pour trois raisons :
La première raison est qu’il doit compenser son insécurité ontologique, son complexe d’infériorité, sa honte toxique et son vide abyssal. Son vide existentiel et ses insuffisances l’érodent et le corrodent, le plaçant au bord du gouffre, de la désintégration, de la décompensation et de l’abîme.
La deuxième raison est qu’il doit éviter l’effondrement. En raison de ses insuffisances, il n’a pas les capacités nécessaires pour obtenir sa provision narcissique, même en tant qu’escroc. C’est pourquoi il est prêt à suspendre l’activité de son propre faux self pour adopter l’identité d’une autre personne.
La troisième raison est qu’il a intégré les messages dénigrants reçus dans son enfance, qui deviennent sa voix de Thanatos, générant une pulsion de mort. Il veut se détruire, car cette voix lui répète sans cesse qu’il est un mauvais objet, qu’il est incapable d’accomplir quoi que ce soit et qu’il sera toujours un perdant.
C’est pourquoi il éprouve une envie corrosive envers les personnes qui, grâce à leurs idées, leur travail ou leur chance, obtiennent la célébrité, l’argent, le succès ou le prestige qu’il convoite. Cela, il ne peut pas le tolérer !
Il entre donc en compétition avec ces personnes et, pour leur voler leur vie, il se transforme en elles ou devient leur extension. C’est ainsi qu’il obtient sa provision narcissique.
Ses défenses narcissiques
Pour se voir dans le miroir et apaiser sa peur justifiée du châtiment, sachant que ce qu’il fait est honteux, maléfique et abject sur le plan éthique, le psychopathe caché déploie une multitude de défenses primitives et infantiles qui lui semblent appropriées.
Sam Vaknin mentionne le psychiatre américain Hervey Cleckley, qui, dans son livre The Mask of Sanity, parle du masque de santé mentale porté par les psychopathes.
Le Professeur affirme que le narcissique caché devenu psychopathe est l’individu le plus fou qu’il connaisse, car derrière son masque se cache une folie béante, sans précédent, incroyable et débridée. Il se protège des conséquences de ses actes malsains grâce à ce masque.
C’est un simulateur déguisé en ange, un serpent dont le venin agit lentement. Il est dangereux, car son système de défenses est démentiel.
Il se croit le gardien des valeurs et de sa propre moralité déviante, se voyant comme le chef des forces du bien contre les démons.
Bien sûr, dans cette guerre, il y a toujours un butin. La propriété de l’autre est le butin qu’il obtient en vertu de sa propre « justice ».
C’est quelqu’un qui, selon ses besoins, agit tour à tour comme prédateur ou comme proie.
Il s’octroie le droit d’agir ainsi, car en sombrant dans la folie, il perd toute notion d’entraide, se définissant lui-même comme un escroc.
Voici quatre mécanismes défensifs :
Le déni : le narcissique caché devenu psychopathe filtre les informations qui contredisent son image et nie ses actions. Il se dit alors :
« Tout ce que j’ai volé à cette personne — ses idées, ses réalisations, son succès, son argent, voire son identité — ne lui appartient pas vraiment. Même si je fais cela pour mon propre profit, pour gagner en notoriété et en célébrité, je suis en mission, en croisade. Je suis une bonne personne qui accomplit de bonnes choses, et c’est ma seule motivation. Tout ce que cette personne a obtenu, elle l’a acquis par des moyens détournés. J’ai donc le droit de m’approprier les résultats que je mérite. »La répression : il réprime la conscience de ses pensées et désirs interdits. Cependant, le contenu refoulé ne disparaît pas ; il reste puissant, fermentant dans son inconscient.
Il se dit alors :
« Je ne crois pas avoir volé quoi que ce soit ou avoir commis un plagiat. Je pense que les idées, le travail et les accomplissements de l’autre personne sont disponibles gratuitement pour tout le monde, et donc pour moi ! Je ne savais pas que j’étais en train de voler l’identité ou la propriété intellectuelle de quelqu’un. Je suis convaincu que ce que je fais est correct. »Le clivage : pour lui tout est soit bon, soit mauvais. En état de régression infantile, il perçoit les autres comme mauvais et se voit lui-même comme une bonne personne. Il justifie donc ses actes criminels, car sa cible est considérée comme mauvaise.
