S'affranchir de la dépendance affective

17 sept. 2024

Par Prabhã Calderón


Cet article explore les différentes facettes de la dépendance affective, ses origines, ses manifestations et les moyens de s’en libérer.
À travers une analyse approfondie de quatre sous-types, nous examinerons comment la dépendance psychoaffective, enracinée dans l’enfance et fondée sur une croyance sur soi apparemment inébranlable, influence la vie des personnes concernées ainsi que leurs relations intimes.


Introduction : l’état régressif des dépendants affectifs

Chaque individu présente un écart entre son âge chronologique et son âge psycho-émotionnel, pouvant parfois entraîner des comportements infantiles.
Cependant, chez les personnes souffrant de dépendance affective, cet écart devient disproportionné dans leurs relations intimes, où elles réagissent alors avec un état psycho-émotionnel figé dans leur enfance.

  • Dans la société ou au travail, les personnes dépendantes affectivement adoptent un comportement d’adulte, tout en ressentant une anxiété constante.

  • Dans leurs relations intimes, leur immaturité psycho-émotionnelle et leur anxiété se manifestent de manière particulièrement prononcée.

La dépendance affective : une hypnose identitaire

La dépendance affective, aussi appelée trouble de la dépendance affective, n’est pas une maladie mentale, mais une identification hypnotique à une fausse identité ou un « faux moi », ce que j’appelle « hypnose identitaire ».

  • Cette identification hypnotique est le résultat d’un trouble de stress post-traumatique, causé par des maltraitances psycho-émotionnelles prolongées subies durant l’enfance.

La bonne nouvelle est qu’il est possible de se réveiller de cette hypnose identitaire grâce à un processus d’introspection approfondi, simple à mettre en œuvre.

Si cette identification à une fausse identité est si persistante, c’est parce qu’elle est accompagnée de la pire insécurité qui existe. Voyons laquelle :

L’insécurité ontologique : une angoisse de ne pas être

Le « diamant noir » de toutes nos peurs est celle de ne pas être. Il s’agit d’une insécurité ontologique (du grec « ontos », signifiant « être »).
Ce n’est pas la peur de ne pas exister, non, mais bien la peur de ne pas être. Cette insécurité se transforme en une certitude anxiogène qui perdure tout au long de la vie.

La certitude de ne pas être se manifeste par la focalisation inconsciente de l’attention sur :

  • Le manque d’amour ou d’existence ;

  • Le doute de soi-même ;

  • Un vide abyssal.

Par exemple, chez les narcissiques pathologiques, cette certitude ontologique se traduit par la terreur d’un manque d’existence, tandis que chez les dépendants affectifs, c’est la terreur de manquer d’amour qui les torture. Ainsi, les narcissiques sont affamés d’existence, tandis que les dépendants affectifs sont affamés d’amour.

Où se focalise votre attention ?

Si vous êtes une personne souffrant de dépendance affective, votre insécurité ontologique se manifeste par une peur omniprésente : celle de ne pas pouvoir exister sans quelqu’un à vos côtés pour vous aimer, vous protéger et vous rendre heureux(se).

  • Votre attention se focalise alors sur la crainte terrifiante de manquer d’amour.

  • Vous ressentez une anxiété chronique à l’idée de ne pas pouvoir exister sans l’amour de quelqu’un.

  • Vous croyez que vous ne pourriez jamais survivre sans une personne capable de combler votre vide abyssal, qui est pourtant totalement illusoire.

Par conséquent, vous devenez comme un(e) mendiant(e) en quête de quelques miettes d’amour, que vous réclamez à ceux qui ne peuvent pas vous les offrir. Pourquoi ?
Parce que l’amour que vous recherchez est une fausse promesse, destinée à combler un vide abyssal qui n’existe que dans votre psychisme.

L’origine de la dépendance affective

La personne émotionnellement dépendante n’a pas été véritablement vue, écoutée, acceptée ou aimée durant son enfance. Elle a plutôt été instrumentalisée ou encore maltraitée par l’un de ses parents ou par les deux, ce qui l’a laissée assoiffée d’amour.

  • C’est pourquoi elle rêve d’un amour sublime, unique, fusionnel et romantique qui la rendra enfin heureuse.

  • Ancré dans l’enfance, ce rêve engendre des comportements infantiles.

  • En couple, ces comportements s’apparentent à ceux des bébés qui, par crainte de l’abandon, cherchent à provoquer des réponses protectrices.

Même si elle réussit bien dans sa vie, elle continue de rechercher une figure parentale. Elle vit donc dans un état chronique de régression infantile.

Qu’est-ce que l’instrumentalisation ?

Lorsque nous parlons des abus subis durant l’enfance, nous pensons aux maltraitances verbales, physiques et psychoaffectives, mais nous évoquons rarement l’instrumentalisation.

Pourtant, l’instrumentalisation est un abus psychologique qui empêche les enfants de s’individualiser, de se séparer psycho-émotionnellement de leurs parents et d’évoluer vers leur autonomie émotionnelle et affective.

La psychanalyste allemande Karen Horney décrit magnifiquement ce phénomène :

  • Les parents n’aiment pas leur enfant pour ce qu’il est, mais pour ce qu’ils souhaitent qu’il soit.

  • Ils en font l’accomplissement de leurs rêves inaboutis, le porteur de leur frustration inconsciente, l’instrument par lequel ils peuvent transformer leurs échecs en succès, leur humiliation en victoire et leurs frustrations en bonheur.

  • L’enfant est ainsi conditionné à ignorer sa propre réalité essentielle et à occuper l’espace illusoire créé par ses parents. »

D’autres formes d’abus infligées aux enfants

L’instrumentalisation n’est pas la seule forme d’abus. Les enfants peuvent également être maltraités par l’enchevêtrement, le non-respect de leurs frontières psychoaffectives, ou au contraire, par l’imposition de limites très rigides.

Certains subissent la manipulation, le contrôle constant, le décervelage hypnotique ou gaslighting, la négligence, l’ignorance, le dénigrement, le manque de respect, ou encore des injustices telles que les menaces, les punitions physiques, l’intimidation constante, l’abandon, le rejet, l’humiliation ou la trahison. D’autres encore sont psychologiquement castrés par un parent possessif qui fait d’eux son objet interne.

L’enfant peut se faire attribuer des rôles irréalistes, comme celui de bouc émissaire d’un des parents, de souffre-douleur, de compagnon de substitution, de parent d’un des parents, de clown, de partenaire romantique, etc.
Lisez mon article intitulé : Le syndrome de l’otage chez les enfants.

  • Une forme d’abus très courante est la transaction affective.

La transaction affective : une demande irréaliste

Les parents sont abusifs lorsqu’ils empêchent leur enfant de s’individualiser et de se séparer d’eux que ce soit par des maltraitances physiques ou par une instrumentalisation émotionnelle et psychoaffective.
Ces parents donnent de l’amour en échange d’une transaction : combler leur vide affectif ou répondre à leurs besoins psycho-émotionnels compulsifs.

