Le syndrome de l’otage chez les enfants

12 sept. 2024

Par Prabhã Calderón

Souffrez-vous des effets traumatiques d’avoir été l’otage psycho-émotionnel de vos parents ?
Ou bien faites-vous de votre enfant votre otage psycho-émotionnel ?

Dans cet article, basé sur les enseignements du Professeur Sam Vaknin, ainsi que sur mon expérience personnelle et mon expertise, vous découvrirez comment les enfants deviennent les otages psycho-émotionnels des parents dysfonctionnels, à cause d’un conditionnement transgénérationnel. Il n'est pas question de blâmer qui que ce soit. 

Introduction

Pour commencer, il est essentiel de comprendre que les adultes qui forment un couple dysfonctionnelle manquent d’une structure psycho-émotionnelle solide, car ils n’ont pas résolu les traumatismes de leur enfance.
Ces parents vivent dans un état régressif, réagissant en fonction de croyances et mécanismes infantiles qui se déclenchent automatiquement.
Par conséquent, ils ne posent pas de limites claires et sécurisantes, et ne peuvent pas respecter l’individualité de leur enfant.
Cela concerne notamment les parents atteints de troubles de la personnalité tels que le narcissisme pathologique, la dépendance affective ou le trouble limite, également connu sous le nom de borderline.

L’abus parental

  • À quel moment peut-on considérer que les parents sont abusifs ?

  • Les parents sont abusifs lorsqu’ils empêchent leur enfant de s’individualiser et de se séparer d’eux, que ce soit par des maltraitances physiques ou par une instrumentalisation psycho-émotionnelle et affective.

Voici la magnifique description faite par la brillante psychanalyste allemande Karen Horney au sujet de l’instrumentalisation :

« Les parents n’aiment pas leur enfant pour ce qu’il est, mais pour ce qu’ils désirent qu’il soit. Ils en font l’accomplissement de leurs rêves inaboutis, le porteur de leur frustration inconsciente, l’instrument par lequel ils peuvent transformer leurs échecs en succès, leur humiliation en victoire et leurs frustrations en bonheur. L’enfant est ainsi entraîné hypnotiquement à ignorer sa réalité essentielle et à occuper l’espace illusoire créé par ses parents. »

Face à ces parents, l'enfant se trouve en position de vulnérabilité en raison de son jeune âge, qui le place dans une situation de dépendance pendant plusieurs années.

Les enfants de ce type de parents sont assujettis à des expériences traumatiques qui les plongent dans un vide psychoaffectif, une peur constante et une insécurité croissante.

Se sentant piégés, les enfants sont incapables d’identifier le piège ni de s’en échapper. Il est important de noter que lorsque nous ressentons de la peur, nous cherchons à contrôler la personne ou la situation qui en est la source.

D’autres types d’abus

Certains parents causent des syndromes dissociatifs chez leurs enfants, car ils sont eux-mêmes déconnectés de la réalité. Ils souffrent de déréalisation et de dépersonnalisation. C’est le cas de parents souffrant de troubles de la personnalité narcissique, de troubles paranoïaques, de troubles de la personnalité limite, d’alexithymie, de dépression, etc.

Lisez l’article : La dépersonnalisation et la déréalisation

  • Ces parents ignorent totalement leurs enfants : leurs émotions, leurs pensées, leurs besoins, leurs limites, et leur identité propre.

  • Ils traitent leurs enfants comme des objets internes : les ignorant, les dominant, les contrôlant, les possédant, les maltraitant, les instrumentalisant et abusant d'eux, sans leur permettre de s'individualiser ni d'accéder à l'autonomie.

  • Ils ne leur laissent pas la parole, ne leur permettant pas d'exprimer leurs observations, leurs expériences, leurs pensées, leurs émotions, leurs sentiments et leurs besoins. Par conséquent, ils les isolent.

  • Sans tenir compte de leur existence, ces parents utilisent leurs enfants pour apaiser leur propre insécurité, réguler leurs émotions et maintenir leur équilibre interne.

  • Certains vont jusqu'à les effrayer, les pétrifiant de terreur.

  • Ils envahissent l'esprit de leurs enfants en leur imposant des jugements de valeur, critiquant leur vie, leur évolution, leurs choix, etc. Cela crée des confusions entre ce qui est réel et ce qui est faux.