Alors, il se dit :
« Oui, c’est vrai que je plagie son travail, mais il/elle le mérite, car ses comportements me déplaisent. Je fais donc justice moi-même. Je suis un superhéros qui combat les méchants. »La projection : elle consiste à attribuer aux autres ses propres insuffisances, ses émotions négatives et ses traits de caractère inacceptables.
À travers la projection, il se dit :
« Cette personne méritait ce que je lui ai fait. Elle me devait de l’argent et devait payer pour l’aide que je lui ai apportée. C’est elle qui m’a volé mon argent et mon temps. Sans moi, elle n’aurait rien pu accomplir. Je ne fais que réclamer ce qui m’appartient. »
Examinons maintenant une stratégie hypnotique utilisée par toutes sortes de narcissiques cachés devenus psychopathes : le décervelage hypnotique.
Le décervelage hypnotique « gaslighting »
Si vous êtes une personne psychologiquement fragile, le narcissique caché devenu psychopathe profite de votre vulnérabilité, de votre anxiété, de votre dépression ou de votre trouble de stress post-traumatique pour supplanter votre réalité par la sienne.
Le narcissique caché devenu psychopathe est orienté vers un objectif précis, mais il n’est pas toujours conscient de ce qu’il fait, car il vit dans son paracosme, un monde imaginaire, une réalité virtuelle. Il est donc profondément hypnotisé.
Il déstructure votre psychisme en vous manipulant, vous contrôlant et vous anéantissant. Pour ce faire, il utilise le décervelage hypnotique.
Il répète des milliers de fois les mêmes mots dévalorisants et les mêmes phrases dénigrantes issus de sa réalité virtuelle, tout en alternant avec des discours d’amour contradictoires à ce dénigrement.
Ou bien, il vous enveloppe dans son monde mental fantasmatique en vous proposant des solutions irréalistes à vos souffrances et à vos problèmes.
En fait les narcissiques cachés, qu’ils soient passifs agressifs ou psychopathes avalent leur partenaire intime, le consomment, le digèrent et l’assimilent.
Ce qui correspond aux mécanismes connus en psychologie sous les termes d’introjection (avaler), d’incorporation (consommer), d’internalisation (digérer) et d’identification (assimiler).
Les guides spirituels autoproclamés et certains gourous sont des experts dans l’utilisation du décervelage hypnotique. Lisez mon article sur le sujet en cliquant ici : Le gaslighting.
Votre réalité intérieure est complètement altérée
Votre réalité interne est constamment remise en question par l’hypnotiseur psychopathe qui prend le pouvoir sur vous. Attention ! C’est ce que font les pédophiles sur Internet, la mafia ou encore les terroristes qui radicalisent des jeunes en détresse.
Il vous transmet ses idées délirantes, son univers virtuel, et ses perceptions déformées de la réalité, tout en vous convainquant que c’est la seule réalité qui existe.
Une fois hypnotisé(e), il peut abuser de vous, s’approprier votre identité, voler vos connaissances, vos idées, votre activité, vos accomplissements, vos biens et votre argent, vos amis, voire votre entreprise ou votre poste de travail.
Il vous manipule alors à sa guise et fait de vous ce qu’il veut.
Il vous déstabilise et vous plonge dans un état de dépersonnalisation et de déréalisation. Vous pouvez lire l’article intitulé : La dépersonnalisation et la déréalisation.
Après avoir examiné les sujets précédents, nous pouvons maintenant nous concentrer sur votre situation, votre vécu et la manière de transcender vos traumatismes.
Votre partenaire intime est-il un narcissique caché ?
Si vous vivez sous l’emprise d’un narcissique caché, cliquez sur ce titre : Quitter un narcissique pathologique.
Si vous vous en êtes déjà séparé(e), vous et vos enfants souffrez des effets traumatiques de son abus narcissique.
Qu’il soit vulnérable, passif-agressif ou psychopathe, vous ressentez sans doute une honte profonde d’avoir été piégé(e) par ses manipulations insidieuses.
Inconsciemment, vous avez introjecté, incorporé et intériorisé son abus, ce qui vous amène à vous identifier à ses messages hypnotiques, devenus des voix intérieures. Vous vivez ainsi sous son emprise et souffrez d’un trouble de stress post-traumatique.