Par exemple, une mère dépendante affective qui surprotège son enfant, en faisant de lui un substitut de parent, de compagnon et l’objet de toutes ses attentions pour se sentir aimée, pourrait l’amener à développer un narcissisme pathologique.

À l’inverse, un parent narcissique, qui considère l’enfant comme une extension de lui-même pour en extraire une provision narcissique et se sentir exister, pourrait l’amener à développer une dépendance affective.

Le couple « narcissique/dépendant » est tellement dysfonctionnel qu’il impose à ses enfants des exigences ahurissantes au nom de l’amour, telles que celle de maintenir le couple ensemble ou de devenir les porteurs de leur folie à deux.

En tout cas, l’instrumentalisation brise les frontières psychologiques de l’enfant, qui, par la suite, ne pourra pas évoluer vers son autonomie ni développer les fonctions de son ego.

L’ego et ses fonctions cruciales

Dans le langage courant, l’ego est souvent associé à l’égocentrisme, mais son rôle véritable est bien plus complexe et fondamental.

  • L’ego est une structure psycho-émotionnelle hautement organisée, qui se développe progressivement durant l’enfance, au fil de notre évolution vers l’autonomie.

Il nous permet de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux, ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas, ce qui est un devoir de ce qui ne l’est pas, et ce qui nous convient de ce qui ne nous convient pas.

Les fonctions de l’ego sont les suivantes :

  • L’examen de la réalité ;

  • la distinction entre nos objets internes mentaux et les objets externes se trouvant dans la réalité ;

  • le contrôle de nos impulsions ;

  • la régulation de nos émotions ;

  • la capacité cognitive ;

  • la capacité de jugement ;

  • l’ancrage de défenses saines ;

  • le processus de synthèse ;

  • le récit de notre vie ;

  • le surmoi.

Ces fonctions cruciales de l’ego sont complètement altérées, ou même absentes, chez les personnes souffrant de traumatismes complexes et de troubles de la personnalité, tels que la dépendance affective. Nous y reviendrons un peu plus tard.

Le fantasme du parent abusif idéalisé

Les parents des personnes souffrant de dépendance affective n’avaient pas un ego fonctionnel au moment où ils ont eu leurs enfants. Par conséquent, ils ont été maltraitants à bien des égards.

  • L’enfant a introjecté, incorporé et internalisé ses parents, ainsi que leurs maltraitances, s’attachant à eux de manière absolue et totale afin de s’en protéger, de les contrôler et de garantir sa survie.

La personne restée bloquée dans un état régressif recrée sans cesse les conflits de son enfance, s’identifiant à la fois au parent maltraitant, devenu un « objet interne », et à l’enfant blessé, lui aussi devenu un « objet interne ».

Autrement dit, la représentation de l’enfant et du parent envahit le psychisme de la personne, hypnotisée par son passé. L’enfant et le parent forment un binôme inséparable dans son esprit.

Les conséquences de ses introjections sont les suivantes :

  • Si vous souffrez de dépendance affective, deux voix cohabitent dans votre esprit : celle d’un parent idéalisé mais abusif, et celle de l’enfant blessé que vous étiez.

  • Vous vous identifiez à ces deux objets internes, ce qui vous fait vous sentir inférieur(e), moins que pleinement humain(e), comparé(e) au parent tout-puissant qui vous a maltraité(e).

  • Vous vous identifiez à ce que vous n’êtes pas. Vous croyez être les « personnages » qui habitent votre esprit, issus de votre passé, et vous ne vivez pas dans le moment présent.

Quelles sont les conséquences dans votre couple ?

Le Professeur Sam Vaknin explique :

  • Lorsque vous trouvez un(e) partenaire intime, vous l’aimez ou l’adorez parce que vous avez besoin de quelqu’un pour vous sentir vivant(e), réguler vos émotions, renforcer votre estime de soi et maintenir votre équilibre intérieur.

  • Cependant, en état régressif, vous réagissez comme un enfant craignant d’avoir trahi son parent punitif idéalisé, présent dans votre psychisme uniquement en tant qu’objet interne.

  • Vous en venez alors à maltraiter votre partenaire intime pour prouver à ce parent imaginaire que vous lui êtes toujours fidèle.

C’est un fantasme défensif qui, paradoxalement, vous sabote, car vous risquez de perdre votre partenaire.

La certitude inconsciente : un « faux core »

Qu’arrive-t-il au psychisme d’un enfant instrumentalisé et maltraité ?
À travers l’introjection, l’incorporation et l’intériorisation des messages négatifs de ses parents, un « faux core » anxiogène se forme, lié à son insécurité ontologique.
Il s’agit d’une certitude illusoirement inébranlable, qui génère une hypnose identitaire. Autrement dit :

  • L’enfant s’identifie à un « faux self » ou faux moi, qui n’est pas son être authentique.

  • Ce « faux self » a été engendré par un « faux core » ou certitude illusoirement inébranlable, adopté en réaction à l’instrumentalisation de ses parents.

Si, à l’âge adulte, grâce à un processus d’introspection, la personne parvient à reconnaître que le « faux core » et le « faux self » ne sont qu’un binôme illusoire, elle peut se réveiller de cette hypnose identitaire et découvrir sa véritable nature.

Quelle est la certitude inconsciente qui régit votre vie ?

Si vous êtes une personne dépendante affective, le « faux core », cette certitude qui gouverne votre vie, vous maintient dans un état régressif.

Vous êtes hypnotisé(e) parce que vous vous identifiez à cette certitude illusoire, qui vous paraît inébranlable, comme si votre vie en dépendait, ou comme si elle était votre seule réalité.

Mais quelle est cette certitude ?

Il est crucial de l’identifier, car hypnotisé(e) par cette croyance inconsciente et par la structure psychologique qui en découle, « faux self », vous tentez de combler un vide intérieur, de donner un sens à votre vie et de surmonter un doute profond de vous-même.

  • Cependant, cette structure psychique est la source de votre souffrance chronique et de toutes vos réactions autodestructrices.

Pour mieux comprendre ce phénomène, explorons les quatre sous-types de dépendance affective, chacun émanant d’une certitude erronée, d’un « faux core ».

1.    La dépendance affective classique

Le « faux core » de l’enfant qui est resté bloqué dans la dépendance affective classique est : « Je ne suis pas aimée. Je ne suis pas digne d’être aimée. »
Pour compenser cette certitude anxiogène, l’enfant adopte un « faux self » qui cherche à devenir suraimant, tout en se livrant à une quête insatiable d’amour.

  • Si votre dépendance affective repose sur la certitude de manquer d’amour ou de ne pas être digne d’en recevoir, vous cherchez l’amour dans tous les endroits inappropriés.