  • Ils utilisent leurs enfants comme un parent (père ou mère), un soignant, un sauveur ou une extension de leur propre identité.

Voici trois exemples :

  • Une femme souffrant peut-être d’un trouble de la personnalité limite ou de narcissisme caché, qui se croyait médium, a convaincu un groupe de suiveurs que son bébé était Saint Jean-Baptiste et qu’il leur apporterait plus tard toutes les solutions à leurs souffrances, les conduisant au paradis.

  • Un entrepreneur narcissique, qui avait hérité d’une usine de son père, lui-même narcissique, espérait faire de son fils aîné son successeur. Pour cela, il le punissait à coups de martinet pour ses échecs scolaires, le dressant comme un chien battu, afin d’en faire l’extension de son identité, l’héritier de son entreprise et de ses rêves inassouvis.

  • Une mère narcissique a transformé sa fille en objet interne, en extension de son identité et en souffre-douleur, la terrorisant avec des colères imprévisibles et incontrôlables. Cette mère, « morte » en tant que telle, a ainsi empêché sa fille de s’individualiser, de se séparer d’elle et de progresser vers son autonomie psycho-émotionnelle.

    Une fois adulte, cette fille avait une incapacité à entretenir des relations intimes durables, car elle a développé une vertu compulsive, qui n’est en réalité qu’une colère refoulée, masquée par une défense rationnelle.

Ces trois enfants se sont protégés des abus flagrants non seulement en développant un syndrome dissociatif de dépersonnalisation et de déréalisation, mais aussi en développant un trouble de stress post-traumatique.

Lisez les articles : Les narcissiques cachés et Les narcissiques classiques

Que fait l’enfant pour se protéger d’un parent abusif ?

Pour se protéger, l’enfant cherche instinctivement à contrôler le parent qui l’a pris en otage, en établissant un lien fantasmatique avec lui.
Il s’agit d’un attachement paradoxal où, malgré la maltraitance, la négligence ou l’instrumentalisation dont il est victime, l’enfant cherche à contrôler le parent abusif en s’attachant à lui de manière absolue et totale.

  • Si son parent est narcissique, il finit par adopter les croyances, les mécanismes de défense et les comportements de ce parent abusif, ce qui interrompt brutalement le développement de son identité. Ainsi, il risque de devenir lui-même narcissique.

  • À l’inverse, il peut devenir une extension de l’identité de son parent, ce qui lui donne le sentiment de ne pas avoir son propre « Je suis » en dehors de cette relation. Dans ce cas, il deviendra dépendant affectif.

Par conséquent, son ego devient aussi dysfonctionnel que celui de ses parents.

Qu’est-ce qu’un ego fonctionnel ?

L’ego est une structure psycho-émotionnelle hautement organisée qui se développe progressivement dans l’enfance.
Il se manifeste par la capacité à écouter nos besoins fondamentaux, à poser des limites, à discerner le vrai du faux, ce qui nous convient de ce qui ne nous convient pas, ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas.

Grâce à un ego fonctionnel, nous avons la capacité d’examiner la réalité, de réguler nos émotions, de contrôler nos pulsions, de distinguer nos objets internes, qui sont purement mentaux, des personnes qui nous entourent, ainsi que d’agir avec discernement en s’appuyant sur des défenses saines.

L’ego dysfonctionnel

Les parents ayant un ego dysfonctionnel sont très immatures sur le plan psycho-émotionnel. C’est pourquoi ils maltraitent leur enfant ou l’instrumentalisent.

Le Professeur Sam Vaknin déclare : « Les parents qui instrumentalisent leur enfant lui accordent une attention disproportionnée. Il est mis sur un piédestal, choyé et idolâtré. Ces parents n’établissent pas de frontières psychoaffectives claires ni de règles transparentes, privant ainsi l’enfant du droit d’être confronté à la réalité de la vie.