Un tourment se cache donc derrière des portes fermées, car personne ne voit ce que vous traversez. La guérison commence par comprendre que les actions du narcissique passif-agressif reflètent sa propre réalité, et non la vôtre. La liberté naît de la reconnaissance de votre histoire, de la recherche de soutien, de la confiance en votre force intérieure et de l’établissement de frontières psycho-émotionnelles.
Le rétablissement ne consiste pas seulement à survivre, mais aussi à se redécouvrir et à trouver la paix intérieure. Êtes-vous prêt(e) à découvrir les ressources pour amorcer votre guérison ? Il est crucial de vous engager dans un processus d’introspection approfondie pour vous libérer de cet état traumatique et hypnotique.
Êtes-vous un narcissique caché ?
Si vous vous reconnaissez dans ce portrait du narcissique caché, sachez qu’il n’est jamais trop tard pour entamer un travail d’introspection et amorcer la guérison de votre trouble de stress post-traumatique (TSP). Face à cette souffrance silencieuse, il est essentiel de comprendre que la reconstruction est possible et que certains de vos comportements peuvent évoluer.
Le traumatisme n’est pas l’événement en lui-même, mais la manière dont votre psychisme y a réagi. Votre narcissisme est en réalité une forme d’hypnose identitaire. Comprendre la complexité de votre dynamique interne n’est que le début ; agir pour vous en libérer est une autre étape essentielle. Il est impératif de vous faire accompagner par un professionnel spécialisé dans le traitement des troubles de stress post-traumatique.
Avez-vous eu un parent narcissique caché ?
Si l’un de vos parents était un narcissique caché, il ne vous a pas donné l’amour, l’attention ou le respect dont vous aviez besoin. Vous avez peut-être intériorisé ses comportements, ce qui peut entraîner un manque d’estime de soi et de confiance.
Cela peut se manifester de différentes manières :
Vous avez peut-être développé une dépendance affective, recherchant des partenaires narcissiques également émotionnellement absents.
Il se peut également que vous ayez adopté des traits de narcissisme pathologique et des mécanismes primitifs narcissiques.
Ou bien, vous avez développé une psychorigidité et votre type d’attachement est évitant.
Ou encore, vous tentez de combler votre manque d’amour en adoptant des comportements autodestructeurs comme l’abus d’alcool, de drogues ou en ayant une sexualité débridée.
Tous ces signes montrent que vous souffrez d’un trouble de stress post-traumatique. Cependant, il n’est jamais trop tard pour sortir de l’emprise du parent narcissique caché de votre enfance et retrouver votre pouvoir personnel.
La Déshypnose Identitaire
Imaginez, ne serait-ce qu’un instant, que le pouvoir hypnotique de votre narcissique pathologique — ce pouvoir qui vous tenait sous emprise par le gaslighting, le décervelage insidieux, le silence glacial ou la rage dévastatrice — ait été entièrement démantelé dans votre esprit. Il vous manipulait par ses promesses non tenues, ses excuses creuses ou son éternel rôle de victime, mais les ruminations que cela suscitait en vous se sont enfin dissipées.
Un jour, cette emprise insidieuse que vous aviez introjectée, incorporée, intériorisée… s’est enfin dissipée. Vous avez cessé d’avoir peur de vivre sans lui (ou elle).
Vous avez cessé de vous protéger de ses comportements toxiques.
Vous avez cessé de penser à lui, de ressasser les pires comme les meilleurs souvenirs.
L’objet interne — ce persécuteur idéalisé — qui empoisonnait votre esprit a perdu tout pouvoir. Le chaos émotionnel semé par le narcissique s’est éteint, laissant place à un calme que vous n’osiez plus espérer.
Qui ou quoi a accompli ce miracle ?
La Présence silencieuse de votre être authentique. Celle que vous écoutez désormais, grâce à votre processus d’introspection — à cette Déshypnose Identitaire qui vous reconnecte à vous-même. C’est par cette Présence que vous avez pu désintrojecter le narcissique de votre esprit. Ce processus s’est accompli par amour pour vous-même, sans la moindre trace de culpabilité.