  • Identifié(e) au binôme « faux core » et « faux self », vous renoncez à vous-même, à votre autonomie personnelle et à votre colère, afin de ne pas être abandonné(e) par la personne aimée.

  • Votre colère se retourne contre vous, jusqu’à devenir masochiste.

  • Vous vous oubliez au point de négliger votre propre altérité, vos limites, et vos besoins essentiels d’ARA : Amour, Respect et Attention.

  • Vous devenez suraimant(e) et trop soumis(e), vous adaptant entièrement aux désirs et aux besoins de cette personne, jusqu’à adopter son mode de vie sans poser de limites.

  • Vous fusionnez avec votre famille, votre partenaire et vos enfants, comme s’ils étaient un seul organisme qui fait partie intégrante de vous-même.

  • Vous vous sacrifiez pour eux, tout en les manipulant inconsciemment au nom de l’amour. Votre intention inconsciente est de prévenir l’abandon, car vous vivez dans un état permanent de régression infantile sur le plan psychoaffectif.

Cela empêche vos enfants de se détacher, de se séparer de vous au niveau psychologique, de s’individualiser et de développer leur propre autonomie.

  • Si votre partenaire est narcissique pathologique vous devenez la source de sa provision narcissique, car il se sent tout-puissant en vous transmettant son traumatisme.

  • Pendant que vous vous adaptez excessivement à ses besoins compulsifs, il met en place un « fantasme partagé » où vous incarnez le rôle de la mère dont il doit se séparer.

  • Il cherche à vous prouver que vous n’êtes pas digne d’amour, nourrissant un désir inconscient de votre disparition.

Après avoir exploré le sous-type classique, penchons-nous maintenant sur un autre visage de la dépendance affective : la dépendance affective limite (borderline).

2.    La dépendance affective limite

Tandis que la dépendance affective classique repose sur la certitude de manque d’amour, la dépendance affective de sous-type limite, elle, se caractérise par une peur omniprésente d’être inadéquat(e) et d’être abandonné(e).

Le « faux core » de l’enfant qui est resté bloqué dans la dépendance affective limite est : « Je suis tellement inadéquat(e), que je n’ai pas de place dans ce monde. » Pour compenser cette croyance anxiogène, l’enfant adopte un « faux self » qui cherche à languir d’amour.

  • Si vous souffrez de dépendance affective limite (borderline) vous avez la certitude que vous serez toujours abandonné(e) car vous croyez que vous êtes inadéquat(e).

  • Vous êtes hanté(e) par une peur écrasante d’être abandonné(e).

  • Vous avez le sentiment que l’univers et la vie vous ont délaissé(e), et que vous n’avez pas de place dans ce monde.

  • Cette anxiété se confirme par un mécanisme de comparaison qui vous place inférieur(e) aux autres et vous fait sentir honteux(se).

  • Par exemple, vous vous apitoyez sur vous-même, tout en ressentant de l’envie et de la jalousie pour les accomplissements des autres.

  • Identifié(e) à votre « faux core/faux self », vous rêvez de trouver votre âme sœur, croyant que sans cette personne, vous ne pourriez pas vivre.

  • Votre attention se focalise alors sur la mélancolie, sur votre soif d’amour et sur la souffrance déchirante que vous ressentez lorsque vous n’obtenez pas l’objet de l’amour ou lorsque l’être aimé s’éloigne.

  • Lorsque vous trouvez un(e) partenaire intime, vous devenez extrêmement fusionnel(le). Par exemple, vous faites l’introjection de sa souffrance.

  • Autrement dit, vous tentez d’absorber ou intérioriser sa souffrance, comme si vous pouviez la lui épargner, et soigner ainsi ses besoins fondamentaux.

  • Étant mélodramatique, vous lui dites : « Je t’aime tellement que je renoncerais à moi-même si tu me le demandais. Je pourrais mourir d’amour pour toi. Sans toi, je ne survivrais pas, car ma vie n’aurait plus aucun sens. »

  • Cependant, en étant aussi anxieux(se) que la personne souffrant de trouble de la personnalité limite (borderline), vous étouffez et emprisonnez votre partenaire psycho-émotionnellement, dans la tentative d’éviter l’abandon que vous ressassez dans votre subconscient.

  • Vous avez donc tendance à installer une sorte de psychopathie partagée, comme une folie à deux.

  • C’est pourquoi même si vous aimez votre partenaire, vous pouvez devenir abusive, agressive et vicieuse, en même temps que vous vous sentez victime.

  • En fait, vous lui demandez de l’aide en vous comportant mal avec lui. C’est une demande implicite de réguler vos émotions en affirmant qu’il ne vous quittera jamais.

  • Ou bien, vous pourriez abandonner votre partenaire avant qu’il ne vous quitte. C’est ainsi que vous évitez d’être blessée, et que vous gardez un certain contrôle.

Passons maintenant à un autre type de dépendance affective, celle où le besoin de reconnaissance et d’attention prédomine : la dépendance affective narcissique.

3.    La dépendance affective narcissique

Contrairement à la dépendance limite, où la crainte de l’abandon est dominante, le sous-type narcissique cherche à compenser un profond sentiment de manque de valeur personnelle par une recherche constante de reconnaissance et d’admiration.

Le « faux core » de l’enfant qui est resté bloqué dans la dépendance affective narcissique est : « Je ne vaux rien ». « Je ne vaux rien aux yeux de mes parents. » Pour compenser cette croyance anxiogène, l’enfant adopte un « faux self » qui cherche à être reconnu.

  • Si votre dépendance affective repose sur la certitude de ne rien valoir, vous recherchez constamment la reconnaissance, l’admiration, voire la flatterie.

  • Vous séduisez les autres par le sourire, l’amabilité, la générosité, l’aide et les conseils que vous leur offrez, mais également par vos atouts physiques et votre façon de vous habiller.

  • Identifié(e) à votre « faux core/faux self », vous adoptez une attitude séductrice et histrionique pour attirer l’attention. Vous êtes très séducteur (ou séductrice).

  • Vous cherchez à être reconnu(e) à votre « juste valeur » et à réguler votre estime personnelle.

  • Si vous êtes en couple, vous avez deux visages. D’un côté, vous reniez l’interdépendance et agissez comme si vous étiez très indépendant(e), alors que vous dépendez de la reconnaissance de votre partenaire.

  • Vous oscillez entre des périodes de présence et d’absence, d’attachement et de distanciation, dans le but de mieux le contrôler. Vous ne tenez pas compte de ses besoins légitimes, même si vous lui dites que vous l’aimez.

  • Vous êtes tellement centré(e) sur vous-même que vous êtes parfois dépendant(e) et parfois exigeant(e), en vous comportant comme une princesse qui mérite des traitements spéciaux.

  • Vous poussez votre partenaire à renoncer à son autonomie personnelle et son indépendance.