Ils font de lui une extension de leur propre psychisme, lui suggérant ou lui affirmant qu’il est si spécial et intelligent, qu’il peut faire tout ce qu’il veut. Ils transforment ainsi un être réel en un objet façonné selon leurs besoins infantiles, croyant qu’aimer leur enfant de cette manière donne un sens à leur vie. Cet abus est extrêmement pernicieux car il fait éclater les frontières psychoaffectives de l’enfant qui, par la suite, peine à se séparer d’eux pour acquérir sa propre individualité et son autonomie. Donc il deviendra narcissique ou dépendant affectif. »

Les états régressifs

Les parents ayant un ego dysfonctionnel sont très immatures sur le plan psycho-émotionnel, car ils réagissent selon une fausse identité adoptée dans l’enfance, identité façonnée par des mécanismes de défense infantiles.
Par conséquent, ils sont incapables de développer des relations authentiques ni d’atteindre un véritable épanouissement personnel.
Pour cette raison, inconsciemment, ils maltraitent leurs enfants au niveau corporel, psycho-émotionnel ou affectif.

En tant qu’otage de ses parents, l'enfant établit un lien fantasmatique avec le parent maltraitant pour se protéger. C’est une forme d’attachement paradoxal envers lui, malgré la maltraitance, l’instrumentalisation ou la négligence dont il est victime.

Les familles fonctionnelles

Dans les familles fonctionnelles, les adultes possèdent une maturité émotionnelle et une stabilité psychique leur permettant d'offrir à leurs enfants un environnement sécurisant.
Nombreux sont les enfants qui n’ont que leur mère pour les soutenir et les guider dans leur développement. Lorsqu’elle est vraiment adulte, elle leur fournit non seulement la nourriture psychoaffective et émotionnelle, mais aussi les limites claires et sécurisantes dont ils ont besoin pour progresser vers leur autonomie.

D’autres enfants ont la chance d’avoir leurs deux parents pleinement investis dans ce processus. Tous deux sont capables de gérer les défis de la parentalité avec sérénité. Ils accompagnent leurs enfants vers l’autonomie tout en répondant à leurs propres besoins fondamentaux ainsi qu’aux divers problèmes qui se présentent. Voyons maintenant comment opèrent les familles dysfonctionnelles.

Les familles dysfonctionnelles

Contrairement aux familles fonctionnelles, les adultes des familles dysfonctionnelles manquent de cette structure psycho-émotionnelle solide, car ils n’ont pas résolu les traumatismes de leur enfance.

  • Ces parents réagissent selon des croyances et des mécanismes infantiles qui se déclenchent automatiquement en eux.

  • En raison des effets cumulatifs des expériences négatives de leur enfance, ils vivent dans un état hypnotique traumatisant.

  • Par conséquent, ils ne posent pas de limites claires et sécurisantes, et ne peuvent pas respecter l’individualité de leur enfant. Inconsciemment, ils maltraitent leurs enfants au niveau corporel, psycho-émotionnel ou affectif.

Le rôle de la figure maternelle

Cela nous amène à considérer que tout petit enfant s’attache naturellement à sa mère ou à la personne qui s’occupe de lui. L’influence maternelle est cruciale, surtout durant les premières années de vie, de la naissance à cinq ans, car c’est principalement la mère qui fournit les soins essentiels à l’enfant, lui permettant d’évoluer sur le plan psycho-émotionnel. Il est essentiel que la présence de sa mère soit stable et fiable, et qu’elle offre à son enfant des limites claires et sécurisantes afin de lui permettre d’évoluer vers l’autonomie.

Si elle n’accomplit pas ces fonctions, l’attachement entre elle et son enfant devient toxique. Voyons maintenant les conséquences de cette dynamique sur l’enfant.

Si, au lieu de fournir une présence véritable et un amour stable, la mère est dépendante affective, intrusive et manipulatrice, ou narcissique, coercitive, abusive, effrayante et menaçante, elle crée un attachement toxique avec son enfant.

Dans tous ces cas l’enfant se retrouve dans un état chronique de détresse, car, en devenant l’otage des dysfonctionnements et de la souffrance maternelle, il est plongé dans une insécurité constante. Saisi par la peur, il éprouve inconsciemment le besoin de contrôler sa mère pour se rassurer et assurer sa propre survie. Ainsi, il s’attache intensément à elle, ce qui amplifie la toxicité de la relation.

L’enfant ne peut pas se développer psychologiquement, donc il ne pourra jamais s’individualiser ni évoluer vers son autonomie psychoaffective et sa souveraineté.