Il est essentiel de comprendre ceci : l’introspection est une pratique qui demande du temps pour porter ses fruits. Mais grâce à elle, vous vous établissez peu à peu dans la paix et le silence intérieur. C’est là le changement le plus profond qu’un être humain puisse opérer : transcender ses objets internes et ses réactions infantiles.
Avec cette transformation, la puissance silencieuse de votre Présence demeure.
Vous n’avez plus aucun contact avec votre ex-partenaire narcissique.
Et ce n’est pas pour le blesser — comme le feraient les narcissiques cachés, passifs-agressifs. Non.
Vous agissez ainsi en accord avec vos valeurs, votre paix intérieure et votre vérité.
C’est une décision sacrée : celle de protéger votre système nerveux, de tourner votre attention vers votre force intérieure, et de préserver votre dignité.
Vous avez enfin commencé à focaliser votre regard sur votre lumière intérieure.
Pour mieux saisir la profondeur de ce processus, je vous invite à consulter cet article L’introspection.
Vivez-vous avec un narcissique pathologique ?
Face à un narcissique pathologique, chaque mot — ou chaque silence — devient une arme de contrôle. Peu importe la clarté de vos explications ou la douceur de votre ton, il détourne la conversation, déforme vos intentions, renverse votre récit. Et soudain, c’est vous qui semblez être la personne cruelle ou folle. Ce jeu de pouvoir vous épuise, érode votre confiance, et renforce son emprise. Le cercle vicieux se referme, encore et encore, jusqu’à ce que vous doutiez de vous-même… jusqu’à ce que son abus narcissique finisse par fissurer, puis détruire, votre psychisme.
Si vous vivez encore avec lui ou elle, commencez d’abord par créer un espace introspectif vous permettant d’observer comment vos émotions sont ignorées ou invalidées, et comment vos mots, vos tentatives de communication, sont utilisés contre vous.
Dans cet espace, posez-vous doucement les questions suivantes :
Qu’est-ce qu’il fait concrètement ? Quels comportements me font souffrir ?
Quels mots ou phrases me blessent ? Écrivez tout ce qu’il fait et dit.
Pour chaque réponse, demandez-vous à la troisième personne :
Quelle vieille blessure est rouverte par cette attitude ou ce comportement ?
Quel « moi » mental réagit à ses attaques et agressions ?
Quel âge à ce « moi » et quelles sont ses croyances ?
Qu’est-ce que pousse ce « moi » à rechercher l’approbation, la validation et l’amour d’un narcissique pathologique ? Quelle est la véritable source de sa souffrance ?
Ce type de questionnement ouvre la voie à une déshypnose identitaire — un retour à votre être authentique, libre de toute emprise. Cherchez donc les réponses à l’intérieur, sans tenir compte de ce qui fait ou dit votre partenaire narcissique. Elles émergent de votre propre conscience, de votre propre vérité. C’est en vous que réside la clarté.
Le silence qui émerge de ce processus d’introspection brise l’attachement au « moi » souffrant. Et dans ce silence, une vérité s’impose : « Je n’ai plus besoin de t’expliquer quoi que ce soit. Je n’ai plus besoin de prouver quoi que ce soit. Aujourd’hui, j’écoute ma voix intérieure, mes besoins, mes limites. »
Vous commencez alors à entendre la voix de votre être authentique. Une force tranquille, enracinée, qui refuse désormais d’être appâtée par la souffrance ou manipulée par le drame.
Le narcissique, lui, se nourrit de votre énergie émotionnelle — positive ou négative. Tant que vous réagissez, vous devenez sa source de sa provision narcissique. Mais lorsque vous cessez de réagir, lorsque vous choisissez le silence intérieur plutôt que le chaos imposé, cette source se tarit. Et avec elle, son pouvoir s’effondre
Votre Présence silencieuse devient intolérable pour lui. Elle le prive de ses leviers de contrôle, le rend insignifiant à ses propres yeux. Mais priver un narcissique de son approvisionnement émotionnel n’est pas un acte de vengeance.
C’est un acte d’amour envers vous-même.
C’est reprendre votre énergie vitale, vous retrouver, évoluer, et aimer pleinement l’être humain que vous êtes réellement.