  • Par exemple, vous attendez de votre partenaire qu’il/elle soit une sorte d’extension de vous-même, jusqu’à créer l’illusion qu’il/elle doit deviner vos pensées et répondre à vos attentes.

  • Vous lui dites : « Tu devrais me connaître si bien maintenant, que tu pourrais agir en conséquence. »

  • Vous êtes comme un puits sans fond. Peu importe combien de choses votre partenaire fait pour vous plaire, cela ne suffit jamais.

  • Vous lui imposez un « fantasme partagé » pour punir inconsciemment le parent qui vous a blessé(e) et pour vous séparer de lui.

  • Ainsi, vous faites de cette personne la source de votre provision narcissique en lui transmettant vos traumatismes.

  • Comme les narcissiques, vous commencez par l’idéaliser, l’aimer et la materner.

  • Ensuite, vous le dévalorisez constamment, jusqu’à l’ignorer et le dénigrer.

  • Par exemple, vous ne lui témoignez pas de reconnaissance pour sa présence dans votre vie, pour les attentions qu’il vous donne, ou pour le travail qu’il fait pour vous.

  • Vous pourriez ne pas le présenter à vos amis, croyant que cette attitude est un signe d’autonomie et d’indépendance. Finalement, vous l’abandonnez ou le poussez à partir.

Après avoir exploré les trois sous-types précédents, intéressons-nous maintenant à la dépendance affective phobique, qui se manifeste par une focalisation constante de l’attention sur le danger, dans tous les aspects de la vie.

4.    La dépendance affective phobique

Le « faux core » de l’enfant qui est resté bloqué dans la dépendance affective phobique est : « Je suis seul(e) dans un monde hostile. » Pour compenser cette croyance extrêmement anxiogène, l’enfant adopte un « faux self » qui cherche à se rassurer.

  • Si votre dépendance affective repose sur la certitude d’être seul(e) dans un monde hostile, vous cherchez désespérément à vous relier à une personne qui vous semble rassurante, car vous souffrez d’une anxiété chronique si intense que vous avez des troubles de sommeil et des crises d’angoisse.

  • Identifié(e) à votre « faux core/faux self », votre attention se focalise sur le danger.

  • Vous ressentez une anxiété constante non motivée par un réel danger extérieur ou intérieur.

  • Vous faites du catastrophisme, ruminez la peur de l’inconnu, la peur sans objet ou la peur d’être seul(e) dans un monde menaçant, et vous traversez des épisodes récurrents de phobie.

  • Vous ressentez la peur du changement, la peur de faire des erreurs ou de ne pas être capable de faire face aux défis de la vie, la peur de ne pas survivre, la peur de lâcher cette peur.

  • Vous ressentez également la peur d’aimer, de l’intimité et de la trahison qui peut aller jusqu’à la jalousie paranoïde.

  • Ainsi, vous devenez sceptique et hypervigilant(e), imaginant constamment des intentions cachées chez les autres. Paradoxalement, vous défiez votre peur en prenant des risques.

  • Par exemple, pour éviter la solitude, vous pourriez vous accrocher à quelqu’un en lui tenant fermement la main, comme si vous étiez dans un avion qui allait s’écraser.

  • Autrement dit, vous vous accrochez à une personne sans observer ses comportements, parce que votre anxiété chronique est si intense que vous perdez votre capacité de discernement.

  • Ainsi, vous pouvez aller jusqu’à sacrifier votre vie et vos activités pour quelqu’un que vous considérez comme un gourou, une figure maternelle ou paternelle qui pourrait vous sauver, mais qui en réalité vous contrôle et vous manipule.

  • Dans ce cas, vous renoncez à votre propre altérité et commencez à vivre par procuration, en vous consacrant entièrement à cette personne et en glorifiant sa prétendue omniscience et accomplissements.

  • Si cette personne est malveillante, narcissique ou sadomasochiste, vous vous soumettez inconsciemment à ses désirs et besoins compulsifs sans poser de limites.

Par exemple, j’ai connu une femme dépendante affective qui tentait de se protéger par la pensée magique. Elle regardait toujours les signes que l’univers lui envoyait. Un jour, elle a croisé un gourou psychopathe qui utilisait le décervelage hypnotique connu sous le nom de « gaslighting » pour manipuler les gens. Il hypnotisait les femmes en les privant de sommeil, à travers la répétition sans cesse des discours d’apparence « rassurants » issus de sa propre réalité virtuelle. Ces discours correspondaient à la vision idéale qu’elles avaient de l’énergie cosmique et de l’évolution spirituelle.

  • À l’inverse, vous pouvez projeter vos peurs et vos soupçons sur votre partenaire intime, devenant ainsi très contrôlant(e) et contraignant(e) pour éviter toute trahison ou abandon.

  • Comme vous vous percevez comme faible, vous tentez de compenser cette perception en imposant votre autorité dans votre couple.

Comme vous le voyez, malgré leurs manifestations différentes, les sous-types de dépendance affective partagent tous une quête désespérée de combler un vide illusoire et un manque d’amour illusoire.

L’énergie libidinale investie dans le partenaire intime et dans le faux self

Il est essentiel de noter que chaque structure psychique repose sur la cathexis, qui est l’énergie psycho-émotionnelle et libidinale.
Le dépendant affectif investit sa libido dans l’autre personne, tout en la dirigeant également vers son moi souffrant, renforçant ainsi sa conviction de manquer d’amour, de sécurité, de valeur et de place dans ce monde.

Observons à présent l’un des effets de cette dynamique sur sa vie de couple.

Le lien traumatique que les dépendants affectifs établissent

Dans les quatre cas décrits, les dépendants affectifs peuvent tomber dans le piège d’entretenir un lien traumatique avec une personne atteinte du trouble de la personnalité narcissique.

Le Professeur Vaknin explique :

La personne dépendante affective se fait souvent maltraiter car, dans son état régressif, elle ne dispose pas du discernement nécessaire pour fixer des limites.
Si le partenaire est malveillant, sadique, narcissique ou psychopathe, il abuse du privilège qu’elle lui donne, d’avoir accès à son esprit.

  • Dans ce cas, l’agresseur et sa victime sont les instruments l’un de l’autre, car ils reproduisent ensemble leurs traumatismes de l’enfance.

  • En devenant une victime, la personne dépendante manipule son agresseur à son détriment. Et en devenant une victime, l’agresseur se sent tout-puissant et supérieur, et se donne tous les droits sur sa victime.

  • Il s’agit d’une danse macabre dans laquelle les deux membres de la dyade collaborent et contribuent à leur relation toxique.

  • Il est difficile pour eux de rompre ce lien traumatique, car celui-ci répond à des fantasmes infantiles, et aux besoins compulsifs de chacun.

D’autres comportements et symptômes

Bien que les comportements des quatre sous-types de dépendance affective soient bien expliqués, il existe d’autres symptômes qui se manifestent chez la plupart des personnes souffrant de ce trouble.