Le parent non abusif

Contrairement au parent abusif, le parent non abusif ne suscite pas chez l’enfant ce besoin de contrôle, car le soutien d’un parent non abusif est stable et fiable. Il permet à l’enfant de se développer sans ressentir le besoin de contrôler le parent pour se sécuriser. L’amour et l’attention d’un parent fonctionnel sont garantis, ce qui fait que l’enfant ne ressent pas le besoin de le contrôler pour assurer sa survie. Il peut alors évoluer vers l’autonomie.

La mère morte

Ce type de mère a été qualifié de « morte » par le psychanalyste français André Green, car elle empêche son enfant de se séparer d’elle.

Une mère qui dévalorise ou surévalue, instrumentalise ou maltraite son enfant ne le voit pas tel qu’il est, ne le découvre pas, ne l’écoute pas et ne s’intéresse pas réellement à lui. Inconsciemment, elle projette sur lui ses traumatismes, ses émotions refoulées, ainsi que ses croyances toxiques et les objets internes issus de son propre passé.

De plus, elle peut proposer à son enfant une transaction d’amour en échange du rôle qu’elle lui impose, le réduisant ainsi à un objet de son propre psychisme.

Pour mieux comprendre cela, examinons deux types de mères : la mère dépendante affective et la mère narcissique.

La mère dépendante affective

La mère dépendante affective instrumentalise son enfant en établissant avec lui un lien fusionnel pour combler son propre vide psychoaffectif.
Elle tente de satisfaire ses propres besoins affectifs à travers son enfant, au détriment de l’évolution de ce dernier.
Par exemple, elle le parentifie l'un de ses enfants, c’est-à-dire qu’elle le transforme en mère, père ou compagnon de substitution, créant ainsi un lien incestuel.
Souvent déprimée, elle peut également le considérer comme son sauveur ou son thérapeute.

Le rôle du partenaire intime

La mère dépendante affective cherche toujours à s’attacher à quelqu’un. Elle tombe souvent sous l’emprise de narcissiques. Si son partenaire est narcissique, il est souvent maltraitant. Dans ce cas, elle ne peut pas défendre son enfant.

Par exemple, si son partenaire est un narcissique paranoïaque, possessif et jaloux, il isole la mère et les enfants physiquement et émotionnellement.

  • Il détermine seul les droits et les obligations de la famille, et les modifie à sa guise.

  • Il crée une sorte de culte familial en isolant sa famille du monde extérieur.

  • Cela lui permet de mieux la protéger illusoirement des menaces imminentes et des intentions hostiles. Son contrôle repose sur l’ambiguïté, l’imprévisibilité et l’abus ambiant.

  • Ses caprices, toujours changeants, définissent le bien et le mal, le souhaitable et l’indésirable.

  • Il décide de ce qui doit être poursuivi et de ce qui doit être évité.

  • Il est agressif, violent, irrespectueux et incapable de ressentir la moindre empathie pour ses enfants, qui vivent dans la terreur de ses réactions imprévisibles.

  • Il pratique le décervelage hypnotique. C'est-à-dire qu'il répète des milliers de fois des phrases insultantes et maltraite physiquement ses enfants sans éprouver le moindre remords.

  • Il ignore leurs besoins légitimes et ne respecte pas leurs limites et leur altérité. C’est ainsi qu’il se sent tout-puissant et omniscient.

Dans ce type de pseudo-relation, la mère dépendante affective sympathise avec son dominateur, surtout si elle est masochiste.
Elle est donc incapable de constater la toxicité de leurs interactions, de poser des limites et de partir.

Quelles sont les conséquences pour l’enfant ?

Aux côtés d’une mère dépendante affective et d’un père narcissique, qu’il soit paranoïaque, somatique, cérébral ou caché passif-agressif, l’enfant devient l’otage de ce couple, car il doit obéir, subir l’autorité de son père et vivre sous son emprise hypnotique, sans s’opposer à lui, donner son opinion, exprimer sa colère légitime, ou échapper à sa domination.

  • L’enfant ressent une peur si intense qu’il est constamment contracté, et sa respiration devient courte.

  • S’il constate que son père est psychologiquement perturbé, il pourrait suridéaliser sa mère, car il ne sait pas qu’elle est dépendante affective, donc également perturbée.