Pour approfondir ce processus de libération, je vous invite à lire cet article Quitter un narcissique pathologique.
L’alchimie du retour à soi : votre Présence silencieuse
L’attitude la plus puissante face à un narcissique pathologique est maintenir le silence.
Maintenir le silence — non par orgueil ou punition, mais pour vous maintenir en alignement avec votre être authentique — change totalement la dynamique. Vous quittez l’échiquier. Le silence devient votre frontière ferme et ancrée. C’est alors que vous commencez à vous aimer. Cette alchimie intérieure vous permet de faire ce constat : « Je ne ressent plus le besoin de mendier son amour pour exister. Je suis déjà dans mon cœur. »
Cette posture terrifie un narcissique pathologique dont le contrôle, le pouvoir, l’omniscience et la supériorité reposent sur sa capacité à vous faire souffrir. Chaque réaction de votre part renforce son illusion de contrôle. Il construit son identité sur sa capacité à vous faire souffrir, à vous faire réagir. Chaque émotion que vous exprimez, chaque tentative de justification, chaque blessure visible… renforce son illusion de contrôle.
Mais votre Présence silencieuse — stable, ancrée, inaccessible — fissure cette illusion.
Elle le confronte à son vide intérieur, à l’impuissance qu’il cherche désespérément à fuir.
Et c’est là que commence votre véritable pouvoir.
Passer de l’état de réaction à la Présence silencieuse est un voyage conscient. Un chemin lent, parfois sinueux, qui transforme peu à peu le chaos émotionnel en paix intérieure.
Et lorsque vous tombez dans les déclencheurs du narcissique, ce n’est pas un échec.
C’est un signal. Un appel à poursuivre l’introspection, à revenir à vous, à écouter ce qui en vous demande encore à être guéri.
La véritable force ne réside pas dans le contrôle des autres, mais dans la régulation de votre monde intérieur. La douleur se transmute en sagesse.
Vos déclencheurs deviennent des éclats de clarté.
Et vos anciens mécanismes de survie se métamorphosent en Présence.
Grâce à ce processus, vous ne réagissez plus par automatisme : vous choisissez.
Et c’est dans cet espace sacré, au cœur de vous-même, que la transformation prend vie.
Lorsque vous pratiquez l’introspection, vous n’avez plus besoin de vous justifier, ni de vous expliquer face au manipulateur.
Vous quittez le rôle du mendiant en quête d’amour, de reconnaissance, de validation.
Vous cessez de tendre la main vers ce qui vous blesse.
Le narcissique perçoit ce basculement.
Votre neutralité face à son chaos le déstabilise.
Car là où il attendait une réaction, il ne trouve plus qu’un silence habité.
Un silence qui ne fuit pas, mais qui affirme.
Un silence qui dit : « Je ne suis plus à vendre. Je me suis retrouvée. »
Être intouchable ne signifie pas être froid(e), indifférent(e) ou dépourvu(e) d’empathie.
Cela signifie que vos émotions vous appartiennent pleinement.
Qu’elles ne sont plus des leviers entre les mains d’un autre.
Qu’elles ne sont plus exploitables, ni manipulables.
Le changement le plus profond survient lorsque vous n’avez plus besoin de répondre.
Lorsque le silence devient un choix conscient, non pas une punition, mais une déclaration.
Une déclaration de paix. De dignité et de régulation énergétique personnelle.
À ce moment-là, votre vérité n’est plus négociable.
Vous êtes stable. Entier(ère). Libre.
Même si le narcissique revient, armé de chaos et de confusion, vous ne l’attendez plus.
Vous avez déjà quitté le champ de bataille.
Vous ne jouez plus. Vous ne réagissez plus. Vous êtes ailleurs — en vous.
Et le geste le plus puissant que vous ayez accompli…
C’est de vous choisir. Sans bruit. Sans justification.
Avec amour.
Et dans cette décision silencieuse, vous êtes devenu(e) intouchable.
Non pas par dureté, mais par intégrité.
Ce qui demeure, c’est votre véritable Présence — stable, enracinée, libre.
Une Présence qui ne cherche plus à convaincre, à plaire ou à survivre.
Une Présence qui sait.
Qui ressent sans limites ce qui est vrai.
Et qui choisit.
— Prabhã Calderón