Voici quelques comportements et symptômes qui appartiennent à tous les sous-types :

  • Toute personne qui souffre de dépendance affective manque de confiance en elle-même, même si elle est une dépendante affective narcissique.

  • Les dépendants affectifs n’ont pas de confiance en eux-mêmes, car ils se dévalorisent et éprouvent de la culpabilité et une honte d’exister.

  • Ces personnes répriment leurs émotions, en particulier leur honte toxique.

  • Elles sont incapables de fixer des frontières psychoaffectives, car celles-ci n’ont pas été respectées durant leur enfance. Donc, elles ne savent pas respecter celles des autres.

  • Elles sont plutôt timides ou sont incapables de s’affirmer et d’exprimer leurs sentiments profonds, car elles ne connaissent pas leur dynamique interne ni leur vécu.

  • Elles sont incapables de discerner le vrai du faux.

  • Elles s’accrochent à des fantasmes inconscients totalement illusoires.

  • Elles doutent souvent de leurs propres ressources et capacités, se sentant perdues et ne sachant pas quelle direction donner à leur vie.

  • Elles n’écoutent pas leurs besoins fondamentaux, soit parce qu’on ne leur a pas appris à le faire, soit parce qu’on leur a refusé cette possibilité.

  • Elles souffrent d’une anxiété chronique, de peurs et d’angoisses constantes.

  • Leur vision religieuse ou spirituelle est souvent basée sur la pensée magique.

  • Elles éprouvent des difficultés à établir et à maintenir des relations intimes, en raison du manque d’écoute de leurs besoins fondamentaux.

  • Elles souffrent de dépression chronique, ou en traversent des épisodes récurrents.

  • Elles manifestent divers symptômes psychosomatiques de gravité variable.

  • Elles peuvent souffrir de troubles alimentaires ou d’addictions, telles que l’alcoolisme, le tabagisme ou la dépendance aux médicaments.

  • Inconsciemment, elles mettent en place des mécanismes de défense tels que le déni, la répression de leurs besoins, la dissociation, la fuite, ou encore des comportements de lutte ou d’agression.

Voyons à présent comment ces différents schémas affectent le quotidien des personnes concernées et comment il est possible de les transcender.

Le chemin vers son autonomie psycho-émotionnelle

Je vous invite à considérer votre dépendance affective comme un défi, une opportunité de transcender l’illusion, la souffrance et la folie.
Il est crucial de comprendre que, même si elle est omniprésente, la dépendance affective ne définit pas votre véritable nature.

  • Préalablement au « personnage » dépendant affectif se trouve votre être authentique, libre de toute fixation mentale.

  • Même si les mécanismes de la dépendance affective semblent profondément ancrés, la prise de conscience et le travail sur soi offrent toujours une voie vers la libération, la guérison et l’éveil à votre véritable nature.

Qui êtes-vous en réalité ?

Si vous vous reconnaissez dans l’un des quatre personnages décrits ou dans la liste des symptômes, sachez qu’ils appartiennent à votre structure psychique, mais ne définissent pas QUI vous êtes véritablement.

  • L’indicible, ce qui précède votre esprit, ne peut être décrit de cette manière.

  • Votre être authentique constitue l’expression directe de cet indicible.

  • La présence ou l’absence de votre « personnage dépendant affectif » n’ajoute ni n’enlève quoi que ce soit à l’Être, qui est la seule réalité.

Pour accéder à la voix de votre être authentique, il est nécessaire de comprendre comment votre ego dysfonctionne, et comment ce dysfonctionnement vous emprisonne dans des réactions infantiles.

Comme nous l’avons vu, quel que soit le sous-type de dépendance affective que vous avez développé en réponse à votre vécu d’enfance, il vous manque certaines fonctions cruciales de l’ego.

La dysrégulation émotionnelle

L’une des fonctions de l’ego est la capacité de réguler nos émotions, qui nous empêche d’en être submergés.
Si vous souffrez de dépendance affective, vous extériorisez la régulation émotionnelle en donnant le pouvoir de le faire à vos proches.Par exemple :

  • Si votre dépendance affective est du sous-type limite (borderline), vous souffrez d’une anxiété d’abandon écrasante.

    Vous demandez à votre partenaire de réguler vos émotions, en exigeant de lui qu’il vous rassure et qu’il vous dise qu’il ne vous abandonnera jamais.

  • Si votre dépendance affective est de sous-type phobique, vous demandez à votre partenaire de réguler votre anxiété, en exigeant qu’il vous rassure.

    Submergé(e) par vos peurs, vous oscillez entre des phases d’auto-effacement ou d’absence et des accès de colère imprévisibles, qui peuvent aller jusqu’à des actes de violence envers votre partenaire.

    Vous projetez sur lui ou sur toute autre personne vos angoisses ou vos terreurs, et les accusez d’en être la cause.

Qui d’autre que vous-même pourrait réguler vos émotions ?

Je vous propose d’apprendre les outils de la Déshypnose Identitaire pour le faire.

L’examen de la réalité

Une autre fonction cruciale de l’ego est l’examen de la réalité. Dans le cas de personnes souffrant de dépendance affective, cette capacité est perturbée, car leur perception d’eux-mêmes et du monde est altérée, voire complètement déformée.

  • Si vous souffrez de dépendance affective vous ne prêtez pas vraiment attention à ce qui se passe autour de vous.

  • Vous vous accrochez à des relations toxiques, car votre vision de vous-même et des autres est faussée.

  • Si vous commencez à idéaliser une personne que vous venez de rencontrer, vous ne voyez que ce que votre « personnage dépendante » désire percevoir.

  • Vous ne prenez pas le temps d’observer le comportement de l’autre personne en profondeur, ni d’examiner la manière dont elle interagit avec ses proches.

  • Même lorsque vous observez ses comportements, vous continuez à percevoir uniquement ce que votre personnage dépendant veut bien voir.

  • Vous vous reposez sur votre partenaire intime pour déterminer ce qui est réel ou non.

  • Si cette personne est narcissique, vous lui cédez votre pouvoir de faire de vous ce qu'elle veut, car votre capacité d’examiner ce qui se passe est absente.

La différenciation des strates de la conscience

En raison de votre difficulté à examiner la réalité de manière objective, vous enchevêtrez les différentes strates de la conscience. Par exemple :

  • Vous confondez la dimension mentale avec la dimension externe.

  • Ou la dimension émotionnelle avec la dimension essentielle.

  • Vous mélangez vos objets internes, qui sont purement mentaux, avec les objets externes qui sont les personnes qui se trouvent dans a réalité extérieure.

La discrimination entre objets internes et externes est l’une des fonctions principales de l’ego.

  • Si vous souffrez de dépendance affective, vous ne faites aucune distinction entre l’objet interne que vous avez fait de la mère idéalisée et qui se trouve dans votre esprit, et la personne réelle en face de vous.