Ainsi, ses deux parents provoquent une interruption brutale dans la formation de sa structure psycho-émotionnelle et psychoaffective. Voyons maintenant la mère narcissique.

La mère narcissique

Tandis que la mère dépendante affective cherche à combler son vide affectif à travers un lien fusionnel avec son enfant, la mère narcissique, quant à elle, évite la fusion. Cette mère, morte en tant que telle, brise son enfant en lui transmettant ses traumatismes.

Voici quelques comportements :

  • Elle projette sa propre souffrance et ses blessures non résolues principalement sur un de ses enfants, le transformant en bouc émissaire et en le blâmant pour ses frustrations.

  • Elle y décharge sa colère passive ou sa rage narcissique. Elle l’accuse d’être à l’origine de ses problèmes et de son émotivité négative.

  • En le rendant coupable, elle incite la fratrie à lui infliger des abus psychocorporels.

  • Cette dynamique cruelle lui procure un sentiment d’omniscience et de toute-puissance face à son enfant, qui vit dans la peur. Elle en extorque ainsi sa provision narcissique.

  • Si, au contraire, elle cherche à obtenir sa provision narcissique en traitant l’enfant comme sa vedette, son enfant roi ou la prunelle de ses yeux, elle le possède, le contrôle et en fait une extension de son identité, l’empêchant ainsi de s’en détacher et d’évoluer.

  • Si elle est paranoïaque, elle se focalise constamment sur le danger. Comme un pompier pyromane, elle transmet à son enfant ses peurs, voire sa paranoïa, pour ensuite lui faire croire qu’elle le protège des dangers imminents de la vie.

L’affection intermittente

Lorsque la mère alterne entre affection et maltraitance, l’enfant est déchiré par cette contradiction, qui engendre une profonde confusion en lui.

Ce mécanisme, qui est connu sous le nom de « renforcement intermittent », pousse l’enfant à chercher constamment l’approbation de sa mère (ou de son père), tout en acceptant la maltraitance comme un élément normal de la relation.

  • Dans cette situation, l’enfant se sent souvent perdu et terrifié, incapable de comprendre ce qu’il a fait de mal, ainsi qu’en état de confusion sur ce qu’il pourrait faire ou ne pas faire.

  • Cela engendre un clivage psychologique, une division dans la perception de soi et des autres.

Le clivage

Le clivage est une défense morale qui pousse l’enfant à se voir comme mauvais, tandis qu’il perçoit sa mère abusive comme une bonne personne.

  • S’il se considère comme mauvais, il peut survivre, car ses parents sont tous bons.

  • Tandis que s’il les perçoit comme mauvais, il se sentira en grave danger.

Donc, inconsciemment, il se dit : « Ma mère est aimante, attentionnée, compatissante et empathique. Mais moi, je suis mauvais et indigne de son amour. C’est moi qui la pousse à me maltraiter. Je suis la cause de ses menaces d’abandon, de ses maltraitances, de ses peurs, de ses souffrances, de ses messages dévalorisants, etc. Je mérite d’être puni, car je ne suis pas digne d’être aimé. »

Ainsi, en se considérant lui-même comme mauvais et en idéalisant ses parents, l’enfant nourrit l’illusion d’exercer un certain contrôle sur eux pour assurer sa propre survie.

Par conséquent, il devient autopunitif et autodestructeur. Submergé par une profonde honte toxique, il se déteste et se rejette lui-même.
Cependant, en offrant à ses parents amour, soumission, admiration, adulation, attention et services, il tente de diminuer sa honte et sa culpabilité. C’est ainsi qu’il assure sa survie.

Dans tous les cas, l’enfant développera un trouble de stress post-traumatique ou un trouble d’attachement, car il ne parviendra ni à s’individualiser ni à se séparer de sa mère sur le plan psycho-émotionnel.

L’hypnose identitaire

Les enfants sont très influençables et réagissent fortement aux suggestions verbales répétitives de leurs parents, surtout lorsque ceux-ci sont maltraitants.
En intériorisant les messages dévalorisants ou menaçants d’un parent punitif et abusif, ils développent un profond sentiment d’insécurité.
Nombre d’entre eux souffrent alors d’une peur terrifiante d’être abandonnés, se percevant comme mauvais ou indignes d’être aimés.

  • Vivant dans un état chronique d’insécurité, les enfants se suradaptent aux messages hypnotiques de leurs parents, jusqu’à adopter leur fausse identité.

  • Quand un enfant est poussé à adopter une fausse identité sous le pouvoir hypnotique de ses parents, cette identité s’ancre profondément dans son psychisme, créant ce que j’appelle une « hypnose identitaire ».

  • Ils se dissocient ainsi de leur réalité essentielle, de leur être authentique.

À long terme, ces enfants développent des troubles tels que l’anxiété, la dépression, des troubles de l’attachement et/ou des troubles de la personnalité.
Tous ces troubles sont engendrés par un trouble de stress post-traumatique, qui perdure par l’adoption d’une fausse identité, par une hypnose identitaire.

Le dilemme de l’enfant

Le dilemme de l’enfant réside dans le fait qu’il ne peut s’empêcher de s’identifier à sa mère. Les processus d’identification, d’introjection, d’incorporation et d’intériorisation des parents sont essentiels à la formation de sa structure psycho-émotionnelle.

  • L’introjection est un processus psychologique par lequel l’enfant intériorise les croyances et les comportements de ses parents comme s’ils étaient les siens.

  • Ces introjections façonnent l’identité de l'enfant, dès ses premières années de vie.

  • Pour cette raison, il adopte une fausse identité et renie son être authentique.

L’identification à la mère

L’identification à la mère, perçue comme toute-puissante, est un processus de survie essentiel pour les enfants, car en fusionnant avec elle ils se sentent rassurés.
Puisque l’identification à la figure maternelle est inexorable, l’enfant otage crée un lien fantasmatique avec la mère qui le maltraite, dans le but de la contrôler et de renforcer son sentiment de sécurité.
Plus l’enfant s’identifie à cette figure maternelle abusive, plus il l’idéalise, et la perçoit comme une mère bienveillante et bonne.
Elle se fixe dans son psychisme sur la forme d’un « objet interne ».

Lisez l’article intitulé : La déshypnose des objets internes

La dévaluation de l’enfant

Lorsque la mère maltraitante dévalue son enfant, elle lui renvoie une image négative de lui-même, provoquant chez lui des sentiments de honte et de culpabilité. À travers le processus d’identification et d’introjection, l’enfant finit par se percevoir comme mauvais et insuffisant, car en s’effaçant, il adopte la perception altérée de sa mère.

Dans certains cas, il est si brisé qu’il vit dans un état chronique de dépersonnalisation et de déréalisation. Par la dépersonnalisation, l’enfant devient un observateur extérieur de sa propre expérience personnelle, tandis que la déréalisation le pousse à se dissocier de son environnement.

La surévaluation de l’enfant

À l’inverse, lorsqu’une mère maltraite son enfant par la surévaluation et l’instrumentalisation, elle projette sur lui des attentes complètement irréalistes.

  • Cela crée une pression immense pour l’enfant, qui se sent alors obligé de répondre à ces attentes, au détriment de son propre bien-être.

  • Cette surévaluation peut également isoler l’enfant, le rendant dépendant de cette image idéalisée que la mère a construite, et l’empêchant d'évoluer vers son autonomie de manière équilibrée.

  • Dans ce cas, l’enfant peut développer une perception délirante de lui-même et se fixer dans un narcissisme secondaire pathologique, cherchant ainsi toute sa vie à obtenir l’attention des autres pour se surévaluer.

Comme vous pouvez le constater, la mère « morte » empêche l’enfant de développer une identité psycho-émotionnelle saine et stable.

Le fantasme de la mère

Un autre aspect crucial de cette dynamique est que l’enfant fait de ses parents des « objets internes ». Ce sont des représentations de leur image qui se fixent dans son esprit pour toujours.

  • Par exemple, sa mère devient alors un fantasme gigantesque, un objet interne qui s’infiltre dans son psychisme tel un cheval de Troie rempli d’ennemis.

  • Les ennemis sont les messages toxiques de sa mère maltraitante, qu’ils soient implicites ou explicites.

  • En les incorporant et en les intériorisant, l’enfant nourrit inconsciemment son propre traumatisme.

La perpétuation du fantasme

À l’âge adulte, le fantasme de la mère reste un objet interne persécuteur idéalisé, qui s’installe de manière permanente.