  • Ou bien, vous faites le transfert de l’image de la mère idéalisée que vous auriez souhaité avoir, sur la personne aimée.

  • Ou encore, vous faites l’introjection de son image ou représentation, en la transformant en un objet idéalisé de votre propre psychisme, sans reconnaître son altérité, ses besoins légitimes, ses espoirs, ou sa façon d’agir envers vous.

  • Cela conduit à l’établissement d’une relation dysfonctionnelle, car vous ne pouvez pas regarder l’autre tel qu’il est.

Vos défenses psychiques

En raison de cette dynamique infantile, il n’est pas surprenant que vos mécanismes de défense psychiques soient également altérés.

  • Si vous souffrez de dépendance affective, vous ne disposez pas de mécanismes de défense psychiques sains qui vous permettraient d’établir des limites claires et de vous faire respecter.

  • Vous avez tendance à vous sentir coupable de tout ce qui se passe dans le couple.

  • La raison en est que, en réaction à l’instrumentalisation dont vous avez été victime, vous avez développé des défenses adaptatives « autoplastiques ». Ces défenses vous amènent à vous sentir fautive.

  • Par exemple, si vous subissez de la maltraitance de la part d’un(e) narcissique, vos défenses autoplastiques vous poussent à vous culpabiliser, comme le font souvent les enfants face à des parents abusifs. En conséquence, vous vous punissez vous-même.

Votre cognition

L’altération de la perception, vos défenses psychiques infantiles, ainsi que l’identification à vos fantasmes inconscients et à vos objets internes, affectent vos capacités cognitives, limitant votre discernement et votre capacité à explorer ce qui se passe en vous.

  • En vous identifiant à votre personnage dépendant affectif, vous perdez la capacité de réfléchir et d’explorer ce qui se passe en vous, car votre attention est focalisée sur le manque d’amour, de valeur, de sécurité et de plénitude.

  • Cette focalisation accapare votre esprit, vous enfermant dans des pensées répétitives et/ou des émotions négatives liées à la dépendance affective.

  • Vos fonctions cognitives s’en trouvent donc diminuées, car vous perdez la capacité de discerner ce qui vous convient de ce qui ne vous convient pas, ce qui est essentiel de ce qui est secondaire, et ce qui relève d’une obligation et ce qui n’en relève pas.

Heureusement, il est possible de surmonter ces limitations. En atteignant un état d’autonomie psychoaffective, les fonctions cruciales de l’ego s’établissent.

Transcender la dépendance affective

Contrairement à une personne fixée sur l’absence de quelqu’un et sur le besoin inconscient de maintenir des relations conflictuelles, l’adulte ayant atteint l’autonomie respecte à la fois ses propres limites psychoaffectives et celles des autres.

  • Cette personne reconnaît sa dynamique interne, écoute ses besoins fondamentaux et sait fixer des limites, car il s’est libéré des parents intériorisés.

  • Ainsi, il est capable de choisir la direction qu’il souhaite donner à sa vie, car il possède un ego solide.

Voici un extrait remarquable du psychiatre anglais Donald Laing au sujet de l’autonomie :

  • La capacité de se vivre comme autonome s’appuie sur une conscience claire que l’on est une personne distincte des autres.

  • Quelle que soit la profondeur de mon engagement vis-à-vis de quelqu’un, que ce soit dans la joie ou dans la souffrance, cette personne n’est pas « moi » et je ne suis pas elle.

  • Le fait que l’autre dans sa propre réalité, n’est pas moi, implique en retour le fait, tout aussi réel, que mon attachement pour elle fait partie de moi.

  • Si cette personne me quitte ou meurt, elle disparaît, mais mon attachement à elle persiste et je serai triste.

  • Cependant, ultimement, je ne peux pas mourir sa mort, pas plus qu’elle ne peut mourir la mienne.

  • Par ailleurs, comme le commente Jean-Paul Sartre dans ses réflexions sur certains propos de Martin Heidegger, personne ne peut aimer à ma place, ni prendre mes décisions.

Bien que votre dépendance affective puisse vous sembler accablante, vous pouvez la transcender grâce à des outils concrets et une prise de conscience profonde.
La libération des schémas répétitifs confirmant votre manque d’autonomie nécessite toutefois un travail en profondeur.

  • La seule façon de vous libérer de la dépendance affective est de remettre en question les fixations mentales, les mécanismes de défense, les fantasmes inconscients et les croyances du personnage anxieux qui contrôle votre vie en alimentant votre stress post-traumatique.

La Déshypnose Identitaire, que j’enseigne, offre des outils pour vous réveiller de votre conditionnement, vous permettant d’incarner pleinement votre autonomie psychoaffective et émotionnelle. Grâce à cela, vous retrouvez la confiance et l’estime de vous, écoutez la voix de votre être authentique, et ressentez l’amour et la joie d’exister.

Exemple d’un processus introspectif

Voici un extrait d’un processus d’introspection, qui montre comment Ève, souffrant d’une dépendance affective de sous-type limite, explore son traumatisme dans une première séance de déshypnose identitaire. Il illustre comment elle peut prendre conscience de ce qui lui arrive, afin de déconstruire son programme de souffrance et se réveiller progressivement de son « personnage souffrant ».

― Tu dis que ce que tu cherches est l’amour de ta maman, Ève. Qu’est-ce que tu évites plus que tout dans ce monde en cherchant son amour ?

― J’évite d’accepter que ma mère puisse mourir sans me dire qu’elle m’aime. Toute ma vie, j’ai attendu le moment où elle allait enfin me le dire ! Si avant sa mort elle pouvait me dire qu’elle m’aime du fond de son cœur, je pourrais enfin être en paix. Maintenant qu’elle est hospitalisée, je ressens une peine énorme. Je sais qu’au moment de sa mort, je serai vide. J’essaie d’éviter ce vide effroyable ! Je me sens abandonnée ! Dit-elle en pleurant…

― Va à la rencontre de cette douleur et respire, s’il te plaît, Ève. Je suis avec toi. Quand as-tu commencé à sentir ce vide et la peur d’être abandonnée ?

― Depuis que je suis toute petite…

― Va à la rencontre de la douleur de cette petite fille. Va à la rencontre de sa peur et de sa sensation de vide, prends ton temps. De quelle façon cette petite fille se sent-elle vide ? Fais une liste de sensations et sentiments.

― Elle ressent que sa maman ne l’a jamais aimée. Elle se sent rejetée et abandonnée.

―  Comment sa maman agissait-elle ?

― Elle remplissait bien sa fonction de femme au foyer. Mais je ne me souviens pas d’une seule fois où ma mère aurait passé du temps avec moi juste pour le plaisir. Elle ne me donnait pas l’amour dont j’avais besoin. Elle était toujours insatisfaite. Elle était amère. Elle ne me parlait que de façon désagréable. Elle n’arrêtait pas de m’empêcher de bouger, elle me regardait méchamment, elle exigeait que je me taise. Elle avait tout le temps l’air accusateur. Ma mère me critiquait, me rejetait, me faisait sentir que je la dérangeais, avoue Ève en pleurant. Je me sentais coupable d’être moi !

Elle éclate en sanglots et je l’invite à aller à la rencontre de sa douleur. Je lui donne du soutien et je continue à parler de la petite fille à la troisième personne pour qu’elle puisse se rendre compte de son identification au passé. Par ce récit, je perçois que la mère d’Ève évitait la fusion avec sa fille et que ses conduites se ressemblent à celle d’une mère narcissique.

― Que faisait la petite fille dans ces circonstances ?

― Elle est devenue sa maman. Je suis devenue la maman de ma mère en attendant qu’elle me donne de l’amour.

― De quelle manière cette petite est-elle devenue sa maman ?

― Je faisais en sorte de lui plaire, de venir à son aide, de prendre sa souffrance pour qu’elle m’aime. De me suis dévouée à elle. Mais rien à faire ! Elle était toujours insatisfaite et énervée, et continue à l’être.

― Crois-tu que ta maman te rejetait dans l’intention délibérée te faire du mal ?

― Non, je crois qu’elle était inconsciente de ce qu’elle faisait. Elle se sentait très seule et elle était toujours insatisfaite.

― En fait ta maman t’a maltraitée, chère Ève. Elle a projeté sur toi sa propre frustration et la colère contenue dans son cœur.

― Son amour m’a vraiment manqué, j’avais besoin d’être vue !

― C’est tout à fait vrai, ma chère Ève, ta maman ne t’a jamais vue. Elle ne regardait que « l’image » qu’elle projetait sur toi, parce qu’elle vivait en état d’hypnose identitaire. Elle était une mère « morte » en tant que telle. L’important pour toi aujourd’hui, est de te poser ces questions : En quoi est-il grave de ne pas avoir été aimée par ma maman ? Respire… Prends ton temps.

― Je me sens vide ! C’est le « trou noir ». Je me sens abandonnée. Je vis dans l’attente de sa démonstration d’amour. Je vis dans le manque. C’est comme si j’étais suspendue dans le temps. Et je ne peux pas quitter l’idée fixe que je ne serai heureuse que le jour où elle me dira enfin qu’elle m’aime. J’ai espéré cela toute ma vie. Je me suis sentie traitée comme un objet.

― Va à la rencontre de la tristesse de cette petite fille, Ève. En quoi est-il grave pour la petite fille d’avoir été traitée comme un objet ?

― Je crois que c’est de ma faute ! (Ève est en larmes).

― Va à la rencontre de sa culpabilité, ma chère Ève. Prends ton temps. Ferme les yeux. Prends la petite fille du passé dans tes bras. Embrasse-la… Imagine que tu es sa maman. Parle avec elle, dis-lui combien tu l’aimes. Dis-lui les mots qu’elle a toujours voulu entendre. Embrasse la petite fille intérieure qui s’est sentie toujours fautive. Va à la rencontre de sa tristesse et de la tienne.

Ève pleure en faisant le geste d’enlacer et consoler la petite fille du passé… Je lui suggère quelques phrases :

« Je te comprends, ma chère petite fille C’est normal d’avoir cru que c’était de ta faute. Mais ce n’est pas de ta faute. Si ta maman était incapable de te dire qu’elle t’aime, si elle était incapable de te respecter, c’est parce qu’elle souffre. L’amour de son cœur lui est inaccessible, elle est vide. Mais aujourd’hui, je suis ta maman, je t’aime comme personne d’autre et je suis là pour te donner tout ce dont tu as besoin… »

Ève prend l’attitude corporelle d’embrasser un bébé pendant qu’elle écoute mes suggestions et s’apaise.

― Je ne savais pas que je croyais que c’était de ma faute et je ne voyais pas que ma mère vit dans son vide. Elle n’est pas en contact avec son cœur.

― Veux-tu continuer ? Serais-tu prête à te libérer du « moi souffrant » ?

― Oui, bien sûr.

― Remarque que ton énergie vitale est investie dans ta quête d’amour, dans l’espoir d’être aimée par une petite maman vide. Va à la rencontre de cet espoir, chère Ève. Intentionnellement, reproduis cet espoir mentalement.

― Oui, tu as raison, beaucoup d’énergie est investie dans cet espoir.

― Je te propose maintenant de rester dans ta propre énergie vitale et dans la sensation de l’amour pour ton « enfant intérieur ». Écoute ces questions : Comment se manifeste la peur d’être abandonnée ? Où se trouvent dans ton corps sa demande de fusion et l’espoir d’être aimée ?

― Dans ma poitrine se trouve l’espoir d’être aimée, dans mon cœur se trouve le besoin d’être aimée, dans mon ventre la peur d’être abandonnée.

― Va à la rencontre de ses sensations, Ève. Prends ton temps et respire. Maintenant, vois la consistance et la forme de cette peur. Puis, en le percevant comme énergie pure, fais le geste de sortir de ton ventre sa peur de l’abandon. Utilise tes mains pour le faire. Sors de ton cœur son besoin d’être aimée. Sors de ta poitrine sa demande d’amour. Place toutes ses sensations dans l’espace, pour un moment…

Ève fait les gestes et explique : « Je sors de mon corps le besoin obsessionnel de ma petite fille intérieur, d’être aimée par ma maman. Je sors sa peur d’être abandonnée. Je sors sa sensation de manquer d’amour et sa demande de fusion. »

― Maintenant, respire. Laisse tous ces aspects bouger dans l’espace. Suis-les des yeux. (Mon index signale l’emplacement de tout cela. Tout se déplace dans l’espace, de droit à gauche et en diagonale, et toi, tu les suis des yeux. Intentionnellement, suis le mouvement de bouger sa peur d’abandon, sa demande d’amour, son besoin obsessionnel de fusion.)

Ève fait les mouvements des yeux pour un certain temps.

― Maintenant dis-moi, où se trouve dans ton corps le rejet de ta maman ?

― Partout dans mon corps.

― Ressent la consistance et la forme de ce rejet. Puis, en le percevant comme énergie pure, sors de ton corps le rejet de ta mère. Place-le dans l’espace et suis-le des yeux. Prends ton temps. Maintenant tu as deux images : la demande obsessionnelle de la petite fille, et le rejet de sa maman.

(Ève suit des yeux les images qui flottent dans l’espace pendant que je les signale en disant : ici le rejet de la maman, là les sensations de la petite fille, sa peur et son désir obsessionnel d’être aimée par sa maman.) Je continue…

― Remarque que cette dynamique interne est très mécanique. Où dans ton corps se trouve l’observateur de ce film ?

― Dans ma tête.