  • Inconsciemment, l’adulte entretient une rumination autour d’une union fantasmatique entre l’enfant blessé qu’il croit être et cet objet persécuteur idéalisé qu’est sa mère.

  • Identifié à ces objets internes, comme s’ils représentaient sa seule réalité, l’adulte est persuadé qu’il ne pourra jamais se séparer de sa mère.

  • Cette croyance influence profondément sa manière de se percevoir et de ressentir la vie.

Par exemple, il peut penser que sa mère a définitivement détruit sa capacité à ressentir la joie d’exister. Inversement, il peut croire que sa mère est la seule personne capable de l’empêcher de sombrer dans le vide abyssal et la solitude qu’elle a elle-même créés à travers leur relation fusionnelle et symbiotique.

Le processus de transfert de la mère

Les personnes qui, à l’âge adulte, restent figées dans les dynamiques vécues avec leur mère transfèrent son image sur leurs partenaires intimes. Elles agissent ainsi soit dans un état de révolte, soit dans un état de soumission envers leur mère.

Par exemple, dans un état de révolte, les narcissiques pathologiques recréent un lien conflictuel similaire à celui qu’ils ont eu avec leur mère, dans l’espoir de la contrôler et de s’en libérer.
Pour y parvenir, ils infligent à leurs partenaires les mêmes maltraitances qu’ils ont subies durant leur enfance. Cependant, ce « fantasme partagé » échoue, car l’image de l’enfant blessé et de sa mère persiste dans leur esprit.

À l’inverse, en état de soumission, les adultes qui s’identifient à l’enfant blessé, mais souffrent de dépendance affective, transfèrent l’image de leur mère sur leur partenaire, cherchant ainsi à maintenir une relation fusionnelle. Ils deviennent alors aussi soumis avec leur partenaire qu’ils l’étaient avec leur mère.

Comment s’en réveiller ?

Si vous souffrez des effets traumatiques du syndrome de l’otage, il est important de comprendre que, d'un point du vue psycho-émotionnelle et affectif, vous vivez dans un état de régression infantile.

  • Vous ne pourrez incarner votre autonomie qu’en écoutant la voix de votre être authentique, plutôt que celle de vos parents.

Prendre conscience de votre hypnose identitaire est le premier pas essentiel dans un processus d’introspection efficace.

La Déshypnose Identitaire


En tant que spécialiste des dynamiques psychologiques, je suis là pour vous accompagner dans ce processus, vous permettant ainsi de devenir votre propre guide et thérapeute.

Mes outils de déshypnose identitaire sont conçus pour vous offrir un chemin vers l’éveil. Cette approche vous aide à explorer la dynamique mentale qui s’est installée dans votre psychisme à la suite de votre vécu.

Voici les étapes de ce processus :

  • Pour commencer, vous allez identifier les mécanismes infantiles, les croyances limitantes, les fantasmes inconscients et les schémas répétitifs issus de votre vécu.

  • Ensuite, grâce à cette prise de conscience et à mes outils de déshypnose identitaire, vous déconstruirez progressivement tous ces objets internes.

  • Cela vous permettra d’exprimer vos émotions refoulées et de vous libérer de la dynamique toxique issue du passé qui contrôle votre vie.

  • En lâchant prise, vous trouverez enfin la confiance en vous-même et l’estime de soi.

  • C’est alors qu’une transformation remarquable va se produire dans tous les aspects de votre vie, car vous vous appuierez sur un ego fonctionnel, ainsi que sur vos besoins fondamentaux et vos limites.

Je vous invite chaleureusement à entamer ce voyage intérieur pour vous libérer des chaînes invisibles du passé.
Reconnectez-vous à votre être authentique et laissez-moi vous accompagner sur ce chemin de transformation vers une vie épanouie, guidée par la sérénité, l’amour inconditionnel et une véritable autonomie émotionnelle.
Ensemble, explorons et déconstruisons les schémas toxiques qui vous entravent, afin de vous permettre de renaître pleinement à vous-même et de cultiver une vie équilibrée.
Cette aventure exceptionnelle vous amènera à vous réveiller, à écouter la voix de votre être authentique et à vivre dans la sérénité, l’amour inconditionnel « sans objet » et la joie d’exister.