― Dépose l’observateur dans l’espace devant tes yeux. Regarde maintenant ces trois images-là. Elles bougent dans l’espace… Regarde les trois et suis-les des yeux.
(Je désigne un triangle imaginaire avec mon bras tendu et mon index, pendant que je signale chaque personnage : ici l’observateur du film, ici l’image de la maman qui rejette sa fille, ici la demande d’amour de la petite.)

Ève suit des yeux le triangle imaginaire et les aspects qui flottent dans l’espace.

― Maintenant, repose-toi pour un moment et réponds à cette question : est-ce que le rejet de la maman pourrait être là sans la demande de la petite fille ?

― Non, la maman et la petite fille sont complémentaires.

― Ce film pourrait-il être là sans « l’observateur » qui est en train de le recréer et de focaliser son attention dessus de façon obsessionnelle ?

― Non, sans l’observateur le film disparaîtrait.

― Remarque maintenant ce qui se passe lorsque tu écoutes cette question : « Quel observateur observe tout cela ? »

― La question me surprend. Elle met fin au scénario.

― Maintenant écoute. Es-tu le rejet de la maman ? Es-tu le manque d’amour et la demande de la petite fille ? Ou ni l’un ni l’autre ?

― Aucun des deux.

― Es-tu « l’observateur » de ce film-là ? Es-tu le film du manque d’amour ? Ou ni l’un ni l’autre ?

― Ni l’un, ni l’autre.

― En effet, « l’observateur » fait partie intégrante de la représentation du passé. Si l’observateur du film, le manque d’amour, la demande d’amour et le rejet de la maman… Si tout cela n’est qu’une représentation imaginaire, indissociable de « l’observateur » que l’observe. Que se passe-t-il alors ?

― Alors, mon identification à tout cela s’arrête. Je ne peux plus prendre ce film pour « la réalité ».

― Maintenant dis-moi, si la présence ou l’absence de cette représentation, n’ajoute rien, ni n’enlève rien, à l’Être qui respire ici, que se passe-t-il ?

― Alors je suis plus paisible. Il n’y a ni passé, ni futur. Cet instant est tout ce qui Est.

― C’est ça. Ici, il n’y a que l’adulte aligné dans le présent constatant « ce qui Est ». Constate la représentation imaginaire qui se répète sans cesse dans ton esprit automatiquement et respire… Que ressens-tu maintenant, Ève ?

― C’est plus paisible. Cela m’attriste de ne pas avoir reçu l’amour dont j’avais besoin. Mais si maman n’est qu’une petite fille apeurée, insatisfaite et vide, que pouvait-elle faire alors ? Son histoire n’est pas drôle non plus.

― Tu constates donc que l’espoir de recevoir son amour est irréaliste. Maintenant, dis-moi s’il te plaît. Manques-tu vraiment d’amour ici et maintenant ?

― Non, certainement pas ! L’amour est là et je peux aimer ma « petite fille intérieure » et l’embrasser comme je viens de le faire. Elle se sent aussi plus calme et rassurée maintenant.

― Crois-tu vraiment que l’amour n’est localisé que dans cette petite maman ?

― Non, l’amour n’est pas localisé, il est partout !

― En fait, l’amour EST, autant que l’ÊTRE est le substratum de tout ce qui EST. Il n’est donc pas localisé. L’important maintenant est de discerner ce qui est faux de ce qui est vrai. Pose-toi cette question en respirant. Suis-je en manque d’amour vraiment ?

― Non, ce que je suis n’est pas en manque d’amour. C’est mon « moi dépendant » qui se sent en manque d’amour. Je vois maintenant que c’est « le souffrant » auquel je me suis identifiée. J’ai toujours cru que j’étais « le souffrant » et que ce que l’observateur regardait était la réalité ! Si je ne m’identifie plus à l’observateur du film, je suis là, c’est tout.

― Maintenant pose-toi cette question, Ève. Quelle est l’importance pour « l’observateur » de créer le film intitulé « Manque d’amour » ? En quoi est-ce important pour lui de regarder ce film partout et pour toujours ?

― Pour exister. Pour être fidèle à la mère pour toujours ! Pour exister en tant que « moi souffrant. »

― Merci de le dire ! Comme tu vois, tu est devenue une experte en « autohypnose », mais maintenant tu commences à pratiquer la « déshypnose ».

Constate que ce fantasme obsessionnel, le manque d’amour, prend la forme d’une loyauté à une maman imaginaire, qui est traitée comme une « déesse ». Remarque à quel point tu t’identifies au « moi souffrant », à cette petite fille qui croit devoir lui être fidèle pour toujours. Le souffrant lui confirme qu’elle doit rester à jamais totalement dévouée à cette déesse. Ce moi souffrant, est devenu ton « personnage habituel. »

― Je vois…

Comme vous le voyez, les questions que j’avais posées à Ève visaient à révéler l’hypnose infantile dans laquelle elle se trouvait.
Ce sont des questions provenant de la philosophie Non-duelle, que j’utilise pour que chacun puisse identifier la dynamique interne figée dans son psychisme.
Cela est essentiel, car nous ne pouvons pas lâcher prise sur quelque chose sans savoir ce que c’est.

Conclusion

La dépendance affective est un phénomène hypnotique qui se manifeste sous quatre sous-types principaux : classique, limite, narcissique et phobique. Chacun de ces sous-types est ancré dans une certitude illusoire qui maintient l’individu dans un état de souffrance.

  • Cette certitude, engendrée par les traumatismes de l’enfance et les blessures psychoaffectives. Elle provoque une quête incessante d’amour.

  • Les personnes qui en souffrent vivent dans un état de régression émotionnelle, recréant des schémas relationnels fondés sur le manque d’amour, le doute de soi et un vide abyssal.

Cependant, il est possible de se libérer de cette dynamique en prenant conscience des mécanismes intérieurs qui l’alimentent.

La Déshypnose Identitaire


Grâce à la pratique de la Déshypnose Identitaire, chacun peut déconstruire graduellement les fantasmes inconscients, les objets internes, les croyances et les mécanismes qui confirment la dépendance affective.

Les outils de Déshypnose Identitaire permettent des prises de conscience qui démêlent les schémas de souffrance et ramènent l’individu à un état d’autonomie psychoaffective dans le présent.

  • En reconnaissant et en acceptant l’origine de ses blessures, et en arrêtant de vouloir combler son vide avec des objets externes, la personne dépendante peut enfin se libérer de l’emprise du passé.

  • La clé de cette transformation repose sur la reconnaissance de son être authentique, qui n’a pas besoin d’être aimé ou d’utiliser les autres pour exister.

  • En apprenant à différencier ce qui est faux de ce qui est réel, chacun peut reprendre son pouvoir, retrouver confiance en ses ressources intérieures, et s’ouvrir à des relations fondées sur le respect mutuel et l’autonomie émotionnelle.

La libération de la dépendance affective n’est pas seulement une guérison psychologique, mais un éveil à la réalité de l’Être, à la paix et à l’amour véritable qui réside dans votre cœur.

Prabhã Calderón